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Philippe Scoffoni

source: Philippe Scoffoni

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Owncloud forké, voilà NextCloud

vendredi 3 juin 2016 à 09:18

nuageLes choses se gâtent souvent rapidement. Je parlais hier de la naissance d’une fondation pour Owncloud avec quelques interrogations sur l’évolution du modèle économique associé. Notamment avec le changement pour une licence plus permissive.

J’ai voulu prendre la nouvelle par le bon côté de la lorgnette histoire de faire contre-poids avec le temps maussade de ces derniers jours. Finalement en découvrant l’annonce du lancement de Nextcloud j’aurais du faire le contraire. Si pour l’instant l’annonce de ce fork se fait sur le thème du « pas de polémique », on ne vous dira pas pourquoi on le fait, il suffit de lire le billet pour découvrir les raisons résumées en quelques mots probablement pas choisis au hasard.

no more Contributor License Agreement and a foundation that will hold trademarks (not have them sub-licensed; nor be under company control!)

Pour rire, je me suis amusé à imaginer la réunion du board d’Owncloud avec ses nouveaux actionnaires, vous donnant ainsi la version « moche » de la naissance de la fondation Owncloud 🙂 .

« Bon maintenant qu’on a mis des millions dans votre truc, va falloir que ça crache du pognon. On veut de la rentabilité à deux chiffres. J’ai un peu regardé votre business model, y’a plein de trucs qui déconnent ! C’est quoi cette connerie de mise à jour pour x versions disponibles gratuitement pour tout le monde ? On arrête, c’est pour les clients qui paient ça !

Je vous explique le plan : d’abord, on externalise la version open source. Je ne veux plus voir personne bosser pour un truc qui ne rapporte rien. On va balancer le code open source dans une fondation (Bill, tu oublies pas de maximiser la donation, qu’on récolte un max de crédit d’impôt et autre hein !). On change la licence pour ne pas être emmerdé et faire une version bien fermée et payante pour les pros. Je veux plus voir de dev corriger de bugs sur la version open source. D’abord la version payante et on poussera quand on aura le temps les mises à jour. Entre temps, ceux qui utilisent la version open source se débrouilleront avec les bugs… »

C’est plutôt moche hein 🙂 ?

Après c’est pas dénué de fondement. Je suis un utilisateur de la qui me paient pour cela. A ce jour, je ne contribue pas au projet et je ne paie pas de support. En conséquence, je n’ai pas le droit de me plaindre de ce qui est en train d’arriver. D’un autre côté si le ticket d’entrée du support d’Owncloud était plus raisonnable j’aurais pris une souscription. C’est ce que je fais par exemple pour mes serveurs Proxmox.

J’espère que les créateurs de Nextcloud vont tirer les enseignements de cette malheureuse histoire et ne pas reproduire le même schéma que précédemment. Ils commencent par créer l’entreprise ce que je peux comprendre. Il faut bien manger… J’espère que la fondation et toutes les promesses faites dans leur annonce seront tenues. A moins que tout ceci ne soit que des manœuvres de businessman en mal d’opensource washing

Reste à savoir ce que je ferais dans les mois à venir. Vu la tournure des événements, je sens que je vais devoir switcher vers Nextcloud ou passer à SeaFile. Mais le modèle de ce dernier ne le met pas plus à l’abri de problèmes similaires. Non vraiment seul une vrai fondation avec un vrai engagement d’entreprises autour d’un outils commun pourra apporter un minimum de stabilité.

To be continued….

Ajout de dernière minute : Owncloud Inc, la filiale américaine perd ses financeurs et ferme…


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 03/06/2016. | Lien direct vers cet article

Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons BY à l'exception des images qui l'illustrent (celles-ci demeurent placées sous leur mention légale d'origine).

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Une fondation pour Owncloud

mercredi 1 juin 2016 à 02:06

owncloudOwncloud est un logiciel libre de partage de fichiers en ligne. Une sorte de Dropbox libre vous permettant d’avoir le total contrôle de vos données, de leur localisation et de leur diffusion.

Ce projet est actuellement porté par une société du même nom. Ceux qui me lisent depuis longtemps savent que ce n’est pas mon modèle préféré. Ce modèle conduit parfois (souvent ?) à l’apparition de versions entreprise dont la licence est non libre et à l’appauvrissement fonctionnel de la version libre ou souvent appelée communautaire. Heureusement, il y a pas mal d’exception et c’est tant mieux.

Owncloud n’a pas échappé à ce phénomène avec une version entreprise disposant de fonctions complémentaires à la version communautaire, ce qui provoque chez moi un léger désagrément…

La création d’une fondation pour ce logiciel me semble intéressante à plusieurs titres. Tout d’abord, cela montre la volonté des porteurs du projet de faire d’Owncloud un bien commun. C’est ensuite un signe positif en direction des contributeurs qui voient ainsi le fruit de leur travail placé entre des mains plus neutres.

Quelques doutes quand même à la lecture du chapitre concernant les licences, certains points m’interrogent et il faudrait à mon avis bien décortiquer le montage pour en comprendre toute la portée. Si je ne dis pas de bêtise, il y a un changement de licence au passage : de l’AGPL v3 à Apache 2.0. Un changement qui n’est pas neutre et qui offre probablement plus de liberté à Owncloud (la société) pour développer son offre entreprise.

La fondation reçoit aussi le droit d’utiliser la marque Owncloud et le domaine owncloud.org lui est transféré. De même en cas de disparition de la société Owncloud, il est prévu que la fondation récupère l’intégralité des droits, logos et autres au bout d’une période de 12 mois.

Que faut-il conclure de ces changements ? Mon impression est qu’en procédant ainsi, Owncloud externalise la partie open source d’Owncloud pour essayer de maximiser les contributions au projet. Contributions qu’il lui sera facile d’intégrer avec la nouvelle licence dans une version fermée « Entreprise ». Bien sûr, cela n’empêchera pas un autre acteur de faire de même.

Autre question, quel sera l’impact sur la politique de mise à jour de la version open source ? Va-ton toujours disposer de correctifs, mises à jour sur les versions N-1, N-2 comme aujourd’hui ?

Une nouvelle étape dans la vie de ce projet est en cours. Laissons le temps, nous apporter un éclairage sur cette nouvelle direction.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 01/06/2016. | Lien direct vers cet article

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Mise à jour de la sélection des CRM open source

dimanche 29 mai 2016 à 22:09

CRM open sourceC’est le printemps, le moment pour faire ce rangement que l’on souvent repoussé durant l’hiver. Il s’agit ici d’un des articles le plus lus de ce site :

12 CRM open source pour les entreprises

Sa dernière mise à jour remonte à déjà pas mal de temps. Il était urgent de le remettre à jour ou tout du moins de supprimer ce qui à mon sens n’a plus sa place sur cette page.

A commencer par celui dont le nom est régulièrement cité quand on parle de CRM open source : SugarCRM. Il est temps de dire stop.  Déjà en 2010 je m’interrogeais sur l’évolution de son modèle. Je ne m’étais guère trompé. Il n’existe à ce jour qu’une ancienne version (6.5) dite communautaire et qui n’est plus mise à jour par l’éditeur. Cette version représentait déjà une régression par rapport aux fonctionnalités de la version entreprise. Depuis la version 7 est sortie et pas de nouvelle d’une quelconque libération ou mise à disposition même partielle du code. Autant dire que SugarCRM est devenu un logiciel propriétaire.

Cependant, le code de cette version communautaire a été repris sous forme d’un fork dénommé SuiteCRM. J’ajoute donc SuiteCRM dans la liste. Le bilan des entrées/sorties est pour l’instant équilibré. Malheureusement un autre logiciel a suivi le même chemin  : EggCRM. Exit donc aussi de la liste

Je laisse pour l’instant OBM-CRM en place. Si le projet OBM est encore actif, je ne sais si la partie CRM bénéficie encore d’évolutions. Cela n’a jamais été il est vrai le positionnement d’origine de cette suite plutôt orientée messagerie collaborative.

Reste le cas d’OpenAguila dont le site du projet ne répond plus à l’heure où j’écris cet article. La suppression est plus que probable.

A ce jour mes préférences vont à Vtiger pour la CRM pure. Je vais néanmoins essayer de trouver le temps pour m’intéresser à SuiteCRM. Pour les besoins plus larges incluant la gestion commerciale, je conseillerais Dolibarr ou Odoo dans sa version communautaire selon la taille de l’entreprise.

J’ai d’autres articles de ce type à mettre à jour. Je vous en ferais part dès que ce sera fait 🙂 !


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 29/05/2016. | Lien direct vers cet article

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Comment fixez-vous le prix de vos prestations informatiques ?

mardi 24 mai 2016 à 22:12

prixIl m’arrive souvent de répondre à des questions qui pour les férus et professionnels du logiciel libre et de l’open source peuvent sembler évidentes. Pourtant, il n’en est rien pour encore énormément de personnes que ce soit dans le grand public ou dans le monde des professionnels.

Au premier abord, j’ai bien entendu le cri du cœur et la boutade qui me monte aux lèvres. Comment je fais ? Mais comme tout le monde, à la tête du client 😀 ! OK, voilà une réponse qui manque pour le moins de professionnalisme. Alors, reprenons notre sérieux et décortiquons cela.

Je suis un prestataire spécialisé dans la mise en place de logiciels libres et open source. Qu’est-ce qui me différencie d’un prestataire informatique proposant des logiciels propriétaires (ou privateurs) ? La réponse est simple, je ne vends ou ne revends pas de droit d’usage. Autrement dit, pour avoir le droit d’utiliser les logiciels que je mets à disposition de mes clients, il n’y a pas de paiement à effectuer à qui que ce soit.

Les contributions

Est-ce toujours vrai ? Pas tout à fait. Il m’arrive de faire payer à mes clients des contributions ? Une contribution est un montant que je facture et que je reverse de l’autre côté à un développeur ou à une société. C’est typiquement le cas des modules disponibles sur le Dolistore de Dolibarr ou d’extensions « premium » de WordPress. À ces contributions sont parfois attachés des services comme un support en cas de dysfonctionnement du module. Mais soyons clairs, il ne s’agit pas d’un droit d’usage. J’élimine ceux qui rentrent dans cette catégorie.

Les modules ou extensions sont placés sous des licences de logiciel libre. Rien ne m’empêche de les modifier ou de les distribuer gratuitement à qui bon me semble sans avoir à en référer au développeur. Je ne le fais pas en général par simple respect du travail de ce dernier. J’ai fait des exceptions cependant, dans des cas bien précis, comme celui d’association d’intérêt général sans le sou.

L’ambiguïté et l’incompréhension naissent souvent du mélange entre ce que l’on paie pour pouvoir télécharger la dernière version du module et le support qui y est éventuellement attaché. Le support s’arrête souvent au bout d’un an. Mais le module ne cesse pas de fonctionner pour autant. Si vous ne renouvelez pas votre contribution l’année suivante, vous n’aurez donc plus accès au support du développeur en cas de problème ou alors de façon payante et le développeur ne vous mettra plus à disposition les nouvelles versions de son module. Il vous faudra alors vous acquitter à nouveau d’une contribution pour l’obtenir.

D’une certaine manière, ce modèle ressemble au modèle du logiciel propriétaire avec une licence perpétuelle d’utilisation et une prestation de mise à jour et de support que je paie tous les ans. La grosse différence réside dans l’ouverture du code. Mais c’est une nuance qu’il n’est pas évident à saisir et qui pourtant change tout.

Pour cette raison, j’ai tendance à préférer un modèle de développement de logiciel libre basé sur le cofinancement, et dont le résultat est mis à disposition de tous. Ensuite, à la charge de chacun, de savoir s’il souhaite ou pas s’attacher le service d’un professionnel pour le dépanner en cas de problème.

La troisième voix, mais elle reste à mettre en place, est le prix équitable. La mise à disposition est faite selon un coût qui va de cher à gratuit selon qui l’on est.

En ce qui me concerne, je ne fixe pas le prix des contributions ni ne prends de marge. Ce n’est donc pas comme cela que je gagne ma vie.

Le support

Il s’agit d’une prestation, autrement dit, du temps de cerveau. C’est une de mes sources de revenus. Cette prestation consiste à répondre aux demandes de mes clients par rapport à un périmètre défini. Par exemple, son logiciel de gestion d’entreprise Dolibarr ou un serveur de fichiers ou encore un serveur Owncloud. Le support est matérialisé par une demande qui peut être de différentes natures :

Le prix est fixé de façon très simple selon deux formules :

Je ne fais pas de forfait pour les demandes fonctionnelles et évolutives. C’est un choix personnel. Certains le font et arrivent à s’y retrouver sur la masse. Les clients qui sollicitent beaucoup le support sont en général compensés par ceux qui sont bien moins demandeurs… En gros les petits consommateurs paient pour les gros. Je n’aime pas cette approche même si elle est plus facile à gérer.

Le choix entre le forfait et le temps passé est un arbitrage que je laisse à la charge du client. Si il a de la chance, le temps passé peut être une bonne solution d’un point de vue économique. Le forfait est sans surprise, mais peut sembler coûteux en fin d’année si là aussi tout s’est bien passé…

Pour le support au temps passé, je vends des packs d’heures prépayés comme ceux-là par exemple. Pour les forfaits, c’est un peu plus compliqué et je chiffre cela au cas par cas. Selon par exemple le nombre de modules activés dans Dolibarr, la quantité de code spécifique, etc. Bref pas de règle.

Les prestations

Que ce soit lors de la mise en place ou dans le cadre de demande d’évolution, je travaille comme n’importe quelle prestataire informatique. En fonction du cahier des charges, j’évalue la charge de travail en heures ou en jours et je multiplie par le prix qui va bien. Évidemment, le prix qui va bien peut varier selon la nature de la prestation.

Du développement sera facturé moins cher qu’une prestation de conseil par exemple. En ce qui me concerne, mes prix oscillent entre 600 € HT et 850 € HT la journée. Ce n’est pas donné, mais n’oubliez pas que la moitié disparaît en charge et que je ne facture pas 20 jours par mois, car pour pouvoir produire, il me faut aussi vendre et gérer, deux activités pour lesquels je ne peux pas me faire payer 🙂 .

Reste les prestations d’hébergement, qui sont constituées par la mise à disposition de ressources machines et de bande passante que j’achète et revend et de prestations pour assurer le bon fonctionnement des applications web que j’héberge. Mes prix sont donc fixés en partie par le coût des ressources que j’achète et par le temps de cerveau que j’y adjoins et qui représente ma « plus-value » dans ce type de prestations. Là encore, je ne fais que du support correctif ou plus pompeusement du maintien en conditions opérationnelles.

J’espère que ces quelques explications auront répondu à la question de celui qui l’a posé et auront apporté à d’autres un éclaircissement sur le métier de prestataires informatique dans le monde du logiciel libre. Il existe d’autres modèles, ce que je viens aujourd’hui d’exposer, constitue la base de mes revenus.

Au final, mis à part quelques spécificités, rien de bien différent des prestataires informatiques du monde du logiciel propriétaire. Si ce n’est que ces derniers perçoivent sous forme de commission une part de la rente constituée par les droits d’usages versés par les utilisateurs.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 24/05/2016. | Lien direct vers cet article

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[Auto-promotion]-Vidéo sur les avantages des logiciels libres pour TPE/PME

jeudi 12 mai 2016 à 18:56

Je me suis payé le luxe d’un stand sur le salon Go Numérique récemment. Dans la package exposant, j’avais droit à l’enregistrement d’une interview vidéo. J’ai découvert les questions juste avant de m’asseoir face à la caméra. Mes réponses sont donc relativement « spontanées ». Avec un peu de préparation, il y aurait eu matière à faire mieux, mais bon c’est pas trop mal…

Si vous avez des amis patrons d’entreprises et que vous souhaitez les convaincre de passer aux logiciels libres, vous pouvez essayer de leur monter cette courte vidéo de 3 minutes. On ne sait jamais 🙂


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 12/05/2016. | Lien direct vers cet article

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