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Stand Palestine : #BoycottPUMA (Aubervilliers)

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Samedi 12 février de 10H30 à 12H30, Samidoun Région Parisienne vous invite à participer à un stand Palestine au marché du centre-ville d'Aubervilliers (25 rue Ferragus).

Depuis plusieurs années, la campagne #BoycottPUMA vise à dénoncer le sponsoring de l'équipementier sportif avec la Fédération israélienne de football, notamment de plusieurs équipes dans des colonies illégales de Cisjordanie occupée. Le 12 février, une nouvelle journée internationale #BoycottPUMA est organisée afin de promouvoir cette campagne et plus largement le boycott d'Israël. N'hésitez pas à nous rejoindre !

Face aux contrôles et aux radiations à la Caf et à Pôle Emploi, ne pas se laisser faire et lutter

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Assemblée publique contre l'accélération des politiques de contrôle à la CAF et à Pôle Emploi, jeudi 10 février à l'appel de plusieurs syndicats et collectifs.

Retrouvons-nous en AG jeudi 10 février à 18h30 à l'UL CGT du 19e, 1 rue de Nantes, 75019 Paris (métro Crimée)

A Pôle Emploi

Le nouveau « plan d'action » du Contrôle sur la Recherche d'Emploi (CRE) cible plus particulièrement certaines catégories de chômeurs : celles et ceux qui se réinscrivent (les plus précaires), ou qui ont déjà été sanctionnés, et désormais, les personnes qui ont travaillé dans les secteurs dits « en tension » qui feront l'objet de 350 000 des 500 000 contrôles prévus en 2022.

Faussement neutre, la catégorie de « métier en tension » sert les intérêts patronaux et gestionnaires. Elle est construite à partir des « difficultés de recrutement » anticipées par les patrons, et donc largement fictive. Il y a actuellement 10450 offres d'emploi dans le secteur de la restauration et 7760 dans le bâtiment, tous métiers confondus, et pour la France entière : de quelle « tension » parle-t-on ? Le contrôle sert à la mise au travail forcée, dans des conditions très dégradées et pour des salaires maintenus au plus bas, de celles et ceux dont les allocations ont déjà été amputées par la réforme de l'assurance chômage.

C'est sur la base de cette fiction que les CRE contrôlent et radient : 160000 personnes ont été radiées l'année dernière, dont 53200 au 4e trimestre, du jamais vu ! Certains CRE ont tellement accéléré leurs cadences qu'ils n'ont plus le temps de communiquer leur décisions : les chômeurs sanctionnés les découvriront bien après. Juge et partie, la direction de Pôle emploi bricole des normes de recherche d'emploi absurdes, mais qui nous rendent tous sanctionnables. En nous organisant, nous pouvons gagner : la direction de Pôle emploi a reculé, elle vient d'annuler la décision de radiation du chômeur qui avait envoyé 29 candidatures en recommandé, au motif qu'il aurait dû le faire par internet ! La lutte se mène aussi du côté de ceux qui travaillent à Pôle emploi : des conseillers ont bataillé contre le directeur du CRE de leur région, qui s'acharnait à radier des chômeurs inscrits en catégorie 4 (« non disponibles immédiatement »), et ils ont gagné !

À la CAF

Le ciblage algorithmique a été mis en place il y a une dizaine d'années, et les « scores de risque » visent les usagères et les usagers nés hors de l'Union européenne et les plus précaires : sans emploi ou dans des situations atypiques au regard des normes dominantes du marché du travail, femmes célibataires… Le contrôle se renforce donc encore dans les périodes de rupture biographique (perte d'emploi, séparation…). La surveillance s'étend jusqu'à la mobilité des allocataires qui utilisent des réseaux décentralisés (Tor ou autre VPN) : certains d'entre nous ont été sommés d'apporter leur passeport à la CAF !

Qu'ils soient dévolus à des algorithmes ou à un service fermé au public, comme le CRE de Pôle emploi, les contrôles vont de pair avec la casse et la dématérialisation à marche forcée des services publics. Il y a de moins en moins d'assistantes sociales à la CAF et à la Sécurité sociale. Les services sociaux des municipalités sont également en sous-effectif et voient leurs capacités d'accueil se réduire. Pôle emploi teste actuellement des algorithmes destinés à remplacer les conseillers dans une partie de leurs missions d'accompagnement. Sa direction craint les précaires autant que les conseillers. La dangerosité supposée des précaires (multiplication des caméras et des "bracelets anti-agression" dans les agences) s'accompagne d'une aggravation de la souffrance au travail, de l'autre côté du guichet.

Le contrôle ne doit pas rester un face-à-face avec l'administration, c'est notre problème à tous : refusons l'atomisation, retrouvons-nous pour organiser une riposte collective !

Contact, infos, témoignages : 06 09 66 56 20 / stop.controles@protonmail.com

Calais : occupation et appel à soutien

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Dans la foulée de la commémor-action à Calais, ce dimanche 6 février, des occupations ont eu lieu, en protestation contre la répression aux frontières et contre les expulsions de campements toutes les 48h. Une tour de 10 étages a été rendue publique lundi 7/02. Le mardi 8 au midi la police a encerclé le bâtiment et empêche tout ravitaillement à l'intérieur.
Toute personne solidaire est bienvenue !

"Communiqué – Nous ne nous laisserons pas faire !

Depuis le vendredi 4 Février, nous occupons un bâtiment Rue d'Ajaccio, inhabité depuis 1 an. Cette occupation est intervenue dans le cadre de la commémoraction, une journée de mobilisation internationale à l'initiative des familles et des proches des personnes décédées aux frontières pour dénoncer les politiques migratoires meurtrières du Royaume-Uni, de la France et de l'UE.

À Calais, environ 1500 personnes (sur)vivent dans la rue dans des conditions de vie inacceptables. Les personnes exilées occupent des terrains vagues et n'ont pas accès aux services de première nécessité : logement, assainissement, eau, nourriture et soins médicaux. L'État impose des conditions d'extrême précarité et d'invisibilisation par des expulsions illégales toutes les 48 heures, des vols d'effets personnels par la police, des démantelements illégaux sans possibilité de se défendre devant un juge, des violences policières récurrentes. Les gouvernements français et britanniques, Natacha Bouchard et tous leurs amis, ont délibérément transformé une question politique en crise humanitaire, maintenant les personnes qui veulent passer la frontière dans une situation de survie.

Mais les exilé.e.s ne sont pas les seul.e.s, à connaître la précarité et l'absence d'accès au logement dans le Calaisis. L'ensemble de la cité auquel le bâtiment appartient est destiné à être expulsé puis détruit. Tandis que certain.e.s dont celles.ceux du bâtiment que nous avons occupé en ont déjà été expulsés, d'autres s'opposent encore à leur expulsion en l'absence d'une quelconque proposition de la part de la mairie. C'est dans ce contexte que, lorsque lundi 7, les premier.e.s policier.e.s sont venus, de nombreux.euses voisin.e.s sont venu.e.s manifester leur soutien à l'occupation. Nous avons ainsi pu exprimer notre refus du discours de la guerre entre pauvres. Ne nous laissons pas diviser : Français.e.s ou étranger.e.s, avec ou sans papiers, un toit est un droit. Par ailleurs, la police a refusé, a plusieurs reprises, de voir les preuves d'occupation.
Depuis 14h aujourd'hui, un dispositif policier disproportionné a encerclé le bâtiment. Les forces de l'ordre ne laissent entrer personne, ni eau, ni nourriture, ni matériel. Comme revendication première, nous exigeons l'arrêt des expulsions de campements toutes les 48h. Plus généralement, nous exigeons la fin du harcèlement des personnes bloquées à la frontière par la police. Nous exigeons la régularisation de tous les squats de la ville. Enfin. Nous exigeons la réquisition immédiate de tous les bâtiments vides à Calais et que des solutions concertées et durables soient proposées à tout.e.s
les habitant.e.s, quel que soit leur statut administratif ou de vulnérabilité.

Tant que nos revendications ne sont pas satisfaites, nous ne quitterons pas ces lieux. Nous refusons de nous laisser intimider par cette pression policière et rappelons que le délai de flagrance est dépassé, et qu'il ne peut y avoir d'expulsion sans décision de justice exécutoire. Nous ne nous laisserons pas faire !

Nous demandons à toute personne solidaire des personnes à la rue et des personnes bloquées à la frontière, à toute personne qui croit au droit au logement à venir nous aider à défendre les bâtiments que nous occupons !

Info sur le twitter https://twitter.com/CalaisLogement
Fil telegram https://t.me/+rEkiKsndnZ83ZGM8
Contact : calaislogementpourtoustes[at]gmail.com

"Statement - We will not let ourselves be taken away !

Since Friday 4 February, we have been occupying a building in Rue d'Ajaccio, which has been uninhabited for a year. This occupation took place within the framework of the commemoraction, an international day of mobilization initiated by the families and relatives of people who have died at the border, to denounce the murderous migration policies of the UK, France and the EU.

In Calais, about 1500 people are living on the streets in unacceptable living conditions. Displaced people occupy wastelands and have no access to basic services : housing, sanitation, water, food and medical care.
The state imposes conditions of extreme precariousness and invisibility through illegal evictions every 48 hours, the theft of personal belongings by the police, the illegal dismantling of living sites without the possibility of defense in front of a judge, and recurrent police violence. The French and British governments, alongside Natacha Bouchard and all their other friends, have deliberately turned a political issue into a humanitarian crisis, keeping people who want to cross the border in a context of survival.

But displaced people are not the only ones experiencing precariousness and lack of access to housing in the Calais region. The entire housing estate which the building is part of is due to be evicted and then destroyed. While some people, including those in the building we occupied, have already been evicted, others are still opposing their eviction in the absence of any alternative proposals from the town hall. It is in this context that, when the first police officers arrived on Monday 7th, many residents came to show their support for the occupation. We were thus able to express our refusal of the discourse of war between the poor. French or foreign, with or without papers, a roof is a right. Moreover, the police refused, on several occasions, to see the evidence of occupation.

Since 2pm today, a disproportionate police presence has surrounded the building. The police are not allowing anyone to enter, nor are they allowing food, water or equipment to be provided.

We restate our demands : we demand an end to all evictions in Calais. We demand an end to the harassment of people blocked at the border by the police. We demand the regularisation of all squats in the city. Finally, we demand the immediate requisition of all empty buildings in Calais, and that sustainable solutions be provided to all inhabitants, whatever their administrative status or vulnerability.

Until our demands are met, we will not leave these premises. We refuse to be intimidated by this police pressure and remind you that the time limit for 'délit de flagrance' is over : there can be no eviction without an enforceable court decision. We will not let ourselves be taken away !

We call on everyone who is in solidarity with the people on the street and those blocked at the border, and on everyone who believes in the right to housing to come and help us defend the buildings we occupy !

9 février 1934 : émeute antifasciste dans l'Est parisien

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Après la manifestation antiparlementaire du 6 février 1934, conduite par les ligues d'extrême-droite, un vaste front antisfasciste se construit partout en France. Le 9 février, le Parti communiste appelle à manifester en masse place de la République, réclamant notamment l'arrestation du préfet de police Jean Chiappe et la dissolution des ligues fascistes. Des affrontements violents opposent flics et manifestants : plusieurs ouvriers sont abattus, des centaines sont blessés.

La manifestation du 12 février 1934, qui accompagne la grève générale de 24 heures appelée par les syndicats unitaires et confédérés [1], est souvent présentée comme la principale réaction de la gauche française à l'émeute antiparlementaire du 6 février 1934. La rencontre des cortèges communistes et socialistes aux cris de « Unité ! » est vue comme le point de départ du processus qui mènera à la réunification syndicale et au Front Populaire. Mais dans les jours précédents, de nombreuses manifestations antifascistes ont lieu dans toute la France. Le 9 février, le Parti communiste appelle les ouvriers socialistes et communistes à « prépare[r] dans l'action la grève revendicative et politique de masse pour lundi », en manifestant en masse place de la République. Cette manifestation, moins connue que celle du 12 février, est violemment réprimée. Nous proposons ci-dessous le compte-rendu qu'en fera le journal L'Humanité le lendemain [2]. Évidemment, le récit que propose « l'organe central du parti communiste » est très orienté. Il a néanmoins le mérite de plonger les lecteur·ices au cœur des affrontements de cette nuit-là, pendant laquelle « durant cinq heures, travailleurs communistes et socialistes réunis pour la lutte contre le fascisme disputent héroïquement la rue à la police de Chiappe et de Bonnefoy-Sibour » [3].

Une colonne de manifestants descend en criant vers la place de la République

Boulevard Magenta, magnifique démonstration de front unique

À 19 heures, les groupes commencent à se former boulevard Magenta, aux alentours de la République. Vers 19h30, un barrage de cavaliers s'établit à l'entrée du boulevard Magenta. Les flics font brutalement circuler les gens et les refoulent dans les avenues autour de la place. Quelques incidents se produisent. Deux ou trois passants sont malmenés.

Vers 19h43, une première charge d'agents dégage les abords de la place jusqu'à Lancry. À 20 heures, la foule se reforme sous la direction de membres du parti et des J.C. [4] et regagne les abords de la place de la République. Une très violente charge se déclenche en même temps qu'éclate l'Internationale et les cris de « Vivent les Soviets ! Les Soviets partout ! » Les agents matraquent aux coins des rues les isolés. Plusieurs blessés tombent autour du métro Lancry [5]. Une fois la charge passée, les manifestants se rassemblent de nouveau, et sur des bancs montent des orateurs du parti qui font acclamer nos mots d'ordre. Près de 2 000 ouvriers sont rassemblés et chantent l'Internationale.

À ce moment, une colonne de socialistes, parmi lesquels une grosse majorité de jeunes, descend boulevard Magenta, venant de la gare de l'Est. Ils sont accueillis avec enthousiasme et tout le carrefour Lancry retentit du cri : « Unité d'action ! » Puis ce sont les cris : « Place de la République ! »

Toute la masse avance vers la place. Un car apparaît alors et doit se sauver devant les menaces de la foule hostile. Cependant, une nouvelle charge partie de la place de la République chasse les manifestants dans les rues latérales. De nombreux blessés. On arrête des voitures pour emporter ceux-ci. Là-dessus, voici un nouveau car de flics ; des gardes à cheval balaient le boulevard Magenta. Vers 20h30, le boulevard est déblayé jusqu'au coin du boulevard de Strasbourg.

Manifestations et charges faubourg Saint-Martin

Cependant, au débouché de la rue du Faubourg-Saint-Martin, auprès de la gare de l'Est, plusieurs centaines d'ouvriers sont rassemblés : À 20h30, ils manifestent aux cris de « Assassins ! Assassins ! »

La manifestation commence à se développer. Tout à coup arrivent plusieurs nouveaux camions desquels des agents extraordinairement équipés et ayant manifestement reçu des consignes sortent et se mettent à charger à coups de matraque, « revolver en main », dans toutes les petites rues environnantes. Il y a à cette bagarre, en quelques instants, plusieurs dizaines de blessés.

Parmi eux, nous relevons un camarade socialiste, Marcel Bourgeois, qui semble gravement blessé et un autre camarade du Secours Rouge d'Argenteuil, également sérieusement touché. Aussitôt leur mauvais coup commis, les flics sautent dans les camions et disparaissent à toute vitesse.

2 000 manifestants devant la gare de l'Est

À 20h45, devant la gare dé l'Est, au carrefour Magenta-Strasbourg, 2 000 manifestants environ acclament notre camarade Doriot qui harangue la foule tandis que retentissent l'Internationale et les cris de « Vivent les Soviets ! » Une charge remontant du boulevard Magenta balaye avec sauvagerie les abords de la gare de l'Est. Vers 20h50, une charge en sens inverse se précipite dans la rue Saint-Martin. Au coin de la rue Saint-Martin et du boulevard Magenta, l'asphalte ruisselle de sang. De tous côtés, les blessés sont recueillis dans les cafés à moitié fermés. L'indignation de la population du quartier est à son comble.

Un ouvrier qui venait d'être matraqué et qui, étant tombé à terre, ne pouvait se relever, attira l'attention de deux flics qui se jetèrent sur lui et le matraquent à nouveau. Des femmes dont les cheveux gris sont plein de sang sont conduites dans la pharmacie voisine. À peine la charge est-elle passée que déjà des cris emplissent le carrefour : « Chiappe en prison ! Vivent les Soviets ! Assassins ! » Vers 21h15, de gros groupes se reforment autour de la gare de l'Est, discutant vivement tandis qu'un cortège imposant de manifestants se dirige vers les grands boulevards.

À la station de métro gare de l'Est, vers 20h30, on annonçait à la craie au tableau noir que les stations Lancry et République étaient fermées. À 21h15, on ajoutait Oberkampf.

Plus de 100 coups de feu

À 21h30, devant la gare de l'Est, une colonne de manifestants, au nombre de 600 à 700, remontant des boulevards, débouche aux cris de « Unité d'action » et de « Chiappe en prison ! ». Des agents avec un car leur barrent la route et les chargent. Malgré cela, la colonne se reforme dans le voisinage de la gare. Les agents sortent leurs revolvers et tirent à une dizaine de reprises. La foule, se joignant aux manifestants lance sur les agents tout ce qu'elle peut ramasser, particulièrement des morceaux de charbon. Les agents se sauvent dans la direction de la gare du Nord. C'est alors, devant la gare de l'Est un grand cri : « Vivent les Soviets ! Vivent les Soviets ! ».

À ce moment, d'autres agents arrivent avec un car et chargent férocement les manifestants. Sans attendre la réaction de ceux-ci, ils tirent immédiatement leurs revolvers et commencent une fusillade qui semble ne pas devoir finir. Plus de 100 coups de feu sont tirés sur les manifestants. Ceux-ci, malgré cela, ne fuient pas et parviennent à saisir plusieurs flics qu'ils jettent à bas et rouent de coups. Les flics abandonnent ceux d'entre eux qui sont aux mains des manifestants et continuent la fusillade. Leur car, chargeant les manifestants, passe sur un flic tombé a terre et l'écrase.

Lorsque les manifestants se trouvent à peu près dispersés, le flic écrasé est amené sur le trottoir où il éclate de violentes disputes entre les flics eux-mêmes qui se traitent réciproquement de salauds et d'assassins. Les journalistes arrivent et, à la grande indignation de la foule voisine, préparent la scène de théâtre que l'on verra sans doute dans tous les journaux de demain. Ils photographient sans fin le flic écrasé. Pendant ce temps, des arrestations ont été opérées, et les manifestants emportent avec eux des blessés et peut-être des morts. Mais pour ceux-ci, il n'y a pas de photographe !

L'indignation est générale quand le car de flics s'en va sous les huées, tandis que de tous côtés se reforment des groupes qui crient : « Vivent les Soviets ! Chiappe en prison ! »

Plusieurs charges le long des grilles de la gare de l'Est se sont brisées devant l'acharnement de nos camarades. Des manifestants s'étant engouffrés dans les couloirs du métro, les flics les suivirent et des coups de revolver éclatent dans les couloirs. II n'est pas possible à l'heure actuelle de savoir le nombre des blessés et des morts.

La bataille boulevard de Strasbourg

Vers 22 heures, les travailleurs, qui n'ont pas lâché pied, se reforment en masse autour de la gare de l'Est. La bataille reprend avec une intensité nouvelle. Malgré les charges et les fusillades, malgré l'arrivée des gardes à cheval, des gardes mobiles et de trois cars de flics, sans arrêt se reforment de petits groupes obstinés qui crient « Assassins ! Assassins ! » et jettent sur les flics des fragments de bitume du trottoir brisé en plusieurs endroits sur la place en face de la gare de l'Est. Les cars sillonnent les rues avoisinant la gare. Les flics en descendent et chargent, s'acharnant à dix ou quinze sur des isolés.

De nombreuses voitures d'ambulance passent, que la presse photographie au moment où l'une d'elles emporte un flic écrasé tout à l'heure par un car de police et qui vient de mourir. Un grand nombre de gens massés à l'intérieur de la gare de l'Est manifestent.

La police tire

Aux environs de 22 heures, la rue d'Alsace, à proximité de la gare de l'Est, est le théâtre d'héroïques manifestations et en même temps d'une scène tragique. Un important rassemblement d'ouvriers lance avec courage les mots d'ordre, lorsque surgissent des renforts de police. Avec grande combativité, les travailleurs font front. Ils bombardent les cars des morceaux de la grille qui entoure la gare de l'Est, et qui a cédé à la pression de la foule.

On voit alors les flics qui avaient commencé à charger se ranger, revolver au poing, derrière leurs cars. Les détonations claquent. Des camarades tombent. Un ouvrier a le bras traversé d'une balle, à côté d'un collaborateur de l'Humanité, qui est lui-même couvert de sang et qui emmène la victime, un travailleur de Clichy, à l'hôpital Lariboisière. Notre camarade constate là une affluence énorme de blessés.

Cependant la bataille continue autour de la gare de l'Est. Véritablement déchaînés, les flics lancent leurs gros autocars sur les manifestants au coin de la rue d'Alsace et du boulevard de Strasbourg. Trois travailleurs sont écrasés. Deux d'entre eux se relèvent, blessés, mais le troisième reste étendu dans une mare de sang, mort sans doute.

Multiples fusillades

Au cours des fusillades de la gare de l'Est, un car chargeant les manifestants, se dirigeant vers la rue Louis-Blanc, a tiré sur la foule à l'aide d'une mitrailleuse [6]. D'autre part, au cours d'une autre charge dans la rue d'Alsace, les flics ont tiré sur les gens qui étaient massés dans la cour de la gare de l'Est. À ce moment, derrière la foule, une bande d'enfants de dix à douze ans se précipite, jetant des pierres sur les agents. À plusieurs endroits, des objets ont été jetés sur les agents des fenêtres des maisons autour de la gare de l'Est. Au carrefour du faubourg Saint-Martin, en face de la gare de l'Est, plusieurs fusillades ont eu lieu également. Des témoins oculaires nous affirment que l'on avait tiré sur les manifestants des fenêtres des entresols.

Nombreuses actions partielles

À 21h25, un groupe de 200 camarades qui avaient déjà été chargés par les gardes à cheval, devant l'église Saint-Laurent, se reforme et manifeste en cortège entre la mairie du Xe arrondissement et de la porte Saint-Martin, aux cris de « Chiappe en prison ! » La colonne de courageux manifestants est dispersée par une nouvelle charge d'agents, à la porte Saint-Martin.

À 21h25, on a l'impression que l'immense masse des manifestants s'est divisée en nombreux groupes de 50 à 200 ou 300 camarades, puis s'est livrée, dans tout le secteur à l'ouest et au sud de la place de la République, à de multiples manifestations. C'est ainsi qu'à la même heure, un groupe de 50 camarades manifestaient boulevard de Strasbourg et passage Brady aux cris de « Chiappe en prison ! »

Les patrouilles de policiers en camion ne cessent pas et, à chaque rassemblement qu'ils rencontrent, descendent et se livrent à des violences. De nombreux blessés ont été soignés entre 21 et 22 heures dans les diverses pharmacies du quartier. Toute cette partie de Paris présente un aspect sinistre. Les maisons sont fermées, sauf quelques cafés et, dans la demi-obscurité, se multiplient les manifestations de groupes et les actions de police.

À la gare du Nord

Dans la cour de la gare du Nord, les voyageurs débarquant des trains sont enfermés. Vers 22h30, les cars de flics partent et descendent vers le boulevard. À ce moment, dans la direction de la gare du Nold, on entend retentir l'Internationale. Les voyageurs se pressent derrière les grilles et expriment leur admiration pour les vaillants manifestants que la fusillade de la gare de l'Est n'a pas découragés. Maintenant, partout, dans les rues, aux alentours de la gare de l'Est, dans les conversations, un seul thème : le courage des communistes.

Beaucoup de gens présents autour de la gare de l'Est ont assisté, dans ces jours derniers, aux manifestations fascistes. Ils disent tout leur émerveillement devant l'héroïsme des manifestants ouvriers, qui ne ressemblent en rien aux nationalistes qui, sur les boulevards et autour de la Concorde, mettaient le feu aux kiosques et essayaient avec des cris ignobles de se concilier les agents.

À 22h20, deux ambulances remontent lentement par le boulevard Magenta, venant de la République, en direction de l'hôpital Lariboisière.

Canal Saint-Martin

Le long du canal Saint-Martin, à partir de 7 heures et demie du soir, des groupes s'étaient formés et des charges ne sont pas parvenues pendant des heures à les disperser. Les manifestants se sont organisés derrière des barricades, dont une notamment au bout de la rue Albouy et de la rue des Récollets, faite avec les débris de la balustrade du canal. À deux reprises, police-secours vient démolir la barricade. À deux reprises, après le passage de Police-secours, la barricade est reconstituée.

Au bout de la rue Louis-Blanc, sur le quai Valmy une cinquantaine de prolétaires sont cernés par plusieurs camions de flics qui tirent dans le tas. Quelques-uns sautent dans le canal. 30 à 40 ont été assommés ou blessés par des balles.

Les agents démolissent une barricade que les manifestants avaient montée hâtivement avec des matériaux pris à un chantier voisin

Une colonne de manifestants va du Temple à la Bastille

À 8 heures, des forces énormes de police à cheval et à pied ont fait dégager le terre-plein de la place de la République. Les rues Meslay et Notre-Dame-de-Nazareth sont barrées également. Des groupes de manifestants stationnent dans toutes les rues. Des autocars de flics circulent à toute vitesse dans les rues de Bretagne et Turenne et boulevard Beaumarchais.

Au coin des rues de Turenne et de Bretagne, à 8h30, un fort groupe arrive chantant l'Internationale. Un autocar surgit. Des cris sont poussés : « Assassins ! » Les flics descendent, matraquent à droite et à gauche, entrent dans le café à l'angle de ces deux rues, fouillent et font sortir les consommateurs. Quelques arrestations sont opérées à cet endroit.

À 9 heures, une colonne débouche venant de la direction de la République par la rue de Turenne. À l'angle des rues Vieille-du-Temple et de Bretagne, tenant toute la rue, se tenant par le bras, ils sont plusieurs centaines, des jeunes en tête, s'avançant résolument. L'Internationale alterne avec « Chiappe en prison ! » « Les Soviets partout ! »

Des groupes massés sur le trottoir les rejoignent. Un peu plus loin, les manifestants s'arrêtent, tiennent un meeting dans la rue. Un camarade alerte la foule contre le fascisme. Puis une colonne, grossie encore cent fois. Elle suit toute la rue de Turenne en criant les mots d'ordre et chantant l'Internationale. Et plus forte encore, la manifestation arrive à la Bastille, vers 9h20, toujours lançant cris et chants révolutionnaires.

Plusieurs cars de flics les chargent sur le trottoir, des camarades sont blessés. Vers 9h30, sur la place de la Bastille, d'autres groupes se reforment. Il y a de nouvelles charges. On entend le cri renouvelé : « Assassins ! ».

Rue Vieille-du-Temple

Entre 21 et 23 heures, les manifestations par petits groupes et des bagarres ont eu lieu un peu partout. Rue Vieille-du-Temple, rue Meslay, rue Volta, etc. Vers 22 heures, rue Saint-Antoine, une colonne de manifestants montait vers la Bastille. Elle a été dispersée par des autocars de police dont les flics ont tiré des coups de feu.

La place de la Bastille est sillonnée de camions de gardes mobiles et de flics. Rue Vieille-du-Temple, coin de la rue Belleymes, par trois fois, des autos de police ont chargé et les flics ont matraqué tous les passants sans distinction. Les manifestants se reformaient en groupes après chaque charge. Rue Dupetit-Thouars, les gardes à cheval et en autocar ont chargé des manifestants qui se sont défendus à coups de bouteilles.

Les manifestants de la Fédération autonome matraqués

La fédération autonome [7] avait convoqué hier soir, à 18h30, rue de Dunkerque, tous ses élements de Seine et de Seine-et-Oise. Ils étaient environ 600. Une réunion rapide a été tenue, présidée par Piquemal et Métayer, au cours de laquelle Cazaubon, secrétaire fédéral ; Guilbeaux, secrétaire des douanes actives et Boursicot, secrétaire des indépendants, ont fait un exposé de la situation et invité leurs camarades à participer à la manifestation de la place de la République, et lundi, à faire la grève générale, ce qui est voté à l'unanimité.

̃Immédiatement, le cortège s'est constitué, qui s'est dirigé vers la place de la République par le boulevard Magenta, aux cris de : « À bas le fascisme ! À bas la guerre ! » Au cours du parcours, le cortège s'est grossi de nombreux manifestants et ils étaient environ 2 500 à 3 000 en arrivant aux abords de la place de la République. Ils ont été sauvagement chargés par la garde républicaine et les flics, et un certain nombre d'entre eux ont été blessés.

De Belleville... de Charonne...

Les manifestants descendent en grand nombre des 20e, 11e et 19e arrondissements. Ils se dirigent vers la place de la République. Ils sont refoulés à Parmentier. Il y a eu une grosse charge. Dans le métro des manifestants sont matraqués par les flics. On a tiré. La rumeur circule qu'il y aurait deux tués.

Les manifestants se reforment dans la rue Oberkampf. Ils sont très nombreux. Ils manifestent de nouveau, en lançant les mots d'ordre, dans les rues avoisinantes. Une nouvelle charge les disperse à nouveau. Ils se retrouvent vers Couronnes au nombre de 500 à 600. Là aussi des coups de feu sont tirés par la police sur les manifestants.

D'autres manifestants parcourent les rues avoisinantes, en particulier rue de Ménilmontant, aux cris de : « Chiappe en prison ! », « Les Soviets partout ! » Il y a encore beaucoup de monde dans les rues. On apporte un blessé à la Bellevilloise. À 22h15, on charge dans les rues de Belleville et on tire sur le boulevard.

Boulevard Voltaire

À 20 heures, une trentaine de manifestants se rassemblent à l'angle de la rue Voltaire et place de la Nation aux cris : « En prison, Chiappe ! » En cinq minutes, 500 manifestants sont rassemblés et partent lentement en cortège en direction République. À la tête du cortège : Monjauvis, député de Paris ; Rigaud, maire de Vitry. La manifestation grossit de plus en plus et, en chantant l'Internationale et criant « les Soviets ! », « Chiappe en prison ! », « unité d'action ! », atteint la rue des Boulets.

Un autocar de flics bat en retraite. C'est seulement après une manœuvre, en attaquant la manifestation par derrière, avec brutalité, que les policiers réussissent à disperser les manifestants, qui partent par petits groupes vers la place de La République.

Plus tard, le poste central de la mairie du XIe, place Voltaire, est encerclé par les manifestants et il n'est dégagé que par de nombreux renforts de police. À signaler la sympathie des ménagères qui ouvrent les maisons pour abriter les manifestants poursuivis.

Beaux exemples de combativité boulevard Voltaire

Vers 20h30, aux métros Temple et Voltaire, les flics chargèrent les rassemblements qui s'étaient formés. Ils les poursuivirent jusque dans le métro. Une femme fut jetée du haut en bas des escaliers au métro Voltaire. Mais se regroupant, les manifestants partirent à 500 par les rues ouvrières du XIe vers Belleville et redescendirent sur le Père-Lachaise aux cris de « Policiers assassins ! Vivent les soviets ! » et au chant de l'Internationale.

Rue Saint-Ambroise, la police étant arrivée et ayant chargé, nos camarades avec un cran magnifique se sont défendus à coups de pierre. Alors, la flicaille a tiré dans le tas à coups de revolver. Un ouvrier est tombé. Aussitôt ses compagnons ont contre-attaqué et plusieurs agents ont été renversés à terre.

Le cortège s'est reformé et, boulevard Voltaire, de petites barricades ont été élevées. Pour tenir contre les charges policières, les camarades ont renversé des bennes.La résistance des camarades a été très énergique et très courageuse contre les charges sauvages des flics. Pour se défendre contre ces charges, les travailleurs ont renversé sur le pavé les bennes, les planches, les outils, les matériaux de construction.

Pendant que les camarades se battaient, les flics passaient dans tous les quartiers, faisant fermer portes et fenêtres et faisant rentrer tous les habitants dans leurs maisons. Cela prouve la combativité des gars. On signale qu'il y de nombreux blessés dans les hôpitaux.

Faubourg du Temple

II est à peine 19 heures quand partent de la rue du faubourg-du-Temple des escadrons de gardes mobiles qui manœuvrent pour barrer l'accès de la place de la République qu'il est impossible d'aborder. Mais déjà des groupes importants de travailleurs sont massés. Des huées s'élèvent à l'adresse des gardes mobiles. Un peloton de flics à pied charge, la matraque haute. Trois ouvriers tombent. Le groupe se disperse, mais se reforme aussitôt. Des barrages de flics sont établis. Mais tout à coup, un car bondé de gardes mobiles débouche à toute vitesse, fonçant sur la foule qui se disperse.

Une manifestation se forme. 400 ouvriers remontent la rue du faubourg du Temple et crient : « Les Soviets ! Chiappe en prison ! » Un second car arrive. Un coup de frein. 30 gardes mobiles sont descendus, frappant à coups de matraque. Il y a de nouveaux blessés dont une femme. Et pendant plus d'une heure, les cars déblaient la rue du faubourg-du-TempIe et la rue de Belleville.

Des barricades s'élèvent.

Mais vers 21h30, la résistance des ouvriers s'affirme. L'effervercence est grande. Dans tous les coins, des groupes se forment les chants révolutionnaires fusent de toute part. Un car de police est lapidé à coups de pavés.

À l'angle de l'avenue Parmentier et du faubourg-du-Temple, une première barricade est édifiée avec des barreaux de fer. Pendant vingt minutes les cars de police sont arrêtés ; mais une charge d'agents à pied déblaie la place. À l'angle de la rue Saint-Maur, une seconde barricade est élevée. Plus de 300 ouvriers résistent à la police à coups de pierres.

Les fusillades

Un car de police arrive. Les gardes mobiles ne descendent pas, mais debout, le revolver au poing, ils tirent à bout portant. Plus de 30 coups de feu éclatent. Quatre ouvriers s'affaissent dont l'un a une balle dans la tête, un autre est blessé au bras. Les blessés sont emmenés par les manifestants.

Dès lors, Belleville est en véritable état de siège. Toutes les rues sont sillonnées par les cars de police. Des charges brutales se déroulent. Les passants sont assommés.

Rue de l'Orillon, un groupe de manifestants se reforme cependant, aux cris : « Les soviets ! Chiappe en prison ! » Une centaine d'agents vont les matraquer, cependant que les cars viennent à la rescousse.

Dans les rues avoisinant la rue de Belleville et le faubourg-du-Ternple, des groupes se reforment. La flicaille charge sans cesse, mais les chants révolutionnaires ne cessent de monter. L'indignation est générale dans tout le quartier. Au métro Couronnes, un fort groupe de jeunes ouvriers manifeste. Nouvelle charge. Au métro Parmentier, les agents matraquent violemment ; un ouvrier de 60 ans tombe, le crâne fendu.

Boulevard Jules Ferry

Un cortège de plusieurs centaines de manifestants se forme boulevard Jules-Ferry. Les mots d'ordre révolutionnaires se répercutent longuement. La police charge et disperse ; mais les ouvriers se reforment aussitôt. Une barricade est élevée, à coups de pierre, à coups de planches. Elle est défendue vaillamment, mais un car de police fonce et déblaie la place. Cependant les manifestants ne s'éloignent pas.

Aussitôt une seconde barricade est élevée. À nouveau, c'est la bagarre, et les cars foncent encore. La barricade est enlevée, mais la manifestation continue au chant de l'Internationale. Dans tout le quartier, malgré la police et les cars qui sillonnent en tous sens, des manifestations se déroulent et des milliers d'ouvriers sont dans les rues.

À Ménilmontant

Dans le quartier de Ménilmontant, l'effervescence est aussi grande qu'à Belleville. Des milliers d'ouvriers sont disséminés par petits groupes. Partout les cars de police sont conspués. Les gardes mobiles et les agents matraquent à tort et à travers. Une ouvrière est gravement atteinte à la tête. À 11 heures, les cars sillonnent toutes les rues, mais des manifestations se déroulent dans tout le quartier.

Rue Ménilmontant, un cortège de 300 ouvriers manifeste longuement, puis se disperse. Les ambulances passent à plusieurs reprises, emportant des blessés. À 23 heures, le chant de l'Internationale retentit encore dans le quartier.

1 500 manifestants avenue Parmentier

À 20 heures, une colonne de 1 500 manifestants remonte l'avenue Parmentier au chant de l'Internationale et aux cris de « Chiappe en prison ! Les soviets ! » Les flics chargent, repoussés par nos camarades. Un car bondé arrive, mais les flics ne peuvent en descendre, bloqués par les manifestants. Deux coups de feu partent de la voiture. Un camarade tombe, ramassé immédiatement. Le cortège se reforme et poursuit sa marche en avant.

Aux Filles du Calvaire

Des barrages, dès avant 20 heures, empêchent la foule d'arriver à la République. Mais, boulevard Voltaire, boulevard des Filles-du-Calvaire, partout, des groupes se dirigent vers la place de la République. Les commerçants ont tous fermé leur boutique. Les grilles des arbres sont enlevées. Des cris retentissent : « Les Soviets partout ! » L'Internationale monte puissante dans ces différentes artères. Des groupes discutent avec force. Les flics qui sillonnent en cars le quartier chargent les travailleurs, et, matraque à la main, se ruent sur les ouvriers. Les passants ne trouvent pas pitié devant les brutes déchaînées. Des hommes tombent. D'autres passent la tête en sang.

Un homme matraqué est porté vers une ambulance

Un manifestant tombe devant le métro Filles-du-Calvaire. Une fois à terre, des flics s'acharnent sur lui à coups de pied. Chassés des rues adjacentes, les travailleurs se reforment en groupes et reviennent sur le boulevard, courageusement. Ils font face aux charges de police. Des camarades prennent la parole, très applaudis.

Cependant, vers 21h30, une colonne se forme devant le Cirque d'Hiver au chant de l'Internationale et aux cris de « Les Soviets partout ! » et descend vers la République. On entend encore les cris de « Chiappe en prison ! » Les flics et les gardes sont hués. Une charge de policiers arrive, appuyée par la garde à cheval. Les travailleurs résistent. L'Internationale gronde. Les flics retournent à leurs cars et chargent avec leurs voitures.

Partout, dans tout le quartier, des groupes pourchassés se reforment, discutent, commentent sévèrement le nouveau ministère et clament leur haine du fascisme. Des coups de feu sont tirés boulevard Voltaire, rue Oberkampf et à la Bastille. Il y a des blessés.

Boulevard Voltaire, au cours d'une charge, les travailleurs se sont défendus. On voit encore des brouettes renversées, des planches, des pierres derrière lesquelles ils se sont abrités pour résister à la charge. Un car de flics a dû rebrousser chemin, et les travailleurs furent chargés par la garde à cheval.

Au métro des Filles-du-Calvaire, au cours d'une charge, le chef de gare veut fermer la station pour empêcher les déprédations des policiers, qui brutalisent les voyageurs. Les flics menacent de le matraquer !

Barricades rue Saint-Maur

Un camarade, Grégoux, domicilié 18, rue Beccaria, dans le 12e, a été blessé d'une balle de revolver au cou, du côté droit, à l'angle de la rue Saint-Maur, vers 9 heures. À cet endroit, un groupe de 600 manifestants avait élevé quatre barricades pour se protéger contre les agents qui les chargèrent à six reprises différentes. La porte de l'église Saint-Joseph, rue Saint-Maur, est enfoncée.

Et aussi rue Sainte-Ambroise

Rue Saint-Ambroise, 3 à 400 manifestants dressent une barricade. Un flic est grièvement blessé. Un camarade de Villejuif est, de son côté, frappé brutalement à coups de matraques. Les manifestants se dirigent vers la place Voltaire.

Vers 8 heures, à la station de métro Oberkampf, une charge d'agents est descendue dans le métro et a jeté un ouvrier sur les rails du métro, où il a été électrocuté. Un voyageur qui rentrait chez lui, rue Saint-Maur, a été matraqué comme il sortait du métro.

En colonne volante, 500 travailleurs parcourent le 11e et bataillent dur

Vers 20h30, aux métros Temple et Voltaire, les flics chargèrent les rassemblements qui s'étaient formés. Ils poursuivirent quelques ouvriers jusque dans le métro. Une femme fut jetée du haut en bas des escaliers au métro Voltaire. Mais se regroupant, les manifestants partirent à 500 par les rues ouvrières du 11e vers Belleville et redescendirent sur le Père-Lachaise, aux cris de « Policiers assassins ! Vivent les Soviets ! » et au chant de l'Internationale.

Rue Saint-Ambroise, la police étant arrivée et ayant chargé, nos camarades, avec un cran magnifique, se sont défendus à coups de pierres. Alors la flicaille a tiré dans le tas à coups de revolver. Un ouvrier est tombé. Aussitôt ses compagnons ont contre-attaqué et plusieurs agents ont été renversés à terre. Le cortège s'est reformé et, boulevard Voltaire, de petites barricades ont été élevées. Pour tenir contre les charges policières, les camarades ont renversé des bennes, planches, outils, matériaux de construction et se sont retranchés.

Pendant que les camarades se battaient, les flics passaient dans tout le quartier, faisant fermer portes et fenêtres et faisant rentrer tous les habitants dans leurs maisons.

Les grands boulevards en état de siège

Dès 17h30, obéissant à une consigne donnée par la préfecture, les petits commerçants et les grands magasins de toutes les artères menant à la place de la République commençaient à rentrer leurs étalages, leurs terrasses, et certains même à baisser leurs rideaux de fer. Dans un large périmètre, les grilles d'arbres, les pavés, etc. ont été ramassés au cours de la journée par des camions de la Ville ou d'entreprises privées.

À 18 heures, on achevait d'enlever les pavés boulevard Magenta et boulevard Sébastopol, à proximité de la gare de l'Est. À 19 heures, tout le quartier compris entre la place de la République et les boulevards prenait son aspect des jours de grande manifestation prolétarienne, tandis que sur la place de la République, où étaient déjà massées des forces de police, des gardes mobiles, mousqueton à l'épaule, ont commencé à faire circuler les travailleurs, de plus en plus nombreux qui s'amassaient.

Des précautions aussi grandes étaient prises à tous les points importants en direction des grands boulevards. C'est ainsi qu'au carrefour du boulevard Sébastopol et du boulevard Saint-Denis étaient massés 200 gardes mobiles, une centaine d'agents et un grand nombre de gardes municipaux à cheval. Des colonnes de 200 à 300 agents circulant sans arrêt sur le boulevard Saint-Denis s'efforçaient de faire circuler la foule, mais sans y parvenir.

Un vaste campement de police

Toutefois, vers 20 heures, à force de filtrage et de refoulements successifs, la police arrive à dégager complètement le boulevard Saint-Martin entre la Porte-Saint-Martin et la République. À ce moment, toute cette partie du boulevard est complètement déserte et est transformée en une sorte de vaste campement où stationnent des forces de police formidables, à côté desquelles les troupes mobilisées les jours de manifestation fasciste apparaissent comme une plaisanterie dérisoire.

Sur les boulevards, jusqu'à la rue Montmartre, des flics de chaque côté. D'autres patrouillent. À partir du carrefour de la Porte-Saint-Martin, impossible de passer. Défense de circuler au milieu des boulevards, même en voiture. Au carrefour Turbigo, à partir du métro jusqu'à la place, flics et gardes mobiles à cheval. Devant l'Ambigu [8], stationnent par centaines des gardes mobiles et par dizaines des gardes républicains à cheval. Au carrefour Sébastopol-Strasbourg, on voit défiler des camions de l'armée. Tout rassemblement est systématiquement dispersé.

Si l'on remonte vers la place de la République, on constate que celle-ci est littéralement investie par les forces répressives. Toutes les avenues sont gardées par les formations à cheval. De tous côtés, on voit de petits groupes de travailleurs qui semblent attendre.

Après 22 heures

Après 22 heures, la police envahit systématiquement les cafés boulevard Sébastopol et dans les rues avoisinantes. Revolver au poing, les agents arrêtent les passants isolés, leur font lever les mains et les fouillent brutalement. Ces opérations se poursuivent jusqu'à un kilomètre de la République.

Pour rejoindre la Bastille en partant du boulevard Sébastopol, il faut faire un long détour si l'on veut circonscrire le champ des manifestations et aussi des actions policières. Les manifestants sont divisés en petits groupes et continuent à lancer des mots d'ordre dans les différentes rues.

Les mensonges des assassins de la préfecture

Bonnefoy-Sibour communique  : « Vers minuit, l'ordre paraissait entièrement rétabli. Au cours des échauffourées de la soirée, 12 gardiens de la paix ont été grièvement blessés par des balles de revolver. 4 d'entre eux ont été transportés à leur maison de santé, les autres à Lariboisière. D'autre part, 25 gardiens ont été blessés par des projectiles divers. Du côté des manifestants, on ignore le nombre des blessés. Plus de 800 arrestations ont été opérées. Les manifestants seront interrogés cette nuit. Ceux qui portaient des armes ou qui commirent des dépradations [9] seront envoyés au Dépôt. »

Ce communiqué cache systématiquement l'importance de la démonstration qui s'est étendue sur tout l'Est de Paris. Il cache les assassinats multiples commis par les agents du gouvernement d'Union nationale et se borne à mentionner une partie des blessés du côté de la police.

D'autre part, il a l'audace de prétendre que les ouvriers ont commis des « déprédations » alors que pas une vitrine n'a été pillée. À l'inverse des nationalistes et de leur tourbe, les ouvriers ne sont pas des pillards.


La répression de la manifestation fait quatre morts parmi les manifestants : Vincent Perez, Maurice Bureau, Ernest Scharbach et Louis Lauchin. Leurs obsèques, organisées le 17 février, réunissent des milliers de manifestant·es.

Photos tirées de la une du journal Paris-Soir, édition du 11 février 1934.


[1] Suite à la scission de la CGT en 1921, deux confédérations syndicales coexistent : la CGTU, proche du parti communiste, et la CGT, proche de la SFIO.

[3] Proche de l'extrême-droite, Jean Chiappe est préfet de police de Paris du 14 avril 1927 au 3 février 1934. Sa révocation est une condition posée par les socialistes à leur soutien au nouveau gouvernement Daladier. C'est pour protester contre la révocation de Chiappe que les ligues d'extrême-droite mainfestent le 6 février. Bonnefoy-Sibour est son successeur au poste de préfet de police.

[4] Jeunesses communistes.

[5] Actuelle station Jacques Bonsergent.

[6] Comme le note Gilles Vergnon à propos des affrontements du 6 février 1934, où la presse d'extrême-droite évoque également l'utlisation de mitrailleuses contre la foule, on peut douter de la réalité de telles affirmations, puisque les unités de maintien de l'ordre engagées ne disposent pas de telles armes. Mais « il est révélateur de la violence des affrontements que des hommes, parfois anciens « poilus », accoutumés au son spécifique des différentes armes, aient pu croire de bonne foi qu'ils étaient sous le feu des mitrailleuses ». Gilles Vergnon, « Le 6 février 1934 dans La Galère d'André Chamson : une parabole antifasciste », in Revue Aden n°15, octobre 2016.

[7] Lors de la scission syndicale de 1921, la fédération des fonctionnaires se constitue en Fédération autonome des syndicats de fonctionnaire ; elle n'est affiliée ni à la CGT, ni à la CGTU.

[8] L'Ambigu était une salle de spectacle située boulevard du Temple.

[9] Le terme « dépradation » n'est pas reconnu par le Littré et constitue un « emploi fautif » d'après le dictionnaire de l'Académie française. D'ailleurs, plus bas, le rédacteur de l'Humanité corrige le communiqué de la préfecture en utilisant « déprédations » (« pillage avec dégats »). Pourtant, on retrouve le mot « dépradations » dans la bouche du préfet de Paris Didier Lallement le 23 mars 2019, en lien avec les manifestations des Gilets Jaunes. Les temps changent, pas les communiqués de la préfecture de police.

[FR/EN/RU] Convocation du Captain Ribery pour recruter des indics

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

En janvier 2022, une personne étrangère qui étudie en France et qui vit dans une autre région que la nôtre, a été convoquée par le Capitaine Ribéry pour répondre à des questions à propos de trois de nos camarades, qui sont des réfugiés politiques. Lui et son collègue ont aussi posé une question sur un camarade qui a un procès politique à l'étranger et à propos du Marbré, un squat d'organisation à Montreuil.

Convocation du captain ribery pour recruter des indics.

En Janvier 2022, une personne étrangère qui étudie en France et qui vit dans une autre région que la nôtre, a été convoquée par le Capitaine Ribéry pour répondre à des questions à propos de trois de nos camarades, qui sont des réfugiés politiques. Lui et son collègue ont aussi posé une question sur un camarade qui a un procès politique à l'étranger et à propos du Marbré, un squat d'organisation à Montreuil.

Pourquoi partager cette expérience

Nous choisissons de publier cette information pour partager notre expérience avec les prochaines personnes qui seront approchées par les flics. Pour participer à diffuser des réflexes de défense collective pour préserver nos mouvements. Et pour pousser les autres à publier aussi quelque chose la prochaine fois que ça arrivera.

Une amie est convoquée pour profilage

En janvier 2022, une amie de camarades qui vit dans une autre ville a été convoquée par le « capitaine Ribery » au commissariat, sans aucun motif. Elle les a appelés pour connaître la raison de la convoc, mais ils n'ont pas voulu la lui donner. Lorsqu'elle arrive, le flic du commissariat local ne savait pas qu'elle était convoquée, mais un autre flic l'a approchée. Il lui a dit qu'il travaillait dans toute la France, et qu'il était venu spécialement pour lui parler.
Deux flics l'ont interrogée. Ils avaient un fichier avec son nom et prénom. Ils lui ont d'abord posé des questions à propos d'elle : les raisons de son séjour en France, pourquoi elle avait choisi ce pays, ses plans pour le futur, où vivra-t-elle lorsqu'elle aura fini ses études, où travaillera-t-elle, où a-t-elle voyagé en France, a-t-elle des problèmes avec la loi dans d'autres pays, si elle a des amendes en retard, si elle a d'autres problèmes avec la police...

Ils lui ont dit qu'ils allaient lui montrer les photos de trois personnes et lui poser des questions. Ils lui ont demandé si elle les connaissait, quels étaient leurs noms. Vivent-ils en France ou en Belgique. D'où et depuis combien de temps les connaissait-elle. Pourquoi étaient-ils venus dans sa ville. Ils ont demandé s'ils avaient des trucs spécifiques à faire ici, ou s'ils étaient juste venus la voir. Les flics savaient qu'ils étaient venus dans sa ville et quand. Ils ont demandé combien de temps ils étaient restés et quand étaient les dernières fois qu'elle s'était rendue à Paris et à Bruxelles. Ils ont voulu qu'elle décrive les tatouages de l'un de nos camarades. Ils ont demandé s'ils avaient des caractéristiques particulièrement reconnaissables. Ils ont demandé si ce camarade avait des problèmes avec la loi en France. Ils ont demandé les noms de ses parents et de son copain.

Lorsque qu'elle est venue en France la dernière fois, début janvier, alors qu'elle était dans la zone de contrôle des passeports, le vigile a pressé un bouton et la sécurité s'est approchée d'elle et l'a fouillée ainsi que ses bagages. Une semaine plus tard, la même situation est arrivée à son copain.
En général, elle n'a donné aucune info à part sur elle, ses plans, ses motivations, et qu'elle les connaissait, car elle pensait que c'était inutile de le nier. Pour le reste des questions, elle a repondu qu'elle ne savait pas.

Si l'on est convoqué

Tout le monde peut être convoqué par les flics, par lettre, en personne, par téléphone. Ils peuvent aussi profiter d'autres convocations (à la préfecture par exemple), pour essayer de parler avec nous. En règle générale, pour notre sécurité et celle de nos camarades, c'est mieux d'éviter toutes les interactions avec les flics. Il vaut mieux ne donner aucune preuve que nous avons reçu la convocation. Le mieux reste de ne pas ouvrir la porte aux personnes inconnues, de ne pas répondre au téléphone. Et s'ils arrivent à nous rencontrer en personne pour nous donner un papier, ne pas le prendre, ni signer quoi que ce soit.

Dans tous les cas, en France, une convocation devant la police n'est pas un acte de justice, elle n'a pas de pouvoir légal. Surtout, rappelons-nous qu'on n'est pas obligé.e de s'y rendre. On peut voir ça de la manière suivante : nous recevons simplement l'information que les flics veulent nous voir. Soit.

S'ils nous convoquent, ça peut vouloir dire différentes choses. Par exemple, ils veulent juste qu'on leur donne des informations sur nos camarades. Ils peuvent nous convoquer et profiter de la situation pour demander nos empreintes. Il est arrivé plusieurs fois qu'après avoir totalement ignoré les flics qui les convoquaient pour continuer une enquête, les flics lâchent juste l'affaire. Donc, ne pas aller à une convaction nous laisse la possibilité de n'être impliqué.e dans aucune procédure du tout.

Dans tous les cas, si les flics veulent réellement nous voir, ils trouveront un moyen de nous arrêter chez nous, dans la rue, ou lorsque que nous aurons une autre convocation (au tribunal par exemple). Et pour nous perquisitionner, ils ont besoin d'un magistrat qui valide la perquisition, et c'est aussi notre job de rendre leur merde plus difficile pour eux.

Si nous sommes malgré cela en face d'un flic

Si l'on reçoit une convocation, nous pouvons en parler avec d'autres camarades ou joindre un collectif antirep pour avoir des conseils si besoin.

Tout ce que l'on dit pourra être utilisé contre nous et nos camarades, même si c'est en dehors d'un interrogatoire (dans les couloirs, dans la rue, à la maison). Donc, restons calmes et prenons le temps de réfléchir avant tout. Il faut dire que ce n'est pas la même chose de dire « Je ne sais pas » et « Je garde le silence ». Ne rien déclarer est un droit en France, et nous devons l'utiliser absolument. Dire « je ne sais pas », « je ne me souviens pas » c'est dire quelque chose. Peut-être que les flics ont des preuves qu'on le sait, et vont le révéler après, foutant la pression disant que l'on mentait. Donc, on peut juste confirmer notre identité si on le veut, et pour tout le reste, choisissons de ne rien déclarer. Se taire est aussi un moyen de ne pas avoir des centaines de questions dans nos têtes : nous savons ce que nous faisons, et ceci est la manière la plus sûre d'être pour nous tou-tes.

Le travail des flics est de nous faire parler pour nous charger nous ou d'autres. Répondre à leurs questions est non seulement dangereux pour nous et nos camarades, mais cela peut mener à une collaboration informelle. Si nous donnons une information, ils nous verront comme une personne qui peut leur en donner plus. Ils peuvent nous foutre encore plus la pression, ou utiliser une forme de chantage. Le truc, c'est qu'ils vont rarement nous demander de travailler pour eux formellement. Il n'y a pas de frontière claire entre répondre à leur questions et être une balance.

Si nous avons le sentiment que les flics tentent de nous recruter comme balance, nous devons trouver une manière de mettre fin à ce processus le plus rapidement possible. Arrêter de répondre aux questions. En parler le plus rapidement possible aux camarades pour protéger notre confiance. Le rendre public. Les flics peuvent organiser des rencontres avec nous s'ils pensent que nous voulons collaborer. Nous pouvons y aller avec une dizaine de camarades pour briser ce processus informel.

Gardons à l'esprit que les flics n'approchent pas nécessairement des personnes au hasard. Ils choisissent en général des personnes qu'ils identifient comme faibles. Par exemple, les sans papiers, les utilisateurices de drogues, des personnes en galère de tunes, ou ayant des problèmes avec la justice. Ils utiliseront n'importe quelle faiblesse pour nous faire chanter, nous manipuler, et avoir un moyen de pression sur nous. Rapelons-nous aussi que les récompenses comme avoir des papiers par exemple, n'arrivent quasiment jamais. C'est leur moyen de pression, ils n'ont donc aucun intérêt à donner ce qu'ils ont promis.

https://iaata.info/Quelques-histoires-d-infiltrations-et-de-balances-en-Europe-depuis-quinze-ans-3548.html
Et une affaire plus récente : https://lille.indymedia.org/spip.php?article33820&lang=fr

[FR/EN/RU] France : Convocation by captain ribery to recruit snitcher.

In January 2022, one person, who is a foreign student in France and lives in another region than us, got convocated by « Captain Ribery » to answer questions about three comrades of us, who are political refugees. They also asked questions about a comrade who has political case abroad and questions about our oganisation squat, Marbre, in Montreuil.


Why sharing this experience

We chose to publicly share this information to share experience and advices with the other people who will be approached by cops. To participate in spreading collective defense reflexes in order to preserve our movements. And to push people to also publish something next time it will happen again.


A friend got convocated for profilage

In January 2022, one friend, who lives in another region got convocated by « Captain Ribery » cop by letter, without any motive. She called them to know the reason, but they didn't want to explain why. When she arrived in the police station, the local cop from national police didn't know that she was convocated, but another cop approached her. This cop told her that he works everywhere in France, and that he came especially to talk to her.

Two cops interrogated her. They had a file with her name and family name. They asked questions about herself : her motives to stay in France, why she chose this country, her plans for future, her ressources, what she thinks about system in France, where will she live when she will be graduated, where she will work, where she traveled in France, if she has problems with law in foreign coutries, if she has fines to pay, if police calls her for other topics. They told her that they will show her photos of 3 people and ask questions. They asked if she knows them 3. What are their names. If they live in France or in Belgium. From where and how long she knows them. Why they came in her city. They asked if they had some business or if they just came to visit her. They knew who and when the comrades were in her city. They asked how long they stayed in the city and when she visited for the last time Paris and Brussels. They wanted that she describes tatoos of one of our comrades. They asked how to recognize one of them with specific signs. They asked if this comrade has some problems with law in France. They asked names of her parents and boyfriend.
They also asked if she knew a squat in paris called « Marbre » and asked if she knew a man who is currently imprisoned in russia in political case.

When this friend came last time in France, begining of January, in passport controle zone, the worker pressed a buttom and securities approched her. They bring her to a special room and searched her and her luggages. After one week, the same situation happen with her boyfriend.

In general, she didn't give information except about herself, plans, motives, and that she knows them, because she thinks that it was useless to deny it. For the rest of the questions, she said that she doesn't know.

If we get a convocation : no panic, just don't go

Anyone can get convocated by cops by letter, in person, or by phone. They can also take advantage of other convocations that we have (to the prefecture for instance) to start speaking with us. In general, for our safety and the one of our comrades, it's better to avoid any interaction with cops, and don't give any proof that we received a convocation. The better thing to do is to not open door to unknowned people, not answer phone to unknown people. And if they succeed to meet us in person to give us a paper, not take it, or not sign anything.
In any case, in France, convocation is not a justice act. It has no legal power. You don't have to go. In fact, we can see it as we just received the information that they want to see us.

If they convocate us, it can mean very diferent things. For example, they just want that you give information to them about you or your comrades. They can convocate you and take advantage of this situation to ask your fingerprints. It already happened several times that after comrades totally ignored cops trying convocating them to continue an investigation, and finally cops just gave up. So, not going to a convocation of cops means that we want to have a chance to finally not get involved in any cop procedure.

In any case, if cops really want to see us, they will find a way to arrest us at home, at work, or when we go to another convocation (to court for example). And to arrest you at home, they need order from judge, raid authorization, and it's also our job to make their shit more difficult.

If we received a convocation, we can talk about it with comrades or reach local collective defense / legal team to get adviced if needed.


If we are in front of cop after convocation : the better thing to say is « No comment »« remain silent »

Everything we say can be used against us and comrades, included if it out of interview (in corridors, in street, at home). So, we keep calm and take our time to think before anything. We want to say that it's not the same thing to answer « I don't know » and « I keep silent »« No comment »  I remained silent » ?. To remain silent is a right in France, and we should absolutely use it. To say I don't know, or I don't remember = to say something. Maybe cops have proof that you know, and will reveal it after, to put pressure on you saying that you lie. So, we can just confirm our identity if we want, and all the rest, we « chose to remain silent ». Remain silent is also a way to not have thousands of questions in our head : we know what we are doing, and that it is the safest way to behave for all of us.

If cops approach us : protect the trust of you comrades, break the informal process.

Cop's job is to make us talk to charge us or other people. Answer their questions is not only dangerous for us and our comrades, but it can also lead to an informal collaboration. If we give an information, they will see us as a person who could give them more. They can put more pressure on us, or use some kind of chantage. The tricky thing is that they will rarely ask us to work for them formally. As a result, there is no clear border between just answering their questions and being a snitcher.

If we have feeling that cops is recruiting us informally as a snitcher, we should find a way to stop this process as soon as posible. Stop answering questions. Talk about it as soon as posible to comrades to protect our trust. Make it public. Cops can organize meetings with us if they see that we want to collaborate. We can join this meeting with 10 comrades to break this informal process.

Let's keep in mind that cops don't necessarily approch people randomly. They usually chose people that they see as « weak ». For instance, undocumented people, people who use drugs, who have money problems, justice troubles. they will use any weakness to create chantage, manipulation and have a mean of pressure on us. Let's also remind ourselves that such rewards as getting documents for example almost never happened. It is their mean of pressure so they don't have any interest to actually give you what they promise to give you.

Here are some examples of police trying to moreFrance : Convocation by captain ribery to recruit snetcher.
https://iaata.info/Quelques-histoires-d-infiltrations-et-de-balances-en-Europe-depuis-quinze-ans-3548.html
Et une affaire plus récente : https://lille.indymedia.org/spip.php?article33820&lang=fr

[FR/EN/RU] Франция : Вызов в полицию от капитана Рибери для вербовки информатор.

В январе 2022 года одного человека, который является иностранным студентом во Франции и живет в другом регионе, в отличии от людей о которых полиция задавала вопросы, вызвал « капитан Рибери », чтобы ответить на вопросы о трех наших товарищах, которые являются политическими беженцами. Они также задавали вопросы о товарище, у которого есть политическое убежище за границей Франции, и вопрос о нашей организации сквота Марбр в Монтрее.

Зачем делиться этим опытом.

Мы решили опубликовать эту информацию, чтобы поделиться опытом и советами со следующими людьми, к которым обратятся полицейские. Участвовать в распространении рефлексов коллективной защиты, чтобы сохранить наши движения. И подтолкнуть людей тоже публиковать что-то в следующий раз, когда это повторится.

О том, что произошло

В январе 2022 года, одна подруга которая живет в другом регионе Франции получила повестку с требованием явится в местный отдел полиции. Ее вызвал капитан Рибери, в повестке полученной пиьмом не было указано причин и так же после звонка в отдел полиции она не получила каких-либо объясниений. Когда она пришла в отдел полиции, ей сказали, что не вызывали ее. Но после пришел полицейский из национальной полиции, показал документы и сказал, что у него зарезервирован кабинет. Так же она сказал ей, что они работают по всей Фрацнии и специально приехали пообщаться с ней.

Допрос вели двое полицейских. Они имели папку с ее именем и фамилией. Они спрашивали вопросы касательно её : Её мотивы нахождения во франции, почему она выбрала эту страну, ее планы на будущее, ее ресурсы, что она думает о системе во Франции, где она будет будет жить после окончания уиниверситета, где она будет работать, где она путешествовала за время нахождения во франции, есть ли у нее проблемы с заокном в других странах, есть ли не оплаченные штрафы, были ли у нее вызовы в полицию. Они сказали, что покажут 3 фото разных людей и задудт вопросы. Они спрашивали если она знает трех этих людей. Зачем они приезжали в город где она проживает. Они спрашивали, были ли у этих людей какие-то дела или они просто навещяли ее. Они знали кто и когда из этих людей был в этом городе. Они спрашивали как долго они находились в городе и когда она последний раз посещала париж или брюссель. Они хотели что бы она описала тату одного из товарищей. Они спрашивали, знает ли она какой-либо специальный знак одного из товарищей. Они спрашивали если эти люди имеют какие-либо проблемы с законом во франции. Они спрашивали имена ее родителей и молодого человека.
Так же они спрашивали знаете ли она сквот в париже под название "Marbre" и интересовались знает ли она человека который в данный момент находится в тюрьменом заключении в россии.

Когда эта подруга прибыла во францию в последний раз, это было в начала января 2022, на паспортном контроле вызвали охрану, отвели ее в комнату и провели досмотр личных вещей. Спусят неделю такая же ситуация произошла с ее молодым человеком.

В целом она не дала ни какой информации кроме ее планов и мотивов и что она знает этих людей, она думала это было бесполезно скрывать. На остальные вопросы она не дала овтетов.

Если вы получили повестку : не паникуйте, просто не идите.

Любой человек может получить повестку из полиции, персонально или по телефону. Они так же могут восопльзоваться другими повестками, например через префектуру, что бы вызвать в отдел. В целом, для нашей безопасности и безопасности наших товарищей лучше избегать любого взаимодействия с полицией и не давать никаких доказательств, что вы получили повестку. Лучше не открывать двери не знакомым людями и не отвечать на телефонный вызов если номер телеофна вам не знаком. Если они приходят лично с повесткой, ничего не брать и не подписывать. В любом случае во Франции повестка не является актом правосудия. Она не имеет юридической силы. В целом вы можете знать, что они хотят вас видеть, но у вас есть право не идти.

Если они вызвали вас это может значит множество различных вещей. Для примера они начали расследование и подозревают вас, они хотят провести допрос. Или они просто хотят, что бы вы дали информацию о вас или ваших товарищах. У них может быть много доказательств что вы что-то сделали и они хотят, что бы вы подтвердили это устно на допросе. Или они знают, что вы что-то сделали, но у них нет никаких юридических доказательств и они хотят заставить вас говорить, что бы предъявить обвинения. Были случаи, когда товарищи полностью игнорировали полицию и те оставили их в покое.

В любом случае, если полиция захочет действительно вас видеть, они найдут способ арестовать вас дома, на работе или когда вы пойдете по повестке в суд, например. Что бы арестовать вас дома им нужен оредр от судьи. Наша задача - усложнить их работу.

Если вы получили повестку, вы можете поговорить об этом с товарищами или обратиться в местную команду коллективной защиты / юристов, чтобы получить совет, если это необходимо.


Если вы пришли в полицю/суд по повестке. Лучше всего сказать,"я буду хранить молчание"

Все что вы скажете, может быть использваонно против вас или ваших товарищей в том числе в не интервью(в коридорах, на улице, дома). В первую очередь нужно сохранять спокойствие и не торопитсья, что бы сказать или предпринять что-то. Важно понимать, разницу между полным молчанием и ответом "не знаю". Хранить молчание - право во Франции и вы обязательно должны им воспользоваться. Сказать я не знаю или не помню = сказать что-то. Может быть у полиции есть доказательства того, что вы знаете и они раскроют их позже, что бы оказать на вас давлени заявив, что вы лжете. И так, вы можете подвердить свою личность, а дальше сохранять молчание. Хранить молчание - это так же способ не иметь в голове тысячи вопросов. Быть уверенным, что вы знаете, что делаете и знать, что это самый безопасный способ для вас.


Если полиция говорит с вами

Работа полиции состоит в том, чтобы заставить вас говорить, чтобы обвинить вас или других людей. Отвечать на их вопросы не только опасно для вас и ваших товарищей, но и может привести к неформальному сотрудничеству. Если мы дадим информацию, они увидят в вас человека, который мог бы дать им больше. Они могут сильнее надавить на вас или использовать какой-то шантаж. Сложность в том, что они редко просят вас работать на них официально. В результате нет четкой границы между простым ответом на их вопросы и доносом.

Если у вас есть ощущение, что копы неофициально вербуют вас в качестве доносчиков, вы должны найти способ остановить этот процесс как можно скорее. Перестаньте отвечать на вопросы. Скажите об этом как можно скорее товарищам, чтобы защитить свое доверие. Сделайте это публичным. Полицейские могут организовать с вами встречи, если увидят, что вы хотите сотрудничать. Вы можете присоединиться к этой встрече с 10 товарищами, чтобы сломать этот неформальный процесс.

Давайте помнить, что полицейские не обязательно подходят к людям случайным образом. Обычно они выбирают людей, которых считают « слабыми ». Например, люди без документов, люди, употребляющие наркотики, у которых проблемы с деньгами, проблемы с правосудием. они воспользуются любой слабостью, чтобы манипулировать и оказывать на вас давление. Давайте также напомним себе, что таких наград, как получение документов, например, никогда не было. Это их средство давления, поэтому они не заинтересованы в том, чтобы на самом деле дать вам то, что они обещают вам дать.

Вот несколько примеров того, как полиция пытается более или менее формально вербовать товарищей.

https://iaata.info/Quelques-histoires-d-infiltrations-et-de-balances-en-Europe-depuis-quinze-ans-3548.html
Et une affaire plus récente : https://lille.indymedia.org/spip.php?article33820&lang=fr