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Création d'un collectif de lutte contre le canal Seine-Nord Europe dans l'Oise (60)

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Encore un projet pharaonique, inutile et destructeur. Cette fois-ci, dans les Hauts-de-France, on nous promet un canal à 5 milliards d'euros, 107km, des écluses de 30m, tout un tas de défrichements et autres destructions de terres forestières et agricoles. Malheureusement pour Xavier Bertrand, on ne laissera pas passer cette autoroute fluviale !

Repris de contrelecanal.noblogs.org

Devant le constat qu'il n'existe aucun collectif constitué autour de l'opposition au canal Seine Nord Europe, nous décidons d'en créer un.

C'est ainsi que le 27 novembre 2022 au soir, nous nous réunissons à quelques habitantes et habitants du compiègnois afin de formaliser la création d'un collectif opposé à la construction du Canal Seine-Nord Europe (CSNE).

Nous affirmons que nous sommes opposé·e·s purement et simplement à la construction de ce canal géant, pour les raisons exposées dans notre argumentaire, et pour celles que nous ne manquerons pas d'ajouter ou de compléter à l'avenir. Il ne s'agit pas de militer pour des aménagements à ce projet inutile, pharaonique et destructeur, mais bien d'œuvrer à son annulation, par les moyens dont nous disposons et disposerons.

Nous constituons par la présente un collectif apartisan, horizontal, sans représentation ni politique ni individuelle, avec un objectif clair et unique : empêcher la construction du CSNE, ainsi que la destruction massive de la faune et de la flore causée par ces travaux et par l'exploitation future de cette autoroute fluviale. Tous les individus, vivant ou non dans une zone impactée par le projet sont bienvenus pour participer au collectif. Il est également possible et tout à fait souhaitable que d'autres collectifs se forment dans d'autres zones impactées par le projet. Nous encourageons toutes les personnes, associations et collectifs doutant de la pertinence de ce projet, à nous contacter ou à nous rejoindre pour allier nos forces et ainsi augmenter les chances d'atteindre notre objectif.

Nous précisons également que nous ne souhaitons pas disposer de porte-paroles désigné·e·s par le collectif, mais que n'importe quelle personne prenant part au collectif peut exprimer les raisons personnelles de son opposition au canal par les moyens de son choix. Le collectif pourra également émettre des avis consensuels lorsque ses membres en prendront la décision. Nous encourageons également tout le monde à exprimer son opposition au canal, et nous essaierons dans la mesure du possible de diffuser toutes ces oppositions.

Le nom temporaire de notre collectif est : « Collectif contre le Canal Seine-Nord Europe » en attendant d'en adopter un définitif. Le présent site, http://contrelecanal.noblogs.org, est le site officiel du collectif. Il est possible de contacter le collectif à l'adresse suivante : contrelecanal-contact@riseup.net. Il est aussi possible de s'inscrire à la newsletter du collectif et recevoir les informations que nous y enverrons, en envoyant avec votre adresse un mail à : contrelecanal-diffusion-subscribe@lists.riseup.net (liste modérée a priori) puis à répondre au mail automatique qui vous sera envoyé.

Jusqu'à l'abandon du projet de canal Seine-Nord Europe,

à Compiègne, le 27 novembre 2022

— Collectif contre le Canal Seine-Nord Europe

Notre collectif est tout jeune mais il y a déjà quelques infos sur le canal qu'ils ne construiront pas sur notre site : https://contrelecanal.noblogs.org/
Notamment plusieurs articles de presse rassemblés sur https://contrelecanal.noblogs.org/ressources/revue-de-presse/

9 décembre 1893 : boum ! au Palais Bourbon

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant, miséreux, anarchiste, lance une bombe à clous dans l'hémicycle du Palais Bourbon. C'est le début d'une réaction d'ampleur : les lois scélérates.

Boum ! Explosion

Il est 16h au Palais Bourbon (oui, c'est comme ça que s'appelle l'Assemblée Nationale).
Les députés baillent au milieu des habituelles questions locales.
Quand soudain...

Boum !
Une soixantaine de personnes sont blessées par les petits clous d'un engin artisanal, y compris le lanceur de la bombe dont le bras a été dévié par une personne qui a bougé.
C'est la panique, les députés veulent fuir.

Le président du Conseil Charles Dupuy, passé à la postérité pour son acharnement contre Dreyfus à peine un an plus tard, hurle :

« Messieurs les députés, la séance continue. Il est de la dignité de la Chambre et de la République que de pareils attentats, d'où qu'ils viennent et dont, d'ailleurs, nous ne connaissons pas la cause, ne troublent pas les législateurs ».

Applaudissements des députés, ébahis devant cette scène surréaliste.

Dans la vingtaine de personnes arrêtées ce soir-là, un grand gars que ses potes surnomment « Marchal », avoue immédiatement.

« Ce n'est pas un crime. C'est un acte de justice sociale, vive l'anarchie ! »

Badaboum ! Explication

« Marchal », c'est Auguste Vaillant, un pauvre gars qui n'a pas trop de chance. Il avoue avoir été aidé pour faire la bombe et tiré au sort pour la porter à l'Assemblée Nationale. Ardéchois, abandonné par ses parents, il vit de petits boulots, à Paris principalement, même s'il tente, comme pas mal d'européens à cette époque, d'aller tenter sa chance en Argentine. Camarade de route des anarchistes, il peine à nourrir sa famille et vit mal sa misère.
Depuis sa condition sociale, il observe.
Pour lui, les principaux coupables sont les garants de la stabilité sociale de cette société qui exploite les hommes et les réduit à la mendicité : les bourgeois, et donc leurs représentants, les députés.
Séduit par la propagande par le fait, il décide, à 33 ans, de venger Ravachol exécuté à peine un an auparavant.

"J'aurai la satisfaction d'avoir blessé la société actuelle, cette société maudite où l'on peut voir un homme dépenser inutilement de quoi nourrir des milliers de familles, société infâme qui permet à quelques individus d'accaparer la richesse sociale.

Las de mener cette vie de souffrance et de lâcheté, j'ai porté cette bombe chez ceux qui sont les premiers responsables des souffrances sociales. "

« Bam ! Bam ! » Révélation / Répression

D'aucuns disent que des mouchards, des indics, des flics, ont aidé Vaillant à confectionner sa bombe, sans qu'il s'en doute. [1]

D'aucuns disent que ce seraient les fameux gars avec lesquels il a parié qui d'entre eux lancerait la bombe.

Bref ! On ne saura pas qui a fait quoi, mais Auguste Vaillant assume devant les juges un acte qui lui fait risquer sa tête.

En tous cas, politiquement, c'est bien pratique, un attentat spectaculaire en pleine Assemblée Nationale : effectivement, dès le surlendemain, c'est le déchaînement...

Les "lois scélérates" [2] sont votées immédiatement :

  • invention des arrestations préventives, et également du crime d'apologie du terrorisme, joliment appelé : « provocation indirecte », par modification de la loi réglementant la liberté d'expression de la presse
  • invention de « l'association de malfaiteurs » et encouragement à la délation donnant lieu à des exemptions de peines.
    Comme ça, on embarque la famille, les ami-es, les ami-es des ami-es...
  • six mois plus tard, à la suite de l'assassinat de Sadi-Carnot par Caserio, la propagande anarchiste sera explicitement interdite et les journaux libertaires très sérieusement affectés pendant plus d'une décennie.

En plein scandale de Panama, les anarchistes tentent de soutenir Vaillant, mais sont trop occupés à échapper aux arrestations, perquisitions, dénonciations, qui commencent tout juste...

Malgré une pétition organisée par une cinquantaine de députés, Auguste Vaillant sera exécuté le 5 février 1894.

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[1] Comme le précise cependant la notice de Vaillant sur le site http://militants-anarchistes.info, basée sur des recherches historiques sérieuses : « Rien ne permet cependant d'affirmer qu'il y eut provocation, tout au plus une certaine incurie des services de police. »

[2] Pour en savoir plus sur les lois scélérates, qui sont les grands mères des lois antiterroristes en France : https://paris-luttes.info/article7313 .

« Je vous écris pour témoigner de ma peine de prison qui n'en finit pas »

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rentré en prison à 18 ans pour de la « délinquance de quartier », Bryan a 27 ans lorsqu'il écrit à l'Observatoire International des Prisons (OIP). Entre les deux, c'est un implacable engrenage qui s'est mis en place qu'il nous décrit dans sa lettre. Lettre publiée sur le blog de l'OIP-France

«  Bonjour,

je vous écris pour témoigner de ma peine de prison qui n'en finit pas. Je suis rentré en prison à 18 ans pour des vols et violences, j'ai écopé de plusieurs peines – de 3 ans, 18 mois et 22 mois. J'ai donc pris 6 ans et demi. J'étais choqué, je ne savais plus comment faire pour sortir la tête de l'eau.

Six mois après mon incarcération, on a voulu m'envoyer au centre de détention de Saint-Mihiel. Ne connaissant que la ville de Strasbourg dehors, j'étais choqué, pour vous dire la vérité j'avais peur ! Me retrouver en prison seul, loin de chez moi, c'était l'enfer sur Terre qui m'attendait. J'ai bloqué tout l'étage à la maison d'arrêt de Strasbourg, j'ai menacé de me faire du mal ou de faire du mal à celui qui rentrerait dans la cellule, avec une lame de rasoir. Ce qui a fini par me rapprocher et m'amener au centre pénitencier de Nancy-Maxéville – ville que je ne connaissais même pas avant mon incarcération. Je me suis retrouvé là-bas entouré de jeunes avec tous des grosses peines, j'étais perdu.

Là, j'étais souvent frustré, je pleurais ma pauvre mère le soir en silence. Il fallait faire le délinquant pour tenir le coup, je ne vous mens pas, j'étais mort dans le film sinon. Entre rackets et tout ce que tu veux, en prison ce n'est vraiment pas une vie… J'ai commencé à découvrir mes premiers séjours au QD [quartier disciplinaire], souvent pour insulte, accrochage avec les gardiens, etc. Ce qui m'a valu mon premier jugement où j'ai pris, si je m'en rappelle, quatre ou six mois de prison ferme. J'ai été placé au QD direct pour un téléphone rentré au parloir. Sanction difficile à vivre quand vous avez 18 ans, que tout ce que vous voulez c'est un téléphone pour rester en contact avec vos proches… Prendre vingt jours de mitard à 18 ans, faut le supporter ! J'ai donc tenté de sortir du QD en brûlant le matelas, ce qui m'a valu de nouveau du QD. Ainsi de suite…

J'ai multiplié les incidents de ce genre parce que je ne supportais pas ma peine. Je n'avais même pas de baskets bien, j'avais rien à manger, je galérais toute ma peine avec rien, je devenais fou. Je ne payais pas mes dettes aux autres détenus. On m'envoyait dans plein de prison et je commençais à me faire des ennemis partout. J'ai eu droit à toutes les embrouilles du monde, livré à moi-même dans les prisons de l'Est. J'ai fini au mitard pour insulte, parce que j'en avais juste marre de cette vie-là et que le mitard et être seul au monde, c'était là ma place. J'ai accumulé plus de deux ans de mitard et fait dix-huit mois d'isolement. J'ai fait dix transferts disciplinaires. J'ai commencé à avoir un gros palmarès et à devenir une bête noire – pour les prisons d'ici en tout cas. Même si je reconnais que je me suis souvent mal comporté, j'ai subi trop d'injustices. Beaucoup trop même, si vous saviez…

On m'a envoyé à Montmédy à 19 ans. Jusqu'à mes 21 ans j'étais bloqué là-haut à 300 kilomètres de chez moi et dans le pire CD [centre de détention] de l'Est. Et j'ai commencé à prendre des peines là-bas. En un an, j'avais repris dix-huit mois. J'en avais marre, à chaque fois le tribunal suivait mes CRI [comptes-rendus d'incident]. Je réclamais mon transfert, je pleurais devant la directrice, j'avais des problèmes en détention parce que j'étais seul. Bref, c'est parti vraiment en couille (excusez-moi du terme) et j'ai craqué, j'ai causé une mutinerie à l'isolement, qui m'a coûté deux ans ferme. Je l'ai fait parce que j'étais à l'isolement depuis trois mois, que ma femme, avec mon premier enfant, commençait à craquer, à me faire des parloirs fantômes [1], et que la directrice allait renouveler l'isolement au lieu d'entendre mon mal-être et de me transférer. J'ai fini à Paris [au centre pénitentiaire de Réau], à 600 kilomètres de la maison. T'es à l'isolement seul au monde, ça fait déjà trois-quatre ans que t'es en prison : t'as juste envie de mourir. Surtout que dès mon arrivée, pendant quinze jours, on me laisse comme un chien sans aucune affaire, et avec les mêmes habits de la mutinerie que j'avais quinze jours avant. J'ai craqué, j'ai demandé sans arrêt à voir la directrice, à avoir des affaires, à appeler chez moi, on me le refusait. J'ai tout cassé dans la cellule au QI [quartier d'isolement] de Réau.

A lire en entier sur Le blog de l'OIP-France

[1] Parloir auquel la famille ou autre personne attendue ne s'est pas présentée

Après un « refus d'obtempérer », un jeune homme condamné à deux ans d'emprisonnement

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le 13 octobre dernier, la presse lyonnaise se faisait l'écho d'un nouveau « refus d'obtempérer » quai de Bondy. Derrière des titres sensationnalistes se trame une histoire banale faite d'une tentative d'échapper à la flicaille et d'années de prison distribuées sans sourciller par des magistrats aux ordres. Récit du procès du conducteur. Article publié sur Rebellyon

Le 12 octobre, au soir, une patrouille de la BAC est doublée par la droite « à vive allure » par un scooter qui grille un feu. Au volant, Abdennour, 25 ans, livreur, sans-papiers et fatigué de sa journée de taff'. Il espère rentrer chez lui rapidement. Les policiers mettent le gyro et se jettent à sa poursuite. Ils le rattrapent et le bloquent en se garant devant lui. Trois descendent, arme à la main. Sans permis et sous OQTF, la décision est vite prise : le scooter tente le tout pour le tout et trace. Un policier se jette sur lui et l'agrippe par la taille. Il est alors traîné sur quelques mètres avant de réussir à monter sur la scelle. Il se retrouve derrière le conducteur... Après lui avoir hurlé de s'arrêter, il sort son arme, le menace avec puis tire sur le compteur du deux-roues. Finalement le scooter se gamelle. Le conducteur finit au poste, puis en détention préventive. Son procès en comparution immédiate se tenait le 22 novembre.

Aux comparutions immédiates

Devant le nombre de comparutions immédiates, une deuxième salle a été réquisitionnée [1]. Abdennour est en détention depuis plus d'un mois pour « refus d'obtempérer », « violences sur personne dépositaire de l'autorité publique avec arme par destination [le scooter] » et « conduite sans permis ». Au vu du comportement méprisant de la juge envers les détenus-prévenus quand ils comparaissent – « sortez les mains de vos poches », « c'est par ici que ça se passe » (dès qu'ils cherchent un regard ami dans la salle), « placez vous à gauche, non un peu plus à droite, non à gauche » – on sent vite que c'est mal embarqué. La magistrate ouvre les hostilités en retraçant l'histoire du point de vue policier. Le feu rouge grillé, la tentative de fuite, le policier « traîné sur plusieurs mètres » avec un scooter qui « monte sur un trottoir, roule sur une piste cyclable et frôle le mobilier urbain ». Mais la version policière, reprise sans sourciller par la juge et le procureur, va plus loin : alors que c'est le policier qui s'est volontairement jeté sur un scooter en mouvement, puis a sorti son arme et tiré ; alors qu'au sol, le bacqueux a étranglé Abdennour avec son casque et lui a écrasé son talon sur le visage, c'est en fait Abdennour qui aurait volontairement tenté de blesser le fonctionnaire en frôlant un poteau. C'est ce dernier la véritable victime de ce procès.

Le policier a d'ailleurs fait le déplacement, accompagné d'un collègue et de sa compagne. Constitué partie civile, il s'avance vers la barre. La juge, aux petits oignons, le questionne : « vous avez besoin de surélever votre jambe ? », « vous pouvez vous asseoir ? ». Présent pour obtenir la condamnation la plus forte possible, il insiste sur le fait que sa qualité de policier était connue d'Abdennour et sur le sentiment de peur qui l'a traversé : « je me suis vu mourir ce soir-là, j'ai failli terminer dans un poteau sans casque, sans protection », « il a frôlé le mobilier urbain sciemment ». Il déplore que ses menaces de tirs n'aient pas fait stopper la course. Et il assume : s'il n'a pas tiré sur Abdennour, c'est simplement parce qu'il roulait trop vite et qu'il craignait que la chute ne le tue dans le même temps. Un tir en l'air ? « Cela aurait pu finir dans la fenêtre d'une habitation ». Restait le compteur « bourré de matériel électronique embarqué » en espérant que le tir coupe le contact. Il a ensuite profité du ralentissement du Tmax pour se faire chuter avec Abdennour avant que ses collègues n'arrivent – « une éternité » selon lui. Au sol, après lui avoir mis des coups (notamment au visage), un des policiers va demander à un badaud d'effacer la vidéo qu'il a faite de la scène... Un fait que le policier se gardera bien d'évoquer devant la cour, préférant parler de son état de choc. Son avocate renchérit et insiste sur les « conséquences psychologiques » qu'il subit, le risque de phlébite, ses séances de kiné à venir... Avant de conclure en parodiant le slogan du NPA nos vies valent plus que leur profit ») : « il a été très choqué, il s'est dit que sa vie, ça valait moins qu'une simple amende ».

C'est au tour du procureur de prendre la parole, dans un mélange de flatteries envers la police et de considérations dignes du Front National : « celui-ci [Abdennour] est sans titre de séjour et se maintient pourtant sur le territoire national. Sans permis de conduire et pourtant au volant d'une grosse cylindré »... Pour lui, s'il y a une victime ce sont bien les policiers qui « ont opéré de manière académique et selon les règles de l'art dans leur tentative d'interpellation ». Il se tourne vers le fonctionnaire et salue son « sang froid ». L'usage de l'arme s'est faite « de manière exemplaire ». En répression, il demande une condamnation de dix-huit mois de prison. Tout en rajoutant que « celui-ci a vocation à quitter le territoire comme le préfet le lui a indiqué il y a quelques jours ».

L'avocat de la défense, choisi sur le tard, « ne conteste pas la prévention ». Il ne « va pas plaider l'implaidable ». Plutôt que de défendre son client et de remettre la réalité sur ses pieds, il se contente d'être « navré pour ce qui arrivé à ce fonctionnaire de police. Il [Abdennour] est navré. Je suis allé le voir en prison. Il a voulu prendre de ses nouvelles ». « Il va vouloir échapper au contrôle. Sa situation administrative l'inquiète. Il fera tout pour ne pas se retrouver au CRA. À ce moment-là, il n'a pas la volonté de commettre des violences. Ça me gêne quand on vient dire qu'il a recherché le mobilier urbain. Il avait peu de place pour passer. C'est un sentiment des policiers mais rien ne permet objectivement de l'affirmer. Il n'y a pas d'intention délibéré de nuire à l'intégrité corporelle du fonctionnaire de police. C'est cette fuite en avant qui l'anime qui explique son geste et rien d'autre ». Il n'évoque pas les violences qu'Abdennour a subi après que le scooter a chuté. « Il n'a qu'un souhait, c'est que celui-ci [le policier] puisse se rétablir. Il avait dans le scooter un terminal de paiement, c'est son seul moyen de survivre dans un pays où il n'a pas de papiers ». Des explications qui n'ont pas attendri le tribunal. Le procureur demandait dix-huit mois ferme. La juge lui en infligera vingt-quatre. Deux ans de prison pour un feu rouge grillé et un policier-cow-boy qui se prétend « victime ». Le monde à l'envers.

Si Abdennour n'a pas fini comme la quinzaine de personnes tuées par balle cette année pour « refus d'obtempérer », sa peine est bien lourde. Pour lui remonter le moral, on peut lui écrire en détention : pour cela, vous pouvez écrire à Caisse de Solidarité, 91 rue Montesquieu 69007 qui lui transférera.

Article paru initialement sur Rebelyon

[1] Le procès juste après était d'ailleurs une histoire similaire : une course-poursuite-refus d'obtempérer sur trente-trois km dans l'agglomération lyonnaise, « une des pires que nous ayons eu à traiter depuis le début de l'année » selon le proc' qui a demandé trois ans de prison.

Repas de soutien à Fréquence Paris Plurielle - 17 décembre

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

La radio Fréquence Paris Plurielle va fêter ses 30 ans au printemps 2023. En attendant la grande fête, on vous propose un repas de soutien à la Cantine des Pyrénées, suivi d'une projection-discussion. RDV le samedi 17 décembre à 13H !

La radio Fréquence Paris Plurielle va fêter ses 30 ans au printemps 2023 : 30 ans de radio « locale et sans frontières » au service des luttes et des cultures.
Mais émettre 24h/24 sans publicité ne rapporte pas et nous avons besoin de soutien pour continuer !
Venez donc manger avec nous le samedi 17 décembre à 13H à la Cantine des Pyrénées !
Le repas sera végé et à prix libre, et sera suivi d'une projection-discussion sur la radio et les médias libres, autour du film « Fréquence Paris Plurielle » de Manon Lary (1999).