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De la résistance à la révolution : le combat des femmes au Kurdistan

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Nous entendons souvent parler du soulèvement des femmes en Iran contre le régime des mollahs, du combat des YPJ contre Daech ou encore de la lutte des femmes membres de la guerilla dans les montagnes kurdes. Comment lier toutes ces luttes entre elles ?

Au Kurdistan, le combat des femmes est central dans la lutte pour la libération des peuples et pour l'avènement du socialisme. Dans cette logique, plusieurs organisations en autonomie ont fleuries dans tout le Kurdistan. Ainsi, nous connaissons actuellement la résistance des femmes en Iran contre la dictature des mollah. Nous connaissons le combat des YPJ contre l'organisation terroriste Daech. Nous connaissons la lutte des femmes de la guerilla dans les montagnes libres du Kurdistan contre l'État fasciste de Erdogan.

Chacune de ces luttes sont liées internationalement par un même idéal de Révolution. Mais, ce lien peut sembler difficilement perceptible. Ainsi, les jeunesses kurdes avec le réseau Serhildan Paris proposent une présentation sur cette résistance et révolution féminine du Kurdistan.

Cette présentation se déroulera au Centre Culturel Kurde Ahmet-Kaya au 16 rue d'Enghien, 75010, Paris à 19:30 le vendredi 17 mars.

Pour en savoir plus sur le réseau Serhildan

Cet événement se déroulera au Centre Culturel Kurde Ahmet-Kaya au 16 rue d'Enghien, 75010, Paris à 19:30 le vendredi 17 mars.

Bloquer Paris - Appel à se retrouver après la manif du 15 mars

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Pour contrer la dispersion,
pour décider ensemble des appels des prochains jours,
pour se rencontrer au-delà de nos fonctions sociales,
pour organiser concrètement des actions,
Rendez-vous après la manif mercredi 15 mars à 19h à la Bourse du Travail

Appel à se retrouver après la manif du 15 mars

Ce soir, on ne rentre pas chacun chez soi après la manif.

C'est plus possible d'apprendre les actions de blocage sur son fil info, en espérant chaque jour quelque chose de fort, sans jamais pouvoir s'y rapporter directement. On se plie à la temporalité de l'intersyndicale, pas parce qu'on a confiance dans leur stratégie dont on a compris depuis un moment qu'elle était perdante, mais parce que tout simplement on ne voit que ça à rejoindre. Les manifs sont nos seuls points de concentration. On a bien tenté d'aller une ou deux fois sur des piquets de grève, on soutient, on apporte de la force, mais on ne se sent pas déterminants, décisifs.

Il paraît que c'est la dernière ligne droite avant l'adoption de la loi, que c'est mercredi et jeudi que tout va se jouer. On sent bien l'arnaque, la défaite annoncée, 49-3 ou pas. C'est le moment de décider si on veut que ça passe ou pas. Pas la réforme, mais le mouvement de colère, de refus qui a commencé à s'exprimer, la force qu'on a tous ressentie ces dernières semaines.

Il y a de la force chez les lycéen-nes qui en dépit de l'acharnement répressif parviennent à bloquer, il y a de la force chez les éboueurs qui reconduisent leur grève et déforment à ce point le paysage urbain. Il y a de la force chez celleux qui dans les cortèges ne se laissent pas impressionner par ces nouvelles doctrines de maintien de l'ordre. Il y a de la force chez tou-ts celleux qui ont pris le mot d'ordre au pied de la lettre : Mettre la France à l'arrêt. Il y a de la force chez tous ceux qui continuent d'essayer de trouver le moyen de faire décoller ce mouvement.

Nous n'avons plus rien à perdre.
Pour contrer la dispersion,
pour décider ensemble des appels des prochains jours,
pour se rencontrer au-delà de nos fonctions sociales,
pour organiser concrètement des actions,

Rendez-vous après la manif mercredi 15 mars à 19h à la Bourse du Travail
(3 rue du Château d'Eau, République)

8 mars - journée internationale des femmes - paroles du front en Ukraine

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

« Solidarity Collectives » (anciennement « Operation Solidarity ») est un réseau de volontaires anti-autoritaires formé avant l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine pour aider les camarades en première ligne et les civils touchés par la guerre. « Collectifs » n'est pas seulement un nom, mais l'essence de notre initiative qui a été rejointe par diverses organisations et groupes d'Ukraine, d'Allemagne, de Pologne, de France, des États-Unis, des Pays-Bas, du Canada et de nombreux autres pays.

Le 8 mars. Un jour qui symbolise la liberté, un jour qui donne envie de se battre, un jour où les voix des féministes peuvent être entendues par des millions de manifestant.e.s marchant sur le chemin de l'égalité.

Mais le chemin des femmes ukrainiennes a changé du tout au tout le 24 février 2022. Le début de la guerre en Ukraine est devenu un tournant existentiel dans la vie de millions de personnes. Une réalité paisible et sûre a brûlé dans les flammes des roquettes russes, a été écrasée par des chars marqués "Z", a été tuée avec les civils de Boutcha...

Des milliers de femmes ont décidé de résister à l'agression venue de l'Est. Elles ont rejoint les forces armées de l'Ukraine pour défendre leurs foyers, leurs familles, leurs ami.e.s, celleux qu'elles aiment, la liberté et l'indépendance du peuple. Notre initiative soutient huit femmes ou combattant.e.s non-binaires qui, il y a 2 ans, ont marché pour l'égalité en Ukraine et dans le monde, et qui aujourd'hui défendent l'Ukraine au prix d'efforts incroyables.

Chacun.e d'entre elleux est un.e héro.ïne, chacun.e a une histoire incroyable, on se demande parfois combien de courage, de force, d'inspiration il y a dans une seule personne, chacun.e d'entre elleux a sacrifié quelque chose, chacun.e d'entre elleux a perdu quelqu'un.

Ici, nous avons recueilli la parole de certain.e.s de nos camarades :

  • 1)

Nous, les femmes en ce jour devons croire dans nos cœurs que nous ne marchons pas en tant qu'individus mais toustes ensemble dans une lutte que toutes les femmes et les personnes LGBTQI+ supportent partout dans le monde, dans chaque pays, chaque maison, chaque rue et chaque tranchée. La même oppression sous toutes ses formes : de la violence verbale, de la violence physique qui tentent de nous priver de notre dignité ou de nous rendre faibles. Mais nous ne sommes pas faibles ! Nous sommes fort.e.s ! Tout au long de l'histoire, les femmes ont prouvé, au prix de leur vie, qu'elles ne seront pas oubliées et que leurs vies ne seront pas réduites au silence ou ignorées.

En ce jour, nous nous souvenons de toustes celleux qui nous ont précédé.e.s, qui se sont battu.e.s et sont mort.e.s pour que nos voix soient entendues. Et qui continuent à le faire dans les batailles dans les champs de tournesols gelés de l'Ukraine ou dans la chaleur torride et la roche dure du Kurdistan.
Leurs mémoires et celles de tant d'autres servent d'exemple pour nous toustes ! Les courageux.ses tombé.e.s au combat ! Leurs vies continueront toujours à avoir un sens parce que nous, les vivant.e.s, refusons de les oublier !
Parce que les femmes ne plient pas et ne cèdent pas face à la cruauté de ce monde ! Nous allons de l'avant ensemble ! Nous crions ensemble ! Nous aimons et nous rageons ensemble !
Alors en ce jour, faisons en sorte de marcher ENSEMBLE.♡

Avec l'amour et la rage d'une femme médecin de combat en Ukraine,
lev

  • 2)

Journée de lutte... Depuis plus d'un an en Ukraine, chaque jour est un jour de lutte. Un jour de lutte contre l'ennemi et l'occupant, la peur et le désespoir au ventre, un jour de lutte pour l'espoir. Pour moi, le 8 mars a perdu un peu de sa signification. Toute lutte est avant tout celle d'un peuple. J'écris ce texte et j'imagine si la commémoration du 8 mars était organisée maintenant. Par qui ? Pour qui ? Une rue vide, des maisons brisées, le vent, le son des sirènes, des tirs de roquettes. 24 février 2022. La plupart sont parti.e.s, le reste se bat ou se porte volontaire. Et chacune porte sa propre histoire traumatique. La guerre est effrayante... la guerre n'est pas romantique, c'est la mort, c'est le destin ruiné de millions de personnes, la guerre c'est le syndrome de stress post-traumatique, c'est quelque chose qui laissera une empreinte pour la vie, et beaucoup n'y survivront pas. Je demande ici une minute de silence à la mémoire des camarades tombé.e.s au combat.

Celleux qui sont en guerre maintenant ont besoin de soutien beaucoup plus qu'iels ne le disent. Même plus qu'iels ne le disent dans les médias ou ailleurs. Iels ont besoin d'armes, iels ont besoin d'équipements, de drones, d'ailes, de caméras thermiques, de médicaments et bien plus encore. Je vous invite à évaluer honnêtement et gravement la réalité, nous n'avons pas encore parcouru tout le chemin, qui semble long et sacrément épineux. Je vous demande de soutenir les femmes en guerre en Ukraine (bien sûr, pas seulement les femmes, mais comme nous parlons du 8 mars...), qui ont pris les armes et combattent l'envahisseur, de les soutenir autant que possible. Parce que c'est follement effrayant et difficile, et tout ne peut être surmonté qu'en combinant les efforts, ensemble et sans perdre courage. Et les vacances reviendront après la victoire.

C'est promis.
Swallow

  • 3)

Ce jour a pris de l'importance pour moi l'année dernière. Il se trouve que par hasard, je suis arrivé.e en Ukraine pour combattre le 8 mars.

Je ne l'avais pas prévu. Tout était trop chaotique, tout était trop incertain et le monde semblait devenir fou pour pouvoir donner un sens particulier à n'importe quelle journée. Mais j'aime bien le symbolisme de cette date. Et c'est facile de compter les jours que j'ai déjà passés ici.

La guerre est une chose très étrange. Les pires choses s'y produisent, tout comme les meilleures. Ou, peut-être, je devrais dire qu'on y trouve les meilleures personnes et les pires personnes. Beaucoup des meilleures personnes ici sont des femmes. Des femmes fortes, qui méritent toute l'admiration, mais qui sont généralement très humbles et simples. Très souvent, elles sont beaucoup plus courageuses que les hommes.

Peut-être parce que les femmes ne viennent pas ici pour tuer, mais pour se battre pour sauver des vies. C'est la principale raison pour laquelle il y a tant de femmes médecins. J'en suis une. Ça ne veut pas dire qu'elles se cachent et ne prennent pas de risques. Ces médecins se rendent là où quelqu'un a déjà été blessé ou tué - Elles viennent pour les autres en s'oubliant elles-mêmes. J'ai travaillé avec de nombreuses femmes médecins. Elles n'ont pas peur de se faire tuer. Elles ont seulement peur de faire une erreur et de ne pas être assez professionnelles pour sauver les autres. Elles ont peur d'arriver trop tard.

Nous sommes souvent attaqué.e.s. Nous sommes souvent tué.e.s. Hier encore, j'ai perdu une autre amie et camarade. C'était une toute jeune fille, elle riait beaucoup, elle aimait la vie, elle était belle et brillante dans tous les sens du terme. Et elle a été tuée en essayant d'évacuer les blessés. Il y a beaucoup d'autres personnes que nous avons perdues en chemin. J'espère que lorsque nous rentrerons toustes chez nous, lorsque la guerre sera terminée, l'histoire ne glorifiera pas celleux qui tuent. J'espère que nous nous souviendrons de l'héroïsme de celleux qui sauvent. J'espère que l'on se souviendra de toutes les femmes qui ont tant sacrifié pour mettre fin à cette guerre. Volontaires, médecins, combattantes...

Et aujourd'hui, le 8 mars, j'espère que vous vous souviendrez des femmes les plus fortes qui luttent en ce moment même ici avec moi.

Médecin biélorusse en Ukraine,
Tsen' (Цень)

  • 4)

Je me souviens qu'en CE1, je fabriquais une carte postale artisanale pour l'offrir à ma mère à l'occasion du 8 mars. Le numéro 8 était dessiné avec des haricots secs collés sur le carton... On n'aurait pas pu inventer quelque chose d'aussi kitsch : c'était ridicule que la journée internationale des droits des femmes soit dévalorisée et déformée en devenant le "Jour du printemps et de la beauté", célébrée par des ribambelles de cartes postales stupides, des coffrets de shampooings, et des fêtes arrosées, tout ça sous le prétexte de porter, une fois par an, les couleurs de « l'équipe des femmes ».

On serait en droit de comprendre une partie de notre société qui demande l'arrêt de la célébration du 8 mars, comme l'un des derniers héritages merdiques de l'Union soviétique. Il serait aussi logique d'abandonner le "jour des garçons" qui est le 23 février, le "jour des filles" étant le 8 mars.

Mais il y a autre chose... Le 8 mars dans le monde, ce n'est pas un jour de printemps et de beauté, mais un jour de lutte pour les droits des femmes. Et c'est toujours d'actualité, étant donné les problèmes auxquels sont confrontées de nombreuses femmes dans le monde et en Ukraine en particulier.

Cela est particulièrement vrai pendant la guerre, car les niveaux de pauvreté, de chômage, de violence et de discrimination ont explosé et les femmes en sont les premières victimes.
Du coup, tant que la lutte pour les droits des femmes est d'actualité, cette journée reste d'actualité.

Maintenant, je suis en guerre. Comme plus de 5 000 autres femmes qui sont en première ligne des opérations de combat et comme les 60 000 femmes qui servent dans les forces armées ukrainiennes, je lutte contre l'agression russe.
Je veux que nous vainquions rapidement cet empire du mal. Après la victoire, le patriarcat restera notre seul ennemi. Mais il sera vaincu.

Mort à l'empire !
Mort au patriarcat !

Chimera

  • 5)

1 an de guerre totale

Bien que cela fasse 9 ans que tout ait commencé avec le massacre de Maidan et la fuite de notre ancien président Ianoukovytch, un sympathisant de la Russie.

Bien sûr, j'ai ressenti l'anxiété grandir en moi et dans notre société ces jours-ci (et c'est toujours le cas). Les Russes sont connu.e.s pour être obsédés par les dates, donc nous nous attendions à une escalade de la terreur exactement un an après leur invasion à grande échelle.

Aussi, nos esprits et nos corps sont en détresse à cause de ce traumatisme répété.

Pour préserver ma santé mentale en ces temps difficiles, j'ai essayé de me concentrer sur le fait que la plupart de mes proches ont SURVECU cette année.

De plus, je me sens maintenant beaucoup plus puissant.e qu'en 2022, parce que je fais partie de la résistance organisée et équipée des forces armées de l'Ukraine.

Donc... Je sais que ce n'est pas la fin, loin de là, et c'est certainement frustrant, car j'espérais que cette merde resterait dans les livres d'histoire et ne se reproduirait plus jamais. Et que quand ce genre de chose arrive, il faudrait l'arrêter immédiatement.

Mais la géopolitique ne fonctionne pas comme ça.

Donc je dois seulement continuer à résister et essayer d'être non pas dure au mal, mais résiliente.

Heureusement, en tant que militant.e des droits de l'homme, ça me connaît.

En plus, grâce à mon expérience personnelle et au soutien de mes adelphes fem/lgbtqi+, je ne me sens jamais seule et j'obtiens les meilleures fournitures militaires et des ptits souvenirs qui font chaud au cœur.

Et en plus, je suis heureuse que la résistance de l'Ukraine contre l'"État russe" terroriste reçoive encore beaucoup d'attention dans le monde entier et que nos réfugié.e.s soient bien pris en charge.
Merci de soutenir l'Ukraine dans notre combat anti-impérialiste !

Zemlynika

  • 6)

J'ai vécu en Allemagne pendant plus de cinq ans. Ces dernières années, j'ai beaucoup appris sur les opinions de la société allemande sur l'histoire de l'Europe de l'Est. Et je n'ai pas aimé ce que j'ai appris. J'ai aimé le fait que des personnes d'origine est-européenne se battent pour que ces opinions changent. Je suis fier.e de vous.

Mes camarades et ami.e.s allemand.e.s proches étaient très inquiet.e.s pour ma vie lorsqu'iels ont appris que j'allais servir le peuple ukrainien, et comme par hasard iels ne se souvenaient plus des slogans sur la lutte et la liberté que nous avions criés ensemble lors de diverses manifestations.

Iels ont essayé de me convaincre que ma décision n'était pas la bonne et que rester en vie était plus important. Je voulais qu'iels commencent à faire des dons pour répondre aux besoins de l'armée ukrainienne, pour signifier leur solidarité, un mot que l'on aime tant utiliser en Europe occidentale. En Allemagne, des manifestations de grande ampleur ont toujours lieu, dans lesquelles on appelle non pas à donner des armes à l'Ukraine, mais à s'asseoir à la table des négociations avec la Russie. Seriez-vous prêt à vous asseoir à la table des négociations avec un violeur qui plaide non coupable ? Pourriez-vous regarder dans les yeux des femmes, des filles et des enfants ukrainiens violé.e.s et leur dire de s'asseoir à la table des négociations et qu'elleux et leurs sœurs n'ont pas besoin d'armes pour se défendre et défendre celleux qui les entourent ? L'Ukraine est une victime qui se défend. Aidez-la comme elle le demande.

kira

Solidarity Collectives
Vous pouvez trouver plus d'infos sur notre groupe et ce que nous faisons :
Pas de repos jusqu'à la mort du dernier dictateur.

En manif, soyons bandes organisé-es

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

En réponse aux récentes analyses sur le mouvement en cours et aux appels à réinventer nos formes de lutte, ceci est une proposition. Un outil pour s'organiser collectivement. Considérer la manif comme une diversion pour tenter autre chose ailleurs, partout, à 10, à 100, à 1000.

On est de plus en plus nombreux-ses dans la rue, mais rien ne change. On le sent, nos manifs ritualisées ne font plus peur à personne.

Soyons ambitieux-ves et inventifs-ves. Faisons mieux.

Imagine. Pendant que tous les flics sont occupés à la manif, des centaines de petits groupes dispersés dans tout Paris, qui se rassemblent, s'organisent avec stratégie et agissent en dehors des répertoires traditionnels : chanter dans les quartiers riches, bloquer les routes, peinturlurer les boutiques de Bernard Arnaud, reprendre les Champs, etc.

Faisons en sorte qu'à la fois nos voisin-es, nos mamies, nos copaines syndicalistes et nos camarades organisé-es puissent s'organiser ensemble. Bref, visons plus large que nos cercles militants habituels.

Cet outil est une tentative d'auto-organisation collective. Elle part du constat que la plupart des soulèvements récents résultent d'un grondement diffus et d'un outil pour se retrouver et se reconnaître (le gilet jaune, les pages Facebook, la messagerie Télégram, etc.).

Envie de tenter l'expérience ?

Rendez-vous à chaque jour de manif sur :
https://www.bandesorganisees.net

Fais tourner le tract ;)

Pour des critiques, des propositions, des bisous :
contact.bandesorganisees@proton.me

Itinéraire d'une jeune militante anarchiste

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Natacha, 18 ans, parle de son parcours militant, intellectuel et personnel. Comment en est-elle venue à s'impliquer dans les luttes sociales et dans la lutte révolutionnaire ?

D'origine marinière, marginale, réfractaire à l'école (et à l'idée même d'éducation en général (voir son article sur le lycée autogéré de Paris dans Le monde libertaire), réfractaire au travail, réfractaire à la mode et à tous les conformismes, passionnée de lutherie, d'art, de lecture, elle dit avoir toujours eu du mal à trouver sa place, jusqu'à sa rencontre avec les anarchistes.

Itinéraire d'une jeune militante anarchiste
Membre du groupe libertaire d'Ivry, de la Fédération anarchiste et de l'équipe de “Lundi matin” sur Radio libertaire, Natacha parle de son parcours militant mais aussi intellectuel et personnel.

Quelques extraits :

Aussi loin que je me rappelle, l'autorité c'est un truc que je ne supportais pas. J'ai pas été éduquée avec autorité, je ne vivais pas dans un climat autoritaire. Dès l'école, quand je voyais la condescendance des profs, que mes camarades de classe se faisaient taper dessus par leurs parents, je ne comprenais pas. Je disais : mais ils sont fous vos parents ! Donc, par rapport à ces réalités là, à mon éducation qui était complètement marginale, je me définissais comme “en dehors”. J'essayais de chercher des mots qui collent à la manière dont je me définissais : “pas pareille”…

Ma première manif, c'était un premier mai, j'avais quatorze ans. En sortant du métro, j'étais comme une folle en voyant toute cette foule, parce que j'avais toujours eu de la sympathie pour les manifestations, même si je n'en avais jamais fait. D'abord je vois la foule, des gens qui avaient l'air de se marrer, et ça me plaisait bien. Puis, je vois les ballons syndicaux, les banderoles, les symboles de partis, etc. Je suis allée demander pour chaque organisation qui elle était, ce qu'elle faisait. Jusqu'au moment où je tombe sur un cortège (ça devait être C.N.T. / F.A.), ils avaient des drapeaux rouge et noir. J'ai demandé à mon père qui ils étaient : “C'est les anarchistes…” Ça me parlait pas beaucoup, ce mot là. “…Ceux qui n'ont pas de chef.” Je me suis dit oh bah ça colle !

Je viens d'une famille de bateliers. Cet environnement familial m'a pas mal influencée. Mon grand-père était accordéoniste pour les bals musette le dimanche. Sinon, il passait sa journée sur une péniche tractée avec des ânes à regarder la nature, à siffloter. C'est la première source de l'image d'un “en dehors”. Et puis l'endroit où je vivais, c'est pas très commun non plus : c'est un chantier de fabrication de bateaux amateur. Ce milieu, ça faisait une coupure nette avec la réalité des personnes autour de moi : le joyeux bordel, c'était ma première vision de l'anarchie et je crois que ça l'est encore.

L'anarchisme englobe tous les moindres détails de ta vie. Je suis dans une vision artistique, poétique, de l'anarchisme. Évidemment, l'axe des luttes sociales est quelque chose que je partage complètement ; mais pas pour conserver, pour mettre en exergue la classe ouvrière, mais pour faire sauter l'idée même de classe sociale. Je trouve que c'est quelque chose d'horrible de te mettre dans une case et de te prédestiner à quoi que ce soit et surtout de te mettre dans la case de l'exploitation. Bien sûr, je me rends bien compte qu'elles existent, ces classes, et je veux me tourner vers l'idée de disparition des classes. Contrairement aux jeunes dans le film dont on a parlé la semaine dernière, Passe ton bac d'abord, j'ai jamais pensé que j'étais prédestinée à aller travailler.

Pour moi, la lutherie c'est pas un travail : c'est une passion, qui va quand même mettre du beurre dans les épinards, parce que la réalité à laquelle je ne peux pas échapper, c'est le système monétaire ! Dès la maternelle, mes premiers souvenirs de l'école, par rapport aux autres enfants (on pourrait les comparer à des collègues de bureau…) je voyais que je n'avais pas de centres d'intérêt en commun avec eux, dès le début, c'était inexpliquable… Je ne sais pas si c'était de la révolte, mais c'était quelque chose de physique de ne pas vouloir aller avec les autres. Plus tard, contre les profs, qui s'arrogent le droit de te donner des punitions. Au collège, je les faisais pas, mes devoirs. Les profs, c'est un rapport d'autorité permanent, pareil qu'avec un contremaître ou un patron.

Ce qui fait que je suis anarchiste, c'est la dimension sociale (— Natacha est de toutes les manifestations contre la réforme des retraites…) mais aussi une rage contre les modes et le suivisme. C'est pas de dire vous êtes une bande de cons et c'est inchangeable, mais que tu veux faire en sorte qu'on ne soit pas dans une société figée comme actuellement. Si on crée des moules à êtres humains, que dès la naissance tu es conditionnée, qu'on fabrique des ouvriers en les faisant passer par l'école ou par l'université pour faire perdurer tout ce système-là, c'est pas une société qui crée des individus. Je repense au film The wall

On ne peut pas faire une “fabrique de libertés”, on ne peut pas reprendre le système et faire une école plus libre mais une école quand même, faire un travail plus libre mais un travail quand même. Je pense qu'il faut mettre à plat tout ça, parce que ça ne permet pas à n'importe qui qui naît de devenir un individu qui sera vraiment d'un bout à l'autre une construction originale. J'en reviens à cette dimension un peu poétique du mouvement libertaire : c'est se dire que le but est de créer quelque chose qui donne à chaque individu la possibilité de s'exprimer, de prendre en main tous les aspects de sa vie et de créer réellement la sienne.

« Lundi Matin » (Radio Libertaire), infos et réflexions libertaires version lutte des classes :
https://www.anarchiste.info/radio/libertaire/emission/lundi-matin/