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Philippe Scoffoni

source: Philippe Scoffoni

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Roadmap ouverte et crowdfunding pour Enalean et son logiciel libre Tuleap

lundi 13 octobre 2014 à 08:16

Je ne me prive pas de dire que le modèle du logiciel libre porté par une unique entreprise est dangereux. Il est souvent porteur d’instabilité à long terme pour le logiciel libre qui se trouve à la merci d’un rachat, changement de stratégie, etc..

C’est un modèle qui est complexe, car fortement ouvert à la concurrence sur ces sources de revenus. Rien n’empêche d’autres sociétés de proposer des prestations identiques à celles de l’éditeur sans forcément contribuer ou rétribuer ce dernier. Cependant, à ce jour c’est l’un des rares modèles qui soit compris des investisseurs « traditionnels ». Il permet de rapidement obtenir des fonds pour financer le développement d’une offre complète et aboutie.

TuleapVoici le cas d’un éditeur, la société Enalean qui développe le logiciel d’ALM (Application Lifecycle Management) Tuleap. Vous remarquerez au passage que nous avons là ce que je qualifierais de bonne pratique avec un logiciel libre et un éditeur qui ne porte pas le même nom. Une façon de jouer le jeu de l’ouverture pour ceux qui souhaiteraient s’investir dans le développement du logiciel. Il n’est pas rare que l’auteur du projet conserve le nom du logiciel pour sa société de façon à garder un avantage par rapport à d’éventuels concurrents. Un client aura forcément plus confiance dans la société qui porte le nom du logiciel que dans une où le lien semble moins évident.

EnaleanC’est au cours d’un échange sur le salon Solutions Libres & Open source de cette année que j’ai découvert la pratique mis en œuvre par Enalean pour la gestion du développement du logiciel Tuleap. Il me semblait intéressant d’en parler, car elle va dans le sens d’une plus grande maîtrise des utilisateurs sur le logiciel. Sachant que c’est eux qui ont les capacités de financement, il serait temps (y compris et surtout dans la sphère non marchande) qu’on leur laisse plus de place, voir le contrôle des projets. Quoi de mieux pour les impliquer !

Manon Midy en charge du marketing a bien voulu répondre à quelques questions.

Philippe : Peux-tu nous présenter ce qu’est un logiciel « d’ALM » ?

Manon : ALM signifie Application Lifecycle Management en anglais, soit Gestion du cycle de vie des Applications en français. Une solution d’ALM permet aux équipes de développement d’avoir les outils nécessaires pour produire des applications plus rapidement, de meilleure qualité et de façon plus automatisée. Un ALM comme Tuleap par exemple, s’adresse certes aux développeurs, mais pas seulement. L’idée est de rassembler autour d’un même outil tous les acteurs qui vont être impliqués dans les projets logiciels de près ou de loin.

Les commerciaux par exemple ont souvent des remontées d’informations intéressantes sur les nouveaux produits livrés puisqu’ils sont en contact direct avec les utilisateurs. Ils ont également besoin de connaître l’état des incidents soumis par un client avant d’aller le rencontrer. Ou encore, vos clients ont besoin d’une plateforme pour soumettre leurs bugs. L’outil ALM va donc fournir des outils à la fois pour la gestion de projet (cycle en V, agile…), des outils pour le suivi des éléments (tracker de tâches, bugs, demandes de support, exigences, spécifications, stories…), une chaîne de développement automatisée (gestionnaire de code source, intégration continue, revue de code), un gestionnaire de document et des outils de communication.

Philippe : Qui sont les utilisateurs de ce logiciel aujourd’hui ?

Manon : Tuleap est utilisé par les développeurs, les directeurs techniques, directeurs de projets, testeurs, product owners, scrum masters, responsables support ou encore acheteurs et commerciaux. Tuleap est déployé dans de grands groupes du type Orange, Ericsson, STMicroelectronics où des milliers d’utilisateurs travaillent avec Tuleap au quotidien.

On le trouve aussi chez Jtekt-Groupe Toyota, Renault ou Delphi. De nombreuses PME et start-ups innovantes ont également vu la productivité qu’ils gagnaient avec Tuleap : Ecrin Systems, Mesulog, Capsys, AceAxis ou encore des instituts de recherche du type B-Com ou des projets libres comme Dolibarr.

Philippe : Comment sont décidées les évolutions du logiciel et qui les finance ?

Manon : Tuleap est un logiciel libre. Enalean, l’éditeur de Tuleap, est une entreprise agile. Enalean décline l’agilité jusque dans son business. Elle a donc créé un service innovant qui combine les avantages du logiciel libre et les valeurs de l’agilité (réactivité, transparence, versions incrémentales).

Il s’agit de l’Open Roadmap. C’est un service qui permet aux entreprises qui le souhaitent de décider de la feuille de route de Tuleap. Elles rejoignent un club de crowdfunding (financement participatif) qui leur permet de choisir les développements des futures fonctionnalités et améliorations de Tuleap en fonction des besoins réels de leurs utilisateurs finaux. Tous les développements restent libres, mais l’avantage c’est que Tuleap avance plus vite dans le sens qui les intéressent. Les évolutions de Tuleap sont donc un équilibre entre « demandes clients », « demandes communautaires » et « stratégie de l’éditeur ».

Philippe : L’Open roadmap a-t-elle apporté à Enalean plus de « sérénité » sur le plan du financement des évolutions du logiciel ?  L’idée est juste de savoir si ce modèle est plus « stable » et pérenne par rapport au modèle traditionnel de la vente de prestations de service ou d’offre SaaS.

Manon : Depuis la création de la société, Enalean a souhaité que Tuleap soit au maximum un projet ouvert à la communauté. L’Open Roadmap a été créé, car nous ressentions une demande forte des grands groupes industriels de mutualisation des développements open source et que nous souhaitions limiter autant que possible les forks, le travers des projets libres. Actuellement, les grands groupes souhaitent beaucoup plus être « écoutés », qu’on prenne beaucoup plus en considération leurs « vrais besoins utilisateurs », avec un processus de livraison plus agile et que les politiques des éditeurs propriétaires semblent assez loin de cela.

Là où le modèle est plus « stable » c’est dans la mesure où l’éditeur que nous sommes est assuré que les développements que nous réalisons répondent bien aux demandes du marché puisque notre R&D est « validée » par les utilisateurs finaux, en direct. Qui dit « logiciel qui répond aux besoins utilisateurs » dit « meilleur usage naturel » donc c’est mieux pour tout le monde. Chez un de nos clients par exemple, la propagation de l’usage de Tuleap s’est fait (et continue à se faire) naturellement et bien plus rapidement que prévu, car les utilisateurs se sont rendu compte tout seuls que le logiciel répondait à leurs besoins.

Pour finir une intervention de Manon Midy lors des premières rencontres des décideurs informatiques de Grenoble à laquelle j’avais également participé sur le thème « L’ALM, le nouveau défi des DSI ou comment gérer encore plus efficacement ses projets logiciels ? ». Tous mes remerciements pour le temps consacré à répondre à mes questions.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 13/10/2014. | Lien direct vers cet article

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Les irréductibles gaulois passent à l’attaque version Framasoft

mercredi 8 octobre 2014 à 23:00

Degooglisons InternetCa y est la phase de teasing est terminée, Framasoft a enfin dévoilé son plan triennal pour (tenter de) faire tomber Google et consorts. C’est donc le cloud de cette nouvelle campagne. J’oserais dire que cela n’a rien de surprenant au vu des outils mis en ligne depuis de nombreux mois. Il nous manquait juste le comment et surtout l’impulsion.

Ce comment passe par un site dédié qui regroupe toutes les informations et la liste des services que proposera Framasoft dans les trois années qui viennent. Inutile de dire que la liste est longue. Toujours dans le comment se pose la question des moyens. Visiblement Framasoft compte sur nos dons et nos bras pour arriver à ses fins. L’embauche de permanents supplémentaire est également à l’ordre du jour avec un objectif de onze permanents pour 2017. Effectivement il faudra du monde pour administrer et faire fonctionner tous les services.

Il est positif de voir enfin le navire Framasoft indiquer une direction. Ces dernières années le bateau amiral francophone du libre avait bourlingué de port en port sans que l’on sache trop où il allait, refaisant les peintures par ci ou par là, mais sans impulser d’élan fédérateur. Il semble que cette période soit révolue.

J’ai beaucoup aimé le village libriste en village gaulois, l’image est bien trouvée. Toujours à se taper dessus, mais au fond ils s’aiment bien (ou pas). Sauf qu’historiquement les Gaulois sont restés sous domination romaine cinq siècles avant que les barbares de l’est (les Francs entre autres) ne viennent les chasser. L’image est moins glorieuse si on oublie le sympathique personnage de Goscinny et Uderzo. Espérons que nous n’aurons pas à subir cinq siècles de Google. Cependant l’idée est bonne et espérons que les jeunes générations (et les moins jeunes) y adhéront.

Le libre suiveur

Ce qui est dommage et Framasoft n’y peut rien dans l’absolu puisque personne ne s’y est attelé avant eux, car le cloud c’est mal, c’est que finalement ce projet ne vise qu’à refaire ce qui existe déjà. Du nectar pour les détracteurs du libre qui ne cessent de lui reprocher de n’être qu’un suiveur. Le libre non marchand et à destination du grand public est-il faute de moyen voué à suivre ou ne pourrait-il parfois être précurseur ? Le système monétaire est centralisé ne l’oublions pas, donc la monnaie va toujours aux mêmes poches en passant de moins en moins par les nôtres. Mais ce n’est pas une excuse pour ne par chercher l’innovation d’usage.

Je continue de penser que le libre ne pourra s’imposer que s’il est capable d’introduire une rupture dans des usages qui puissent toucher un maximum de monde. Refaire les services propriétaires est certes un pas en avant qu’il faut faire et soutenir, mais cela ne changera probablement pas beaucoup l’équilibre des forces en présence.

Le libre a raté pas mal d’occasion et continue de les rater faute de les anticiper et de s’organiser en conséquence. Ce que propose Framasoft a juste 10 ans de retard. Mais me direz-vous c’est injuste, personne ne pensait alors que Google, Facebook et autres prendraient une telle place. Pourtant, les briques existaient déjà à l’époque. Pour preuve, ce sont des briques libres dont se sont servis et se servent toujours les méchants du web…

En tout état de cause, comme je le disais il faut soutenir cette initiative, car il faut bien tenter de remonter la pente bien savonneuse qui a été descendue. Une pente qui ne concerne d’ailleurs pas que les particuliers. Les entreprises se sont elles aussi laissées entraîner et continue de migrer leur informatique en masse vers des services fermés. Je me bas au quotidien contre cela, mais c’est un combat épuisant et difficile à mener parfois.

Degoogler, les entreprises aussi

Le problème reste entier, l’absence d’alternative « crédible ». L’autre jour nous échangions sur la liste du PlossRA autour d’un appel d’offres passé par la ville de Meyzieu. L’objectif est de quitter les Google Apps pour une solution toujours en mode hébergé, mais assurant une réelle protection de l’accès aux données. Les principales fonctionnalités attendues sont les suivantes :

Évidemment toutes les briques libres sont disponibles, il faut « juste » unifier l’annuaire utilisateur et proposer une navigation confortable entre les applications sans parler d’une interface à peu près unifiée entre les applications pour éviter de perturber les utilisateurs par des ergonomies trop différentes.

Je ne sais pas qui va répondre à cet appel d’offres dans le clan du libre, mais je doute que le résultat ne coûte que 40 € par utilisateur et par an. La facture risque d’être salée. C’est là que l’on voit le rôle que l’état pourrait avoir dans l’affaire. S’il investissait ne serait-ce qu’une année de licence Microsoft, nous aurions un Google Apps français depuis longtemps.

Les entreprises d’une manière générale et celle du numérique libre aurait tout intérêt à s’allier à Framasoft en contribuant au développement des outils nécessaires au projet. Je ne saurais que trop les inciter à cela. Mais hélas à ce jour quand on parle d’innover d’une manière générale, les grands du numérique français (libre ou pas) restent à de très rares exceptions encroûtées.

Créer de nouveaux territoires

Une rupture dans les usages se profile que peu veulent voir, celle des environnements immersifs et de leurs périphériques, les objets connectés en tout genre. Google, Facebook (toujours les mêmes) procèdent à des rachats méthodiques de briques et se préparent à les assembler. Facebook annonce un environnement virtuel d’un milliard d’avatars prochainement. De nouveaux territoires vont être mis à la disposition des utilisateurs et ils ne seront pas portés par des services libres. Il ne faudrait pas grand-chose pour que ce soit le contraire, tout est là sous vos pieds y compris le comment faire avec un modèle économique éthique, social et solidaire. La porte est ouverte à ceux qui veulent savoir et l’idée progresse dans certains cabinets et têtes de rares politiques à la vue plus longue que d’habitude. Touchons du bois…

En attendant, soutenons Framasoft, car ce qu’il font doit être fait. Cela galvanise les volontés autour d’un unique acteur ce qui évite la dispersion. Il sera toujours temps de se réorienter.

Pour finir, je voudrais conclure sur trois points :

Tiens un mail en qui tombe en Spam au moment ou j’écris cet article : [SPAM] 75 € offerts sur Google AdWords avec l’aide gratuite d’un expert.

Oui on en est là…

PS : bravo à ceux qui ont tout lu jusqu’en bas :-)


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 08/10/2014. | Lien direct vers cet article

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GLPI : Comment créer automatiquement à partir de mails des tickets dans des entités distinctes selon l’émetteur

samedi 27 septembre 2014 à 16:06

glpiJe partage dans cet article ma petite expérience sur le paramétrage de l’outil de gestion de parc informatique GLPI. Ce logiciel permet de recenser l’ensemble des équipements informatiques, mais aussi les logiciels, contrats de service, consommables, fournisseurs, etc. Un outil indispensable à tout bon responsable informatique qui se respecte.

Une autre fonctionnalité clé de GLPI est la gestion des demandes utilisateurs. Au travers d’un portail, les utilisateurs peuvent grâce à un simple formulaire expliquer la nature de leur problème et créent ainsi un « ticket » qui sera traité par l’équipe informatique. Un système de notification par courriel permet à toutes les personnes impliquées d’être informées de l’avancement du dossier.

GLPI offre aussi la possibilité d’automatiser la création de tickets à partir d’un mail. Cette fonction est en général appréciée des utilisateurs qui n’ont ainsi même plus besoin de passer par le formulaire. La mise à disposition de cette fonction à une contrepartie : les utilisateurs vont renseigner potentiellement moins d’information que depuis le formulaire. Dans mon cas, je souhaitais simplement gérer des tickets « basiques ». Cette fonctionnalité me semble donc bien adaptée.

Cerise sur le gâteau, si un utilisateur répond à un mail de notification envoyé par GLPI, sa réponse ira automatiquement s’ajouter au suivi du ticket.

Mon cahier des charges est le suivant. Dans la configuration mise en place dans GLPI, chacun de mes clients est associé à une entité. Je vous renvoie vers la documentation de GLPI pour comprendre cette notion. Lorsqu’un email est reçu, le ticket créé doit être rattaché à la bonne entité. Pour déterminer quelle entité est concernée, nous allons tout simplement utiliser le nom de domaine de l’adresse mail de l’émetteur.

Voici les différentes étapes de configuration à réaliser dans GLPI. Nous verrons à la fin la « petite » subtilité qui a bien failli me rendre chèvre.

Configurer un collecteur.

Vous devez au préalable disposer d’un compte mail qui sera chargé de recevoir les demandes utilisateurs. Aller dans le menu « Configuration » puis « Collecteurs ». Cliquer sur le petit « Plus » et compléter le formulaire pour configurer l’accès au compte mail. Dans mon cas j’utilise le protocole POP en SSL pour relever la boîte mail. Voici le lien vers la documentation correspondante.

Pour automatiser l’activation du collecteur, une action automatique appelée « mailgate » est disponible. L’exécution des actions automatiques se fait lorsque quelqu’un utilise GLPI. Pour vous assurer que les mails seront traités au plus tôt, je vous conseille d‘automatiser sur le serveur par une tâche planifiée (tâche cron sous GNU/Linux) l’exécution des actions automatiques.

Nous avons donc maintenant nos mails qui sont automatiquement relevés par GLPI. Passons à l’étape suivante

Configurer la création des tickets dans la bonne entité

Pour cela, nous allons utiliser les « règles » de GLPI accessibles depuis le menu « Administration » puis « règles ». Dans la liste affichée, nous allons nous intéresser à celle nommée : « Règles pour assigner un ticket créé grâce au collecteur de courriels ». C’est ici que tout va se jouer. Vous devez pour chaque entité ajouter une « sous-règle » comme celle présentée ci-dessous.

regleLe critère de cette règle est basé sur la présence du nom de domaine. L’action consiste à assigner le ticket à l’entité correspondant au domaine. Pensez à bien activer cette sous-règle et à spécifier l’opérateur logiciel « Ou ».

Sélection_012 Le petit truc important

Par défaut, GLPI est configuré pour ne pas accepter la création de tickets « anonymes ». Autrement dit l’adresse mail de l’émetteur doit être connue de GLPI ce qui suppose que vous lui ayez créé un compte. Un petit détail qui m’a mis dans un état de grande perplexité durant un moment. Je testais avec des adresses mail d’émetteur qui n’existait pas dans la base GLPI, donc pas de création de tickets. Pour lever cette limite, il faut aller dans le menu « Configuration » puis « Genéral » et sur l’onglet « Assistance ». A vous de voir bien entendu si cela est opportun dans votre cas d’usage.

Sélection_013Attention dans ce cas, si l’adresse mail de votre support reçoit du spam, cela créera des tickets qu’il vous faudra nettoyer.

Vous voilà prêt à répondre à tous les mails de demandes de vos utilisateurs :-) Il y a peut-être plus simple, dans ce cas les commentaires vous sont ouverts !


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 27/09/2014. | Lien direct vers cet article

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Owncloud reproduit-il les erreurs de MySQL ?

mercredi 24 septembre 2014 à 07:57

owncloud-logoOwncloud fait partie de ces logiciels libres qui ont le vent en poupe et à juste raison. Pour faire simple, cet outil peut-être qualifié de Dropbox libre. Ses fonctionnalités de partage de fichier couvrent en grande partie celle du service en ligne de stockage américain.

Mais Owncloud va plus loin et intègre d’autres applications comme un système de gestion d’agendas ou de contacts. Il est également possible d’intégrer des applications tierces comme le webmail Roundcube.

En quelque sorte, Owncloud se transforme en un intégré que l’on compose avec les applications qui nous sont utiles. Une approche tout à fait séduisante et qui permet d’envisager une simplification de son informatique personnelle ou de son entreprise. Au demeurant je fais partie de ses utilisateurs pour les fonctions de partage de fichiers. Je le recommande même dans mon guide de solutions informatique pour les TPE. Pour les autres fonctions de webmail, d’agenda et de contacts, je continue de préférer mon groupware SOGo.

Sur le sujet des mails d’ailleurs, le développement d’un webmail spécifique à Owncloud est en cours. Je suis cependant un peu dubitatif sur l’intérêt de développer un énième webmail alors que Roundcube le fait très bien et qu’il suffirait (il me semble) d’automatiser un peu plus son installation au sein d’Owncloud.

Quel rapport avec MySQL ?

Je me suis un peu penché sur l’évolution d’Owncloud sur le versant entreprise. Car Owncloud n’appartient plus à ce que l’on appelle la sphère non marchande du logiciel libre constitué d’associations et de développeurs bénévoles. Derrière Owncloud se trouve une entreprise portant le même nom. Sur le site de celle-ci, on peut voir qu’il existe une version professionnelle accessible en échange du paiement d’un abonnement qui donne accès à du support, mais pas uniquement.

Soyons clairs, je ne critique nullement le fait de proposer du support payant. C’est indispensable à la survie de cette entreprise et au financement des développements d’Owncloud. Mais ce n’est pas que du support. C’est aussi :

Un modèle qui n’est pas sans rappeler celui de la base de données MySQL. Au passage si le développement d’un client mail peut-être considéré comme une idée pertinente pour offrir une solution globale, elle peut aussi être vue comme une façon de s’assurer le  contrôle de tous les droits d’auteurs afin de garantir le modèle à double licence. L’utilisation de Roundcube et de la licence GPL rend la chose plus délicate probablement. Comme indiqué dans le fichier « CONTRIBUTING » pour participer au code de l’application mail d’Owncloud, il faut signer un accord de contribution.

Je ne sais pas comment le projet Owncloud va évoluer, mais il est désormais soumis aux aléas des rachats d’entreprises et aux stratégies de monétisation « traditionnelle » et aux conflits juridiques qui vont avec. Sur ce dernier point, je vous renvoie sur le nouvel opus de la communication autour du procès Bluemind vs Linagora mettant dans la boucle un acteur non marchand comme Framasoft. Ce modèle de l’entreprise unique qui détient les droits et porte un logiciel libre ne favorise guère le développement d’un logiciel vraiment libre sur le long terme. Il existe des contre-exemples,mais encore n’ont-ils pas l’ancienneté d’un projet comme MySQL. Tout tient souvent dans la volonté du dirigeant fondateur.

Il n’en reste pas moins vrai qu’à ce jour, c’est le modèle le plus efficace  pour permettre le développement rapide de logiciels aboutis hélas plus ou moins libre. Si Owncloud a encore de progrès à faire sur le plan technique, il réussit régulièrement à lever des fonds privés pour accélérer son développement. Mais quelles sont les contreparties de ces apports, quel impact sur la stratégie commerciale et par rebond sur la portion de code libre mis à disposition, seul l’avenir le dira.


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 24/09/2014. | Lien direct vers cet article

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Les gamins adeptes du zapping ? Pas mieux les parents !

vendredi 19 septembre 2014 à 20:33

Route de nuitDans la série article #3615Mylife, petit retour d’impression après une très longue soirée que je m’en vais vous expliquer.

Le point de départ, une réunion de parents d’élèves au Lycée de ma fille. Comme d’habitude les parents ont le choix traditionnel entre la PEP et la FCPE pour éviter l’achat des bouquins de cours. Cette année la PEP fait une promo avec une blouse et une trousse gratuite en prime. C’est le succès assuré :-) . Mais madame a des convictions et reste fidèle à la FCPE.

Nous voilà donc membres de la FCPE et en toute logique conviés à l’assemblée générale annuelle. Là c’est monsieur qui s’y colle, moi en l’occurrence. Pour la petite histoire, notre fille a choisi de faire une seconde générale en lycée agricole et du coup en internat. Tout cela pour deux raisons : ne plus avoir à supporter sa petite sœur toute la semaine et avoir accès à l’option hippologie. Quand on dit que notre jeunesse fout le camp et ne sait pas ce qu’elle veut en voici la preuve contraire !

A l’arrivée au lycée, je suis le fléchage digne d’une grande messe jusqu’à la salle accueillant l’AG. Constatant la taille de la salle et le nombre de personnes présentes je reviens sur Terre. Nous n’aurons probablement pas besoin de plus de deux mains et de dix doigts pour compter les présents. Je ne sais pas pourquoi, mais je reste un éternel candide, je pensais que nous saurions au moins une bonne vingtaine…

Une centaine de membres parent pour à l’arrivé un petit 8 % de participation. Je ne devrais plus m’en étonner. Toujours à propos de nos gosses, « on » dit qu’ils ne tiennent plus dans la distance, ne savent plus s’investir comme dans le passé, passent leur temps à zapper, etc. Tout ça, c’est la faute à internet, YouTube, les supermarchés… Mais force est de constater que les parents ne valent pas mieux. En fin de compte nos gosses ne sont que le reflet de ce que nous sommes devenus.

Je passerais sur le difficile moment où il fallut que quelqu’un se désigne pour être président, moment que j’ai si souvent vécus dans d’autres associations. Un poste que j’ai assumé pendant cinq années dans mon AMAP avec grand plaisir et que j’ai cédé à « El Presidente » que je bisouille s’il passe par là.

Je me suis donc lâchement contenté de boucher les trous à des postes de suppléants ou en titulaire de commission qui n’ont pas lieu ou presque. Il arrive un moment ou multiplier les engagements revient juste à ne plus être engagé nulle part…

Je finirais juste par le retour vers minuit après avoir cherché comment sortir du lycée, la barrière refusant obstinément de s’ouvrir. Heureusement, une voiture de jeunes rentrant d’une virée je ne sais où (mais que faisait-il dehors à cette heure-ci et j’imagine qu’il s’agissait tous d’élève de BTS…) nous a donné le code magique pour ouvrir la barrière. Évidemment l’entrée d’autoroute qui devait me permettre de rentrer chez moi en 30 minutes était fermée, ce qui m’a valu quelques petits tours de roue supplémentaires sur la route nationale et un ultime détour à cause d’un pont fermé à la circulation. Un pur bonheur :-) .

 


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Article original écrit par Philippe Scoffoni le 19/09/2014. | Lien direct vers cet article

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