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Le pouvoir est dans la rue, pas dans les urnes

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Toutes et tous à Bastille ce samedi 9 avril à 14h ! Face au désastre annoncé, il ne s'agit plus seulement de refuser la mascarade électorale, mais bien de construire la riposte.

Le bulletin de vote est la preuve matérielle de notre déréalisation collective. Malgré les progrès humains en matière de compréhension de leur environnement et de ses lois, à contre-courant de tous les enseignements historiques acquis par le peuple dans sa lutte pour se gouverner lui-même, ce petit bout de papier semble conserver pour une part non-négligeable de la population adulte un caractère magique et surnaturel. En effet, ils sont encore des millions à croire que leur bulletin de vote résoudra tous leurs problèmes à leur place.

Tous les cinq ans, le bulletin de vote revêt un caractère sacré à l'occasion d'un rite archaïque appelé « élection présidentielle ». Des dizaines de millions d'adultes de nationalité française sont appelés à se rendre dans des écoles, des mairies ou dans toute autre église républicaine où sont installés des petits confessionnaux individuels appelés « isoloirs », pour y plier leur bulletin de vote et le ranger dans une petite enveloppe. Chacune de ces dizaines de millions de petites enveloppes est ensuite déposée dans une « urne », objet traditionnellement réservé aux cendres des défunts , sous la bénédiction d'un serviteur de la foi en l'État dont le « Amen » vient clôturer la cérémonie. Les adultes peuvent ensuite se féliciter d'avoir accompli leur « devoir citoyen », et retourner au travail le cœur léger, absous de tout sentiment de responsabilité politique, débarrassés de tout pouvoir sur leur vie et sur la gestion de la cité.

Le fait qu'aucune autre élection que celle présidentielle ne suscite un tel engouement et une telle mobilisation morale devrait suffire à démonter les mythes du « devoir citoyen » et du « pacte républicain », et révéler la démocratie représentative bourgeoise pour ce qu'elle est : l'héritière du scrutin censitaire et du monarchisme constitutionnel. Aucun ravalement de façade, aucun changement de mise-en-scène du pouvoir ne l'en affranchiront. La promesse d'un Élu, d'un grand Réformateur, est un mirage. Rien ne changera si nous refusons de reprendre nos vies en main.

« La naïveté grotesque des enfants fait peine à voir, surtout si l'on veut bien la comparer à la maturité sereine qui caractérise les adultes. L'enfant croit au Père Noël. L'adulte non. L'adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote. » (Pierre Desproges)

La date du 9 avril doit être un commencement. Il y aura d'autres rendez-vous : le 10 avril, entre les deux tours, à l'annonce du résultat du second tour, etc. Ouvrons-les oreilles et serrons les poings !

Le fascisme tue ! Riposte immédiate ! Rassemblement à Montreuil le soir du premier tour

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Les collectifs montreuillois de la Campagne Antiracisme et Solidarité appellent à un rassemblement le soir du premier tour des élections devant la mairie de Montreuil.

N'attendons pas le deuxième tour pour prendre la destinée de nos vies en main !

Samedi 19 mars à Montreuil, un cortège dynamique, festif et revendicatif composé de camarades du Collectif des Sans Papiers de Montreuil, de syndicalistes, de militant·e·s politiques et d'habitant·e·s, partait de la mairie pour rejoindre la manifestation nationale antiracisme et solidarité à Paris.

Ce même jour, plusieurs militants fascistes et intégristes se sont rassemblés à Montreuil pour perturber une cérémonie interreligieuse à l'église Saint-André, située à deux pas du métro Robespierre et de l'ex-foyer Bara. Ils ont harcelé les personnes présentes, avant de s'en prendre au squat anarchaféministe La Baudrière et au siège du NPA.

Ils se sont attaqués à Montreuil, une ville de gauche, la ville aux 11 foyers de travailleurs immigrés, à des quartiers populaires, à des squats politiques, au siège historique des Prêtres Ouvriers, à un bastion !

Le Fascisme Tue !

19 Mars 2022 : Frederico Martin Aramburu est assassiné par un militant d'extrême droite associé au Groupe Union Défense.
28 octobre 2019 : La Mosquée de Bayonne est incendiée par un ancien candidat du Front National qui tire sur deux fidèles.
05 juin 2013 : Clément Méric, syndicaliste étudiant et militant antifasciste est assassiné par trois militants de Troisième Voie.
1995 : Brahim Bouarram et Ibrahim Ali sont assassinés à Paris et à Marseille par des militants du Front National.
17 octobre 1961 : des centaines d'Algériens sont massacrés par la Police Française suite aux appels de syndicats policiers nostalgiques de Pétain.

16 juillet 1942 : 13 152 juifs sont arrêtés par la Police Française sous les ordres des nazis, beaucoup seront massacrés à Auschwitz.
Ne laissons pas un brin de pouvoir aux enfants de Pétain et de l'OAS !

Plus l'extrême droite a du pouvoir, plus elle a sous son contrôle des commissariats, des trains et des gares, des médias et des salles de meeting, plus elle tue !

Les deux candidats fascistes, Marine Le Pen et Eric Zemmour, sont crédités à 30% au premier tour. Pire encore, Marine Le Pen est donnée perdante au deuxième tour avec 48% des suffrages.
Combien de nos sœurs musulmanes, de nos frères Sans-Papiers subiront les pires exactions et la mort si on les laisse faire ?

Dès le 10 avril au soir, riposte immédiate !
La seule possibilité de mettre un stop au tri humanitaire, aux crimes des fachos, de les faire raser la mur, et de faire taire les racistes est le nombre, la rage et la détermination. Il n'est pas encore trop tard, mais tenons nous prêts à foutre la rassrah par tous les moyens possibles et nécessaires.

Dès le 10 avril au soir, regroupons nous le plus massivement possible Place de la Mairie de Montreuil.

Rendez-vous le 10 avril à 19h30 - Mairie de Montreuil

La vie est une chose trop précieuse pour la confier aux politiciens

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

L'irruption soudaine de violence en Corse vient sans doute poser un jalon dans le cycle de luttes ouvert en novembre 2018, en France métropolitaine comme en Outre-Mer, et dont il est urgent de tirer des conséquences pratiques. La question n'est autre que celle de la possibilité d'un saut qualitatif de la lame de fond contestataire. Déjà capable de disputer le monopole de la violence légitime à l'État en ripostant à ses mutilations et en mettant à mal ses schémas de maintien de l'ordre militarisé, sera-t-elle capable de lui disputer le monopole de la politique ?

Quel cycle de luttes anticoloniales ?

On aurait tort de séparer l'explosion de colère corse des épisodes de révolte qui ont secoué le vieil empire colonial français ces dernières années. En effet, l'intensité des manifestations insurrectionnelles et de la mobilisation populaire sur l'île de beauté nous rappelle la force avec laquelle la Guadeloupe et la Martinique se sont élevées il y a quelques mois, non seulement contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale, mais aussi contre la misère et le contrôle social imposés par les autorités coloniales, qui avaient déjà provoqué un soulèvement en Kanaky (Nouvelle-Calédonie) à l'hiver 2020. Souvenons-nous :

En Corse, c'est l'agression d'Yvan Colonna à la prison d'Arles, le 2 mars 2022, qui a été l'étincelle qui a mis le feu à la plaine. La jeunesse de Corse reprend le flambeau de la lutte indépendantiste. À rebours des travers mafieux et racistes de leurs aînés et du matraquage médiatique islamophobe, elle a réservé ses coups au seul responsable de son sort : l'État français assassin, avec son jacobinisme méprisant, son chantage à l'autonomie et ses petites combines électorales. Les rues se remplissent de foules en colère. Les flammes ravagent préfectures et commissariats. À Ajaccio, Porto-Vecchio, Bastia, Calvi et Corte, la police se retranche dans ses locaux et attend que la nuit passe, sous les jets de pierres et de cocktails molotov – à défaut d'attendre les renforts, que les travailleurs portuaires ont empêché d'accoster. Le 9 mars, à Ajaccio, le Palais de Justice subit un départ de feu. Le lendemain, on fait la peau à une banque à coup de pelleteuse. Le 13 mars, à Bastia, c'est le Trésor Public qui est incendié par des pétroleurs cagoulés, à qui les manifestants pacifiques feront une haie d'honneur sur le chemin de la Préfecture, lieu de violents affrontements avec la police jusque dans la nuit. Adviendra ce qui devra après l'annonce de la mort d'Yvan Colonna.

Concernant les Antilles, on se souvient d'abord de la grève générale est organisée le 15 novembre 2021 en Guadeloupe contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale, mais aussi contre la misère rampante entretenue par le pouvoir colonial – les coupures d'eau récurrentes sont emblématiques de l'inaction de l'État français. Au terme d'une semaine d'affrontements et de blocages routiers, le RAID et le GIGN sont envoyés pour mater la révolte. Entre temps, la colère s'était répandue en Martinique voisine : après plusieurs journées de blocages routiers, dans la nuit du 22 au 23 novembre, les forces de l'ordre sont la cible de coups de feu à Port-au-Prince. Un couvre-feu est instauré le 25 novembre. En Martinique, 29% des familles vivent sous le seuil de pauvreté, et le taux de chômage est deux fois plus élevé qu'en métropole. Plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et Martinique est contaminée par le chlordécone (pesticide utilisé de 1972 à 1993, dont on connaissait l'extrême toxicité dès 1976). Dépossédée de tout contrôle sur sa vie quotidienne, minée par les défaillances chroniques des services publics les plus élémentaires et empoisonnée par des scandales sanitaires impliquant directement l'État français, il était logique que sa défiance se manifeste aussi radicalement devant une telle verticalité du pouvoir dans ses mesures et ses déclarations.

Sans doute faut-il remonter un peu plus dans le temps pour retrouver la trace d'un embrasement d'une intensité similaire. Le 7 décembre 2020, en Kanaky, la capitale Nouméa était le théâtre d'importants blocages routiers et de violents affrontements suite à l'annonce de la reprise d'une importante usine de nickel par un consortium international impliqué dans plusieurs scandales écologiques et sanitaires. Le 10 décembre, la gendarmerie ouvrait le feu sur des manifestants qui tentent de pénétrer sur le site de l'usine en voiture pour l'occuper. Pendant plus d'une dizaine de jours, la Kanaky s'est couverte de blocages routiers. Plusieurs incendies ont touché des bâtiments stratégiques de l'usine. En réaction, les colons loyalistes ont formé des milices armées et constitué des checkpoints, sans être inquiétés par les forces de l'ordre. Après une dizaine de jours de violences, le dialogue et les négociations ont repris entre l'État et le mouvement indépendantiste, qui défendait un retour de l'usine Vale dans le giron public afin de garantir la souveraineté économique en vue de la création d'un État indépendant. La Kanaky, qui détient 25% des ressources mondiales de nickel, craint de connaître le même sort que de nombreux pays africains, qui voient leurs matières premières pillées par des multinationales et exportées brutes, sans être valorisées sur place et donc sans bénéfices pour la population.

Quelles perspectives métropolitaines ?

Il va sans dire que la situation politique de la métropole diffère de celle de la Corse et des territoires ultra-marins. D'une part, il y a la force du mouvement indépendantiste kanak, l'importance des structures syndicales et autonomistes antillaises, et la large diffusion du sentiment indépendantiste corse ; d'autre part, on ne peut que constater l'intégration d'une bonne partie du mouvement kanak au jeu institutionnel républicain, la facilité avec laquelle le pouvoir colonial impose le silence médiatique sur la situation aux Antilles, et l'influence néfaste de la mafia sur la vie politique corse. Pourtant, les formes pratiques de la contestation semblent se faire écho de part et d'autre.

Les formes revêtues par les révoltes corses et ultra-marines nous interrogent sur l'avenir des mobilisations sociales dans la métropole. Elles nous interrogent parce qu'elles ne nous sont pas étrangères. À bien des égards, l'intensité de la conflictualité qui s'est déployée dans les rues corses nous rappelle celle manifestations de gilets jaunes en décembre 2018. Les affrontements avec les forces de l'ordre et les assauts contre les commissariats ne sont pas non plus sans rappeler les ripostes spontanées aux violences policières dans les quartiers populaires. Le recours privilégié au blocage routier en Guadeloupe, en Martinique et en Kanaky illustre pour sa part la place croissante de ce type d'action dans les mobilisations contestataires. On pense par exemple aux opérations de péage gratuit, aux opérations escargot et aux blocages routiers organisés par les routiers pendant le mouvement des gilets jaunes, ou encore à certaines grèves dures comme celle des ouvriers de la Fonderie de Bretagne à Caudan en mai 2016. Plus proches de nous, les opérations escargots et les blocages de dépôts de carburant, de raffineries et de plateformes logistiques organisés depuis le 10 mars aux quatre coins de la métropole pour protester contre le prix de l'essence et la vie chère – à Puget-sur-Agen, Miramas, Lespinasse, Vern, Fos-sur-Mer, Lorient, Brest, Le Man, Gennevilliers, Guingamp, Lamballe, Loudéac, Vannes, Lucciana (en Corse), le Havre etc.
À moins d'un mois du premier tour des élections présidentielles, l'État français et son président peinent à cacher leurs signes de faiblesse. Les formes de lutte traditionnelles, largement encadrées et domestiquées par le biais du dialogue social, sont aujourd'hui dépassées par la mobilisation massive de segments de la population qui échappent à l'influence des organisations historiques de la gauche. Les segments de population les plus mobilisés sont les travailleurs et de travailleuses précaires, les foyers périurbains dépendants de leur véhicule et dont le prix du carburant définit le niveau de vie, le vieux prolétariat industriel atomisé par la tertiarisation de l'emploi et reconverti dans la logistique ou l'aide à la personne. Dans la métropole, ces segments de population, qui ne se retrouvent pas dans la gauche parlementaire et syndicale, ont montré leur capacité à s'organiser de manière autonome vis-à-vis de ces structures, qui ne sont pas parvenues à s'imposer comme médiateur entre les pouvoirs publics et eux. La rupture est telle que ces organisations en sont allées jusqu'à réévaluer leurs services d'ordre afin de pouvoir se prémunir de l'action de ces manifestantes et de ces manifestants, dans l'éventualité d'un désaccord entre l'avant-garde éclairée et les masses indisciplinées sur le chemin à emprunter en cortège ou le sort à réserver à une banque sur le trajet.

L'hypothèse démocratique

Nous devons prendre toute l'ampleur du phénomène qui se joue sous nos yeux. Il ne s'agit pas seulement de s'extasier devant l'immense haie d'honneur réservée aux éléments les plus offensifs de la manifestation du 13 mars à Bastia, les cris de « Révolution » entendus sur les Champs-Élysées aux premiers actes du mouvement des gilets jaunes, etc. Plus la mascarade électorale approche, plus il paraît évident que les deux agendas – pour le dire clairement, celui du peuple et celui de ses gouvernants ou aspirant-gouvernants – courent à la collision. Reste à savoir si le choc se produira avant le prochain épisode de crise économique généralisé et ses mesures d'austérité.

Dans chaque mouvement contestataire germe la possibilité d'une nouvelle organisation politique et sociale. La démocratisation du débat politique par l'organisation en communautés d'internautes semble être une caractéristique en vogue dans les « nouveaux mouvements contestataires », certes plus perméables aux discours réactionnaires mais que l'Histoire nous rappelle de ne pas juger trop tôt – mais on se souvient également des brigades de solidarité populaires nées pendant le premier confinement. L'autonomisation des comités de grève vis-à-vis des centrales syndicales, qui ne signifie d'ailleurs pas toujours conflit ouvert entre les deux entités, constitue également une tendance intéressante du point de vue des perspectives révolutionnaires : moins le cadre collectif de la lutte est intégré dans les processus de médiation des conflits, plus il est susceptible de poser en acte la possibilité d'une gestion démocratique de l'activité économique, condition préalable à tout changement d'envergure. La centralité du travail – c'est-à-dire l'exploitation par l'activité salariée – dans nos vies n'empêche en rien que les formes d'organisation collective et de délibération démocratique se développent en-dehors.

Le mouvement des gilets jaunes a formulé l'hypothèse la plus pertinente jusqu'ici en organisant sur tout le territoire un archipel d'assemblées démocratiques inspiré de la vieille idée de gouvernement « du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Les ronds-points sont devenus pour un temps le lieu d'expression d'une citoyenneté revendiquée et concrète : se tutoyer, décider ensemble de ce qui nous concerne directement, développer un lien social basé sur le don et la solidarité, dépasser sa catégorie socio-professionnelle à l'aide d'un bout de tissu fluorescent, discuter de tout sans experts, définir nous-mêmes nos priorités et nos objectifs, tenir la police à l'écart de nos délibérations, faire taire les militants et les petits chefs qui voudraient parler plus fort ou à la place des autres.

Contre-pouvoir et monopole légitime de la politique

Les revendications essentielles du mouvement des gilets jaunes – comme celles formulées en Corse, aux Antilles et en Kanaky – ne pouvaient obtenir satisfaction auprès de l'État pour deux raisons fondamentales : sur le plan économique d'abord, parce que le « partage des richesses » et le compromis social entre les classes ne sont plus des options rentables du point de vue de l'accumulation du capital ; sur le plan politique ensuite, parce que le parlementarisme républicain, héritier du scrutin censitaire, du monarchisme constitutionnel et du jacobinisme, est un ennemi historique de la démocratie directe et du droit du peuple à se gouverner lui-même. Dès lors, toute forme de dialogue social s'annonce comme un processus de neutralisation des luttes au service du statu quo, comme une arme visant à empêcher à tout prix que nos voix n'interfèrent avec le un monologue ininterrompu du pouvoir. Mais qui peut encore se taire ?

Les formes de lutte qui permettront de faire plier l'État sont désormais connues de toutes et de tous. De même, il n'y a plus aucun doute permis sur l'utilité et la nécessité du recours à la violence face à un pouvoir politique qui ne tient plus que par sa police. La question est désormais de savoir comment transformer notre juste violence en force créatrice. Comment contester à l'État son monopole légitime de la politique ?

Pas besoin d'inventer l'eau chaude ! Formons des assemblées démocratiques et autonomes sur nos lieux de travail et de vie, sur les ronds-points et les places publiques, dans les écoles et les universités, dans les halls d'immeubles et les jardins publics, aux caisses des supermarchés et dans les cantines des restaurants, etc. Partout, apprenons à régler nos affaires nous-mêmes, à trouver ensemble des solutions à nos problèmes quotidiens. Il y a beaucoup à faire : la vie chère, les loyers qui nous ruinent, le prix de l'essence et de la nourriture, les services publics dérisoires, les transports publics trop coûteux, l'isolement des personnes vulnérables, la mauvaise qualité de l'air, la publicité invasive, la pénibilité du travail, les logements vides, etc. La vie est une chose trop précieuse pour la confier aux spécialistes de la politique.

Des gilets jaunes invisibles
Le 21 mars 2022

Version tract :

Mediapart, chien de garde de la DGSI

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Alors que ses camarades et avocat.es tentent de visibiliser depuis des semaines la situation de Libre Flot, en grève de la faim après 15 mois passés à l'isolement pour une affaire pour laquelle il n'a pas été jugé, la DGSI organise une opération de contre-propagande dans laquelle elle a trouvé comme relai le journal Mediapart.

Lettre ouverte / droit de réponse à l'article de Mediapart paru le 31 mars 2022 par Camille Polloni.

Une certaine vision de l'investigation

La situation était pourtant aussi simple que révoltante. Voilà 15 mois que Libre Flot et 6 autres accusé.es attendent leur jugement. Quinze mois depuis lesquelles Libre Flot est enfermé à la taule de Bois d'Arcy alors que ses camarades ont été progressivement libéré.es. Quinze mois durant lesquels on l'a laissé croupir à l'isolement. Quinze mois durant lesquels il a documenté dans ses lettres les graves dommages que l'absence de contact humain faisaient subir à son mental. L'isolement est une torture que rien ne justifie. La justice française la fait subir illégalement depuis 15 mois à Libre Flot en la justifiant uniquement par ses chefs d'inculpation, alors même qu'il est présumé innocent. Et voilà 33 jours qu'il s'est mis en grève de la faim, mettant en jeu ce qu'il lui reste de santé mentale et physique, pour exiger la fin de cette situation, le tout dans le silence assourdissant des médias capitalistes.

Ses avocat.es tentaient hier de briser ce silence via une conférence de presse. Mais la DGSI a décidé de tirer la première. Elle l'a fait par le biais de la journaliste Camille Polloni et de son journal Mediapart, dans un article laconiquement intitulé « Dans la seule affaire « terroriste » d'ultragauche, une grève de la faim qui s'éternise » – le mot « terrorisme » étant mis entre des guillemets de rigueur, mais certainement pas le mot « ultragauche », terme policier dont personne ne sait vraiment ce qu'il signifie. Les mots des flics repris dès le titre sans distance, on sentait que l'on allait déguster.

La première partie de l'article est pourtant correcte, exposant la situation, relayant l'état de santé inquiétant de Libre Flot, citant ses avocat.es et des extraits d'une lettre publique où il se décrit comme enterré vivant. C'est ensuite que ça se corse, Polloni ayant visiblement choisi d'aller se faire servir ses infos directement auprès de la flicaille et/ou du juge, qui ont décidé qu'il était temps de faire fuiter de nouveaux éléments du dossier, histoire de détourner l'attention de leurs méthodes infâmes de détention. Alors quels sont ces nouveaux éléments ? Eh bien pas grand-chose, finalement, l'enquête piétinant depuis les dernières fuites organisées par la DGSI dans le journal le Point en décembre 2020. De l'aveu même des flics, nous sommes face à des « terroristes » d'un genre nouveau : celleux qui n'ont pas de projet d'attentat. On retrouvera donc ce qu'on savait déjà : la possession de 2 fusils de chasse, des parties d'airsoft, deux explosions réalisées au milieu de nulle part, l'expérience militaire acquise par Libre Flot au côté des Kurdes du Rojava contre Daesh, des « aveux » rétractés depuis, et des écoutes. Ah les écoutes, c'est ça l'élément nouveau qui n'avait pas encore été dévoilé à la presse, la bombe que la DGSI pose pour discréditer le combat de Libre Flot contre son enfermement. Vous voulez savoir ce qu'iels disent, les terroristes, qui va faire trembler dans les chaumières ? Iels parlent de « tuer des poulets », de « cramer » des caisses de flics. « Eux, ils nous butent, ils nous mutilent et nous, on va taper pour le folklore ? C'est mort, le mec, il est là, je le bute » aurait dit un jour Libre Flot, parlant d'un CRS. Terrifiant ? Aucun acte, aucune préparation d'acte n'est pourtant renseignée par l'enquête.

L'art délicat du montage
Au cinéma, un monteur habile peut, à partir des mêmes rushs, des mêmes images, raconter tout un tas d'histoires différentes. La DGSI maîtrise à la perfection cet art. Des individus qui ne se connaissent même pas toustes et habitent parfois à des centaines de kilomètres les un.e des autres sont ainsi devenu.es par la magie du montage une « bande », un « groupe clandestin » regroupé autour d'un leader « charismatique » qui, tout anarchiste et anti-autoritaire qu'il est, n'en demandait sans doute pas tant. Et Mediapart nous donne à voir, sans recul aucun, le film monté par la DGSI, composé à partir d'éléments disparates tirés de la vie de ces personnes qui avaient le malheur – ou le bon sens – de ne pas aimer la police. Des éléments obtenus à partir d'enregistrements réalisés jusque dans le lit de Libre Flot. Ou encore à partir d'interrogatoires de plusieurs heures de personnes en état de choc après leur violente arrestation, tombant facilement dans les pièges des interrogateurs : leurs manipulations, leurs mensonges, leurs menaces pour tirer des aveux qui ne valent rien. Ces méthodes ont été largement documentées et dénoncées, parfois par Camille Polloni elle-même. Elle choisira pourtant cette fois, question de cadrage, de les laisser hors-champ, crédibilisant ainsi la version policière. De même, elle nous explique que l'enfermement de Libre Flot est dû à une crainte de le voir contacter d'autres « acteurs de l'affaire » alors même que son interdiction de communiquer avec les autres accusé.es vient d'être levée pour une personne, ouvrant la voie à d'autres possibles levées – mais ça, Camille Polloni l'ignorait sans doute, elle que les flics avaient pourtant si bien renseignée.

Et c'est ainsi qu'une fois arrivé au générique du thriller de la DGSI, on a oublié la grève de la faim de Libre Flot. On a oublié l'isolement, on a oublié la torture blanche, on a oublié les murs poisseux de la prison derrière lesquels l'État élimine de la vie sociale toute personne, de préférence pauvre et/ou racisée, qui serait susceptible de se dresser face à lui un jour, on a oublié cette prison qui tue et qu'il faudra bien abolir. On a oublié tout ça, car on a tremblé devant ces jeunes gens en colère, qui avec leurs deux fusils de chasse ont imaginé que peut-être un jour on arrêterait de se laisser faire par la répression policière. On a eu peur de cette « bande », et on se dit que, finalement, ces personnes ont mérité ce qu'elles vivent, qu'on peut bien être en colère, mais pas en agitant des fusils tout de même, que la police ne mérite pas de telles menaces, et qu'on a sans doute bien raison de les enfermer. On peut alors retourner dormir tranquille en oubliant qu'un homme vit la torture blanche depuis maintenant 15 mois. Tout est en ordre. La DGSI a bien fait son travail. Mediapart l'y a bien aidé.

Mais nous, nous n'oublierons pas. Nous continuerons à soutenir nos camarades, et à cracher sur le journalisme de préfecture.

Technopolice : défaire le rêve sécuritaire de la safe city. promenade cartographique et rencontre

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

VENDREDI 22 AVRIL -
18H00 Promenade Cartographique avec repérage des caméras de surveillance, départ métro Stalingrad
19h30 – Présentation du manuel Technopolice à la librairie le pied à terre 9 rue Custine 75018 Paris

Partout sur le territoire français, la smart city révèle son vrai visage : celui d'une mise sous surveillance totale de l'espace urbain à des fins policières. Face à un espace urbain qui s'équipe d'outils numériques destinés à capter, tracer, compter, fluidifier, prédire et punir, La Quadrature du Net a initié la campagne Technopolice qui documente et résiste aux avancées de la safe city, pendant sécuritaire de la ville intelligente promue par les pouvoirs publics et les entreprises.

Suite à la parution de l'ouvrage Technopolice : défaire le rêve sécuritaire de la safe city de Claire Richard, les éditions 369 et La Quadrature du Net proposent une soirée pour échanger sur les enjeux et les moyens de résister à la surveillance complète de nos villes et de nos vies.

18h – Cartopartie
Rdv au métro Stalingrad sous le métro aérien en face du 212 boulevard de la Villette pour le départ de la cartopartie. Durée : une heure. Arrivée prévue à la librairie Le pied à terre vers 19h.

La cartopartie est une promenade cartographique en groupe dans la ville. Son but est de repérer les caméras de surveillance dans les rues, de les photographier et de reporter leur localisation sur une carte. Le nombre, les modèles et l'emplacement des caméras, ainsi que les algorithmes qu'elles embarquent ou utilisent, sont ainsi discutés, documentés, relevés dans la carte libre et collaborative OpenStreetmap et rendus visibles sur le site Surveillance under Surveillance.

19h30 – Présentation du manuel Technopolice
Claire Richard est autrice, journaliste et traductrice. Elle est allée à la rencontre du collectif Technopolice à Marseille dont elle raconte le travail de veille et de lutte dans son ouvrage.

Technopolice : défaire le rêve sécuritaire de la safe city
Claire Richard
Editions 369
12 euros