PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

⇐ retour index

Meeting unitaire : Pour un retrait rapide de l'armée française d'Afrique !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rendez-vous mercredi 28 février à partir de 19h à la bourse du travail pour un meeting unitaire exigeant le retrait de l'armée française en Afrique.

Meeting unitaire pour un retrait rapide de l'armée française d'Afrique

Mercredi 28 février 2024 à 19h à la Bourse du Travail (29 Bd du Temple, 75011 Paris), salle Eugène HENAFF

Il y a un an, le 27 février 2023, Emmanuel Macron annonçait depuis l'Élysée vouloir réformer le statut des bases militaires françaises permanentes en Afrique afin, disait-il, de tenir compte des « bouleversements » et « transformations profondes » auxquels la France était confrontée sur le continent. Entre temps, le coup d'État au Niger a rebattu les cartes et l'exécutif semble hésiter. Mais que ce projet de réforme aboutisse ou non, nous ne nous en satisferons pas. En quelques décennies, les justifications officielles successives au maillage militaire français en Afrique ont progressivement anesthésié tout débat public. Alors que s'impose l'idée d'une présence « naturelle » et indépassable de nos armées sur ce continent, nous disons à l'inverse :

Armée française, hors d'Afrique !

En l'espace de quelques mois, après le Mali et le Burkina Faso, le Niger est le troisième pays à avoir exigé le départ de l'armée française, en dépit des menaces et des représailles de la diplomatie française. Quoiqu'on pense des nouveaux gouvernements à la tête de ces États, il est incontestable que l'exigence d'en finir avec l'ingérence française est partagée par les citoyens et citoyennes des pays africains, qui aspirent à une véritable souveraineté et une vraie autonomie. Au Tchad, dernier pays sahélien dans lequel des forces françaises sont présentes en nombre, les voix de l'opposition démocratique se font également entendre, malgré les risques qu'elles encourent, pour demander le retrait de l'armée française qui soutient la dictature du fils Déby après avoir soutenu celle du père. Dans les autres pays où la France conserve une base permanente (Côte d'Ivoire, Gabon, Sénégal, Djibouti) mais également dans les pays voisins, ces mêmes exigences sont portées par un large arc de forces politiques, syndicales ou associatives. Comme elles, nous affirmons qu'il est temps :

  • que les bases militaires françaises soient purement et simplement démantelées,
  • que les opérations et les ingérences extérieures prennent fin,
  • que la coopération militaire et policière avec les régimes autoritaires cesse.

Venez nombreuses et nombreux au meeting unitaire !

Le retrait de l'armée française d'Afrique ne sera certes pas suffisant pour que le continent se dégage des multiples formes de domination que lui imposent notre pays, l'Occident en général et ses concurrents impérialistes : nos organisations sont pleinement engagées dans de multiples formes de solidarité avec les mouvements sociaux sur place et dans des mobilisations contre le franc CFA, la dette, les accords de libre-échange, le pillage par les multinationales et l'évasion fiscale, les politiques migratoires criminelles, etc. Mais un agenda de retrait militaire total serait un pas concret en direction d'une véritable décolonisation.

Meeting unitaire : Pour un retrait rapide de l'armée française d'Afrique !

Premiers signataires de l'appel à meeting : Artisans du Monde (Paris), ATTAC, Cases Rebelles, CADTM France, CEDETIM, CGT, Coalition internationale des sans papiers et des migrant.es, Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng, Confédération Paysanne, CORENS/CIBELE, CRID, DIEL, EELV, Ensemble !, FASTI, FIDL, FSU, LP UMOJA, Mouvement pour une Alternative non Violente, MRAP, Mwasi, NPA, Partit Occitan, PCF, PEPS, Poing Levé, Rejoignons-Nous, Révolution Permanente, RITIMO, Sawtche, Survie, Union Syndicale Solidaires.

Appel à rencontre entre étudiants/professionnels de santé

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Appel à rencontre autour du thème de la santé.

Appel à rencontre entre travailleur.es/étudiant.es en santé en région parisienne autour des thèmes suivants :

  • La hiérarchie à l'hôpital
  • Le capitalisme dans le soin
  • Le soin dans les lieux autogérés (squats, zad..)
  • Les violences médicales
  • Médecine et répression policière/judiciaire
  • Le soin des populations marginalisées (sans-papiers, psychiatrisé.es, transgenres..)

Si tu travailles ou étudies dans la santé (aide soignant, infirmier, assistant social, médecin...) et que ces sujets t'intéressent, ou que tu veux partager ton vécu dans le système de santé, tu peux écrire au mail suivant :
ADRESSE MAIL : mydriasebilat@protonmail.com

Pour celles et ceux qui le veulent on pourra se rencontrer afin d'échanger et s'organiser autour de ces sujets.

Weekend Synaps - Cinéma Voyageur à La Parole Errante

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Synaps et le Cinéma Voyageur sont heureux de vous inviter à leur week-end de soutien, les 1, 2, 3 mars à la Parole Errante, Montreuil.
Au programme, projections, concerts, sérigraphie sur textile, librairie et infokiosques !

Ouverture des portes une demi heure avant le début des projections.
Les projections seront suivies d'un temps de discussion (* indique la présence du ou de la réalisatrice !)

Événement à prix libre en soutien au Cinéma Voyageur et à Synaps.

À la Parole Errante, 9 françois Debergue, Montreuil (métro Croix de Chavaux), accessible PMR.
Les propos ou comportements oppressifs seront collectivement refusés.

Au programme :

Vendredi 1 Mars – “Soirée avec la Mort”

18h

  • L'Entourement / 8′ / Kino de la mort #3 / 2023
    La mort et le désir, le désir d'expérimenter et de bricoler un film en 24h pour aborder la mort… de manière légère
  • Dernières volontés /23' / Fanny Chaloche / Creadoc / 2022
    Olga vit dans la forêt, comme tout humain elle se questionne sur sa propre fin. Après une vision étrange, elle décide de partir à l'aventure pour préparer ses funérailles.
  • Le visage et la marque / 34'/ Emilie Saccoccio / G.R.E.C / 2019 (en espagnol sous-titré français)
    Fin octobre au Mexique, nous approchons d'un évènement majeur, la fête des morts. Elle réunit les familles, célèbre ceux qui ont été, s'accompagne d'un mouvement de retour sur soi et de reconnaissance de ce qui a composé les mois écoulés. C'est dans cette atmosphère que je retourne voir des proches et leur pose cette question : où en es-tu avec la mort ?

19h30-20h30 - Pause Repas

20h30

  • Désiré Groseil /12'/ Laure et Fanny / 2023
    Désiré Groseil c'est un film un peu fou sur une personne morte il y a 92 ans. La joie de vivre et mourir, l'absurdité naïve qui nous pousse à bout. Une caméra qui ne se lasse pas du cimetière et une douce occasion de rencontrer les habitants d'un hasardeux village Breton. Tout donner, sans limites aucunes, à une parfaite inconnue, dont nous chérissons la tombe et les consonances. Rire et fêter la mort, n'importe où avec n'importe qui en attendant notre bon vieux tour !
  • Je ferai tout disparaître / Margaux Chataux / ENSAV / 2018 / 26′
    Margaux, réalisatrice et personnage, doit quitter sa maison familiale suite au décès de sa mère. Sa cousine Fleur et sa tante Jacqueline se succèdent pour faire face à ce déménagement et trier les affaires de la défunte. Un deuil collectif commence alors, au milieu des traces du passé.

21h35

  • À vous qui / 11′ / Kino de la mort #3 / 2023
    Peut-on faire le deuil de ceux qu'on aime avant même qu'ils soient partis ? Pas sûr, mais on peut en faire un film. À mes parents qui me manquent alors qu'ils vivent encore, et que la Mort ne prendra pas par surprise.
  • Une saison sans Guy / 11' / Noémi, Alida, Manuel et Léo Aubry / Ozho Naayé / 2018
    Meuse, village de Villers-aux-Vents.
    Trois jours avant qu'ils ne quittent leur village et la maison familiale suite à la mort de Guy, les membres de sa famille, saluent les territoires où ils ont grandi. Pris entre la stupeur de la mort, l'indécence du monde qui continue de tourner et le départ de la maison, ils sont face à cette saison à venir. Les gestes figés et les corps en meute se tendent alors la main.

Samedi 2 Mars – Exils et enfermements

13h30
À l'air libre / Nicolas Ferran et Samuel Gautier / Kinosphère et entre2prises / 2016 / 1h10'
Nichée au fond d'une vallée picarde, une ferme unique en France accueille des détenus en fin de peine, sous le régime du placement extérieur. Une structure d'insertion singulière qui leur propose un logement, un travail, un accompagnement social et une vie communautaire riche et exigeante. Entourés de salariés et bénévoles, ces hommes tentent de se reconstruire et de rebâtir un véritable « projet de vie ».
Sur Youtube

15h30
À l'usage des vivants / Pauline Fonsny / Contre-ciels ASBL / 2019 / 27′ (en français et anglais sous-titré français)
En 1998, Semira Adamu, femme de 20 ans fuyant le Nigéria, mourait étouffée par les gendarmes qui tentaient de l'expulser, pour la sixième fois, du territoire belge. 20 ans plus tard, dans un cri de guerre conjugué au féminin, trois femmes racontent. À travers leurs récits, elles mettent en lumière la réalité des centres fermés destinés à la détention des personnes migrantes, les conditions de ces enfermements, la souffrance des détenu·es, les exactions des gardiens et des gendarmes, d'hier et d'aujourd'hui.
Sur Vimeo

16h45
On a marché / film collectif / 2023 / 1h
On a marché est un film documentaire qui propose de retracer une partie de la Marche Nationale des Sans Papier, une grande marche qui a eu lieu du 19 septembre au 17 octobre 2020 à travers toute la France. Durant cette marche des centaines de personnes ont parcouru villes et villages en direction de l'Élysée, certaines d'entre elles marchant pendant 1 mois pour faire entendre leurs revendications : logement digne pour toutes et tous, fermeture des Centres de Rétention Administrative, régularisation de tou.te.s les sans papier !
Sur Youtube

APERO BOUM par Dj Lyx et Pause Repas

CONCERTS à partir de 20h30

  • Treize
    Set de rap HighKiff & FatKick
    Sur Youtube
  • DavidX
    duel voiXXL & beatbox, à corps et à cri
    Sur Youtube
  • SpaceBucket
    Retrofuturist sci-fi dance music
    Leur site

Visuel live : VJ Hall-u

Dimanche 3 Mars – Vous luttiez, Nous luttons

14h
Une île et une nuit / un film des Pirates des Lentillères / 2021-2023 / 1h40' (11 langues différentes, sans sous-titres)
Autour du feu, voyageurs et pirates se racontent leurs souvenirs, leurs rêves, leurs batailles. D'une langue à l'autre, de récit en récit se font entendre le grondement de la tempête et le bruissement des feuilles, les sirènes menaçantes et les danses endiablées, le choc des sabres et le chant des oiseaux. Jusqu'à l'aube se dessinent mille et un chemins de cette île imaginaire mais pourtant bien réelle.

16h
Ciompi / Agnès Perrais / L'image d'après et La surface de dernière diffusion / 2023 / 1h20'
(italien sous titré français)
Au Moyen Âge, dans la ville de Florence en Italie, une révolte des ouvriers les plus pauvres des fabriques de laine parvient à renverser le gouvernement. Aujourd'hui, alors que je m'entretiens avec l'historien militant qui a remis en lumière cette révolte, les ouvriers de l'industrie textile moderne se soulèvent.

En Parallèle des Projections :
Sérigraphie sur textile - Ramène ta fringue ! le vendredi de 19h à 20h30 et le samedi de 16h30 à 19h.

Buvette – Repas le vendredi soir et samedi soir

Espace enfant par Petit Chaudron, Grandes Oreilles le samedi et dimanche !
Pour les 3/6 ans et les 7/12 ans. Jauge limitée, venez tôt !
L'atelier GIF PARTY t'embarque dans les rouages de l'image animée. On y découvre des objets d'optiques des débuts du cinéma, puis un saut dans le temps plus tard, nous créons de courtes séquences animées, les gifs !

Librairie, infokiosque et stand de Réduction des Risques tout le week-end

Balade des terres - étape 3 - Vigneux-sur-Seine

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rendez-vous dimanche 18 février à la Saussaie des Gobelins de 10h à 14h, départ Chemin de l'écluse à Vigneux-sur-Seine avec les collectifs opposés à la création d'un port et d'une zone logistique en bord de Seine.

Qui a déjà entendu parler du « Schéma Directeur de la Région Île-de-France » ? Présenté comme défendant l'environnement, sa mise en œuvre, loin de favoriser le vivant, aggraverait les conditions d'habitabilité du territoire. Les collectifs de lutte contre les projets inutiles en Île-de-France, aux côtés des habitants mobilisés pour la défense de leur environnement, se multiplient. Ils réclament une véritable consultation démocratique et une prise en compte des besoins réels.
Du 1er février au 16 mars, la Coordination des luttes locales IdF, les Naturalistes des Terres et XR organisent un « relais des luttes franciliennes » contre l'artificialisation des terres, pour exiger la réévaluation complète du Schéma Directeur de la Région Île-de-France. Document cadre d'urbanisme et de planification qui engagera, jusqu'en 2040, la politique d'aménagement régionale et ses déclinaisons locales (SCOT, PLU), le SDRIF doit répondre aux enjeux socio-économiques, environnementaux et agricoles liés et vitaux auxquels nous faisons face.

Cette mobilisation se déroulera pendant toute la durée de l'enquête publique et a pour objectif d'alerter sur les dangers que représenterait la ratification en l'état de ce nouveau SDRIF (auquel a abusivement été ajouté un « E » pour Environnemental) - d'abord par le Conseil régional puis par le Conseil d'État, ratification prévue à l'été 2024.

Gaza : « une démission des médias occidentaux »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Média spécialiste des mondes arabes et musulmans, Orient XXI a publié un éditorial critique sur le traitement médiatique des massacres en cours dans la bande de Gaza, tout en assumant utiliser le terme de « génocide ». Entretien.

Dans un éditorial publié le 8 janvier, le média spécialiste des mondes arabes et musulmans Orient XXI réagit au traitement médiatique des massacres en Palestine depuis les attaques du Hamas du 7 octobre. Intitulé « Gaza. L'escorte médiatique d'un génocide », il fait une analyse critique des médias occidentaux, tout en affirmant la position éditoriale du média par rapport au terme de « génocide ». Entretien avec Sarra Grira, co-autrice de l'éditorial en question avec Alain Gresh, et rédactrice en chef d'Orient XXI.

Pourquoi avoir publié cet éditorial ?

« Dans les semaines qui ont suivi les attaques du Hamas du 7 octobre, une grande partie des médias a repris les éléments de langage de l'État d'Israël sans trop se poser de questions, alors que plusieurs informations se sont révélées fausses après-coup [1]. Et les informations qui nous parvenaient de Gaza n'étaient soit pas relayées, soit mises à distance ou reprises avec des pincettes pour faire douter de leur nature factuelle. On a vu une démission de la réflexion assez forte des médias occidentaux, avec le relai de la propagande israélienne et l'invisibilisation des Palestinien·nes. Et en décembre, quand Reporters sans Frontières (RSF) a sorti son rapport indiquant que seulement 17 journalistes avaient été tués en couvrant ce conflit (dont 13 à Gaza), alors qu'ils étaient 87 selon le Syndicat des journalistes palestiniens [2], on s'est dit que tout cela était trop cynique et indécent pour ne pas réagir. »

Dans votre analyse des médias, vous parlez d'une « escorte médiatique d'un génocide » et de « débats surréalistes » sur les plateaux télé…

« Olivier Rafowicz, colonel réserviste et porte-parole francophone de l'armée israélienne qui déclare que questionner le discours de son armée est antisémite, a eu pignon sur rue dans les médias pendant toute cette période pour dérouler sa propagande sans être mis en difficulté – à l'exception de Mohamed Kaci sur TV5Monde, rappelé à l'ordre par sa direction quelques jours après. Quant à I24, une chaîne de propagande israélienne, elle partage les mêmes locaux, les mêmes images et les mêmes invités aux propos parfois abominables que BFMTV, chaîne du même groupe. Et quand on donne enfin la parole à des Palestinien·nes, le réalisateur Élie Chouraqui en rit sur le plateau, en disant “C'est un bon communicant, hein ? Il communique bien, il parle bien à la caméra” [3]. On a assisté à un déferlement de haine et à une déshumanisation des Palestinien·nes, trop souvent résumé·es à des bilans chiffrés. Arrêt sur images a récemment sorti une enquête sur le service Checknews de Libération [4]. Elle raconte les tensions au sein de la rédaction, notamment parce que le directeur franco-israélien de Libération, Dov Alfon [5], juge excessif l'intérêt de Checknews pour la propagande israélienne. »

Vous critiquez l'usage du terme de « guerre », pourquoi ?

« Une guerre, c'est entre deux armées. Or, là, ce ne sont ni deux pays ni deux États qui s'affrontent, mais une armée occupante qui se déchaîne sur le territoire qu'elle occupe ; la plus puissante armée du Proche-Orient, soutenue par une des plus puissantes armées au monde, les États-Unis, contre une milice armée qui a commis des crimes de guerre dans un contexte colonial. Parler de “guerre Israël-Hamas”, alors qu'une très large majorité des victimes sont des civils, dans un territoire en grande partie devenu inhabitable, c'est minimiser la réalité. »

Qu'en est-il des journalistes sur place ?

« L'accès à la bande de Gaza est interdit pour les journalistes internationaux, sauf lors de “visites guidées” encadrées par l'armée. Quel·le journaliste peut accepter ça sans en informer le public ? Dans les premiers jours du conflit, aux côtés des médias arabes, je lisais surtout les médias israéliens Haaretz et +972, bien plus critiques que la presse française. Et pour les journalistes palestinien·nes, c'est comme s'ils n'existaient pas, ou comme si les médias français s'en méfiaient alors même que certains étaient des journalistes “fixeurs” ou des correspondant·es pour ces mêmes médias… »

Comme si un journaliste palestinien ne pouvait pas couvrir correctement le conflit ?

« Avoir un·e journaliste ukrainien·ne pour parler de la guerre en Ukraine, ou arménien·ne pour parler du Haut-Karabagh, ne pose pas de problème pour les rédactions. Et c'est légitime : connaissant le sujet, le terrain et la langue, ce sont les personnes les plus indiquées pour aller sur le terrain. Mais pourquoi les journalistes arabes ne seraient pas légitimes pour parler de la Palestine ? Et c'est pareil en France ! L'Association des journalistes antiracistes et racisé·es (AJAR) a fait un communiqué pour dénoncer le fait que les journalistes racisé·es, ou arabes, voient leurs paroles discréditées quand il s'agit de la Palestine [6]. En tant que journaliste arabe, j'ai aussi vécu ça par le passé à France24 : on nous embauche parce qu'on est arabophones, qu'on connaît la région et qu'on a plus facilement accès au terrain, mais cela devient un élément qui discrédite notre travail quand le sujet concerne la Palestine. »

En fin d'article, vous dites que « pour la première fois, un génocide a lieu en direct ». Vous assumez donc en tant que média l'usage du terme « génocide » ?

« On a attendu avant d'utiliser ce terme. On ne voulait pas que ce soit un usage émotionnel ou un positionnement politique ou militant, ce qui aurait contribué à banaliser un terme lourd dans un contexte de surenchère aux discours horrifiés. Au fil des semaines, la question du “génocide” s'est imposée, et on a fait appel à des personnes qui maîtrisent cette notion juridique. Puis, mi-décembre, on a publié un article de Ziad Majed qui, textes juridiques à l'appui, explique pourquoi on va désormais parler de génocide à Gaza [7] ; non seulement en raison de l'ampleur du massacre et du déplacement de population, mais également en réaction à la volonté délibérée et l'intention avérée de cibler un groupe – les Palestinien·nes – pour ce qu'ils sont. Il précise aussi que les États peuvent avoir un intérêt à réfuter ce terme pour ne pas avoir à agir conformément à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. »

Vous concluez en appelant à la « responsabilité morale [des journalistes] de se mobiliser pour arrêter ce crime en cours ». Est-ce qu'il s'agit de prendre parti ?

« Il s'agit pour les journalistes de faire leur travail. Il y a tout un mythe du journalisme objectif et neutre, mais personne ne s'est posé la question de la neutralité par rapport à la guerre en Ukraine, non ? On n'a pas eu un Rafowicz russe sur tous les plateaux. Si demain il y a un attentat en France, évidemment qu'on ne va pas traiter ça comme si c'était arrivé ailleurs dans le monde, vu que ça se passe chez nous, et qu'on est plus concerné·es par certains sujets que par d'autres. Or, à Gaza, il y a une complicité directe des gouvernements occidentaux, donc ça nous concerne aussi. Aucun média n'est neutre, le tout c'est de l'assumer en toute transparence, et de faire notre travail en vérifiant les informations, en exigeant d'aller sur place sans être encadré, au lieu de se faire le relais de la parole officielle. »

Propos recueillis par Jonas Schnyder

https://cqfd-journal.org/Gaza-Une-demission-des-medias


[1] Cela concerne autant le bilan des victimes que la nature des meurtres commis, notamment l'histoire de 40 bébés décapités à Kfar Aza. Lire : « Israël, 7 octobre : un massacre et des mystifications », Libération, 11/12/2023.

[2] RSF ne comptabilise que les journalistes tués pendant qu'ils travaillaient sur le terrain, et non ceux – plus nombreux – qui ont été tués dans le bombardement de leur maison.

[3] Sur le plateau de LCI, après le témoignage d'un Gazaoui dans le camp de Jabalya, bombardé plusieurs fois par l'armée israélienne (02/11/2023).

[4] « Chez “Libé”, débat tendu autour du traitement de la guerre

[5] Journaliste et écrivain, Dov Alfon fut aussi officier dans les services de renseignements du Mossad durant son service militaire en Israël, et rédacteur en chef pendant trois ans du média israélien de gauche Haaretz.

[6] « Israël/Palestine : l'AJAR condamne le racisme dans les rédactions », 02/11/2023, sur le site de l'association : ajaracisees.fr.

[7] Pour en savoir plus sur les débats autour du terme « génocide » et la position d'Orient XXI, lire : « Peut-on parler de génocide à Gaza ? », 14/12/2023.