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Soutien à une occupation de logements dans le bas-Montreuil, contre toutes les expulsions !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rendez-vous le 9 août à 9H30 au tribunal de Montreuil (63 rue Franklin) pour soutenir l'occupation lors de la prochaine audience, puis rassemblement devant la mairie à 11h30 !

Laissez-nous nous présenter. Nous sommes un collectif de personnes migrantes majoritairement des femmes dont certaines sont enceintes, et des enfants dont le plus jeune a 15 jours. Nous sommes sans domicile. Nous avons déjà épuisé toutes les solutions temporaires de logement avec le 115 et d'autres organismes. Le 115 propose des hébergements temporaires, d'un à quelques jours, avant de nous remettre à la rue. Cette solution d'urgence nous oblige à être isolées et nous déplacer dans toute l'Île-de-France.
Depuis plusieurs mois, nos seules solutions étaient de dormir à la rue. Face à cette situation inacceptable, nous avons décidé d'occuper un restaurant vacant depuis au moins 6 ans au 30bis avenue Pasteur à Montreuil pendant un mois. Nous avions aménagé au mieux ce lieu mais il ne pouvait pas être une situation durable car il était en mauvais état et que la Mairie a décidé de nous expulser.
La Préfecture du 93 a été alertée à maintes reprises au sujet de notre relogement mais nous n'avons pas de réponses. Nous sommes soutenues au quotidien par des associations, des collectifs solidaires de Montreuil mais également par des habitants, habitantes de Montreuil.
Aucune proposition de relogement à long terme et collective n'a été faite alors que la Mairie a pris un arrêté pour demander notre expulsion. Afin d'éviter une de nous retrouver à la rue et à tous ses dangers, nous avons quitté ce squat et décidé d'occuper un nouveau lieu dans le bas-Montreuil. Nous voulons vivre dans des meilleures conditions.
Aujourd'hui nous voulons juste le meilleur pour nos enfants et un suivi pour les femmes enceintes. Nous voulons un endroit pour vivre à long terme, pas un endroit temporaire. Nous maintiendrons le lieu propre, et nous tiendrons compte du voisinage. Nous allons organiser des activités pour les enfants comme l'apprentissage des langues, des sorties dans des parcs. Nous voulons aussi que ce lieu soit le siège de notre association.
Le mairie prétend nous aider et se battre pour nous mais ils prennent un arrêté pour nous expulser. Donc nous nous battons toutes seules avec nos enfants, pour leur donner une bonne éducation, et une bonne éducation ne peut pas se faire dans la rue. La mairie nous a dit qu'ils ne pouvaient pas trouver 120 places de logement, mais sur son territoire il y a beaucoup de logements vides. Nous sommes là depuis plus de 48h et nous faire sortir de ce bâtiment est illégal. Nous sommes chez nous et nous comptons bien rester.
On espère que la mairie de Montreuil va nous laisser un peu de répit dans ce nouveau lieu. Si elle désire que nous libérions ce lieu, elle devra nous proposer de vraies solutions d'hébergement. Maintenant nous sommes là, mais notre nouvelle maison est toujours menacée par une expulsion car le propriétaire nous a assignées en justice pour l'occupation du bâtiment. Lors d'une première audience le 6 juillet dernier au tribunal d'instance de Montreuil, un report a été obtenu pour le 9 août prochain.
Rendez-vous le 9 août à 9H30 au tribunal de Montreuil (63 rue Franklin) pour soutenir l'occupation lors de la prochaine audience, puis rassemblement devant la mairie à 11h30 !

Les habitant.tes du collectif Pasteur


A propos de l'audience du 6 juillet au tribunal de Montreuil :

Retour d'habitant.tes du collectif Pasteur :

La juge nous a demandé nos papiers d'identité. Il faut les pièces d'identité partout, à l'hôpital, au tribunal…. Les juges nous ont pas adressé la parole, ils nous ont juste demandé nos papiers et ils n'ont parlé qu'avec l'avocate. On entendait pas bien, mais on pouvait comprendre que ça se passait mal. la juge voulait nous juger le même jour ce qui n'est pas normal, c'est comme une sorte d'agression.

Le bâtiment doit être vendu, mais nous on est là parce qu'on n'a pas d'endroit ou aller, on peut nous donner un temps, le temps que chacune trouve un endroit ou aller, certaines personnes on déjà eu des solutions, et nous on attend des solutions. La juge est sensée réfléchir plus que la propriétaire, mais elle considère que la vente est plus importante que de mettre des gens à la rue.

La mairie ne fait toujours rien, ne dit toujours rien. La seule chose qu'elle a fait jusqu'à maintenant c'est un arrêté d'expulsion. On est allé les voir, ils ont fermé la porte. On a demandé à croiser le maire et on a jamais eu de réponse.

Retour de personnes solidaires présentes à l'audience :

Le 6 juillet avait lieu la première audience du nouveau squat du collectif Pasteur. Un report était demandé dans l'attente d'obtenir l'aide juridictionnelle (AJ). D'ordinaire ces demandes sont systématiquement acceptées, mais cette fois la juge était prête à prendre l'affaire le jour même. Suivant ainsi les arguments du propriétaire qui mettaient en avant l'urgence à expulser les habitantes.

Cette urgence plaidée par les proprios, elle est justifiée par une promesse de vente et un diagnostique datant de 2021 qui présenterait des problèmes de gaz et d'électricité (des locataires occupaient les lieux jusqu'à début 2022, autant dire que le problème était inexistant).

Au fond l'urgence est juste de permettre au propriétaire de faire de la thune sur son bien, le diagnostique n'ayant pas été problématique tant que des locataires payaient un loyer, mais devenant soudainement dangereux quand la vente de son bâtiment est retardée par des squatteurs.

La juge a fini par concéder un report mais semble bien décider à juger à la prochaine audience, et donc à décider à quel moment elle les remettra à la rue.

Soyons nombreux à les soutenir le 9 août !

Chantier Pluriversité : Comment pratiquer, penser et se transmettre l'autonomie sur le Plateau de Saclay ?

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rendez-vous du 29 juillet au 5 août à Zaclay pour un chantier, sur le thème de l'autonomie et de sa pratique collective.

Durant la semaine du 29/07 au 05/08 aura lieu un « chantier pluriversités » à « Zaclay », campement dans un champ contre la ligne 18, au sud-ouest de Paris. Les « chantiers pluriversités » sont une initiative nationale visant à se réapproprier collectivement des savoirs et pratiques dans leur diversité. Durant celui à Zaclay, nous souhaitons nous interroger sur le pourquoi de l'autonomie et nous donner les moyens de commencer/continuer à la cultiver.

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L'idée, pendant la semaine, sera de se raccrocher par la pratique à l'histoire collective de l'autonomie. Elle s'ouvrira par une assemblée afin de discuter des différentes façons dont les participant·es comprennent l'autonomie. S'ensuivra ensuite une pluralité d'ateliers autogérés et choisis collectivement (reconnaissance des plantes sauvages, autodéfense numérique, entretien du potager, chantiers low-tech, découverte des plans récups du coin…) ainsi que des débats et partages d'expériences actuelles et historiques sur l'organisation et la subsistance à plus large échelle. Le tout sera bien sûr accompagné de soirées musique, guitare, pizza, projection…

Un deuxième axe, et un fil directeur de la semaine, sera de réfléchir à la retransmission de nos connaissances respectives : comment se transmet-on ce que l'on sait et fait, afin de se rendre collectivement plus fort·es ?

Cette semaine est ouverte à toustes, petit·es et grand·es, la diversité de vécus ne pouvant qu'enrichir le moment. Zaclay accueille au travers des genres et des frontières. Si vous avez des besoins particuliers pour l'accessibilité et l'inclusivité, prévenez pour que l'on s'organise ensemble en amont.

Suite à l'accélération des travaux liés à la ligne 18 du Grand Paris Express, des membres du CCL18 et d'autres collectifs et associations ont décidé d'occuper durablement les champs du plateau, accueilli·es par des agriculteur·ices. Installé depuis le 22 mai 2021, le camp est aujourd'hui menacé de destruction et les agriculteur·ices qui nous accueillent de sanctions. Nous avons besoin de votre soutien !

Plus d'infos sur le campement et comment venir ici

Que faire quand on a agressé quelqu'un.e

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Article paru sur Trrransgrrrls sur les manières d'agir lorsqu'on a été auteur.ice d'une agression.

Assise dans mon lit, je commence à écrire (les lits sont mes endroits favoris pour écrire), et une partie de moi me dit : « n'écris pas cet article ».

Dans cette partie de moi, résonne la peur et la honte qui entourent les questions d'agression, d'abus et de violence – le tabou que la plupart des communautés maintiennent à propos du fait que non seulement des personnes auxquelles nous tenons ont vécu des viols, des abus et des agressions, mais aussi que parmi ces mêmes personnes qui comptent pour nous, il y a des violeur·es et des agresseur·es. Et peut-être le secret que nous gardons en nous le plus honteusement, c'est qu'il est bien possible que nous-mêmes ayons été ou soyons encore des agresseur·es – la peur qu'il se pourrait bien que nous soyons les méchant·es de l'histoire, les monstres dans la nuit.

Personne ne veut être un·e agresseur·e. Personne ne veut admettre qu'iel a pu faire du mal à une autre personne. Et cela nous est d'autant plus difficile quand tant d'entre nous sommes des survivant·es d'agression et d'abus.

Mais la vérité, c'est qu'agresseur·es et survivant·es d'agressions n'existent pas et n'ont jamais existé de manière strictement séparée : parfois, des personnes blessées en blessent d'autres. Dans la culture du viol où nous vivons, il est parfois difficile de faire la différence entre la douleur dont tu fais l'expérience et la douleur que tu infliges à d'autres.

Dans les années qui ont suivi la première publication de cet essai, nous avons assisté, dans le sillage du mouvement #MeToo, à un basculement dans l'intensité et dans la fréquence avec laquelle l'agression et les violences entre partenaires intimes sont discutées en public. Si ce mouvement a provoqué des changements positifs et exposé de nombreuses personnes abusives dans les sphères du pouvoir, il a également souligné la complexité et le caractère épidémique des agressions. Et il nous a aussi montré, sans l'ombre d'un doute, que les survivant·es peuvent, ielles aussi, être des agresseur·es.

Il nous a montré que nous ne pouvons pas nous contenter de penser les agresseur·es comme des monstres incompréhensibles qui doivent être exterminé·es – parce que les agresseur·es sont aussi nos héro·ïnes, nos amant·es, nos ami·es, notre famille. Il nous a montré que, avec plus d'urgence que jamais, nous devons trouver des manières de répondre à la violence et d'en guérir.

Il y a sept ans, au cours d'une de mes premières formations pour venir en aide aux survivant·es de violence intime, une personne a demandé si l'association qui nous formait prenait également en charge les personnes qui agressaient ou abusaient leurs partenaires et qui cherchaient de l'aide pour arrêter.

La réponse ne s'est pas faite attendre : « Nous ne travaillons pas avec les agresseur·es. Point. »

C'est de bonne guerre, me suis-je dit. Après tout, une association créée pour soutenir les survivant·es de viol et d'agression a bien raison de se dédier aux survivant·es, et pas aux personnes qui leur ont fait du mal. Mais il reste, me suis-je dit, un problème de taille : qu'arrive-t-il quand les personnes sont à la fois des survivant·es et des agresseur·es ? Et si nous ne travaillons pas avec les agresseur·es, qui le fera ?

Une note ici : je ne parle pas, dans cet article, de la question de savoir si une relation peut être « mutuellement abusive » ou si « l'agression peut être mutuelle ». C'est une question clef dont il faut parler, mais ce n'est pas ce dont je parle ici : je veux seulement dire que les personnes qui ont survécu à une agression dans une relation peuvent avoir été des agresseur·es à d'autres moments de leurs vies.

La question de savoir si une relation peut être mutuellement abusive est assurément une question importante, ne serait-ce que parce que de nombreuses relations violentes reposent souvent sur le débat de savoir qui, des deux personnes, est la survivant·e et qui est l'agresseur·e. Parfois, la distinction est facile à faire parce qu'une des deux personnes a clairement plus de pouvoir que l'autre. Le plus souvent, toutefois, les choses sont plus compliquées – par exemple, quand les deux personnes dans la relation sont exposées à de hauts risques d'oppression ou de marginalisation sociale.

Je n'ai pas de réponse claire à la question, mais je me demande : qu'est-ce qui compte vraiment ? S'agit-il d'en finir avec les comportements violents et leurs schèmes destructeurs, ou s'agit-il d'en faire porter la responsabilité à quelqu'un·e ? Si mon amoureuse me fait du mal, par exemple, il se peut que ce que je fais pour me défendre soit légitime. Mais la légitimité de mes actes ne doit pas m'empêcher d'endosser ma responsabilité, notamment si mes mouvements de défense ont causé des dommages disproportionnés – ce qui n'empêche pas non plus mon amoureuse de prendre la responsabilité de ses actes à elle.

Sept ans plus tard, en tant que thérapeute qui travaille avec de nombreux·ses personnes qui ont été des agresseur·es, je me pose toujours la question. Il y a si peu de ressources et d'associations qui sont mandatées, ou qui ont la volonté, ou le savoir nécessaire pour aider les personnes qui le voudraient à arrêter d'être des agresseur·es.

N'est-ce pas un slogan féministe : « nous ne devrions pas apprendre aux genxtes à ne pas se faire violer ; nous devrions apprendre aux genxtes à ne pas violer » ?

Et si c'est bien le cas, ne s'en suit-il pas que nous ne devrions pas seulement offrir notre soutien aux personnes qui survivent aux agressions, mais aussi aux personnes qui souhaitent apprendre à ne pas en commettre ?

Quand nous sommes capables d'admettre qu'il y a, en chacun·e de nous, une capacité de faire du mal aux autres, nous nous rendons capables de transformer radicalement la conversation autour de l'agression et de la culture du viol. Nous pouvons passer de la simple réaction à l'agression et à l'abus sous la forme du désir de punir les agresseur·es, à une pratique de prévention de l'agression et de guérison de nos communautés. Parce que la révolution commence à la maison, comme on dit. La révolution commence chez toi, dans tes relations, dans ta chambre à coucher. La révolution commence dans ton cœur.

Ce qui suit est un guide en neuf étapes pour te confronter à l'agresseur·e en toi, en moi, en nous toustes.

1. Écoutez la survivant.e

« Écouter la survivant·e » semble sous-entendre qu'il ne peut y avoir qu'un·e seul·e survivant·e dans une situation donnée, ou que la première personne à dénoncer l'autre est nécessairement la survivant·e dans la dynamique d'agression ou d'abus. Ce n'est pas nécessairement vrai. Aujourd'hui, j'aurais peut-être donné un autre titre à cette section, du genre : « apprends à écouter quand quelqu'un·e te dit que tu lui as fait du mal ».

Quand on agresse quelqu'un·e, la première compétence (et la plus difficile à acquérir) consiste à se rendre capable d'écouter la personne ou les personnes auxquelles on a fait du mal :

– écouter sans devenir défensif·ve ;
– écouter sans louvoyer ni se chercher des excuses ;
– écouter sans minimiser ou nier l'étendue du mal qui a été fait ;
– écouter sans essayer de se placer au centre de l'histoire.

Quand une personne, en particulier un·e partenaire ou un·e amoureux·se, vous dit que vous lui avez fait du mal ou que vous l'avez abusé·e, rien n'est plus facile que d'entendre une accusation ou une attaque. Bien souvent, c'est la première présupposition – qu'on nous attaque.

C'est la peur du châtiment qui fait que de nombreux·ses agresseur·es répondent aux survivant·es en se défendant : « Ce n'est pas moi qui t'agresse. C'est toi qui m'agresse, avec ton accusation ! »

Mais c'est le cycle des violences qui parle ici. C'est le script que la culture du viol a écrit pour nous : un script dans lequel il doit y avoir un héros/une héroïne et un·e méchant·e, un bien et un mal, un·e accusateurice et un·e accusé·e. Et si nous essayions de comprendre l'accusation qui est adressée à l'agresseur·e comme un acte de courage – un don – de la part de la survivant·e ?

Et si, au lieu de réagir immédiatement pour nous défendre, nous prenions le temps, à la place, d'écouter, de réellement essayer de comprendre le mal qu'il se pourrait bien que nous ayons fait à l'autre ?

Quand nous pensons notre capacité à rendre des comptes en terme d'écoute et d'amour plutôt que dans le vocabulaire de l'accusation et du châtiment, tout change. Écouter sans être sur la défensive ne veut pas nécessairement dire abandonner sa propre part de la vérité. Nous devons apprendre à faire place à la variété des perspectives et des émotions multiples qui habitent nos cœurs.

2. Prenez la responsabilité de l'agression après avoir écouté.

Se rendre capable de rendre des comptes implique de prendre la responsabilité de l'agression. Cela signifie, assez simplement, reconnaître que vous et vous seul·e êtes la source de la violence physique, émotionnelle ou psychologique que vous avez exercée sur une autre personne.

Souvenez-vous, cela dit, que vous n'êtes pas responsable de la violence que d'autres ont pu exercer sur cette personne, ou pour le mal qu'elle s'inflige à elle-même. Prendre sa responsabilité signifie apprendre à mesurer l'étendue de nos limites, ce qui signifie accepter le poids de nos propres actions, pas plus, pas moins. Il ne sert à rien d'exagérer la quantité de dommages qu'on a infligés à une autre personne, ou de s'effondrer sous le poids du martyr. Prendre ses responsabilités signifie notamment se livrer à un examen critique de nos actions et ne pas en déléguer l'analyse à d'autres.

On peut donner une analogie de la prise de responsabilité en cas d'agression ou d'abus à partir de ce qui se passerait si vous marchiez sur les pieds de quelqu'un·e : il y a quantités de raisons qui expliquent pourquoi vous avez marché sur les pieds de quelqu'un·e – vous étiez pressé·e, vous ne regardiez pas où vous alliez, ou peut-être personne ne vous a appris qu'il ne fallait pas marcher sur les pieds des autres.

Quoi qu'il en soit, vous l'avez fait. Personne d'autre que vous, vous seul·e, êtes responsable et il vous appartient de le reconnaître et de présenter vos excuses. Le même raisonnement vaut dans le cas d'une agression ou d'un abus : personne, et je veux vraiment dire personne – ni votre partenaire, ni le patriarcat, ni la maladie mentale, ni la société, ni le Diable – n'est responsable de la violence que vous infligez à une autre personne. De nombreux facteurs peuvent contribuer ou influencer les raisons qui nous conduisent à agresser ou abuser d'une autre personne (voir, à ce sujet, le point suivant), mais en dernière instance, moi seule suis responsable de mes actions, et vous seul·es êtes responsables des vôtres.

3. Acceptez que vos raisons ne sont pas des excuses.

Il y a un mythe tenace qui dépeint les personnes violentes comme de mauvaises personnes – comme des sadiques, comme des personnes qui prennent plaisir à la douleur des autres.

Ce mythe est l'une des raisons pour lesquelles il est si difficile pour les personnes qui en ont agressé ou abusé d'autres, par le passé ou au présent, de se présenter elles-mêmes comme des « agresseur·es » ou comme ayant « été abusives » pour décrire leur comportement. En fait, très très très très peu de personnes abusent ou en agressent d'autres par sadisme. Dans mon expérience en tant que thérapeute et dans mon travail de terrain, quand une personne en vient à agresser ou abuser d'une autre, c'est généralement parce qu'elle a une raison, et cette raison est souvent enracinée dans le désespoir ou la souffrance.

Parmi les raisons que j'entends pour rendre compte d'un comportement abusif, j'entends : « Je suis isolé·e et seul·e, et la seule personne qui me maintient en vie est mon/ma partenaire. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas la/le laisser partir. »

« Mon/ma partenaire me fait du mal tout le temps. Je me suis vengé·e. »

« Je suis malade ; si je ne force pas les gens à prendre soin de moi, on me laissera mourir seul·e. »

« Je souffre et la seule manière pour moi de soulager ma douleur est de me faire mal à moi ou de faire souffrir les autres. »

« Je ne savais pas que ce que je faisais était abusif/une agression. C'est ce qu'on m'a toujours fait. Je me suis contenté·e de suivre le script. »

« Personne ne m'aimera si je ne les force pas à le faire. »

Toutes ces raisons sont puissantes et réelles – et elles n'excusent rien. Il n'y a jamais de raison suffisante pour excuser un comportement abusif ou une agression. Les raisons nous aident à comprendre l'agression, mais elles ne l'excuse pas. Accepter cela est essentiel pour transformer la culpabilité en responsabilité, la justice en guérison.

4. Ne jouez pas aux « jeux olympiques des survivant·es ».

Comme je l'ai suggéré plus haut, les communautés tendent à suivre un modèle dichotomique (survivant·e/agresseur·e, victime/coupable) de l'agression. La croyance s'en résume à l'idée qu'une personne qui a été abusée ou agressée ne saurait en abuser ou en agresser une autre à son tour.

Dans mon expérience, les communautés de gauche impliquées dans la justice sociale ont tendance à appliquer une compréhension erronée de l'analyse sociale aux situations individuelles d'agression ou d'abus en suggérant que les individus appartenant à des groupes opprimés ou marginalisés ne sauraient agresser ou abuser d'individus appartenant à des groupes privilégiés (c'est-à-dire que les femmes ne sauraient agresser ou abuser des hommes, que les personnes racialisées ne sauraient agresser ou abuser des personnes blanches, etc.).

Mais rien de tout cela n'est vrai. Les survivant·es d'abus ou d'agression dans une relation peuvent, de fait, abuser ou agresser d'autres personnes dans d'autres relations.

Et s'il est plus facile pour les individus appartenant à des groupes privilégiés d'abuser ou d'agresser d'autres personnes à raison du pouvoir supplémentaire que leur donne leur privilège, n'importe qui est capable d'agresser ou d'abuser de n'importe qui d'autre, si les bonnes (ou plutôt les mauvaises) circonstances sont réunies. Cela n'empêche pas que les « jeux olympiques des survivant·es » sont souvent mobilisés comme une manière de répondre à une accusation d'agression ou d'abus.

Ainsi nous pouvons être tentées de rétorquer à une accusation d'agression ou d'abus : « Je ne peux pas avoir abusé de toi, je suis une survivant·e. » Ou : « L'agression à laquelle j'ai survécu est bien pire que ce dont tu m'accuses ! » Ou encore : « Rien de ce que je peux te faire ne peut être abusif puisque tu es bien plus privilégié·e que moi. »

Mais les survivant·es aussi peuvent être des agresseur·es. N'importe qui peut l'être, et la comparaison ou la banalisation de l'abus ne nous absout pas de la responsabilité qui nous en incombe.

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Texte original : Kai Cheng Thom, « What To Do When You've Been Abusive », in Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha et Ejeris Dixon (dir.), Beyond Survival : Strategies and Stories from the
Transformative Justice Movement, Chico (CA), AK Press, 2020.

Traduction Emma B. 🄯 2022. Copyleft. Image Sarah Korzec

Le harcèlement policier fait un nouveau mort à Paris

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Un adolescent est mort électrocuté le week-end dernier, en tentant de fuir une patrouille de policiers.

La police a fait une nouvelle victime à Paris dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 juillet : en tentant de fuir des policiers, un adolescent, mineur isolé, est mort sur les rails du métro entre les stations Sèvres-Lecourbe et Pasteur sur la ligne 6. Il est probablement mort électrocuté, car son corps carbonisé a été découvert le lendemain matin par un chauffeur de la RATP.

Stop au harcèlement policier !

Pôle Emploi resserre ses mailles technologiques

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Pour mieux traquer ses usager.es et débusquer les moindres traces de fraude, Pôle Emploi a désormais accès aux données des fournisseurs d'énergie et de téléphonie mobile.

Article initialement paru sur Sansnom

Heureux bénéficiaires d'un compteur électrique dit « communicant » (de type Linky) branché à domicile ! Heureux possesseurs d'un traceur permanent en poche, plus connu sous le nom de téléphone portable ! Vous saviez déjà que ces dispositifs technologiques permettent aux autorités trop curieuses d'estimer, pour l'un, à quelles heures un logement est occupé (ou pas) et s'il héberge par exemple des hôtes supplémentaires. Pendant que l'autre leur offre gratos chaque déplacement par géolocalisation, en plus d'espionner les conversations de son détenteur. Mais pourquoi réserver le privilège du contrôle social aux seuls flics en uniforme, alors qu'un paquet d'autres larbins se pressent régulièrement au portillon pour en resserrer les mailles ?

Prenez Pôle Emploi par exemple, ces flics du travail toujours en quête de précieuses informations pour priver à qui mieux mieux les allocataires de leurs propres cotisations (ne serait-ce qu'en matant l'adresse IP de leur actualisation mensuelle). A l'occasion du vote de la Loi de finances pour 2021, c'est ainsi qu'un petit amendement a été glissé dans le chapitre Travail et emploi, au cours de la navette entre l'Assemblée et le Sénat. Un simple numéro anodin de départ, qui s'est finalement transformé en l'article 268 de cette loi promulguée le 29 décembre 2020, entre les rôts de Noël et du Nouvel An. Un truc de quelques lignes, dont la portée a éclaté il y a quinze jours, à l'occasion de la parution tardive de son décret d'application au Journal Officiel.

Ce décret signé le 30 juin dernier par la Première ministre et son sous-fifre du Travail, concerne en effet les « agents chargés de la prévention des fraudes » de Pôle Emploi, en leur offrant une nouvelle possibilité de contrôle, nommée droit de communication, auquel le « secret professionnel » des entreprises ne peut être opposé. Plus prosaïquement, les flics du travail vont désormais pouvoir se faire communiquer sous trente jours, à la demande et à titre gratuit, toutes « informations nécessaires au contrôle de la sincérité et de l'exactitude des déclarations souscrites, ainsi que de l'authenticité des pièces produites » par les allocataires… directement auprès des banques, mais également « des fournisseurs d'énergie et des opérateurs de téléphonie ».
Ils pourront ainsi non seulement retracer ces informations personnelles sur une période de 18 mois en arrière, mais aussi les conserver pour une durée de 3 années, et même au-delà en cas de besoin, soit « jusqu'à l'épuisement des voies et délais de recours contre les récupérations d'indu, sanctions administratives ou condamnations pénales consécutives aux contrôles réalisés sur la base de ces informations ».

Mais au fait, pourquoi les « opérateurs de téléphonie » et les « fournisseurs d'énergie », en plus des habituels chacals bancaires ? Avec le concours de ces derniers, on comprend bien que les chasseurs de Pôle Emploi vont désormais pouvoir aller fouiner comme d'autres keufs dans les comptes de chaque allocataire suspect, afin d'examiner à volonté leurs « modes de paiement ou de rémunération », ainsi que les « nombre ou fréquence des opérations réalisées ou des versements reçus. »

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