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Tu insurgeras ton prochain comme toi-même

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s'éprennent

Préparez vos mouchoirs
L'assemblée des vertueux a formé un conclave
Le pays cherche son dictateur comme une drogue létale
Ministres et grands patrons bouffis de moraline, tout le panneau des grimaciers versent des larmes d'alligator
Ils pleurent sur les iPhone
Ils pleurent sur les distributeurs de billets défoncés
Les poubelles ont rendu l'âme
Mais qu'elles sont hideuses toutes ces déplorations !
Ils disent que les émeutes sont le signe de temps barbares
Nous disons au contraire que la pensée se redresse.
Nike et Zara ont été pillés
La bouffe a été pillée
Carrefour, Lidl, Auchan ont été pris d'assaut, cette fois à la lettre.
Ces enseignes spécialisées dans la casse sociale
Nous n'en voulons plus !
conditions de travail suicidaires
alors quel pied d'en faire table rase.
Pareil pour l'attaque d'une taule de banlieue
Saluons la bravoure des apaches.
Que cesse le supplice de l'enfermement !
Pour cela, choisir l'action directe.
Devant ces faits de haute lutte les dirigeants sont choqués
Au yeux de la Carlingue « tout fout le camp »
C'est l'effroi
Chibroc et Flageolet fulminent
Les chroniqueurs s'ébrouent et se répandent en propos eugénistes
Ils parlent de la France qui n'est plus la France
Ils parlent d'un déficit « d'autorité parentale »
Cette frayeur épistémique fait peine à voir
Et c'est toujours le même refrain :
Les classes populaires ne savent pas éduquer.
Les femmes invisibilisées doivent casquer
Les philosophes-sociologues montent au créneau et s'excitent sur l'affaire, ils jactent comme des millénaristes
Alors éclairons leur lanterne
Disons-le nettement et à coups de marteau : « On ne pillera jamais assez le capitalisme ! »
À force d'obscénité, le capitalisme a pris dans la gueule et par stridences, sa propre violence sous une forme inversée.
Mais cette violence reconquise, ne ressemble plus à la précédente
Ce soubresaut est une insurrection dans la langue et dans la vie.
Tâchez de bien comprendre le sens de cette lutte.
Réponse du berger à la bergère (ou l'inverse)
Nous disons que l'émeute est ce rituel pour une métamorphose sociale
Voler sa pitance quand on a faim est un acte de résistance politique autant qu'un geste de survie
Pour celles et ceux qui crèvent la dalle, détruire une banque relève de la Joie sans mélange
La joie comme ressort du progrès éthique.
Mais les vertueux en blouson Hermès ont la dent dure
Ils disent que la canaille hante la République
Que l'identité nationale se décompose
Nous leur disons : « La canaille ? et bien nous en sommes »
Que l'assemblée des Sages ne s'imagine pas nous avoir réduits au désespoir
Nous combattons les dominants avec ferveur
Nous battons en brèche le discours de la race.
Le capitalisme ne sait qu'induire des Passions tristes
Ces quatre lettres « LVMH » sont, pour toute oreille libre, insupportables à entendre
Détruire à toute vapeur ce modèle dystopique, voilà une liberté qui est à conquérir
Offenser le capitalisme, c'est cracher vitalement sur le buste du tyran
C'est s'attaquer aux rapports de production les plus dégueulasses
C'est aussi, par une autre voie, s'attaquer au patriarcat totalitaire sous ses formes innombrables
L'ordre, cette farce sinistre, ne nous fera pas de cadeau
Nous non plus
Nous abritons un beau « Pèse-Nerfs »
Voici venir la clameur de l'Être qui rompt ses chaînes et descelle tout sur son passage
Faites s'abattre les grands cieux
Durant chaque nuit d'émeute
Nous chantions muni(e)s de cocktails fruités
Nous chantions sans leader, sans profit, sans illusions, sans Dieu, sans Essence et sans tactique véritable
Nous chantions par flux de pensée
Sauvage ne pas dire sans pensée
Fluide ne veut pas dire sans substance
La nuit remue
La rue clame pour qui sait entendre :
« S'insurger c'est vivre »

quelques vauriens

« Par anarchisme, j'entends un nouvel ordre social dans lequel aucun groupe humain ne pourra être gouverné par un autre groupe humain. »

Mollie Steimer (lors de son procès le 10 octobre 1918)

« J'ai l'espérance d'une organisation sociale dans laquelle personne ne contrôle autrui et où chacun se contrôle soi-même. »

Voltairine de Cleyre (21 mars 1902.)

Non à la prison ni à Entraigues ni ailleurs

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Blocage de l'entrée cadre de Spie Batignolles, entreprise batisseuse de prisons.

Pendant le week-end contre la construction d'une nouvelle prison à Entraigues, nous avons profité d'être quelques un.e.s pour aller crier notre solidarité aux personnes prisonnières de la prison du Pontet juste à côté, parce que, si nous sommes contre la construction de nouvelles prisons nous sommes aussi pour la destruction de celles qui existent déjà. Le lendemain, on a décidé d'aller bloquer l'entrée des cadres de Spie Batignolles, entreprise qui n'hésite jamais à participer, quand ils'agit de mettre sa pierre à l'édifice de nouvelles prisons. On en a profité pour leur dire que ce n'est pas seulement la prison qu'on veut détruire mais aussi le monde qui va avec, fait de capitalisme, de culture du viol, et de toutes les dominations. Nous nous sommes mis.e.s devant le portail avec des banderoles qui disaient « Spie construit des prisons. Bloquons les » « Non à la prison ni à Entraigues ni ailleurs » pendant 40 minutes environ.

On sait qu'il y a d'autres responsables de la prison dans le coin, on reviendra !

La police tue et la justice assassine

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

“Si eux vont sans honte, nous n'irons pas sans révolte” Kaoutar Harchi
Il y a les armes de la police qui blessent, mutilent, tuent. 50 personnes tuées par la police française l'année passée, 800 en quarante ans

“Si eux vont sans honte, nous n'irons pas sans révolte” Kaoutar Harchi

Il y a les armes de la police qui blessent, mutilent, tuent. 50 personnes tuées par la police française l'année passée, 800 en quarante ans [1] [2].

Cette police dont la fonction est trop rarement rappelée : gardienne d'un ordre social inégalitaire. Bras armé de l'État, conçue pour désarmer le peuple, la police est une invention française du 18e siècle ; juste après la révolution, une manière de revanche pour les classes possédantes [3]

Il y a les mots qui tuent aussi : « nuisibles », « hordes sauvages », « casseurs », « émeutiers »… 

Une police qui contrôle au faciès : fasciste, séditieuse, raciste, homophobe et sexiste. Et une justice expéditive au service de la police, qui se charge de légaliser les crimes et violences policières et de mater les révoltes [4]. Le tableau est complet.

Il y a ceux qui marchent sans honte, qui punissent les classes populaires en supprimant d'un coup de plume les transports en commun, les kermesses, les fêtes d'école, les spectacles, le mot République à la bouche et à en vomir, une République d'ordre fait d'injonctions, de menaces et de lois liberticides et qui en redemande toujours et encore ; ce mélange obscène de politiciens réactionnaires bouffis de mépris, de fachos et de milices prêtes à en découdre. 

Cela ne suffit pas. Il faut une justice « rapide, ferme et systématique [5] » prête à envoyer des centaines de révoltées en prison [6] ; prête à criminaliser la moindre opposition : Gilets jaunes, écologistes, manifestant.e.s contre la réforme des retraites…

Il y a pour cela les brigades de chocs, Brav-M, RAID, GIGN et la justice spécialisée : le parquet national anti-terroriste.

Mais la colère est impossible à négocier. Une colère qu'ils ne pourront pas dissoudre avec de nouveaux projets sécuritaires. 

En quelques jours, les révolté.es du meurtre de Nahel ont mis à l'envers leur monde d'injustices : des commissariats aux supermarchés, des portes de prison aux tribunaux, les feux de la colère ont bouleversé leurs tentatives d'apaisement. 

Continuons à leur rendre la vie impossible comme ils la volent aux racisés.es et à celles et ceux qui ne veulent plus obtempérer.

"L'enfant qui n'est pas embrassé par le village, l'embrasera pour en sentir la chaleur" 

Liberté et amnistie pour tou.te.s les révolté.es

Dissolution de la police.

Texte de la coordination contre la repression et les violences policières Île-de-France


[1] https://desarmons.net/2023/07/03/communique-de-desarmons-les-par-rapport-aux-emeutes-suite-au-meurtre-de-nahel/
La loi de février 2017, portant sur le « refus d'obtempérer », dernière loi sécuritaire du quinquennat Hollande, l'article L435-1 autorise les flics et les gendarmes « à faire usage de leurs armes ». Cette loi a multiplié par cinq le nombre de victimes qui ont refusé de se conformer.

[2] https://basta.media/Homicides-accidents-malaises-legitime-defense-50-ans-de-morts-par-la-police
« ce sont les catégories populaires, en particulier d'origine immigrée, qui sont les plus touchées par les violences policières. Ce sont elles qui vivent à la périphérie des grands centres urbains, là où les problèmes de logements et de chômage sont les plus criants. Là aussi où se déploie la politique sécuritaire, doublée d'une politique du chiffre. »

[4] « Ce n'est pas à la justice d'éteindre une révolte » communiqué du syndicat de la magistrature https://www.syndicat-magistrature.fr/notre-action/justice-penale/2609-ce-n-est-pas-a-la-justice-d-eteindre-une-revolte.html

[5] Le 30 juin, le ministre de la justice Dupont-Moretti rédigeait une circulaire demandant une réponse judiciaire « rapide, ferme et systématique », en accusant les parents des mineurs d'une responsabilité pénale.

[6] Le 4 juillet, la première ministre Borne annonçait à la presse la mise en détention de 350 personnes.

« Des rats ? Vous inquiétez pas, ça va bien se passer. » Bribes de comparutions immédiates des révolté.e.s du meurtre de Nahel

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Depuis la mort de Nahel le 27 juin, les tribunaux de Nanterre, Bobigny, Créteil, Evry, Versailles, Pontoise, Melun, Paris ont tourné à plein régime pour réprimer les révolté.e.s des quartiers populaires.
Partout des personnes ont essayé de suivre ces comparutions en soutien aux prévenu.e.s.
Pour d'autres, des reports de comparution auront lieu dès le 31 juillet et pendant le mois d'août dans tous ces tribunaux.

Depuis la mort de Nahel le 27 juin, les tribunaux de Nanterre, Bobigny, Créteil, Evry, Versailles, Pontoise, Melun, Paris ont tourné à plein régime pour réprimer les révolté.e.s des quartiers populaires.
Partout des personnes ont essayé de suivre ces comparutions en soutien aux prévenu.e.s.

Des histoires de survêt, d'incendies, de pillages et d'échanges snapchat qui se répètent.
Un jeune de 19 ans interpellé chez lui écope de 6 mois de prison avec mandat de dépôt immédiat pour avoir porté le même survet... noir et les mêmes baskets...noires qu'un homme repéré sur des caméras de surveillance. On lui met sur le dos plusieurs incendies et l'usage de mortiers contre les flics.
L'accusé ne reconnaît pas les faits, il explique qu'il était chez lui :
"les agents de police ont une dent contre moi c'est pour cela qu'il m'accuse"
La juge ne le croit pas, le proc enfonce le clou : le jeune est récidiviste. La messe est dite.
Le proc demande 12 mois d'emprisonnement aménageable, la juge tranche : ce sera moins mais avec incarcération à la clé.
"- Vous avez des allergies ?
- oui. Au poil d'animaux et à la poussière.
- en prison il n'y a pas d'animaux si ce n'est des rats, ça oui il y a beaucoup de rats."

Ailleurs, des échanges snapchat sont au centre d'une affaire de destruction d'une mairie. Rien de mieux pour les keufs pour monter un dossier de bande organisée sortie de nulle part, avant de se rabattre vers des infractions quelconques.
Un jeune dit qu'il s'est senti obligé de casser par pression de la foule, pour "s'acheter une liberté dans la cité".
Casier vierge avant cette affaire, il prend 18 mois ferme pour avoir mis un coup de pied dans la porte de la mairie. Un autre prend 12 mois sous bracelet électronique pour l'avoir encouragé sur snapchat. Il était chez lui au moment des faits. Il est poursuivi pour complicité car, pour les juges, se réjouir d'une révolte revient à l'avoir instiguée. les preuves contre lui tiennent à leurs seuls échanges snap.
Les flics sont venus assister pour intimider les jeunes.
Continuant d'exploiter leur filon, les flics ont perquisitionné un autre jeune qui avait participé à cette même discussion snapchat : ils trouvent chez lui un dizaine de survets volés la veille de l'assaut de la mairie, qui lui valent d'être est condamné à un an ferme.
Dans le box, les jeunes sont tous détruits.
Le juge achève : "vous inquiétez pas ca va bien se passer".

Trois très jeunes hommes, racisés, 18 et 19 ans. Les chefs d'inculpation sont, pour l'un, participation au saccage de la mairie de Bondy pour l'autre, participation au saccage du centre commercial de Bobigny, pour le troisième enfin, vol et/ou recel de fringues provenant du centre commercial ainsi que participation aux incendies de la mairie et du centre commercial.
Les accusations reposent sur le bornage et l'analyse des téléphones saisis.
Qu'on se le dise les intentions affichées sur les réseaux sociaux, le tribunal les considére, tout au long du procès, non seulement comme des circonstances aggravantes mais aussi comme des actes.

Un des prévenus ne cesse de répéter qu'il n'était pas sur les lieux des faits, au moment de l'incendie, mais à proximité. Le bornage de son téléphone ne donnant pourtant qu'une approximation avec une latitude de centaines de mètres, est cependant considéré par le juge comme une science exacte, au mètre près. En l'occurrence, le prévenu habite tout près de la mairie, à 200 mètres environ, comme le précise son avocate qui s'est tout simplement renseignée sur mappy. Mais le juge persiste et signe, le bornage est une preuve indiscutable.
Répétons-le, ad nauseam, le portable est, dans le cadre des procédures judiciaires, notre plus sûr ennemi !
S'ensuit l'égrenage des conversations snapchat, moment qui permet, un peu, de détendre l'atmosphère, rigolades dans la salle qui ne sont pas vraiment au goût des magistrats. - "Wesh, faut tous les fumer un à un les schmitts. Longue vie à Nahel. C'est la guerre. On achète 100€ d'essence. Wala ça ouvre des distributeurs, des franprix. J'ai pris un tir de flashball dans la jambe, j'aurais dû pas venir. On va brûler le tribunal...". - "Que pensez-vous de tout cela ?" demande le juge et d'ajouter : - "Vous n'êtes que dans des faits délinquants, sans portée politique" dont acte !
Un des jeunes hommes déclare : - "Je reconnais, j'ai écrit certains de ces messages mais c'était de l'humour, de l'ironie. Ce n'était pas sérieux. C'était pour me donner une image. D'ailleurs la preuve, je ne l'ai pas fait, je n'ai pas acheté d'essence".
Piqué au vif, le juge en profite pour enjoindre au jeune homme un changement de ton :
" - Je vous conseille, jeune homme, de renoncer à votre ton plein de forfanterie.
- J'suis comme ça, c'est ma façon de parler
- Dans quelle société voulez-vous vivre ? Et pourquoi êtes-vous sorti dans la rue ?".

De Nahel, du meurtre commis par un policier, il n'en sera, de toute façon, jamais question durant cette longue après-midi...
Avant que la cour ne se retire, le juge demande aux trois accusés s'ils ont quelque chose à ajouter.
"- Monsieur le juge, vous ne pouvez pas me condamner pour 30 minutes de curiosité. J'suis un enfant rempli de rêves ; monsieur le juge, donnez-moi la chance de me rattraper" déclare le jeune de 19 ans.
Silence, puis il ajoute avec grand à propos : - "Qui jugez-vous en vérité ?"...
Deux des prévenus ont un casier vierge.
Verdict : - l'un écope de 24 mois de prison dont 18 ferme, avec mandat de dépôt et 1500€ d'amende ; le 2e écope de 18 mois dont 12 ferme avec mandat de dépôt, retour immédiat à Fleury Mérogis, plus, lui aussi, 1500€ d'amende ; - quant au troisième, un placement en détention à domicile, sous surveillance électronique, de 12 mois, est prononcé, avec lever d'écrou ce soir même ; ainsi, demain, ce lycéen de terminale qui vient de passer le bac, comme il nous l'a appris, pourra, frais et dispo, passer son oral de rattrapage !
Un juge certainement sensible à la phrase de sa consoeur : « La première des choses, quand on veut s'insérer, c'est d'avoir des diplômes ! » [1].
Pour les autres, pas de quartier, si ce n'est le disciplinaire.
À l'audition du verdict, l'un des jeunes inculpés trépigne puis finit par quasiment se lacérer le visage avec ses propres mains.

Et que dire de la juge qui au moment de la présentation du dossier d'un jeune accusé d'avoir insulté un policier et menacé de on va vous tuer, prononce ces mots : « vous vous rendez compte monsieur,ce que ça peut faire à quelqu'un comme ce policier de se sentir menacé à 5 mètres de lui,d'être tué ! » Etrange propos, qui résonne en creux de la situation de Nahel, qui lui ne pourra plus jamais répondre à cette question.
« On fait pas ça pour nous, répondra un peu plus tard ce même jeune. On fait ça parce qu,ils ont tiré sur quelqu'un. Alors nous on veut pas les tuer en vrai, mais faut qu'on leur montre qu'on a envie de les tuer ! ca ne veut pas dire qu'on va passer à l'acte ».
Et aussi :« férocité de Mérovingiens » dira un procureur à propos du vol à une trentaine dans une enseigne de peinture où un seul comparait et donc à ce titre proposera d'interdire cette personne (sans papiers) sur le territoire du 93 au prétexte de : « nous avons suffisamment d'individus à neutraliser comme ça en Seine St Denis pour s'encombrer avec .... » la phrase est restée en suspens.
Le même procureur qui dans un autre dossier dira avec force : cette prison que je vais réclamer, c'est lui-même qui l'a décidé, par son attitude  Un an de prison avec mandat de dépôt, pour avoir arrêté de répondre aux questions de la juge dont les réponses auraient mis en cause d'autres personnes. »On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre la misère sociale" balancera à un moment une avocate, aux juges et au procureur dans une autre affaire.
Pendant ce temps les perquisitions continuent. Les flics viennent chercher des gen.te.s en défonçant la porte du palier... et aussi celle de la chambre (bien évidemment pas fermée à clé), de la soeur, de celui qu'ils venaient chercher. Ben voyons.


[brochure] Pas vue pas prise, contre la video-surveillance

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Savoir où sont placées les caméras, comment elles fonctionnent, comment leurs images sont transmises et consultées et comment les technologies évoluent, c'est se donner des moyens concret de pouvoir, avec plus de confiance, s'en prendre à la vidéo-surveillance et aux intérêts qu'elle protège.

Introduction

En quelques années la vidéosurveillance s'est imposée de manière incontournable dans notre quotidien. Les caméras ne sont plus réservées aux boulevards des villes ou aux allées des grands magasins, aujourd'hui on peut les croiser partout. Elles sont devenues banales au point qu'on ne les remarque presque plus. Pourtant, pour certain‑e-s, difficile d'oublier le poids de ces petits appareils voyeurs sur nos vies et nos modes de fonctionnement. Elles rendent les endroits pris dans leur champ de vision plus hostiles, parce que, forcément, avoir l'impression d'être épié-e en permanence rend méfiant-e. On se demande si n'on a pas l'air louche, on s'auto-censure. C'est le propre de la surveillance que de pousser à la normalisation, de faire qu'on s'assagisse de soi-même par crainte d'une répression potentielle.
La « sécurité » par la répression et le contrôle c'est une des bases de l'État, qui reste toujours à la recherche de nouveaux moyens d'asseoir et de consolider sa domination. La vidéosurveillance, même si elle n'est qu'un outil parmi d'autres, prend une place de plus en plus importante dans la panoplie sécuritaire actuelle. Notamment parce que les caméras sont un soutien d'autres dispositifs pour un État qui ne peut pas multiplier les flics à l'infini. En augmentant constamment leur champ de vision et leur efficacité par des nouvelles installations et des logiciels de surveillance automatisée toujours plus performants, les condés peuvent accroître leurs capacités sans avoir à augmenter leurs effectifs. Qu'on ne se fasse pas d'idées pour autant, le déploiement croissant de vidéosurveillance dans l'espace public n'est pas synonyme d'une diminution du nombre de patrouilles de keufs dans la rue.
En plus d'être un pilier de la répression, la vidéosurveillance est aussi par essence un formidable outil de discipline. Son panoptisme, l'impression pour nous d'être possiblement observé-e-s partout et tout le temps, pousse à la normalisation. D'autant plus quand on sait que les logiciels de vidéosurveillance visent de plus en plus à détecter les comportements « anormaux » : s'arrêter dans un espace où il faut marcher, flâner alors que l'on devrait savoir où on va, s'asseoir là où il faut se tenir debout, se rassembler alors qu'il faudrait rester seul-e. Combattre la vidéosurveillance c'est aussi revendiquer de pouvoir vivre sans se demander encore plus à quelles normes il faut se soumettre alors qu'on voudrait les abolir toutes. On aurait tort de ne voir que les caméras de rue. Le regard du pouvoir vient s'immiscer dans tous les endroits où les forces de contrôle cherchent à se déployer : lieux de travail, écoles, prisons, halls d'immeuble, transports, etc. Partout l'État et ses auxiliaires cherchent à rappeler et à renforcer leur présence. Et comment ne pas voir toutes celleux qui installent des caméras chez elleux et dégaînent leur téléphone à la moindre anomalie ? De la manif à la rando, rares sont les endroits et les moments où l'on n'a pas à se méfier d'être épié-e-s par un petit mouchard.
Et comme on en a fait l'expérience pendant le confinement avec les drones, même la tranquillité de plages, de forêts et de montagnes se voit dérangée par leur bourdonnement arrogant.
Du coup le déploiement massif de caméras, leur perfectionnement et les promesses d'extension de leurs usages foutent la trouille. Ça paraît vertigineux. Mais on n'a pas envie de se résigner, ce n'est pas parce que la vidéosurveillance est devenue omniprésente qu'elle ne peut plus être remise en question et attaquée. En clair, on refuse de s'y habituer.
Malgré l'impression qu'on peut en avoir, ces systèmes sont loin d'être infaillibles, ils ont des points faibles, des brèches, et il existe plein de façons de les contourner. Alors l'idée de ce projet c'est de mutualiser nos connaissances, nos astuces et nos pratiques pour se sentir plus fort-e-s, en se donnant des billes pour se débrouiller face à la vidéosurveillance. Pour qu'elle ne nous assomme pas au quotidien ni ne nous empêche d'agir. Savoir où sont placées les caméras, comment elles fonctionnent, comment leurs images sont transmises et consultées et comment les technologies évoluent, c'est aussi se donner des moyens concrets de pouvoir, avec plus de confiance, s'en prendre à la vidéosurveillance et aux intérêts qu'elle protège.
Ce projet repose sur des connaissances acquises un peu partout par différentes personnes, il n'est donc pas l'oeuvre de technicien-ne-s ou d'expert-e-s. Ça veut dire qu'on ne prétend ni être complètement exhaustif-ve-s, ni qu'on n'a pas pu faire d'erreur dans ce que l'on partage et que, la situation évoluant continuellement, il y aurait sans cesse des ajouts et modifications à apporter. Mais ça veut aussi dire qu'il y a pas mal d'informations accessibles à celles et ceux qui veulent apporter de l'eau au moulin de la lutte contre la surveillance.

Contact : pasvuepasprise arobase riseup point net
Carte collaborative : Surveillance under Surveillance (lien tor)
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