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Education publique du mouvement Kurde

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Week-end d'éducation du mouvement kurde samedi 10 et dimanche 11 décembre au squat Malaqueen.

Dans le mouvement kurde, l'éducation est au centre de la libération des individus et l'outil nécessaire pour fonder une alternative à la modernité capitaliste.
Nous devons nous éduquer sur notre histoire de lutte, sur notre mentalité capitaliste, sur les mouvements présents et sur la manière de devenir des êtres libres.

Ainsi, Serhildan Paris vous propose de participer à une éducation donnée par le mouvement kurde sur le rôle d'avant-garde de la jeunesse, l'internationalisme et sur le mouvement de libération des femmes fondé sur la philosophie du jin, jiyan, azadi (femme, vie, liberté).

L'éducation se déploiera du samedi 10 décembre au dimanche 11 décembre au squat Malaqueen (70 rue Gallieni, 92240, Malakoff)

La présence à l'éducation se fait sous inscription. Vous pouvez vous inscrire jusqu'au vendredi 9 décembre à l'adresse mail serhildanidf@riseup.net ou par message privé instagram du compte serhildan.paris.

Le programme de notre week-end :

Samedi 10 décembre :

  • 09:30-10:00
    Arrivée et petit-déjeuner
  • 10:00-12:00
    Le mouvement de la jeunesse
    1) L'identité de la jeunesse
    2) Qu'est-ce qu'être jeune ?
    3) Quels sont les outils pour oppresser la jeunesse ?
    4) Le potentiel révolutionnaire de la jeunesse
  • 12:00-13:00
    L'internationalisme prolétaire
    1) Le Komintern
    2) La résistance internationale sous le régime Nazi
    3) Les brigades internationalistes lors de la guerre d'Espagne
  • 13:00-14:30
    Pause déjeuner
  • 14:30-15:30
    La lutte anti-colonialiste et 1968, la guérilla urbaine
  • 15:30-17:30
    Au Kurdistan
    1) De la solidarité internationale au combat commun pour la démocratie
    2) La nouvelle internationale socialiste (les şehid internationalistes)
    3) La jeunesse internationaliste aujourd'hui
  • 17:30-18:00
    Conclusion de la première journée

Dimanche 11 décembre :

  • 09:30-10:00
    Arrivée et petit-déjeuner
  • 10:00-12:00
    Les débuts du mouvement de libération des femmes kurdes et leur personnalité
  • 12:00-13:00
    La création des fractions autonomes de la guérilla et leur connexion avec Rêber Apo et la société
  • 13:00-14:30
    Pause déjeuner
  • 14:30-15:30
    Fin sur la création des fraction autonome de la guérilla et leurs connexion avec Rêber Apo et la société
  • 15:30-17:30
    Idéologie de la libération de la femme ou le jin, jiyan, azadi
  • 17:30-18:00
    Clôturation du week-end

Serkeftin !

La présence à l'éducation se fait sous inscription. Vous pouvez vous inscrire jusqu'au vendredi 9 décembre à l'adresse mail serhildanidf@riseup.net ou par message privé instagram du compte serhildan.paris.

Répression et perspectives au Bélarus : interview avec l'Anarchist Black Cross

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Interview avec l'ABC Bélarus sur la répression par le régime dictatorial, la lutte des anarchistes en exil et sur place, et les perspectives dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine.

L'ABC Bélarus a fait une rapide tournée en France et en Allemagne cet Automne. En 2011 et 2014, nous les avions déjà accueillis ; le contexte était alors différent, car depuis, en 2020, le Bélarus a vu éclater – et se faire réprimer – sa plus grande révolte contre la dictature. Puis début 2022, l'invasion de l'Ukraine par l'armée Russe a changé la donne dans toute la région.

Il y a donc beaucoup à discuter : quel est l'état des lieux de la répression au Bélarus suite au mouvement de 2020, contre lequel Loukashenko se venge encore ; comment luttent nos camarades Bélarusses, la plupart étant en exil ; quelles sont les perspectives dans cette région du globe, au vu du contexte actuel. Et bien évidemment, comment pouvons-nous aider l'ABC Bélarus, car nos camarades sont actuellement débordés par la répression roulante de la dictature et ont besoin de notre soutien urgent. Les coordonnées pour leur envoyer de l'argent sont trouvables sur leur site.

Une rapide présentation de l'Anarchist Black Cross (ABC) Bélarus ?

L'ABC Bélarus a été créée en 2009 et s'est développée en tant que collectif après une vague de répression contre les anarchistes en 2010. Depuis, le groupe propose de l'assistance juridique, rassemble des fonds pour couvrir les frais de justice des militants et permettre à celles et ceux en prison de cantiner, écrit des textes sur l'anti-répression et les tactiques policières, et tente d'informer sur le prisonnières et prisonniers anarchistes d'autres pays. Actuellement, nous sommes débordés par la quantité de personnes que nous essayons d'aider (plus de trente), et nous nous concentrons sur la couverture de leurs frais de justice et l'aide financière aux familles des incarcérés.

Pouvez-vous faire un point sur le contexte répressif suite au mouvement de 2020 ?

La tactique répressive ainsi que les groupes visés ont changé du tout au tout. Auparavant, c'étaient les personnes qui militaient depuis longtemps qui étaient visées, incarcérées plusieurs semaines, licenciées de leur travail ou, rarement, emprisonnées pour crime lorsqu'il y avait des preuves qu'ils ou elles avaient commis quelque-chose. À l'heure actuelle, nous avons l'impression que la police se venge sur toutes celles et ceux qui ne soutiennent pas le régime, avec des méthodes allant de la torture à l'humiliation publique – par exemple en filmant des vidéos de repentir par la force –, le harcèlement, l'arrestation de proches si vous êtes introuvable, la mise à l'orphelinat des enfants des contestataires et le fichage comme « familles à risque » des familles dissidentes.

À l'heure actuelle, plus de trente anarchistes et antifascistes sont poursuivis pénalement, et nous avons des échos d'autres prisonnières et prisonniers se revendiquant anarchistes, qui ont choisi l'action directe comme moyen de lutte. Quantitativement, on peut comparer cela avec les trente journalistes actuellement incarcérés au Bélarus ; parmi les groupes ayant une identité politique claire, les anarchistes sont probablement les plus réprimés.

Anarchistes inculpés pour terrorisme, après avoir pris les armes en 2020

D'autres collectifs anti-répression ont compté plus de 2400 personnes emprisonnées suite au mouvement de 2020. Ce compte n'est pas définitif, car beaucoup ont peur et ne contactent pas les groupes de défense des droits humains pour témoigner de leur répression. D'ailleurs, les associations de défense des droits humains étaient en premier lieu réticentes à reconnaître comme prisonniers politiques les contestataires « violents » ; cela a changé après une campagne des anarchistes pour la reconnaissance de toutes et tous.

L'État utilise de plus en plus la législation "anti-extrémisme" pour réprimer les dissensions. Plusieurs articles ont été ajoutés au code pénal pour criminaliser les donations, le partage d'information, les publications de commentaires ou n'importe quel type d'aide au bénéfice d'une « association extrémiste ». Une association n'est pas un groupe auquel l'adhésion est clairement définie, cela peut être n'importe quel ensemble de personnes qui demandent un changement de régime ou vont à l'encontre des intérêts du Bélarus. Beaucoup de médias sont tombés sous ces articles, qui en gros criminalisent à la fois la production et l'exposition à du contenu protestataire. Le collectif anarchiste Pramen a été déclaré extrémiste, ce qui a entraîné l'incarcération de plusieurs camarades à des peines de cinq ans de prison pour avoir tenu une banderole avec l'adresse du site Pramen.io pendant une manifestation.

Les procès peuvent maintenant se tenir par contumace [1] ; cela est dû au fait que beaucoup de militantes et militants ont fui le pays mais continuent à lutter de l'extérieur contre le régime. L'État condamne ces personnes à des peines de prison et à des amendes énormes, ce qui entraîne la confiscation de leurs biens. Par dessus ça, les « extrémistes » perdent leur nationalité bélarusse.

La guerre a marqué le début d'une vague de sabotage contre les voies-ferrées pour ralentir les transports de troupe et d'équipement russes. Au moins vingt personnes sont incarcérés pour terrorisme. En quelques mois, le parlement a passé une loi permettant la peine de mort pour les tentatives d'actes terroristes.

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[1] En l'absence des personnes inculpées

Malik Oussekine assassiné dans la nuit du 6-7 décembre 1986 par deux policiers

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiants/lycéens, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort dans le hall d'un immeuble parisien où il s'était refugié, par deux policiers « voltigeurs » motocyclistes. Texte repris de Rebellyon.

Dans la nuit du 6 au 7 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiants/lycéens, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort dans le hall d'un immeuble parisien où il s'était réfugie, par deux policiers "voltigeurs" motocyclistes.

Les étudiants, et les lycéens, dénonçaient le projet de loi Devaquet instaurant la sélection à l'entrée de l'université. Le mouvement est marqué par une forte répression policière. De graves affrontements ont lieu en marge des manifestations, faisant des dizaines de blessés dont plusieurs gravement atteints.

À Paris, à la suite d'une manifestation pacifique arrivée à la Sorbonne, au quartier latin, les “voltigeurs” prennent en chasse les jeunes qu'ils croisent. Malik Oussekine, un étudiant marocain de 22 ans, selon toute vraisemblance qui s'était tenu à l'écart du mouvement, sort de son club de jazz favori. Il est minuit. Des “voltigeurs” le remarquent et se lancent à sa poursuite. Malik Oussekine se met à courir. Un témoin qui rentrait chez lui, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l'immeuble, au 20 rue Monsieur le Prince (6e arrondissement), a pu, seul, déclaré :

« Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d'un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s'engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : “je n'ai rien fait, je n'ai rien fait” ».

Paul Bayzelon a dit avoir voulu s'interposer mais s'être fait lui aussi matraquer jusqu'au moment où il a sorti sa carte de fonctionnaire. Puis les policiers sont partis laissant Malik Oussékine sur le carreau.

Peu après le Samu arrive sur place. Ils apportent les premiers soins à Malik Oussekine et le transportent à l'hôpital Cochin où il est mort des suites du tabassage de la police.

Les médecins d'urgence constatent un hématome péri-auriculaire, un hématome suborbital, une fracture de la cloison nasale, une abrasion du nez et de la joue droite, etc. Ils s'aperçoivent aussi que Malik disposait d'une déficience rénale, ce qui fait dire à Robert Pandraud, ministre délégué à la Sécurité : « Si j'avais un fils sous dialyse, je l'empêcherais d'aller faire le con la nuit ». Et pour tenter de justifier leur assassinat, les "voltigeurs" policiers font courir le bruit, en s'enférant dans leur racisme, que la sœur de Malik est une prostituée et que son frère est un escroc. Le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua et son ministre, Robert Pandraud, choquent l'opinion générale en ne condamnant pas l'action de la police ce soir-là. De nombreuses manifestations monstres ont lieu alors dans toute la France, où on compte plus d'un million de personnes. A Lyon, le pont de l'Université est rebaptisé Pont Malik Oussékine.

Le lendemain, Alain Devaquet, ministre délégué à l'Enseignement supérieur, et auteur du projet de loi dont on ne voulait pas, présentait sa démission, pendant que les étudiants et les lycéens défilaient en silence dans toutes les villes portant des pancartes "Ils ont tué Malik". Le lundi 8 décembre, après de nouvelles manifestations, le Premier ministre Jacques Chirac annonce le retrait du texte de la loi Devaquet. Les deux “voltigeurs”, Jean Schmitt, et Christophe Garcia, sont passés trois ans plus tard devant la Cour d'Assises de Paris pour "coups et blessures ayant entrainé la mort sans intention de la donner". Ils ont été condamnés en janvier 1990 à 5 ans et 2 ans de prison avec sursis.

Lors d'une marche silencieuse de protestation contre l'assassinat de Malik Oussekine par la police, couvert par le gouvernement

De plus, au cours de la même nuit, à Pantin, dans l'agglomération parisienne, un jeune Français d'origine algérienne, tente de s'interposer pour faire cesser une bagarre de café. Un policier, qui n'était pas en service, qui se trouvait au comptoir, tire à bout portant, sans sommation, et tue ce garçon de 19 ans, qui meurt sur le coup d'une balle reçue en plein cœur. L'enquête révèlera que le policier était en état d'ivresse notoire, néanmoins pour la justice cet assassinat passe pour un homicide involontaire...

Repris de Rebellyon.

Discussion autour de la prise d'empreintes de force

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

MARDI 6 DECEMBRE - La coord antirep de Paris consacre sa réunion du mardi soir (salle Francisco Ferrer, bourse du travail de Paris) à une question épineuse : comment et pourquoi résister aux flics quand le parquet leur donne le feu vert pour choper de force les empreintes et la photo du visage des gardé-es à vue ?

Depuis quelques mois la loi a changé pour autoriser les flics à user de violence, voire de torture, pour ficher les gens de force en gardav. Tout ça pour contraindre les interpellés de « coopérer » avec les keufs dès qu'il y a un « doute » sur l'identité des personnes arrêtées : la « prise de signalétique sous contrainte ». En jargon de proc, la signalétique est le recueil des empreintes digitales et de la photo du visage. Qui vont alimenter les fichiers policiers d'identité judiciaire FAED et TAJ (doté de reconnaissance faciale). 

Après les coups de pression sur le code PIN – fouiller dans les téléphones en gardav – l'État et ses milices resserrent l'étau sur les personnes qui tombent entre leurs mains. Cette dernière mesure scélérate pose beaucoup de questions sur nos stratégies face aux keufs et aux procs. Faut-il changer de posture sur l'identité qu'on choisi de donner, ou pas, quand les bleus nous contrôlent ? Quels risques de donner une identité fictive ? Dans quelles conditions cette « prise sous contrainte » peut s'imposer ? ...

Venez en discuter avec nous, en mode assemblée ouverte, de 18h30 à 21h. Bourse du travail, 3 rue du Château d'eau, Mo Republique, salle F. Ferrer

PS : Pour préparer la discussion, quelques articles et témoignages :

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À propos de l'opération répressive et de la défense de Prosfygika du 22 Novembre 2022

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Texte du 27 novembre 2022, publié par l'Assemblée de l'occupation de Prosfiyika (SyKaPro), un squat d'Athènes qui a subi une attaque particulièremet violente de la police grecque, dans un contexte de répression générale de l'État grec contre les exilé.e.s et les squats. Texte publié en anglais sur le site de SyKaPro

Nous sommes toujours là... La Communauté reste forte et unie... Prosfygika gagnera !!!

Le 22 novembre 2022, à 5h45 du matin, toutes sortes de forces de police (police anti-émeute, bac, GIGN grec...) ont envahi le quartier squatté de Prosfygika à Athènes. Elles ont forcé et brisé la porte extérieure d'un des bâtiments, puis sont montées à l'étage où vivent deux membres de notre communauté : un compagnon – toujours sous les verrous à l'heure où nous écrivons – et un camarade réfugié iranien. Ils les ont arrêtés tous les deux et ont procédé à une fouille approfondie de l'immeuble. Pendant ce temps, tout le quartier a été encerclé par les flics – et pas seulement les abords de l'appart perquisitionné – qui tentaient ainsi d'occuper le plus d'espace possible.

L'opération a été repérée par notre patrouille de veille matinale [organisée quotidiennement en prévention de ce genre de galère], et l'information s'est vite répandue au sein du squat. Plusieurs camarades sont mont.é.e.s sur les toits des immeubles pour lancer l'alerte et ainsi réveiller celleux d'entre nous qui dormaient encore. Nous ne comprenions pas exactement ce qui se passait : nous constations que l'opération semblait limitée à un seul des 8 bâtiments du squat, mais sentions bien que l'attaque pouvait sérieusement concerner Prosfiyika toute entière. Et en effet, c'est bien une invasion policière du quartier squatté qui a eu lieu. Rétrospectivement, nous jugeons aujourd'hui que cette invasion à plus grande échelle était déjà préméditée dès le matin. Tout ce qui s'est ensuite écoulé ce jour-là a été le résultat de choix conscients et préparés à l'avance, d'une évaluation pertes-bénéfices de l'opération ainsi que, une fois sur le terrain, de la constatation de notre détermination par les fonctionnaires de la police et du ministère de l'intérieur.

Au fil de la matinée, la situation semblait devenir de plus en plus difficile. Les flics ont retenu notre camarade à l'intérieur du bâtiment, encerclant l'immeuble des heures durant. Dans le quartier, l'atmosphère était étouffante. Nous avons d'abord tenté de repousser et contenir la police anti-émeute hors de la rue centrale du quartier, afin de rouvrir un espace vital pour la circulation de ses habitant.e.s. Il s'agissait – sans entraver l'enquête – de faire sentir notre présence. Cela a permis aux habitant.e.s de pouvoir quitter petit à petit leur maison, certain.e.s pour aller à leur travail, d'autres pour emmener leurs enfants à l'école. Nous apprendrons que cela aura également mis fin à l'attente de notre camarade, tenu enfermé 3 heures dans sa maison avant d'être emmené au comico.

Parallèlement, nous recevions de plus en plus d'informations et d'indications à propos une deuxième opération policière qui avait été décidée à l'avance et qui aurait lieu l'après-midi même, après l'évacuation des deux hôpitaux voisins. Vers midi, nous avons organisé une manifestation à travers le quartier. À 16h, nous avons commencé une assemblée d'urgence, laquelle avait été publiquement annoncée. Et c'est pendant cette assemblée, vers 17h, que sont arrivés les drônes et l'hélicoptère. L'équipe assignée à la veille de sécurité a résisté du mieux qu'elle a pu, compte tenu des circonstances, utilisant tous les moyens non-criminels à disposition. Elle devait non seulement se protéger elle-même d'une répression disproportionnée par rapport à la situation, mais aussi protéger l'ensemble de la communauté, ses enfants et ses patients, et le voisinage en général.

Une vague de terrorisme s'est abattue sur les 5e et 6e immeubles, vague qui a provoqué chez des enfants et d'autres personnes du quartier des attaques de panique qui continuent jusqu'à aujourd'hui. Les policiers grecs, assassins, ont défoncé les portes des appartements avec des armes à feu, menaçant toute personne en vue, et ont tenté d'imposer un régime de terreur dans les maisons. Une femme malade et en fauteuil roulant avec sa fille, une famille dont les enfants étaient en crise de panique, une mère battue par la police et jetée à terre devant son fils de 12 ans après que leur porte a été brisée, des migrant.e.s et des réfugié.e.s coincé.e.s dans leurs maisons et dans les escaliers, comme pendant une opération à Gaza.

Après le succès de l'opération de défense qui a laissé de lourdes pertes aux forces spéciales grecques, 79 défenseur.euse.s du 22 novembre ont été arrêté.e.s et soumis.es à des coups de matraque, des de flashball, ainsi qu'à des agressions sexuelles et des tactiques de torture de prisonniers de guerre. Parmi nous se trouvaient une mère réfugiée vénézuélienne avec ses deux enfants mineurs, un réfugié d'Afrique, deux réfugiés politiques turcs, quatre compagnons de solidarité mineurs, une camarade enceinte à qui on a refusé le transport vers un hôpital, ainsi que le photojournaliste de renommée internationale Nikos Pelos, arrêté pour avoir simplement fait son travail. Nous avons été conduits au commissariat. Nous étions 79 personnes entassées sur le sol de cellules étroites où l'on manquait d'oxygène, les spots de lumières allumés de nuit comme de jour, et ce sans que le statut de garde à vue / détention n'ait été clarifié.

Le mental des personnes arrêtées n'a jamais été brisé. Les slogans à l'intérieur des cellules ont été rejoints par ceux que lançaient nos camarades et soutiens, rassemblé.e.s devant le comico. Nos rythmes ont résonné... La colère et le militantisme ne se sont pas éteints au petit matin, mais ont continué sans relâche pendant notre long transfert à Kavala, notre séjour là-bas et notre longue attente à l'intérieur des bus de transport et pour finir au tribunal. Ceux dont le moral a flanché, c'étaient les mercenaire de l'État.

La vindicte de l'État et de ses mécanismes, en particulier du gouvernement fasciste de Mitsotakis, s'est également fait sentir lors du rassemblement de solidarité de masse à au tribunal. Les forces répressives ont refusé de fournir de l'eau et de la nourriture aux camarades accusé.e.s. Là, lors de la deuxième attaque contre les militant.e.s solidaires, un camarade avocat et militant (il est également actif dans l'assemblée du No metro on the Plateia à Exarcheia) a été tabassé. Les flics et le gouvernement n'ont pu pardonner notre juste résistance et notre attitude digne : cela se sentait non seulement dans la violence de la répression, mais aussi dans les accusations exagérées qui nous étaient adressées dans un style fasciste.

Nous ne voulons pas être victimisées par la violence de l'État. Les accusations auxquelles nous sommes confrontés sont disproportionnées, y compris face au droit civil, et sont le produit de la criminalisation des militant.e.s par un État de plus en plus autoritaire. Cela devrait peut-être nous inquiéter. Mais nous savons qu'il ne peut y avoir de lutte sans coût. Nous connaissons la brutalité de l'État. C'est un honneur et un devoir de risquer de tomber pour défendre la vie et la lutte. Nous avons lutté dignement contre des forces inégales. Le 22 novembres 2022, les 79 défenseur.euse.s de Prosfygika se sont battu.e.s pour les 400 habitant.e.s de la communauté et du quartier de Prosfygika contre l'assaut meurtrier de la répression. Et nous savons qu'au bout du compte, l'addition va être salée. Mais c'est le prix à payer pour celleux qui luttent pour une cause juste.

Nous remercions chaleureusement tou.te.s les camarades et collectifs qui se sont mobilisé.e.s pour défendre le quartier et sa communauté. Merci pour leur multitude de messages de soutien, de déclarations de solidarité et d'appels à la mobilisation. Leur camaraderie nous donne force et espoir en ce sol de lutte que nous partageons, et sur lequel nous marchons de là où nous sommes.

Plus encore, nous voulons parler de l'attitude de nos plus jeunes camarades, qui étaient les plus courageux.ses. et les plus abnégué.e.s. Pour leur courage inébranlable face aux forces armées supérieures, aux flashballs et aux matraques, sur les toits et les parapets. Par chance, personne n'a été tué.e. Iels ont tenu bon jusqu'à la fin. C'est là que l'on sent la force des jeunes camarades, et nous devons tous y croire. Iels ne se sont pas seulement levé.e.s pour défendre la communauté de Prosfygika, mais aussi pour défendre ce qu'elle est profondément : une communauté de la classe opprimée. Les militant.e.s, les anarchistes, les communistes, les réfugié.e.s et les migrant.e.s, les enfants et les personnes âgées, les personnes mentalement vulnérables, les familles. Pour défendre chacun.e d'entre nous.

Nous ne sommes pas arrivé.e.s jusqu'ici par hasard. Depuis 13 ans, avec toutes nos contradictions en tant qu'enfants formés par ce système, nous avons essayé de construire des relations fraternelles, sororales et politiques basées sur l'horizontalité, la confiance, la solidarité et selon une perspective commune. C'est pourquoi aujourd'hui, nous pouvons mener cette bataille en faisant corps, ensemble.

Nous considérons la prochaine période comme un moment critique pour la survie de Prosfygika, mais aussi comme une grande opportunité de renforcer notre légitimité sociale, notre autonomie et la défense ce qui nous lie, notre quartier.

Nous demandons à chacun.e d'informer le monde sur le projet social de Prosfygika, afin de briser l'isolement et l'exclusion. Nous demandons aux solidaires de se manifester pour renforcer la communauté Prosfygika. Nous demandons à chacun.e. de nous soutenir de toutes les manières possibles.

Pour nous, c'est clair : en ciblant notre camarade, une tentative est faite pour criminaliser le quartier et la communauté squattée Prosfygika dans son ensemble. L'opération de criminalisation de la communauté et de l'Assemblée de Sy.Ka.Pro est le véritable ciblage des mécanismes répressifs contre les projets sociaux de base et les communautés auto-organisées. Ils puent la provocation de l'État. Les positions politiques, le cadre organisationnel et l'histoire militante de la Communauté et de l'Assemblée des squattés prosfygika constituent la réponse la plus puissante à la planification étatique et parapublique.
(https://twitter.com/hashtag/Prosfigika)

Solidarité avec la communauté du squat de Prosfiyika
Si nous tombons, nous tomberons avec eux
Prosfiyika signifie « pauvres rebelles »
Soit nous gagnerons, soit nous gagnerons