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Philippe Scoffoni

source: Philippe Scoffoni

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Ma semaine de flux RSS #1-2015

vendredi 16 janvier 2015 à 23:56

rssCela fait bientôt trois semaines que j’ai commencé ma diète informationnelle. C’est peut-être encore tôt pour tirer des conclusions, mais j’ai l’impression que rien n’a changé si ce n’est le temps que je passe sur les réseaux sociaux et sur le web qui a drastiquement diminué. Je peux affirmer que le rapport est de l’ordre de trois fois moins. Pour l’instant, je ne vois pas d’impact ni sur le plan personnel ni professionnel.

Anthony Bleton, un web-entrepreneur de la région de Lyon et à l’origine du CMS libre NoviusOS a annoncé l’année de la « post-connexion » :

Il a été montré que l’hyper connection faisait perdre 10 points de QI.
Du coup, certains en ont déduit qu’il fallait tout débrancher et se retirer du monde !
Nous pensons qu’il existe une voie intermédiaire pour un monde dans lequel on ne parle pas à quelqu’un en consultant son smartphone, on ne relève ses messages qu’à certains moments de la journée, pas en flux continu.
Les réseaux sociaux et les systèmes de messagerie sont des outils formidables, à condition d’être bien utilisés. A défaut le seul résultat produit sera une perte de sens et de temps.
En matière de communication et de réseaux sociaux, il faut boire à la rivière, il ne faut pas boire la rivière.

Ce nous fait référence à un nouveau service qu’il est en train de préparer Clubble : « un système de mailing group intelligent pour un travail en équipe fructueux ». Tout un programme :-) . Ma question de troll est évidemment de savoir si le code de ce service sera libre un jour. Anthony est a priori du bon côté de la Force, faisons-lui confiance !

Comme désormais tous les vendredis soir, je dépile les news de la petite cinquantaine de flux RSS que j’ai conservés. Je me suis dit que je pouvais remettre à l’ordre du jour un petit article de lien en vrac de « ce qu’il reste d’informations ».

Reprendre le contrôle il en est également question chez Cyrille. Comme quoi il y a une tendance lourde chez les « vieux » à vouloir prendre du recul et à redevenir « maître » de leur vie.

Charlie est présent sur tous les sites. Je ne sais pas si je suis un Charlie, je ne lisais pas Charlie Hebdo, je n’étais même pas du tout attiré par ce magazine. Je sais que je n’aurais jamais eu le courage et/ou l’inconscience de ces dessinateurs. Ils avaient pourtant le droit d’exister et de vivre et ne méritaient pas ce qui leur est arrivé, pas plus que toute les autres victimes. Mais aujourd’hui, je me sens plus un Frédéric qu’autre chose…  Olivier Berruyer nous fait un long billet (et plein d’autres) sur le sujet qui ne plaira pas à tout le monde. J’avoue avoir clairement fui les « mass » médias ces derniers pour éviter une certaine forme de lobotomie.

Un petit rayon de bonheur dans mes flux cette semaine avec un article du Framablog : Et si nous concevions une informatique pour le grand public ? Ben oui, il serait peut-être temps que le logiciel libre non marchand (qui d’autre aujourd’hui pour s’occuper du grand public ? ) évolue et revoit les paradigmes de son fonctionnement. Les ingrédients que je propose depuis déjà longtemps se retrouvent dans cet article :

Coder ne suffit pas. Il faut s’efforcer d’impliquer à la source du développement des ergonomistes, des designeurs et des graphistes. Des gens qui rendront l’utilisation du libre décentralisé et chiffré tellement simple qu’elle en deviendra évidente et se répandra comme une trainée de poudre. Des gens qui sauront se mettre à la place de l’utilisateur lambda.

Je noterais quand même la version 35 de Firefox avec Hello et Share. L’intégration de ces fonctions est probablement une des meilleures idées de Mozilla de ces derniers temps. Il manque encore le partage d’écran à Hello, mais sur la vidéoconférence cela marche déjà très bien.

Bien suffisant tout ça et tant pis pour ce que je n’ai pas vu :-)


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 16/01/2015. | Lien direct vers cet article

Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons BY à l'exception des images qui l'illustrent (celles-ci demeurent placées sous leur mention légale d'origine).

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Dimitri Robert, un graphiste adepte des logiciels libres

dimanche 11 janvier 2015 à 21:33

photo-dimitri-480Cet article est la « version longue » de l’interview de Dimitri Robert publié sur le site du guide des Solutions Informatiques Libres pour les TPE. Dimitri a rédigé le module  « Créer son image de marque » du guide. Ce module couvre les besoins en matière de retouche photo, de dessin vectoriel et de mise en page ou PAO (Publication Assisté par Ordinateur). Il présente les notions de base permettant une bonne compréhension des notions d’images numériques ainsi que les logiciels GIMP, Inkscape et Scribus.

Le parcours de Dimtiri est pour le moins varié comme vous pourrez le voir. Débutant par les jeux pour passer rédacteur en chef de Linux-Pratique, administrateur système, auteur du guide sur GIMP 2.8, il est maintenant formateur.

Pour information, il anime une formation traitant des sujets du livre au mois de janvier 2015 dans le cadre de la coopérative de formation de l’association Minga.

Cette interview a été réalisée par Bruno Soulié ancien étudiant de la licence COLIBRE que j’avais pris en stage pour mettre en place tous les outils de communication associé au guide d’avril à juillet.

Est-ce que l’informatique était une passion à l’origine? Pourquoi t’es-tu lancé dans le développement informatique ?

J’ai eu mon premier ordinateur en 1988 à une époque où plusieurs de mes camarades de collège avaient déjà le leur (Atari, Commodore, Amstrad). Le mien était assez limité et n’avait pas d’interface graphique. Je me suis donc passionné pour la programmation en GwBasic. Puis au lycée j’ai participé activement au journal du lycée et y ai appris à utiliser un logiciel de PAO (publication assistée par ordinateur). Puis la fac (un peu) et l’école d’ingénieur (beaucoup) où j’ai appris à programmer vraiment.

L’intérêt pour le jeu remonte à l’école primaire où je les créais avec du papier, des ciseaux et des feutres. L’arrivée de l’informatique dans ma vie m’a juste ouvert une nouvelle dimension.

Raconte-nous ton passage chez Lankhor en tant que développeur de jeux vidéos et sur quel projet as-tu eu l’occasion de travailler ? En effet tous les anciens connaissent « Vroom » qui a bercé une génération entière de joueurs (ndlr : dont nous)!

skyparkmanagerC’est un paradoxe : à l’époque de mon premier ordinateur, je ne connaissais pas l’existence de Lankhor fondée en 1987 et ne pouvais de toute façon pas jouer à leurs jeux sur mon ordinateur inconnu. J’ai sollicité Lankhor pour mon stage de fin d’études sur conseil d’un camarade de promotion qui connaissait. L’ambiance m’a tout de suite plu et j’y suis resté après mon stage.

Chez Lankhor j’ai travaillé sur deux jeux de Formule 1, dont Warm Up! Ainsi que sur Ski Park Manager, jeu de gestion de station de sports d’hiver, où j’ai pu mettre à profit les cours de mathématiques appris au collège.

Une expérience sûrement enrichissante, qu’en as-tu appris ? Tu y étais jusqu’à la fin (en effet Lankhor ferme ses portes en 2001)?

J’ai vécu les deux dernières années de Lankhor qui furent également mes deux premières années de « vie active ». Sur le plan technique, j’ai appris la programmation de la vieille école, celle pour qui le moindre octet compte. J’ai aussi appris à transformer ces octets en univers ludiques.

Sur le plan humain, c’est moi qui fus transformé, comme bon nombre de mes collègues de l’époque. De vrais rapports humains, la hiérarchie n’existait que pour l’administration. Dans les faits, il y avait un respect mutuel des gens, une vraie écoute : combien d’heures avons-nous passé dans la cuisine, à refaire le monde, à parler d’un tas de choses (parfois même de boulot). Et la productivité ? Nous étions efficaces parce que nous nous sentions bien, sans le poids d’un chef pour nous dire ce qu’il fallait faire ou de travailler toujours plus vite. Un mode de fonctionnement malheureusement trop rare. Sans doute cette expérience a engendré mon besoin perpétuel de liberté et certaines frustrations qui ont suivi.

Puis tu es devenu rédacteur en chef de Linux Pratique (éd. Diamond) ? Une opportunité qui est arrivée comment ? Car c’est finalement un changement de cap dans ta carrière !

linux pratiqueCe fut le premier changement de cap. En fait, je ne conçois pas le fait que l’on puisse avoir la même activité toute sa vie. D’autres changements se sont produits depuis et d’autres viendront encore.

J’ai rencontré Denis Bodor (rédacteur en chef de Linux Magazine France) lors de la première Linux Expo (depuis rebaptisée Solutions Linux) et lui ai proposé d’écrire un article, ce qui fut fait facilement et rapidement. J’ai peu écrit pendant mes deux années chez Lankhor et n’ai repris qu’une fois au chômage. Un jour Denis m’appelle et me propose de reprendre Linux Pratique, en sommeil depuis deux ans. Ce que je fis.

Sur les premiers numéros, j’écrivais environ 80 % du magazine. Je ne disposais au début que des auteurs de Linux Magazine. Puis j’ai étoffé mon réseau en allant à la rencontre des associations et des gens qui font vivre le logiciel libre. Pour cela j’avais la chance de vivre à cette époque en région parisienne où se trouvait l’essentiel de la communauté.

J’ai arrêté entre autres parce que je me sentais enfermé dans un cycle à périodes très courtes qui ne me convenait finalement pas. Ce qui ne m’empêche pas d’en garder des bons souvenirs et d’avoir accru mon expérience.

Le jeu vidéo est une œuvre de l’esprit qui implique un ensemble de supports multimédia. Ce n’est pas encore un art certes, mais le niveau de créativité et d’implication est tel que cela peut le devenir. Est-ce cela qui t’a donné le goût de te diriger vers le graphisme, l’image ou c’est quelque chose qui t’a toujours attiré ?

Je considère le jeu vidéo comme un art, même s’il n’est pas reconnu comme tel officiellement. Cependant il fait appel à d’autres arts comme l’image, la musique et, oserais-je avancer, la programmation ! Même si j’ai utilisé des logiciels de graphisme lors de mes années Lankhor (création de textures, montages photo pour des recherches d’ambiance), j’avais tâtonné la retouche d’images avant.

Cela remonte au lycée et son fameux journal. Je m’étais acheté un scanner à main pour numériser des photos argentiques et les retravailler à l’écran.

Depuis quand t’intéresses-tu aux logiciels libres ? Et plus spécialement au logiciel de traitement d’image GIMP ?

En 1998, alors étudiant, j’ai installé ma première distribution (une RedHat 5 je crois) avec l’aide de deux camarades de promotion. Je l’ai cassée et réinstallée plusieurs fois (c’est formateur).

Mais le vrai basculement eu lieu début 2002 avec l’adoption d’une Debian et l’abandon assez rapide de Windows. Je me suis également mis à GIMP, mais sans l’utiliser à fond.

Tu es l’auteur de GIMP 2.8 des éditions Eyrolles, qu’est-ce qui t’a amené à réaliser ce projet ? Existe-t-il en format numérique à l’instar de Solutions informatiques pour les tpe ?

gimp28Lorsque j’étais rédacteur en chef de Linux Pratique, j’étais en contact avec des éditrices d’Eyrolles et O’Reilly France (aujourd’hui fermé). Muriel Shan Sei Fan, à l’époque éditrice au secteur informatique chez Eyrolles, a énormément œuvré pour promouvoir les logiciels libres par les livres. Le 1er avril 2005, nous nous sommes croisés à Limoges (à l’occasion de GameOver, salon du jeu vidéo sur plateforme libre). Elle m’a demandé si je pouvais lui écrire un livre sur le peer-to-peer. N’étant pas expert sur ce sujet à la fois technique et politique je lui ai proposé à la place un livre sur GIMP (que je ne connaissais guère, mais l’écriture du livre m’a obligé à approfondir le sujet).

Il existe également en format numérique, mais il s’agit seulement d’une copie PDF du livre papier. Il n’y a pas de contenu dynamique tel que des vidéos.

 Que penses-tu des autres projets libres comme Krita et Darktable ?

Que du bien même si je ne les utilise pas. La richesse du libre réside aussi dans sa diversité. Krita est sur le même créneau que GIMP, bien que plus orienté illustration. Le point fort de Darktable est le développement de photos raw (format brut produit par les appareils photo professionnels). Même s’il permet de menus traitements d’images, j’ai tellement l’habitude de GIMP que j’utilise ce dernier même pour un recadrage.

Raconte-moi comment tu as été sollicité pour le projet Solutions Informatiques pour les TPE…avec des logiciels libres ?

Philippe Scoffoni cherchait quelqu’un pour rédiger la partie « Créer son image de marque » nécessitant la connaissance et la pratique de logiciels de graphisme. Il a cherché parmi les formateurs en France et les enseignants de la licence Colibre à Lyon et m’a trouvé dans les deux cas.

Quelle activité exerces-tu actuellement ?

En ce moment c’est l’été et je participe activement à un chantier de construction de maisons en bois, paille et argile. Ça me fait beaucoup de bien de travailler avec autre chose qu’un ordinateur. Mais je prépare aussi la rentrée où je vais relancer mon activité de formation au sein de la coopérative Artefacts et via le site http://formation-logiciel-libre.com/.

Je continuerai sur les mêmes sujets qu’avec Libres à vous : retouche photo avec GIMP, dessin vectoriel avec Inkscape, publication assistée par ordinateur avec Scribus, site Web avec WordPress. Mais je voudrais explorer des pistes nouvelles :

linuxgraphicJe gère depuis cet hiver le site Linuxgraphic où sont publiées des nouvelles et des tutoriels sur des logiciels de graphisme (en général libres) fonctionnant sous Linux.

Quels sont les logiciels libres que tu utilises majoritairement dans le cadre de ton activité ?

Restons donc sur le « majoritaire ». Pour la distribution c’est Debian testing ou LinuxMint Debian (poste de travail) et Debian stable (serveurs). J’ai bien eu une période Ubuntu, révolue depuis l’arrivée d’Unity. En vrac j’utilise Firefox, Thunderbird, GIMP, Inkscape, Scribus, Kdenlive (trop peu), Shutter, ffmpeg, Pidgin, VLC, Vim, asciidoc, WordPress, Piwik, Piwigo, ownCloud, Apache, qemu et KVM, un émulateur de terminal pour tout ce que l’interface graphique ne sait pas faire ou pas assez vite, ssh et tout un tas de commandes qui sont passées dans mon langage courant.

Je n’ai pas oublié LibreOffice, je ne l’utilise que pour ouvrir les documents que l’on m’envoie. Il se trouve que j’ai appris la PAO avant le traitement de texte, c’est rédhibitoire.

Utilises-tu encore des logiciels propriétaires ?

En cherchant bien je pense que je peux en citer quelques-uns : les pilotes du routeur et de l’imprimante, le greffon Flash pour Firefox et un client Dropbox et Skype pour travailler avec les autres coopérateurs d’Artefacts (mais je ne doute pas que l’on finira par s’en débarrasser). J’en utilise peut-être d’autres, mais c’est anecdotique au point d’avoir oublié.

Quels sont les problèmes que tu rencontres en tant qu’utilisateur de solutions libres ?

Le manque de temps qui m’empêche de tester et trouver le logiciel qui répondra à mon besoin précis et qui le fera bien. Il m’arrive de faire des recherches dans aptitude (gestionnaire de paquets logiciels de Debian) sur des mots-clefs et de m’émerveiller devant la richesse des solutions proposées. De m’effrayer en pensant au temps qu’il faudrait pour les essayer (ne parlons pas de maîtrise).

À part cela les logiciels que j’utilise fonctionnent bien. Sinon, je m’accommode de leurs défauts, voire les contourne et là cela devient un problème pour les gens à qui je voudrais les conseiller.

Et pour rebondir à cette question quels sont les écueils que peut traverser le gérant d’une TPE lambda en utilisant les solutions libres  ? Et plus précisément les graphistes ?

La diversité est une force pour le logiciel libre, mais peut être un frein pour le gérant qui veut des solutions qui fonctionnent et n’a pas le temps de défricher toute l’offre. Aussi, l’avantage de ce livre est de proposer un échantillon éprouvé, testé et pratiqué par les auteurs.

Le second écueil réside dans la prise en main. Un changement de logiciel est toujours abordé avec appréhension et ne doit pas être décidé à la légère.
Une autre erreur serait de croire qu’en utilisant des logiciels différents de vos prospects, clients et partenaires vous ne pourriez plus communiquer avec eux. Tant que vous utiliserez des formats ouverts (dont les spécifications sont publiques) vous n’aurez aucun problème. Lesdits formats ouverts sont largement mentionnés dans le livre.

gimplogoPour les graphistes le risque est de penser que les trois logiciels GIMP, Inkscape et Scribus empruntent des fonctions les uns aux autres comme c’est le cas avec la suite d’Adobe alors que chacun a son usage bien précis et le fait bien. Par exemple, je déconseille toujours de mixer texte et image dans GIMP : même s’il dispose d’un outil texte, l’usage d’Inkscape vous fera gagner du temps et vous ouvrira bien plus de perspectives.

Quels conseils donnerais-tu aux professionnels qui hésitent à franchir le pas, et peinent à utiliser les solutions libres ? Et plus précisément en ce qui concerne les graphistes ?

« Est-ce que je vais être productif tout de suite ? », « est-ce que je pourrai faire les mêmes choses qu’avant ? ». Ces deux questions dénotent d’une peur du changement. Par provocation je dirais que ce sont de mauvaises questions.

Il est évident que vous ne pourrez être productif tout de suite, tout nouveau logiciel (et parfois toute nouvelle version dans le cas de logiciels comme ceux de la suite Microsoft Office) nécessite un apprentissage. Si vous voulez faire les mêmes choses qu’avant, pourquoi changer de logiciel ? Parce que les logiciels propriétaires utilisés actuellement, vous n’en avez pas vraiment payé la licence (ou vous avez oublié) et du coup, vous avez des sueurs froides lors des mises à jour (si toutefois vous les faites) ? Donc, en optant pour des logiciels libres, vous ne ferez pas les mêmes choses qu’avant : vous serez en règle et dormirez tranquille, c’est tout de même un sacré changement !

Ne reste plus que le temps d’apprentissage qui n’est finalement qu’un investissement à moyen terme qu’une formation pourra raccourcir. Vous souvenez-vous, chers gérants, que vous cotisez chaque année pour que les formations de vos employés et de vous-mêmes soient prises en charge financièrement ?
Donc, si vous décidez de changer, faites-le pour de bonnes raisons. Ne pensez pas que vous allez faire des économies à court terme. Prenez le temps, préparez votre migration et ainsi, vous consoliderez votre exploitation sur le moyen et long terme.

Le graphisme ne me semble pas être un cas à part dès que l’on sait les capacités des logiciels libres du domaine. En effet, la suite GIMP, Inskcape, Scribus concurrence la suite Adobe dans la plupart des situations. Mais encore faut-il en être convaincu et se défaire de l’idée qu’Adobe soit « incontournable » pour un graphiste professionnel. À ce propos j’avais traduit un article, que je trouve objectif, de GIMP Magazine comparant GIMP et Photoshop.

As-tu d’autres projets éditoriaux en cours ? Ou d’autres projets que tu souhaites mentionner qui te tiennent à cœur?

Pour l’édition, pas pour l’instant, mais je ne suis à l’abri de rien. Pour le reste, je compte développer mon activité dans le plus total respect de la philosophie du logiciel libre. Travailler sur ce livre m’a donné l’envie de produire plus de vidéos et je compte aller dans cette voie.

Souhaites-tu ajouter autre chose ?

Choisir d’utiliser des logiciels libres est un choix politique, même si ce n’est pas flagrant pour tout le monde. Un exemple sur lequel je travaille en tant que militant est la question de l’évasion fiscale pratiquée par les gros éditeurs de logiciels tels que Microsoft, Apple, Google, Canonical (l’éditeur de la distribution Ubuntu dont le siège est sur l’Île de Man).

Ces firmes payent entre 0 et 5 % d’impôts en France alors qu’une PME en paye 33. Pourquoi, en tant que PME ou TPE, continuer à soutenir ces éditeurs alors que c’est vous qui payez l’impôt sur les sociétés ?

De même, pour une collectivité, pourquoi continuer d’envoyer l’argent des contribuables dans des paradis fiscaux alors que vous pourriez faire appel à des prestataires locaux, utilisant du logiciel libre et payant l’impôt en France ? Le sujet mérite encore d’être creusé et j’en ai proposé une conférence aux rencontres mondiales du logiciel libre 2014 qui pourrait être un bon point de départ.

Merci encore d’avoir pris le temps de répondre à cette interview !


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 11/01/2015. | Lien direct vers cet article

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L’AFUL lance une marque pour les offres de logiciels libres

mercredi 7 janvier 2015 à 08:14

Logo_OffreLibre_Aful_w500Pour ceux qui l’ignoreraient, l’AFUL fait partie du paysage associatif du monde du logiciel libre. L’acronyme est clair : Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres. Cette association est également à l’origine de l’initiative Non aux racketiciels qui a pour objectif de lutter contre la vente liée de matériel et de logiciel.

L’AFUL est présidée par le bouillant Laurent Seguin avec qui j’ai eu l’occasion de discuter. Je partage avec lui  quelques orientations, notamment celle selon laquelle le logiciel vraiment libre ne pourra émerger que le jour où les utilisateurs décideront de prendre leur avenir informatique en main. D’ici là il faut aider ces derniers à y voir clair dans une offre devenue pléthorique et où l’opensource washing se cache souvent dans les détails.

Pour cela l’AFUL propose la mise en place d’une marque « Offre Libre ». Cette marque sera associée à une note de A à D. Il ne s’agit bien évidemment pas de juger de la qualité des logiciels, mais de leur respect de certains principes :

Seuls les critères liés aux libertés logicielles dans un cadre professionnel sont vérifiés. C’est donc à la fois un guide de bonnes pratiques pour les offreurs et un complément à la prise de décision.

J’ai parcouru le formulaire de demande d’usage de la marque et du logo. Les critères étudiés concernent :

La démarche d’évaluation ressemble à celle de la méthode QSOS et à l’évaluation des critères de « maturité » d’une solution de logiciel libre. Je l’utilise systématiquement dans toutes mes études lors des phases d’avant-projet au moment du choix d’une solution open source. C’est un guide assez efficace.

Si j’ai bien compris, cette marque ne concerne donc pas les fondations ou associations qui portent un logiciel libre, mais les entreprises qui proposent des services. The Document Foundation ou la Fondation Apache ou encore Mozilla ne pourraient être candidat du moins tant qu’elles ne proposent pas d’offres commerciales.

Un point qui me dérange est la composition du jury  :

J’aurais préféré que seuls les « clients » et « militants du Libre » soient à même de décerner cette marque qui les concerne au premier chef.

La marque sera obtenue pour un an et devra faire l’objet d’un renouvellement. Quelle charge de travail va représenter à long terme ce processus pour l’AFUL et ses membres ? Cela sera-t-il supportable ? L’avenir le dira.

Une autre approche, mais qui pourrait s’envisager comme une évolution, serait de demander aux offres souhaitant utiliser la marque de mettre à disposition une structure de données XML standardisée par l’AFUL sur le site de leur projet. Cela permettait d’analyser automatiquement les critères. Ainsi l’AFUL pourrait mettre à disposition des utilisateurs un site affichant ses informations dans un langage pour « êtres humains ». Une idée que j’emprunte à Pascal Kotté qui mène un groupe de réflexion sur le partage et le décryptage des conditions et abus des services « en ligne »  dont j’essaie de suivre les travaux plutôt mal que bien

Dans le cas présent les réponses des formulaires d’ « Offre Libre » ne seront pas publiées et seront considérées comme confidentielles. A chaud je trouve cela dommage. La motivation de cette confidentialité m’échappe peut-être.

L’initiative n’en reste pas moins intéressante et elle se bonifiera certainement avec l’usage et les premiers retours. Il faut bien commencer un jour :-) ! Il restera bien évidemment à faire connaître cette marque des utilisateurs et à leur vendre sa pertinence.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 07/01/2015. | Lien direct vers cet article

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2014, meilleurs ennemis et spéciale dédicace

mercredi 31 décembre 2014 à 14:46

2015Je viens de parcourir les 72 billets publiés cette année. Un chiffre qui m’étonne. Comme quoi je ne suis pas resté si silencieux :-)

Si je devais essayer de faire la synthèse des sujets qui m’ont marqué cette année, je retiendrais les suivants.

Microsoft, en route pour le logiciel propriétaire 2.0

L’ouverture toujours plus grande du code source utilisé par Microsoft pour le développement de ses logiciels montre une tendance lourde. A la fois la victoire de l’open source, cette approche purement pragmatique de l’ouverture du code et le recul (ou non avancée) d’une vision plus éthique : celle du logiciel libre.

L’ouverture du code ne contribue pas nécessairement à la création de logiciels libres. C’est une évidence que ce soit dans le domaine du logiciel traditionnel que celui du cloud computing.

La fondation Mozilla s’égare-t-elle ?

J’avoue que je n’ai pas été très tendre avec Mozilla cette dernière cette année. Pourtant je reste un utilisateur fidèle et osons le dire plutôt satisfait de Firefox qui me fournit un environnement de travail répondant à mes besoins.

N’en déplaise à son évangéliste en chef, je sais que développer Firefox coûte de l’argent. Si je critique les moyens et les orientations prises par Mozilla en matière de recherche de financement, je n’en demeure pas moins cohérent avec mes principes.

Quand j’appelle sur les réseaux sociaux à donner pour Firefox c’est parce que je suis conscient qu’il faut de l’argent pour développer un logiciel. Donc j’assume et je donne. Quant aux procès d’intention que l’on vous fait par la suite pour finir par une accusation en troll attitude, il montre juste le gouffre d’incompréhension qui peut exister entre les représentantes de la fondation et une bonne partie de ses supporters « critiques » dont je fais partie. C’est bien dommage.

Framasoft degooglise

Degooglisons InternetSi Mozilla s’enferme dans le modèle qu’elle dénonce, saluons le travail de Framasoft qui a su se couper un bras (les pubs Google et le reste) pour être en conformité avec ses valeurs. L’opération « degooglisation » marque la fin d’une période de flou où il était difficile de savoir où l’association voulait aller.

Mais la route, si elle est bien tracée, est hélas probablement longue encore et le positionnement de remédiation n’est qu’un pansement certes indispensable pour garder la tête hors de l’eau, mais pas suffisant pour voir réellement émerger un logiciel libre non marchand fort, largement répandu et d’intérêt général.

Meza|Lab, autrement

Puisque l’on parle de faire autrement, j’en remets une traditionnelle couche que le troll officiel de ce site se chargera de compléter dans sa prose si personnelle et irritante à qui ne veut se contenter que de la forme. La thématique proposée n’est pas simple à appréhender, c’est une évidence et il manque encore des communicants pour l’expliquer.

Les univers virtuels en lien avec des périphériques de capture ou de restitution comme les drones, lunettes de réalité augmentées, imprimantes 3D, etc, proposent une quantité d’usage juste énorme. Google, Facebook et d’autres acteurs du numérique l’ont compris et dépensent des centaines de millions de dollars pour acquérir start-up, technologies et préparer l’avènement de nouveaux territoires dans lesquels s’engouffreront pour le meilleur et le pire les internautes.

LogoMezaLabIl est encore temps de proposer une alternative libre, décentralisée et d’intérêt général pour autant que l’on veuille bien se donner la peine de comprendre le projet et son ambition. Je vous proposerais dans le prochain article une interview « rafraîchissante » de jeunes bénévoles de Meza. Du haut de leur 14 années, ils ont compris les enjeux, bien mieux que beaucoup de « vieux » qui restent cantonnés dans leur zone de confort intellectuelle.

Sortir de sa zone de confort. Je crois que c’est aujourd’hui un impératif pour ne pas sombrer. Mozilla devrait sortir de sa zone de confort, vous devriez sortir de votre zone de confort (ou perçue comme telle !).

Trois années que je vis en dehors de mon ancienne zone de confort et cela n’est pas simple. Faire des choix en permanence, des compromis aussi avec ses idéaux, car il faut être pragmatique par moment. Mais surtout il faut les assumer sans se cacher derrière une façade et garder en ligne de mire son objectif premier.

Sacré challenge pour 2015 :-)

Spéciale dédicace

Je finis par une spéciale dédicace à Cep, un autre de mes meilleurs ennemis de l’année. Hélas une bonne partie de nos « combats » se sont volatilisés en même temps que l’éphémère « Blog Libre », qui gagne le pompon de l’étoile filante de l’année.

Spéciale dédicace à vous aussi qui lisez courageusement mes écrits :-) ! Si être lu n’est pas le but premier recherché, il fait partie d’une équation complexe qui permet à ce site de continuer d’exister. Merci encore.

alien_240 Bonne année, santé, prospérité pour vous et vos proches et que la Force soit avec vous en 2015 !


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 31/12/2014. | Lien direct vers cet article

Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons BY à l'exception des images qui l'illustrent (celles-ci demeurent placées sous leur mention légale d'origine).

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2015, oublier 2014 et faire autrement

mardi 30 décembre 2014 à 22:53

here-and-now-413091_240Un titre d’article qui en dit long, je pense, sur mon état d’esprit face à cette année écoulée. Pour pas mal de raison, j’espère pouvoir l’oublier rapidement. Fort heureusement les difficultés se sont limitées à mon activité professionnelle principalement.

Côté personnel, je n’ai qu’à regretter :

Pour le reste, tout va bien de ce côté et c’est déjà bien là l’essentiel !

Côté boulot, j’ai l’impression d’être un peu poissard cependant. Tout semble difficile, rien ne veut prendre comme prévu, les prospects sont longs et durs à la décision… Autant l’année 2013 aura était bonne, autant 2014 fini quelque peu en eau de boudin. Je sais, ça ne se fait pas de dire cela, un patron est un winner :-) ! Pour autant, je ne désespère pas, quelques bonnes opportunités à concrétiser pour janvier et des idées à mener au bout. De la matière pour rebondir.

Rebondir, le maître mot… Changer ce qui ne marche pas, changer les façons de faire. En cette rentrée d’ailleurs je vais tester quelques changements radicaux.

La diète informationnelle

belly-2354_640Trop c’est trop. Pour quel gain, quel apport ? Le rapport temps passé à trier cette masse d’informations souvent redondantes pour les quelques bribes de savoir qu’elle contient est devenu négatif. J’ai donc fait un grand ménage par le vide dans mes flux RSS qui sont passés de 300 environ à moins de 50.

Exit la lecture quotidienne, voir pluriquotidienne de ce qui apparaît. Désormais, je ne relève plus qu’une fois par semaine mes flux le vendredi soir. Autrement dit, je vais vivre en « apnée » informationnelle pendant cinq jours.

L’objectif ? Récupérer probablement 5 à 6 heures de temps pour faire autre chose. Il faut se rendre à la réalité, si j’ai besoin de connaissances, j’ai un réseau de relations et une capacité à débusquer l’information suffisamment importante pour obtenir rapidement ce dont j’ai besoin. C’est une de mes forces, autant l’utiliser.

Côté présence sur les réseaux sociaux, chose à laquelle je passe aussi pas mal de temps, là diète aura là aussi probablement ses conséquences. Qu’importe…

Brider les courriels

Plus difficile et avec un caractère presque angoissant, ne plus lire mes mails professionnels que trois fois par jour voir moins. C’est d’ailleurs en place et j’en informe mes interlocuteurs dans ma signature :

IMPORTANT : Je ne vérifie mes courriels que trois fois par jour, à 12 h, 16 h et 21 h.
En cas d’urgence, vous pouvez me téléphoner au +33 (0) x xx xx xx xx.
Merci de votre compréhension : cette mesure répond à un souci d’efficacité et de productivité.
Elle m’aide à accomplir davantage pour mieux vous servir.

Quant à mes courriels personnels, c’est encore pire. Une seule relevée par jour à 19 heures. Qu’on se le dise :-) !

Drôles d’idées…

box-310190_640Je les avais déjà en tête. Mais la mise en application fait suite à un premier survole du livre de Timothy Ferriss : la semaine de 4 heures que l’on m’a offert pour Noël. Un cadeau « pour rire » comme on dit :-) . Je n’ai pas fini de parcourir le livre… Mais certains des principes proposés sont finalement  du bon sens. Faire le tri dans ce qui n’est pas essentiel, donner la priorité à ces 20 % de causes qui vous produisent 80 % des résultats, etc. Plus facile à dire qu’à faire probablement.

L’approche me semble cependant un peu trop nombriliste. C’est peut-être une impression, mais je ne vois pas vraiment beaucoup de place pour le partage, la solidarité, le don du temps aux autres… À moins que ces méthodes pour gagner du temps et gagner sa vie sans trop en faire soit une façon de dégager ce temps-là.

Ce temps là aussi, je suis frustré d’en manquer. Il y a si peu de personnes pour faire et tant de choses qui devraient l’être. Et pourtant, ils n’ont jamais été aussi nombreux à n’avoir rien à faire… Où sont-ils, que font-ils ? Faut-il voir dans la multiplicité des réseaux sociaux et leur intense activité la plus grande perte d’énergie et de temps de notre siècle au détriment justement de choses plus importantes ?

En tout cas de mon côté, le temps qui leur sera dévolu va se réduire c’est une chose certaine. A l’exception de ce qui est nécessaire à mon activité professionnelle probablement et à un peu de procrastination pour me vider le cerveau de temps en temps.

Les vieilles habitudes

Pendant que je rédige cet article, je me surprends à basculer vers Thunderbird pour voir s’il y a de nouveaux mails. Bien évidemment non… C’est dire si le mal est profondément enraciné :-)

Il me reste quelques jours avant la reprise pour finir cette chasse à l’inutile, à l’automatisation de tout ce qui peut me faire économiser du temps pour l’utiliser mieux durant cette année 2015. Peut-être aurais-je plus de temps du coup pour ce blog ou peut-être me faut-il aussi l’éliminer. Il y a cependant peu de chance. Écrire sur ce blog fait partie des petites choses qui me donnent du plaisir.

C’est un peu comme boire un café sur une terrasse un matin en ville au soleil et regarder passer le monde. En fait vivre l’instant présent, ne pas prévoir trop loin, car rien ne se passera comme vous l’avez prévu. C’est bien l’enseignement que je tire de bientôt trois années de vie « à mon compte ». Pour l’instant je ne regrette rien :-) . Fin de la minute philosophie de comptoir.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 30/12/2014. | Lien direct vers cet article

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