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Fin de partie ou pandémie éternelle ? Pour que soient abattus les fétiches du travail et de la reconduction marchande

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Il s'agit ici d'une réécriture d'un article publié mi-janvier sur Paris-luttes. Cette réécriture met d'avantage l'accent sur le fétichisme du travail qui pousse en premier lieu à délaisser la lutte contre la pandémie, et qui s'affirme finalement comme mode ultime de représentation du « monde d'avant ». Ce point de vue semble pertinent à développer compte tenu des dernières politiques gouvernementales sur la « gestion » de la pandémie de Covid-19. Elle est également assortie de références bibliographiques intéressantes pour développer le sujet de l'aliénation et du fétichisme. Il s'agit d'un acte d'écriture synthétique qui se propose d'autopsier nos imaginaires, que le complotisme autant que la résignation contribuent à aliéner à l'ordre économique et politique existant. C'est un enjeu central pour prendre la mesure de ce qui, même dans l'action « contestataire » se rapporte toujours plus au fétiche de la reconduction marchande et des formes sociales qui en sont dérivées.

Nous ne pouvons que constater ceci : la société capitaliste moderne se présente comme un immense amas de larbins et de flics dédiés à la cause de la marchandise et de sa sécurisation.

Quelques réflexions ont pu émerger de ce régime de vie apocalyptique sous lequel nous vivons depuis deux ans, et qui est une déclinaison particulièrement meurtrière de la nocivité capitaliste. Les points de vue de l'ennui, de la détérioration ultime de l'existence sociale et subjective, de la perte de sens totale et abrupte mais surtout le sacrifice de vies humaines perpétués comme des offrandes faites au cadavre "travail" s'articulent autour d'une nouvelle pensée critique, révolutionnaire et encore partiellement indicible de la dépossession et de la mort comme régime social actuel du capitalisme. Autant lister quelques certitudes et faire l'état des lieux de nos imaginaires, de nos capacités à imaginer de nouveaux modes de vie émancipés de l'abstraction marchande.

1) L'inconstance des motifs de la domination sur nos vies s'avère négligeable par rapport à la constance de notre intérêt (aujourd'hui vital) à braver l'autorité de l'État et du travail. La domination de l'État et celle des cadres économiques, qui fournissent au premier un contexte de super-existence inédit, s'imposent depuis le début de cette pandémie par le maintien du travail et par une démarche de replanification permanente de la vie sociale vers ce but : leurs désintérêts conjugués pour l'existence sociale non subordonnée au travail se sont enfin déployés en mépris pour l'existence biologique elle-même. Force est de constater que le spectre de la "remise au travail", cultivé après les premiers confinements radicaux, dans des sociétés archi-industrialisées qui sont les témoins de sa disparition, du chômage de masse et de la pénurie de sa valeur effective, se présente bien comme le fétiche même de ce « monde d'avant » dont le culte est bien antérieur à la pandémie et tout aussi fictionnel que celui fantasmé par tous les types de pensées réactionnaires.

2) L'incapacité visible des États capitalistes à proposer autre chose qu'une domestication informe, individualisée et insensée (couvre-feux à 18h pour maintenir le travail, maintien des écoles ouvertes, le tout saupoudré de flicage des moments de convivialité entre amis où les mesures barrières étaient beaucoup plus faciles à faire respecter) pour œuvrer à la conservation du semblant de vie qu'il nous restait a finalement achevé de réduire cette dernière à sa disponibilité. Les politiques actuelles technophiles, tablant tout sur la vaccination au péril d'une gestion responsable et en temps réel du risque sanitaire, ont quant à elles acté que la vie n'était envisageable socialement que du point de vue de sa validité, catégorie également dérivée de l'idéologie du travail. Ce mépris pour l'existence non-subordonnée au travail s'exprime dans un désir tenace et ancien de reconversion de la société en usine généralisée où la dissociation (et non la distanciation) sociale a pris racine dans de nouvelles dispositions de contrôle social, notamment des couvre-feux à répétition à des horaires variables et absurdes qui ont fini de réduire la vie sociale à la vie active, de finaliser la banalisation du contrôle policier des espaces publics et d'exclure dans les limbes de l'ennui les marginalisés de l'emploi. Ces dispositions étatiques, très dangereuses car objectivement et facilement ressenties comme pesantes et déprimantes, se sont aventurées sur le terrain extrêmement aventureux de la quotidienneté où le panel infini des modes de résistance à l'autorité a pu rencontrer, un temps, l'inventivité et le maintien des tactiques de lutte [1] contre la pandémie et contre tous les pouvoirs qui l'entretiennent...

3) L'État ne se soucie pas de votre santé : c'est la quantité de vie et de bien-être relatif qui est mis dans le travail, cette portion, ce fragment d'existence-là (ou devrait-on écrire « de non-existence ») qu'il cherche à préserver, au détriment du reste. Pour preuve aujourd'hui, en plein envol épidémique, la révélation de nouvelles lignes de « gestion » des gouvernements bourgeois à travers le monde qui optent de concert pour une « stratégie » d'eugénisme social sur fond de pure technophilie : intégrer un seuil « normal » de morts quotidiennes, sacrifiées sur l'autel de la planification abstraite de la reconduction économique. Le fait est que même les forces "contestataires", taillées à son image par la gauche du travail, semblent encore incapables d'assimiler l'assignation au travail à une fragmentation en soi et perpétuelle de la vie, que les déclinaisons novices actuelles avec la crise du Covid rend pourtant nettement lisible. Et leurs délires intégrationnistes, joint à leur fétichisme de l'emploi et de son droit fantasment finalement autant le calfeutrement de la vie sociale à l'exercice du travail que n'importe quelle politique étatique répondant aux besoins de la société marchande et de sa perpétuation.

4) L'immatérialité de l'avenir économique, bien souvent son absence, son incertitude, sa précarité ne servent pas à décourager l'État de venir polluer le semblant de vie qui subsiste à côté (souvent dans les formes aliénées qu'il lui a lui-même données). Ainsi les moments de collectivités, de convivialité même tronqués et jusque-là enrobés d'une spontanéité feinte pour servir de garde-fous ( des "after-work" entre collègues désabusés aux faux dépaysement garantis par l'industrie du tourisme) ont pendant longtemps été anticipés par des autorités "compétentes" qui cherchaient à les annihiler ou à les contrôler dans leur formation-même. La pandémie a été niée comme réalité dès ses premiers moments, et les États ont substitué à sa gestion un investissement collectif dans la planification de la continuité du travail, qui n'aurait pu se faire sans l'invention antérieure de formes toujours nocives et précaires de salariat (uberisation, culte de l'auto-entreprenariat). Ces nouvelles formes d'auto-exploitation massivement répandues au sein des classes populaires et des marginalisés de l'emploi sont d'autant plus détestables que la précarité économique qu'elles entretiennent se fait le relais criant d'une société qui considère que le travail est une fin en soi, un gage de bonne volonté et rien d'autre, car il ne produit de toute façon plus rien et détériore au contraire la qualité de vie de ceux qui y sont contraints.

5) Le travail est entré en opposition manifeste avec tout ce qui se fait de libre et de vivant ou qui aspire à l'être (et à le rester) dans la société. C'est une activité fanatique à part entière : dans nos sociétés dévastées par l'aliénation politique diffuse, par le désastre climatique et les pandémies présentes et à venir autant que par le tarissement des ressources naturelles, le travail est une espérance posée dans la marchandise comme arme de reconduction du monde et, donc, comme promesse de sécurisation. Travailler à reproduire son existence revient désormais purement et simplement à perpétuer la nocivité dans laquelle elle s'enlise. L'État, à l'avant-garde de ce fantsame de reconduction de l'insoutenable, nous renvoie sa vision mutilante du social : une fabrique qui assujettit l'ensemble de l'existence aux exigences de la reconduction du capital, pôle anti social et anti liberté par excellence. Il n'existe pas de gestion gouvernementale qui ne soit pas une mutilation au nom d'une conception, vacillante ou fixe au contraire dans ses positions historiques, de l'autoconservation compulsive de l'ordre marchand. Cette démarche compulsive, si elle est dans les faits entretenue par quelques bourgeoisies et technocrates jouissant de l'appareil centralisateur d'État, est aussi assimilée comme ordre naturel des choses par à peu près toutes les populations vivant au sein des démocraties marchandes avancées. Et cette utopie réactionnaire pourrait être mise en péril (faiblement mais tout de même) par la gestion solidaire (qui passe aussi par l'oisiveté) d'un virus ultra-contaminant et mortel. Ce que cette gestion solidaire remettrait en cause également, c'est un avenir proche ou historique qui conserverait l'économie comme ordre naturel des choses et l'État comme père des peuples.

6) La décrépitude politique dans laquelle nous nous enlisons devrait nous faire questionner ce qui tient réellement lieu d'attitude révolutionnaire, et ce qui dans notre rapport au monde nous enchaîne encore à la planification marchande et au maintien du travail comme alpha et oméga du lien social. L'égoïsme de classe, les illusions sur le développement des « forces productives », les politiques validistes dérivées de l'idéologie travailliste et consumériste en plein règne de l'abstrait et du flou sont autant d'expressions de la nocivité politique révélée par cette pandémie. Et ces discours s'imposent comme une maladie généralisée à gauche. Nous partageons désormais tous le même rapport fictionnel à l'avenir, et il faut nous réapproprier la définition même de ce que nous appelons une "qualité de vie" pour faire face à cette nocivité politique qui révèle notre incapacité à imaginer un monde réellement émancipé de la logique marchande. Car même l'horizon fantoche et d'ores-et-déjà douteux de la « diversités des activités sociales et culturelles » rendue relativement accessible aux classes moyennes et populaires des pays « développés » en a pris pour son grade dans cette vaste mobilisation sacrificielle pour le maintien de l'ordre marchand et de la société du travail : il faut désormais avoir plus d'imagination que ceux qui clament que le capitalisme est la fin de l'histoire.

7) On a parlé pendant deux ans de politique sanitaire, de gestion : tous ces termes nous ont enfin obligé·es à démystifier l'État pour évaluer ses capacités en tant qu'outil, à faire le tour de sa nature d'ustensile au service d'une classe certes, mais aussi d'une logique pénétrante, autant incarnée qu'autonome et sans rapport avec les conditions situationnelles de la société en crise et de la planète. Le constat est sans appel : l'incompétence est aussi ce sur quoi la bourgeoisie capitaliste assoit sa gestion économique de la société. Cette incompétence est celle que médiatise et incarne l'État, appareil de domination, de centralisation et donc de neutralisation des possibilités organisationnelles, solidaires et créatives des forces sociales populaires, et captateur de la politique et de ses imaginaires : il redevient pourtant, à la lumière de cette pandémie, un vulgaire outil daté duquel Engels disait, avec une lucidité écrasante, qu'il finirait dans un musée à côté du métier à tisser et du silex.

8) Les couvre-feux, confinements partiels ainsi que les mille couleurs possibles et d'ores-et-déjà expérimentées de l'assignation au travail ont eu en leurs temps des relents de désorganisation forcée, de signes de faiblesse manifestés quotidiennement par le pouvoir bourgeois. La gestion centralisée du risque sanitaire ne prend forme, quand c'est l'immédiateté d'un devenir collectif qui est en jeu et ouvertement menacée, qu'en regard de l'anticipation de la poursuite marchande : c'est cette réalité de la gestion étatique, qui a amené à maintenir les activités "productives" en plein essor épidémique et notamment au début de cette pandémie, qui nous oblige enfin à nous référer à la logique marchande comme à une abstraction. La nature abstraite de la production et de l'échange marchand a été expérimentée concrètement dès mars 2020 dans les pays capitalistes développés comme la France : c'est bien par un manque de moyens sanitaires (pénurie de masque, de gel hydroalcoolique, de matériel de réanimation et de protection dans les hôpitaux) que ces pays se sont retrouvés à déterrer des systèmes D dignes des pires fables sur le "sous-développement", tout en justifiant le maintient de la production diversifiée de bien de consommation par une peur de l'effondrement économique qui menacerait la survie générale... La logique marchande fait abstraction de toute situation immédiate, même celle exposant à un risque inconnu, et elle nous fait nous adapter à des climats sociaux et politiques nauséabonds, qui ont tous pour point commun d'exposer notre incapacitation. La nocivité politique nous a ainsi appris à nous adapter à l'ennui généralisé qui ne trouve de substitut que dans l'accélération consumériste, ou encore à faire nôtre un ras-le-bol qui emprunte au fascisme la nostalgie des temps passés, la haine des plus fragiles qui empêchent qu'on retourne tous "vaquer à nos occupations", une lecture raciste des événements ou encore un désir de renforcement du flicage pour "qu'on en finisse" [2]. Cette gestion étatique fait alors en sorte que la reconduction marchande et son anticipation se subsument à toutes formes de logiques collectives et de pensée originale sur les événements. Ces mesures n'étaient pourtant pas indépassables, et surtout pas rationnelles : elles expriment un réflexe d'auto conservation qui met au jour la dépossession généralisée comme l'outil de sauvegarde ultime de l'ordre politique et économique existant.

9) La mise au travail des sociétés est ce qui domine en ce moment comme politique gestionnelle assumée et actualisée par les divers gouvernements du monde. Et elle constitue ce à quoi se résume dans son intégralité la « reprise de l'économie » (comme si elle s'était arrêtée alors que ses logiques consommatrices et accumulatrices ont capté le présent et l'avenir de toutes les perspectives collectives et imaginatives dès les premières mesures d'endiguement de la pandémie). Elle domine d'ailleurs depuis le début de ce cirque la gestion de l'épidémie de covid-19 par ces mêmes gouvernements capitalistes, qui peuvent compter dans les faits sur une armée de petits cadres en tout genre assurant leur relai sur tous les terrains de la vie quotidienne (flics, juges, procureurs, sécurité RATP et autres matons peuplant bureaux, administrations pénitentiaires, centres de rétention ou aéroports). La priorité donnée au redéploiement de l'activité productive (équivalente à celle de l'échange marchand) sur la gestion en temps réel d'une pandémie de virus mortel sert autant de leitmotiv posé sur des politiques sans sens et contradictoires que de fétiche permettant de faire fantasmer une nouvelle fois les esprits sur une sortie de crise pacifiste et sans révolution sociale. L'intensification de la mise au travail n'a jamais faibli, même en temps de confinement radical pour certaines catégories d'ouvriers et d'employé.es comprenant notamment des sans-papiers, ou pour les plus galériens réduits à « l'esprit d'entreprise » le plus nocif pour eux-mêmes pour subvenir un tant soit peu à leurs besoins. La reprise économique qu'elle est maintenant censée précipiter est d'avantage une mesure de tâtonnement absurde fondée sur l'espérance aveugle dans le travail comme sauveur suprême d'un monde qui se meurt qu'une politique concrète de « relance » motivée par la pénurie et la crise de la « subsistance ». Et la pandémie a d'ailleurs constitué un moment d'expérimentation privilégié du travail ramené à l'état d'idée par le télétravail, encensée au sein des murs virtuels des start-up et dans les appartements des cadres et des managers de tout type.

10) Les bouffonneries étatiques ainsi que les mesures au rabais et tardives ont subsumé un temps dans nos têtes toutes les autres manifestations plus ordinaires de l'abus de pouvoir [3] et de la répression. Elle servent à maintenir de ce qui existe « en ordre » autant qu'à en préserver le fantasme face à ce qui se présente toujours plus violemment comme un immense amas de saletés, de marchandises, de brimades quotidiennes, d'assignation à l'ordre, de morts par asphyxies (dans les hôpitaux, dans la rue et dans les quartiers populaires sous le poids de leur gestion coloniale et de ses flics), d'enfermement dans les prisons et dans les Centres de rétention ou encore d'aliénation à domicile et de course-poursuite mortelles dans les banlieues des métropoles impérialistes. Désormais, le fantasme de la "sortie de crise" entretenu par quelques calendriers étatiques absurdes et mimant une marche naturelle vers un "tout rentre dans l'ordre" dérangeant met les contestataires face au mur : accepterons-nous une fin de partie aussi coûteuse sur le plan humain et aussi statique sur le plan politique ? Accepterons-nous cette déclaration d'impuissance et d'aliénation de nos désirs à l'ordre marchand et à sa politique répressive et meurtrière ?

Si non, quelques pistes critiques pour recalibrer nos imaginaires sur la critique du présent et non sur son déni :

1) Force est de constater ceci : l'entassement des morts dans des hôpitaux désertés par les moyens, dans des campagnes isolées ou dans les pays du Tiers-Monde appellent à une vengeance absolue qui prendra en compte cet aspect du détestable pour produire une nouvelle critique totalisante du monde capitaliste, aussi éclairée et lucide que possible et appelant à des solutions intransigeantes pour en précipiter la chute (et redevenir les auteur.es de celle-ci). Aussi : la contradiction entre travail et existence, entre travail et liberté, et enfin entre travail et santé ne s'est jamais faite plus visible depuis au moins 20 ans. Et aucune riposte traditionnelle, aucun syndicalisme, aucune course aux urnes, aucune mobilisation pour le pouvoir d'achat, la réouverture des universités et pour le "respect des travailleurs", le sauvetage d'un service public déjà mort et enterré n'est à la hauteur de notre époque et de cet âge de décrépitude ultime dans lequel s'enlise le capitalisme. Les organisations politiques et syndicales mais également les militants ralliés au "combat" anti-pass se chargent au contraire d'en relever le niveau, de faire valoir toujours plus intensément un droit universel à l'intégration de la logique marchande et à l'emploi. Et les imaginaires des décideurs, des larbins et des cadres, des "anticapitalistes" de préfecture et des fascistes convergent tous dans la même direction qui doit acter aux périls de nos vies la conservation de la société du travail, des frontières et de l'État. Quant aux autres formes de contestations portées par les franges les plus radicales du mouvement social et par la gauche antiparlementaire, elles devront se défaire de l'effet hallucinogène qu'ont exercé sur elles ces deux années de crise pour aboutir à une critique sans concession des forces d'inertie avec lesquelles elles se sont longtemps crues contraintes de devoir s'activer : aucune révolution ne vient au monde à partir d'un alignement des planètes et d'un ressentiment touffu face à l'infâmie d'un climat social délétère et toxique. C'est ce même ressentiment qui anime les dernières mobilisations souvent ouvertement complotistes contre l'obligation vaccinale et qui ont certes pu trouver des expressions sociales plausibles dans une vaste levée de boucliers pour le pouvoir d'achat, mais dont certaines têtes pensantes d'extrême-droite trouvent déjà des "coupables" parmi les habituels boucs-émissaires désignés (les Juifs, les Arabes, les Noirs, les Asiatiques, les Musulmans et tout ce qui fait figure d'étranger ou "d'invalide") pour polariser une absence de consistance et de projet de transformation concret de la société. Car l'extrême droite contestataire, quand bien même elle peut affronter un temps les forces armées de l'État bourgeois, reconnaît comme son projet essentiel ce qu'il entreprend "trop progressivement" pour elle, à savoir le renforcement de sa militarisation et du contrôle policier et raciste de la société, autant que la reconduction de ses rapports sociaux qu'elle considère menacée comme ses "fondements civilisationnels" : l'État et l'extrême droite partagent la même foi violente dans la société du travail et sur la nécessité de ne pas lésiner sur les moyens répressifs pour la "sauver". Cette gauche, pour devenir révolutionnaire, devra assumer ses opinions illégalistes (et son panel d'actions) autant qu'antifascistes, ce qui passe par un refus des facilités complotistes autant que par la lutte ouverte contre l'État, contre tous les pouvoirs qui le médiatisent et qui précipitent sans cesse la course à la fascisation de la société (à commencer par la police) et contre les forces politiques qui se revendiquent de cette fascination et de la conservation d'une société patriarcale, raciste et antisémite. Pour cela, elle devra réaffirmer son refus des concessions et défendre sa conception du monde contre le réformisme pesant de quelques faux alliés autant que contre les idéologies victimaires (incarnées autant par les fascistes affirmés que par des pans non négligeables de la gauche institutionnelle et non-institutionnelle encore massivement friante de thèses antisémites et racistes pour s'expliquer le monde et l'inertie de sa "lutte des classes").

2) Ce texte relaye un appel à l'autogestion sanitaire formulé par quelques forces politiques et camarades dès le début de cette pandémie, mais propose de la compléter d'une remarque : il ne peut y avoir d'autogestion sanitaire sans autogestion de la société dans son ensemble et, donc, sans réflexion approfondie sur la nocivité de l'État et sur la morphologie de sa gestion virtuelle de la société, donc sans une réflexion sur l'abstraction marchande qui vient entraver toutes les initiatives collectives logiques et spontanées (donc immédiatement réalisables !) pour parer la propagation de ce virus et préserver nos vies au pluriel. Il ne peut y avoir aucune autogestion consacrée uniquement à l'urgence simple qui soit souhaitable (car autogestion et cogestion sont des amalgames que bénissent autant les gauches institutionnelles que les syndicalismes les plus prétendument offensifs), si l'autogestion créative et totale de la société et la reconquête du pouvoir sur sa suite et sa forme ne constituent pas des enjeux clairement formulés comme des buts.

3) Tous les mouvements de contestations nés à l'intérieur des démocraties marchandes avancées pendant cette pandémie se sont accommodés des pires travers réactionnaires inhérents aux forces conservatrices qui n'ont cessé de nier l'ampleur et la dangerosité de la crise du Covid-19 (soit purement et simplement en rejoignant les extrêmes-droites fascistes antivaccins, soit en soutenant les politiques néo-libérales des gouvernements soucieux de précipiter la résurgence du "monde d'avant"). Nous constatons (et nous demandons de prouver en quoi nous avons torts d'être affirmatives sur des manifestations aussi médiocres d'aliénation et d'impuissance) que toutes, mêmes celles intégrant des revendications pseudo-antiautoritaires et intégrant des militants permanents des mouvements sociaux et autres professionnels de la récupération, ont assumé la grammaire d'une lutte pour l'accès à la marchandise diversifiée, qu'elle soit bien ou service (droit d'aller picoler au bistrot, d'aller au restaurant et j'en passe et sans doute de plus aliénées en termes de mode de vie) comme horizon de vie souhaitable. Il faut autopsier notre rapport au monde, et commencer par poser un constat sans concession sur notre dépossession pour en tirer toutes les conséquences. Car nous l'avons expérimentée en long en large et en travers : nous avons cru gruger des pénuries alimentaires en nous jetant sur des rayons de bouffe industrielle et en nous entassant dans des magasins bondés, et cela a été notre ultime réflexe avant une apocalypse dont nous ne comprenions pas la teneur ; nous avons fantasmé sur la sociabilité tronquée et déchue offerte par le mode de vie marchand et sur ses consommations passées de restaurants et de voyages téléguidés ; on a rendu nos déplacements détestables et impossibles, restreints au "ravitaillement" de vies sans sens ; on a pleuré des morts qu'on a parfois jamais pu enterrer dignement, ni voir une dernière fois ; et tout le long de ce désastre qui a instauré la fragmentation aliénée comme régime de survie générale, on a continué de nous faire travailler à créer les pandémies de demain et les dévastations futures de la planète.

4) Contre la nocivité et l'insuffisance politique, contre l'aliénation marchande au premier degré et contre le travail qui pourrit la vie dans ses moments réels et qui précipite sa fin, nous avons l'histoire et l'imagination des luttes passées, proches ou lointaines, du mouvement révolutionnaire comme outils à réinventer, parfois à moquer, à délaisser ou à encenser : nous ne nous battrons plus que contre du connu, et contre les concessions faites à la société du travail…

Textes en lien avec le refus et le fétichisme du travail pour approfondir :


[1] On fait ici référence à la réactivation des solidarités de quartier, aux opérations d'autoréductions de masse menées en Île-de-France, au maintien des opération d'ouverture de squat, aux luttes dans les centres de rétention et dans les prisons contre la fermeture des parloirs et contre l'entassement des détenus en pleine propagation d'un virus meurtrier ainsi qu'aux évasions

[2] C'est d'ailleurs contre ceux que l'État a l'habitude de fliquer dans leur quotidienneté que ce flicage s'est dirigé d'emblée dès le début de la crise du Covid-19. On retiendra notamment l'intervention violente des forces de police à la Goutte-d'Or, en mars 2020, alors que la population du quartier s'affairait à préparer un confinement possiblement long, comme absolument tout le monde à l'époque, gagné à la panique générale et à la peur du manque alimentaire après constatation que les sorties allaient être rendues dangereuses par la pénurie des moyens de protection contre la contamination. Les habitants des quartiers populaires ont vu leur surveillance renforcée, et la méfiance que le racisme d'État leur manifestait déjà quotidiennement a servi à alimenter un ressentiment absurde, censé tenir lieu d'analyse des événements : on a ainsi vu une levée de boucliers, même chez des militants de gauche, contre l'irresponsabilité présumée de « ces populations ». Le commentaire politique de cette pandémie par « l'opinion publique », alimentée par certains médias nationaux, ne nous aura décidément épargné aucun écueil, du racisme au complotisme en passant par les plus bas instincts eugénistes

[3] Si tant est que le pouvoir puisse manifester son existence autrement que dans l'abus

Salon anticolonial et antiraciste

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

L'édition 2022 du Salon anticolonial et antiraciste aura lieu les 12 et 13 mars à La Parole errante, 9 rue François Debergue à Montreuil (métro Croix de Chavaux).

Depuis une quinzaine d'années, le Salon anticolonial et antiraciste est un carrefour de rencontres et de découvertes, animé par celles et ceux qui luttent contre l'idéologie dominante colonialiste et raciste, une prise de parole sur l'Histoire et des réalités volontairement ignorées.

Alors que déferle sur les ondes et les écrans la vague des nostalgiques de l'Empire colonial et des racistes de tout poil, ce rendez-vous de la solidarité internationale offrira durant un week-end des débats, des projections de films, des expositions, des présentations d'ouvrages par leurs auteur.e.s, autour des stands des associations et collectifs impliqués dans les luttes.

Sur Internet : https://semaineanticoloniale.com/

Sur facebook : https://www.facebook.com/semaineanticoloniale2022

PROGRAMME DU SAMEDI 11 MARS

TABLES RONDES :

12h à 14h - Les dernières colonies françaises : quelles sont nos attentes actuelles dans la lutte mémorielle de justice et de réparations ? (Auditorium 1)
Avec Olivier LECOUR GRANDMAISON (historien), Lluis SALA MOLINS (historien), Assani FASSASSI (écrivain, COFFAD) - Joby Valente (MNH), Peter LEMA (MIR France), Jacques VENULETH (MRAP).

14h30 à 16h30 - Crimes néo-coloniaux sans justice ni réparation : où en sont les démarches judiciaires et néocoloniales ? (Auditorium 1)
Avec Laurence DAWIDOWICZ (Survie), Augusta EPANYA (UPC-MANIDEM), Daniel Wea (MJKF), Naéma DUBO-RAINETTE (ZCZP), Fatou DIENG (Réseau d'Entraide Vérité et Justice), Christophe SINNAN (activiste du collectif “Justice pour Claude Jean-Pierre dit Klôdo”), Alain Manville (avocat), Orian LEMPEREUR CASTELLI (Collectif Vietnam-Dioxine).

17h à 19h - Le droit à l'auto-détermination des peuples : quelles alternatives face à l'inaction de la France et de la communauté internationale ? (Auditorium 1)
Avec Gilles DEVERS (avocat), Mohamed SIDATI (Front Polisario), Rock Haocas (Parti travailliste de KANAKY), Mohamed Nabhane (CDISCOM - Comores), Pablo Vivanco (ancien prisonnier politique, Comité de Solidarité avec le Peuple basque).

PROJECTIONS

15h45 - Projection de "Notre guerre" de Emmanuelle Desbougies et Dorothée Tromparent (2019), documentaire (57 min), Kanaky-Nouvelle Calédonie (auditorium 2)

MUSIQUE

20h à 22h - Musique : Elguergarate Blues // Rocé

PROGRAMME DU DIMANCHE 13 MARS

TABLES RONDES :

12h à 14h - Complicité de l'Union européenne dans la colonisation de la Palestine (Auditorium 1)
Avec Inès Abdel Razek (Palestine Institute for Public Diplomacy), Alima Boumediene-Thiery (Femmes plurielles, Collectif solidarité Argenteuil Palestine, Membre du parlement européen honoraire), Dror Warschawski (Solidaires) et Sonia Fayman (UJFP, ATL Jénine).

14h30 à 16h30 - Algérie 1830-2022 : Déconstruire la légende coloniale (Auditorium 1)
Avec François Cerutti, Romain Bonnel, Kamel Badaoui, Henri Pouillot, Saïd Bouamama (FUIQP) et Michèle Decaster.

17h à 19h - Lutter contre le racisme (Auditorium 1)
Avec Anne Jollet (historienne, Cahiers d'histoire), Mohammed Ouaddane (Réseau Histoire et mémoire en Île-de-France), Omar Slaouti (militant et auteur du livre « Racismes de France »), Bchira Ben Nia (Coordination des sans-papiers 75 et Marche des solidarités) et Vanessa Fourez (Fasti).

PROJECTIONS

10h45 à 11h50 - Contre-feux. Résistance sociale et syndicale en Palestine de Christophe Cordier et Adeline Gonin (2019), documentaire (37 min). France. (Auditorium 2)

Bnett el Djeblia : les filles de la montagne de Wiame Awres (2019), documentaire (39 min). Algérie. (Auditorium 2)

12h à 14h - Fanon. Hier, aujourd'hui de Hassane Mezine (2019), documentaire (1h26). Algérie. (Auditorium 2)
Avec la présence d'Omar Benderra (Algeria Watch).

14h15 à 16h - Fedayin, le combat de Georges Abdallah du collectif Vacarme(s) (2020), documentaire (1h20). France, Liban. (Auditorium 2)

16h15 à 16h52 - La guerre des centimes de Nader S. Ayach (2019), documentaire (37 min). Tunisie, France. (Auditorium 2) Avec la présence du réalisateur.

EXPOSITIONS LE SAMEDI ET LE DIMANCHE

"C'est quoi le colonialisme, aujourd'hui ?" (FASTI)

"Algérie, un peuple, ses résistances" (AFASPA)

"Regards croisés : Sahara occidental - Kanaky" (CNT, Union syndical des travailleurs Kanak et exploités, AFAPREDESA)

INFOS PRATIQUES :

Espace Medias - Un espace radio sera coordonné par FPP. Des médias indépendants (presse en ligne et papier, radios, podcasts) invités auront un espace dédié pour des interviews, des enregistrements, etc.

Restauration - Les repas et les boissons sur place (en extérieur), seront assurés par l'Association des femmes djiboutiennes, le Réseau solidarité Indonésie, Association Sahraouie. Café chaud à disposition avec l' association Andines. Restauration uniquement à l'extérieur.

Conditions sanitaires - Le port du masque est obligatoire. Les projections de films dans l'auditorium 2 accueillent 30 personnes maximum / Les performances musicales du samedi soir (Auditorium 1) seront assises.

Marche contre l'antisémitisme, dimanche 13 mars

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Appel du RAAR à marcher contre l'antisémitisme à Paris le dimanche 13 mars, dix ans après la tuerie de l'école juive de Toulouse. Rendez-vous à 16h30 place de la République.

Le lundi 19 Mars 2012 avait lieu la tuerie antisémite de l'école juive Ozar Hatorah à Toulouse, au cours de laquelle 3 enfants, Gabriel Sandler, 3 ans, Arié Sandler 6 ans, Myriam Monsonégo 8 ans et le père de deux d'entre eux, Jonathan Sandler 30 ans, furent assassiné.es parce que juif/ves.

Afin de marquer le 10e anniversaire de ces événements, le Réseau d'Actions contre l'Antisémitisme et tous les Racismes (RAAR) prend l'initiative d'une marche qui affirme publiquement une opposition ferme à l'antisémitisme et à toutes les formes de racisme, le dimanche 13 mars à Paris. De nombreuses organisations et associations qui partagent ces préoccupations participeront à cette mobilisation, dans l'esprit de l'appel ci-dessous.

  • Un cortège partira de la Place de la République à 16h30 afin de se rendre sur le Parvis des 260 enfants dans le 4e arrondissement, lieu symbolique où se déroulera un moment de mémoire et de mobilisation.
  • Le RAAR ouvre également un débat public sur les événements de Toulouse le même jour de 13h30 à 16h (Grande salle du 31 Rue de la Grange aux Belles 75010) et y invite d'ores et déjà toutes celles et ceux qui veulent tirer le bilan de ces événements et tracer la voie d'un engagement prolongé.

Appel : 10 ans après, nous disons « Non à l'antisémitisme »

Il y a 10 ans, le 19 mars 2012, Mohamed Merah assassinait 3 enfants et un professeur de l'école juive Ozar Hatorah à Toulouse pour la seule raison qu'ils/elle étaient juifs : Gabriel Sandler, 3 ans, Arié Sandler 6 ans, Myriam Monsonégo 8 ans et le père de deux d'entre eux, Jonathan Sandler 30 ans.
Ce massacre se produisait après plusieurs années d'actes antisémites, dont l'assassinat d'Ilan Halimi en février 2006.
En janvier 2015, quatre personnes juives étaient assassinées lors de l'attentat de l'Hypercacher : Philippe Braham, Yohan Cohen, Yoav Hattab, François-Michel Saada.
Sarah Halimi en 2017 et Mireille Knoll en 2018 étaient tuées à cause de la même haine antijuive.
L'été dernier des pancartes antisémites fleurissaient lors des manifestations contre le pass sanitaire.

Parce que l'antisémitisme est toujours présent et qu'il peut tuer, comme ce fut le cas en 2012, nous nous rassemblerons le 13 mars pour dire « NON à l'ANTISEMITISME », mais également « NON à tous les RACISMES », parce que tous les racismes tuent, blessent, discriminent dans notre société.
Il s'agit donc d'une lutte d'ensemble que nous voulons appuyer sur une solidarité sans faille.
Nous serons dans la rue pour refuser également que les prêcheurs de haine de l'extrême droite profitent de l'anniversaire de ces événements sanglants afin de prôner une vision du monde excluant l'autre, qu'il ou elle soit juif/ve, musulman.e, noir.e, rom.e, asiatique…

Dire « NON à l'ANTISEMITISME », c'est dire « OUI à une SOCIETE FRATERNELLE ».

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Petite histoire du féminisme

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Un texte collectif qui offre un retour sur le féminisme, mouvement que certains hommes et les dominants souhaiteraient voir mourir, mais qui est toujours debout ! [1e publication en 2013]

Prémisses de féminismes :

Peut-être pourrait-on faire débuter les premières réflexions sur le féminin et le masculin par Sappho. Sappho était une poétesse grecque qui vivait sur l'île de Lesbos, v -625 -580 BC. Ses poèmes amoureux connaissent depuis l'antiquité un grand succès. Avec un monde sans homme sur une île autonome, elle annonce déjà des revendications face à la place des femmes dans la Grèce archaïque. De là viennent les adjectifs lesbienne, saphique.

Dès le XVe siècle, après Christine de Pizan (1364-1430), poétesse et philosophe, quelques femmes et hommes écrivent pour « défendre » le sexe féminin et imaginer l'égalité des sexes. Christine de Pizan est considérée comme la première femme de lettres française ayant vécu de ses écrits.

De la Révolution française à la IIIe République.

Les femmes çà et là expriment une volonté collective où la prise de conscience de leurs problèmes spécifiques va de pair avec leur désir d'appartenir, comme les hommes, à une nouvelle société politique. On voit apparaître les cahiers de doléances, des pétitions, des clubs politiques et la déclaration des droits de la femme d'Olympe de Gouges.
Olympe de Gouges (1748-1793), aristocrate française, est la première à poser dans la déclaration des droits de la femme l'égalité des hommes et des femmes. « Postambule : Ô femmes ! Femmes, quand cesserez vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. (…) Craignez vous que nos législateurs français (…) ne vous répètent : femmes qu'y a-t-il de plus commun entre vous et nous ? Tout, vous auriez à répondre. » Elle est guillotinée en 1793 pour s'être opposée à la montée en puissance des Montagnards.
Thérésa Cabarus (1773-1835), militante girondine, sera aussi connue pour ses pensées « féministes ». En l'église Notre-Dame de Bordeaux, transformée alors en temple de la raison, elle fait lire en 1793 ses essais sur l'éducation des femmes. C'est un exemple local dont le retentissement idéologique n'est pas comparable à Olympe de Gouges.

C'est à partir de 1830 que les femmes vont se constituer comme un groupe de sujets politiques avec l'émergence des mouvements utopistes (saint-simoniens et fouriéristes). Elles dénoncent leur asservissement séculaire, réclamant un affranchissement et une émancipation. En 1848 pendant la brève révolution apparaît La voix des femmes, premier quotidien féministe.
Louise Michel (1830-1905), militante anarchiste et institutrice française est une figure primordiale de cette période de désordres. Outre son militantisme « socialiste » (elle arbore le drapeau noir et rédige dans Le cri du peuple), elle est secrétaire de la « Société démocratique de moralisation », dont le but est d'aider les femmes à vivre par le travail. En 1870, elle est élue présidente du Comité de vigilance des citoyennes du XVIIIe arrondissement. Elle adhère au groupe « le droit des femmes ».
Flora Tristan (1803-1844), aimait se désigner comme une « aristocrate déchue, femme socialiste et ouvrière féministe ». Son ouvrage L'émancipation de la Femme ou le Testament de la Paria est publié de manière posthume. « L'affranchissement des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes. L'homme le plus opprimé peut opprimer un être qui est sa femme. Elle est le prolétaire du prolétaire même ». C'est une figure plus importante du point de vue régional de Bordeaux que d'une construction du féminisme international.

Les révolutions de 1789, 1830, 1848 permettent l'expression de l'exigence féministe, mais y opposent le refus de ses conséquences réelles. A chaque fois on ferme les clubs de femmes, on discrédite leurs actions politiques, les inégalités sexistes sont affirmées.

L'histoire du féminisme ne s'arrête pas entre les périodes, on peut cependant noter des pics d'avancées féministes. Ainsi on parle communément de trois vagues féministes.

Première vague :

Le mouvement le plus connu de la première vague est celui des suffragettes, qui recherchent les mêmes droits civiques que les hommes sur le principe du suffrage universel. Néanmoins, il est simpliste de réduire la première vague féministe aux suffragettes : le féminisme de l'entre-deux-guerres est multiple, comme nous allons le voir.

Le mouvement des suffragettes constitue déjà un féminisme violent, dont les militantes vont jusqu'à molester certains parlementaires. En 1908 une répression s'organise contre elles. En 1913, Emily Davidson, militante féministe britannique, est brutalement tuée, ce qui fait changer l'opinion anglaise en faveur des féministes. En 1918 les femmes anglaises obtiennent le droit de vote. Pour la première fois, les problématiques du féminisme investissent le débat public.

Mis à part les suffragettes tournons-nous vers deux personnalités marquantes du féminisme de cette époque.

Celle d'Emma Goldman (1869-1940), anarchiste d'origine russe émigrée au États-Unis, qui milite pour l'égalité des sexes, la libre disposition de son corps, le contrôle des naissances, l'homosexualité, l'antimilitarisme, les luttes ouvrières et syndicales, la défense des chômeurs, et ce sans hiérarchie entre les luttes. Elle considère le droit de vote comme réformiste et critique les suffragistes.ettes. Elle insiste déjà sur l'importance de la mère dans la reproduction des rôles sociaux de la société patriarcale.

La personnalité de Madeleine Pelletier (1874-1939) est particulièrement intéressante. Activiste anarchiste dès 1906, c'est une féministe radicale, première femme médecin diplômée en psychiatrie en France. Elle est proche du mouvement néomalthusien (qui prône un contrôle radical des naissances) et considère que « c'est à la femme seulement de décider si et quand elle veut être mère ». Elle milite en faveur de l'avortement et la contraception. Elle est mise à l'écart du mouvement féministe car ses choix paraissent trop violents. Elle considère que l'hétérosexualité est liée au système d'oppression des femmes, s'habille en homme. Elle pratiquera des avortements pendant toute sa vie.

La deuxième vague : la France des années 70

« Le privé est politique » est la citation la plus connue de cette « deuxième vague ». Son auteure, Ulrike Meinhof (1934-1976), est militante et terroriste allemande de la Fraction Armée Rouge.
On connaît surtout cette seconde vague pour ses luttes pour la maîtrise du corps avec les actions du MLF (Mouvement de Libération des Femmes) mais c'est aussi la période qui voit la naissance des études universitaires féministes.

Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir (1908-1986), littératrice française, change les esprits dès sa parution en 1949 ; c'est une rupture, on dissocie alors la femme de la mère. Elle lance le « Manifeste des 343 » réclamant l'avortement libre et gratuit, elle cofonde le mouvement « Choisir », cofonde et préside la revue Nouvelles Questions Féministes. Elle écrit dans Le deuxième sexe la célèbre phrase « on ne naît pas femme, on le devient ». C'est une figure connue du féminisme matérialiste.
Le deuxième sexe et la création du Planning Familial (association qui promeut le droit des femmes – avortement et contraception – à ne pas confondre avec les centres de planning familial, institution étatique) en 1956 ne sont que la face visible d'une évolution sociale qui s'est faite en dehors du militantisme féministe, mais pas sans lui.

Le féminisme des années 70 est une continuité autant qu'une rupture. La lutte des classes se transpose sur la lutte des sexes, les idées marxistes influencent les idées féministes. Juste après mai 1968, de l'extrême-gauche aux organisations trotskystes, des femmes s'organisent. Les partis et les syndicats sont traversés par la « question des femmes ». On voit alors apparaître des groupes « femmes » autonomes à l'intérieur de ces organisations. A l'extérieur de ces groupes de femmes apparaît une volonté de travailler « en direction des femmes », de manière à intégrer en le contrôlant l'essor du féminisme. A noter que depuis 1946 les femmes ont le droit de vote ce qui pousse les partis politiques à racoler les voix féministes.
On parle d'oppression et de patriarcat, termes qui découlent du vocabulaire marxiste qu'intègre dès lors le féminisme. Le patriarcat est le système social qui organise la domination des hommes sur les femmes.
À partir de mai 1968, le féminisme change encore de forme : le contexte devient favorable aux réformes, aux avancées sociales. Le MLF est créé vers 1968, mais la date est imprécise.
En 1971, les « 343 » manifestent et reconnaissent avoir avorté dans le Nouvel Observateur. Ce sont 343 femmes qui affirment s'être faites avorter, en s'exposant à des poursuites pénales allant jusqu'à l'emprisonnement. Parmi elles : Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Christine Delphy, Marguerite Duras, Brigitte Fontaine, Françoise Sagan, Nadine Trintignant, Agnès Varda, Monique Wittig...
En 1972, le procès de Bobigny frappe les esprits : il s'agit de l'acquittement d'une jeune fille qui a avorté suite à un viol. Le procès politique de l'avortement est gagné. Simone Veil, alors ministre de la santé, gagne en 1974 après des mois de lutte la légalisation de l'avortement en France.

L'amour libre (Le terme d'amour libre est utilisé pour décrire un mouvement social qui rejette le mariage, même si cette notion est aujourd'hui comprise comme un droit au plaisir ou à des relations multiples, historiquement ce mouvement revendiquait plutôt l'absence de régulation par la loi des relations amoureuses engagées librement.) se « généralise » suite aux réformes de dépénalisation de l'avortement, du droit à la contraception. L'amour « libre » libère le corps de la femme. Il est représenté comme lieu de désirs susceptibles d'une libre expression, d'une libération. Mais il est d'un point de vue féministe à double tranchant : il peut devenir un moyen de pression à des relations non consenties.

La première sociologue à élaborer la distinction entre le sexe et le genre est la britannique Ann Oakley. En 1972, dans Sex, Gender and Society, elle explique que masculinité et féminité ne sont pas des substances « naturelles » inhérentes à l'individu, mais des attributs psychologiques et culturels, fruits d'un processus social au cours duquel l'individu acquiert les caractéristiques du masculin ou (et) du féminin. Le genre est ici considéré comme le « sexe social ».

Les différents courants féministes commencent à s'affirmer. On parle dès lors de Féminitude, d'essentialisme. On dit essentialiste un courant (pas forcément féministe) qui considère que les différences sont innées, mais qu'elles ne sont pas l'excuse d'une domination. Les féministes essentialistes voient des différences biologiques, psychiques constitutives du sexe et ne distinguent pas le sexe du genre. Les femmes ont des caractéristiques biologiques qui induisent des comportements. Ces différences ne justifient en aucun cas la domination des femmes par les hommes, mais justifient un certain biologisme : les femmes aiment les enfants parce qu'elles ont une nature de génitrice. L'essentialisme s'oppose à un libre arbitre individuel et se base sur des généralisations, contrairement au constructivisme qui se fonde sur les exceptions.
Le constructivisme est un autre courant féministe (mais pas uniquement) qui considère, comme Simone de Beauvoir, qu'on ne naît pas femme, mais qu'on le devient. Le constructivisme intègre le genre dans notre sexe. Le genre est la construction qu'on ajoute à notre sexe biologique (humain/humaine) pour faire de nous des femmes et des hommes. Les femmes aiment les fleurs parce que depuis leur enfance on les met dans un univers rose et fleuri. Le constructivisme va jusqu'à nier le déterminisme biologique : une femme n'est pas une femme parce qu'elle a ses règles, mais parce qu'on l'a construite femme. Le constructivisme considère que les généralités ne sont que le fruit d'une reproduction sociale, non pas de l'essence de l'individu.
Les féministes marxistes, dites plus couramment matérialistes par élargissement du terme sont représentées (en tout cas pour la plus connue en France) par Simone de Beauvoir (on peut cumuler les étiquettes de matéraliste et constructiviste). C'est la liaison des idées marxistes de lutte des classes et du féminisme.
Le féminisme lesbien dont certaines des militantes les plus connues sont les « gouines rouges », créées en 1971. Elles prônent l'idée qu'une société sans domination homme/femme sera sans homme. Monique Wittig (1935-2003), littératrice et universitaire française, co-fondatrice du MLF, disait « il serait impropre que de dire que les lesbiennes vivent, s'associent, font l'amour avec des femmes car la femme n'a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes ».
Le black féminisme d'Angela Davis (née en 1944), militante communiste et professeure de philosophie américaine, lie les luttes de classe, de race et de genre. Encore une fois il y a un lien entre ces luttes et la pensée du moment : en 1960 Said (un théoricien littéraire, un critique et un intellectuel palestino - américain) théorise le post-colonialisme dans Orientalism, ce qui permet la liaison entre les luttes féministes et celles du post-colonialisme.
Le féminisme radical n'est pas une théorie mais un mode d'action de certaines féministes.

La troisième vague : les années 80

Ce sont des années de réformisme, de pacifisme féministe français alors que le féminisme anglo-saxon reste radical. Dans les années 90 il y a une rupture, on se revendique pute, lesbienne, black. Le féminisme commence à se discuter en mixité, questionne le dialogue homme/femme. Le féminisme de la troisième vague intègre dans ses conceptions les limites de l'hétérosexualité, de ce qu'est être une femme...

Dans la troisième vague la notion de genre est primordiale, elle est affinée : c'est le genre qui légitime les relations de pouvoir entre les sexes. Remettre en cause ces relations de pouvoir n'est possible qu'en remettant en cause le genre.
En 1988, Joan Scott (née en 1941), historienne américaine, ajoute à la dimension constructiviste du féminisme l'idée de relations de pouvoir entre sexes aboutissant en général à une domination masculine dans les sphères privées et publiques. Elle souligne « le genre est un élément constitutif de rapports sociaux fondés sur des différences perçues entre les sexes et le genre est une façon première de signifier des rapports de pouvoir ». Cela remet en cause entre autres la dimension intérieur/extérieur du féminin et du masculin. Dire qu'il y a des différences entre les hommes et les femmes (féminisme différentialiste) légitime la domination des hommes sur les femmes.

On cherche dans cette troisème vague à déconstruire les rôles genrés avec les naissances des mouvements queer puis LGBT(QI) - Lesbian, Gay, Bisexual and Transgendered people (Queer and Intersex people).
Dans son article « Sexe et Genre », paru dans l'encyclopédie Universalis 7 Christine Guionnet (née en 1967), universitaire en science politique française, explique bien ces « troubles dans le genre » : « Le sexe précède-t-il le genre, ou est-ce l'inverse ? Certains auteurs, dits « essentialistes », estiment qu'existent en premier lieu des natures féminine et masculine irréductibles, biologiquement données, à partir desquelles se sont édifiées les relations de genre. À l'inverse, les « anti-essentialistes », s'inspirant notamment des travaux de Michel Foucault sur la sexualité, proposent de renverser le lien entre sexe et genre, et considèrent que ce sont avant tout les rapports de forces inégaux entre hommes et femmes, les relations de genre, qui ont conduit à mettre en avant une bipolarisation sexuelle susceptible de naturaliser et de justifier la répartition des rôles sociaux selon les sexes. Ainsi, pour Christine Delphy (N.D.L.R. : Née en 1941, universitaire en féminisme matérialiste française) « si le genre n'existait pas, ce qu'on appelle le sexe serait dénué de signification, et ne serait pas perçu comme important : ce ne serait qu'une différence physique parmi d'autres ». Les différences de sexe, supposées naturelles, sont donc elles aussi culturellement construites. Avec la multiplication de mouvements et théories queer (mot anglais signifiant littéralement « bizarre », « étrange », voire « déviant », et de plus en plus associé aux homosexuels), le débat s'oriente, au tournant du XXe siècle, sur l'articulation entre genre et sexualité. »
Certains auteurs, telle Judith Butler (née en 1956) universitaire en philosophie américaine, invitent à poursuivre l'effort intellectuel de dénaturalisation ayant permis de conceptualiser la notion de genre. Il s'agit, selon eux, de renoncer à raisonner à travers l'association des binômes sexe/genre et nature/culture, et de dissocier l'idée de genre de l'opposition nécessairement binaire entre féminin et masculin. L'injonction à se conformer nécessairement à la norme du féminin ou à celle du masculin révèle une erreur essentielle, consistant à oublier que les identités sexuelles sont elles-mêmes des construits culturels et que le binôme féminin/masculin ne vient pas « épuiser le champ sémantique du genre ». Le classement hétérosexuel/homosexuel s'avère tout aussi normatif et lié au désir de classifier et de masquer des orientations sexuelles initialement multiples, des identités personnelles bi- ou trans-genre, marquées par des traits et des désirs à la fois féminins et masculins, et non réductibles à l'un ou l'autre. Judith Butler invite à reconnaître le « trouble » qui existe dans le genre et les identités sexuelles et à subvertir les injonctions normatives en matière de sexualité. Il faut cesser de naturaliser et classifier sexes, corps et désirs sexuels, et laisser s'épanouir la multitude de configurations identitaires possibles en matière de sexualité et de genre. À la suite des women studies et des gender studies, les L.G.B.T. studies s'attachent ainsi à repenser le genre et la sexualité à travers de nouvelles catégories (queers, asexuels, intersexuels, bisexuels, etc.).

Les limites des genres, forcément construits, sont remis en question par les mouvements Queer et LGBT(QI) : comment être lesbienne dans une société hétéronormée ? L'homosexualité devient une limite au genre. Le Queer interroge les essentialistes : comment pourrait on parler d'un groupe femme quand des femmes aiment les femmes ? Alors que la majorité aime les hommes.
Le mouvement transgenre, quant à lui, interroge également la limite du sexe biologique et sa possible incomptabilité avec le genre.
Aujourd'hui encore certain.e.s auteur.e.s tel.le.s que Judith Butler nous invitent à poursuivre la dénaturalisation pour conceptualiser la notion de genre. Philosophe de la théorie Queer et des Gender Studies, elle forge le concept de performativité de genre : la masculinité et la féminité ne sont que des partitions sociales apprises, répétées, exécutées que l'on finit par croire intérieures mais dont les limites se trouvent dans les cultures trans qui jouent des frontières du genre.

Béatriz Préciado (née en 1970), universitaire en philosophie espagnole, amène un féminisme expérimental où l'on rit, on sent, on cherche. « Il faut philosopher à coups de gode plutôt qu'à coups de marteaux » manifeste contra-sexuel nous conseille-t-elle. Il faut l'admettre, la philosophie serait peut être plus jouissive. Elle tente de chercher les limites du genre (elle est donc queer). Elle prend pendant un an de la testostérone, tente la moustache...

La limite temporelle de la troisième vague semble floue. Dans un monde où le féminisme redevient à la mode, où être queer c'est être « hype » et où les partis politiques hurlent à la parité, comment gérer ou non son propre féminisme ?

Pour aller plus loin :

  • Angela Davis, Femmes, Race et Classe, Des Femmes, 2007, (2e éd. 1983)
  • Simone de Beauvoir, Le deuxième Sexe, tome 1 partie Histoire.
  • Marie-Jo Bonnet, « Les Gouines rouges », Ex-Aequo, n°11, octobre 1997
  • Marie-Hélène Bourcier, (dir.), Q comme Queer, Lille, GayKitschCamp (QuestionDeGenre/GKC), 1998.
  • Maité Bouyssy, « Theresia Cabarrus, de l'instruction des filles et de la Révolution », in Annales historiques de la Révolution française, 2006, p. 125-146.
  • Judith Butler, Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, La Découverte, Paris, 2005
  • Christine Delphy, L'Ennemi principal 1, Économie politique du patriarcat, Paris, Syllepse, 1998
  • Emma Goldman, L'Épopée d'une anarchiste. New York 1886 - Moscou 1920, Bruxelles, Complexe, 2002.
  • Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791
  • Christine Guionnet, « sexe et genre », Encyclopédie Universalis 7
  • Geneviève Fraisse, « Histoire du féminisme », Encyclopédie Universalis 7
  • Louise Michel, Ligue internationale des femmes révolutionnaires, Appel à une réunion, signé : Louise Michel, Paris, 1882
  • Louise Michel, Manifeste et proclamation de Louise Michel aux citoyennes de Paris, signé : Louise Maboul, Paris, 1883
  • Collectif Ovaire et Contre Tout, Les grandes gueules du féminisme, septembre 2010
  • Madeleine Pelletier, L'Éducation féministe des filles, 1914
  • Christine de Pisan, La Cité des dames, 1404-1405
  • Béatriz Préciado, Manifeste contra-sexuel, traduction de Marie-Hélène Bourcier, Paris, Balland, coll. « Le Rayon » 2000 ; réédition, Au diable vauvert, 2011
  • Joan Scott, Théorie critique de l'histoire. Identités, expériences, politiques, Paris, Éditions Fayard, coll. "à venir", 2009.
  • Flora Tristan, L'Émancipation de la femme ou le Testament de la paria, 1845
  • Monique Wittig, La Pensée straight, Balland « Le Rayon » - rééd. éditions Amsterdam, 1992

Mai 2012 – pas de copyright – Ed. Les chats qui dansent – Bordeaux

« Sans droit ni titre, vraiment ? », nouvelle brochure d'auto-formation juridique pour les squateur-euse-s

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Sortie de la version 2.0 de la brochure « Sans droit ni titre, vraiment ? »

On a le plaisir de vous annoncer la sortie de la brochure « Sans droit ni titre, vraiment ? » sur infokiosques.net et fr.squat.net.

L'idée, c'est de mettre en commun des ressources juridiques sur le squat. Cette version intègre les évolutions liées à la loi ASAP (décembre 2020).

2022 s'ouvrira au pied de biche !

Le pied de biche, justement, nous l'avons laissé de coté pour quelques mois pour s'armer de stylos et vous proposer cette brochure toute neuve.

Des brochures sur le squat, on le sait, il en existait d'autres, et de qualité (le squat de A à Z, notamment, voir aussi la rubrique squat de infokiosques.net).

On a constaté dans nos pratiques et dans nos réseaux qu'on faisait tou.te.s régulièrement les frais de notre manque de connaissance sur les procédures liées au squat. On se monte la tête, on s'expulse avant l'heure, on se fait mener en bateau par huissiers et policiers, et c'est pas comme si les avocats nous facilitaient la tâche pour y voir plus clair. Difficile de s'y retrouver entre rumeurs, inquiétudes légitimes, coups de pression et risques réels.

On s'est donc documenté pour produire une brochure qui précise les aspects juridiques et administratifs du squat. L'idée c'est de mettre en commun ces informations de la façon la plus pratique et inclusive possible, libre à chacun.e d'en faire ce qu'il voudra.

Ainsi, la brochure se lit aussi bien d'une traite qu'étape par étape, avec des fiches descriptives de chaque moment de procédure. Elle suit cette chronologie qu'on reconstitue à la fin dans une fresque qui siéra parfaitement à votre frigo ou votre porte.

Voici la version 2.0. Avant sa mise en ligne, elle a été mise à jour suite à quelques retours et aux nouvelles dispositions liées à la loi ASAP.

On se retrouve pour la prochaine version avec vos améliorations, critiques et retours à envoyer à sansdroitnititre[at]riseup.net.

En attendant, on ressort le pied à biche.