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CaptainFact, un service collaboratif de vérification des faits (fact-checking)

jeudi 17 décembre 2020 à 08:49

La vérification par les faits (fact-checking en anglais) est une pratique journalistique qui a toujours existé. Cependant, l’augmentation massive de la quantité d’informations à disposition des citoyen⋅nes (via les chaînes d’informations en continu, les médias en ligne, les réseaux sociaux, etc.) pose la nécessité de vérifier dans quelle mesure ces informations sont conformes aux faits auxquels elles se réfèrent. C’est pourquoi de nombreux services de fact-checking ont vu le jour ces dernières années, souvent portés par des médias traditionnels.

Il y a déjà quelque temps, on avait entendu parler de CaptainFact, un service collaboratif de vérification des faits, et certain⋅es parmi nous avaient installé l’extension dans leur navigateur. Parce qu’on souhaitait en savoir plus sur leur service, on leur a proposé de répondre à quelques questions.

 

Alors, c’est quoi exactement CaptainFact ?

CaptainFact c’est une plateforme collaborative et open source de vérification des faits. Aujourd’hui elle permet de vérifier les vidéos Youtube et Facebook, en direct ou a posteriori. Demain nous espérons pouvoir vérifier tous types de contenus, comme des articles et d’autres pages web. Le but est de contrer la désinformation et les fake news, au profit de plus d’esprit critique et d’une meilleure qualité de l’information !

présentation de CaptainFact.io en vidéo

C’est pour qui ?

L’outil est intuitif et peut être utilisé par tout le monde. Il s’adresse néanmoins particulièrement :

Qui est à l’origine de ce projet ?

Le projet est né de la réflexion de Benjamin Piouffle, développeur, à l’approche des présidentielles de 2017. Il faisait le constat qu’il n’y avait aucun outil permettant d’éclairer le débat politique, aucun moyen pour un votant de vérifier ce que les candidats affirmaient. De ce constat, Il a conçu une version bêta de CaptainFact, avec l’ambition de permettre la vérification de toutes sortes de sujets sur la base d’une vidéo. Puis il s’est entouré d’utilisateurs investis sur la plateforme. Certains sont devenus Ambassadeurs du projet, d’autres ont apporté leurs contributions intellectuelles et d’autres encore ont soutenu le projet par quelques dons.

conférence TEDx de Benjamin Piouffle : Pour mieux décider, reprenons en main l’information

Aujourd’hui, comment fonctionne concrètement CaptainFact ?

Sur CaptainFact, à la manière de ce qui se passe sur Wikipédia, les utilisateurs du site s’entraident pour vérifier des informations en trois étapes :
– la vidéo est ajoutée sur le site
– les informations à vérifier sont extraites de la vidéo
– la communauté confirme ou réfute les citations extraites avec des sources

Ensuite, les vérifications apparaissent à l’écran de tous les utilisateurs de l’extension navigateur de CaptainFact lorsqu’ils regardent une vidéo YouTube. Lorsqu’un contributeur source une information sur CaptainFact, tous les internautes qui consultent cette information voient aussi sa vérification grâce à l’extension navigateur.

Interface des échanges sur un contenu vidéo

C’est quoi cette histoire de points à collecter ? C’est pas un peu infantilisant ? Pis d’abord qui décide de les attribuer et pour quoi faire ? (j’ai rien compris, moi)

Il s’agit de points de réputation. Chaque contributeur obtient des points en fonction de sa participation sur la plateforme. Plus vous obtenez de points et plus vous obtenez de possibilités sur la plateforme. Cette approche permet de donner un certain « crédit » aux utilisateurs qui ont reçu des votes positifs pour la qualité de leurs contributions. Ces points étant pour la plupart obtenus par les votes de la communauté sur les contributions, cela permet aussi de nous prémunir contre les intentions malveillantes, car un utilisateur qui fait de mauvaises contributions sera rapidement sanctionné par la communauté.

Pourquoi la vérification collaborative serait-elle plus fiable que le fact-checking d’équipes dédiées ? Pourquoi devrais-je avoir plus confiance en CaptainFact qu’en d’autres fact-checkers ?

Edward Snowden décrit bien pourquoi le fact-checking mérite tant d’être effectué par tous les citoyens, plutôt que de se reposer seulement sur des groupes d’experts ou sur une autorité de confiance :

Le problème des fake news ne se résout pas par l’action d’une autorité, mais plutôt parce que nous, en tant que participants, en tant que citoyens, en tant qu’utilisateurs de ces services, nous coopérons les uns avec les autres. En débattant et en échangeant nous pourrons isoler ce qui est faux et ce qui est vrai.

Des médias spécialisés dans le fact-checking comme CheckNews ou les Décodeurs sont importants, mais peuvent être sujets à des biais, à cause de leur ligne éditoriale, de la sélection de leurs sujets, leur manque d’exhaustivité, des conflits d’intérêt financier, etc. Aussi, ces initiatives laissent toujours les citoyens spectateurs, passifs et consommateurs de l’information.

Sur CaptainFact, tout le monde peut initier ou contribuer à une vérification. Sans prétendre pouvoir apporter une vérité absolue, le fact-checking collaboratif permet des vérifications tout aussi plurielles qu’il y a de contributeurs, d’opinions et d’horizons différents.

Dans votre manifeste vous vous dites « neutre ». Quelle est la neutralité vers laquelle vous tendez au juste ?

La neutralité sur CaptainFact consiste à ne pas prendre position autrement que par la vérification ou la contextualisation sourcée des informations. CaptainFact met à disposition un outil technique neutre, car il permet à tous de vérifier les informations de son choix, de manière démocratique, sans contraintes éditoriales.

Une grosse proportion des sources controversées sont politiques (au sens étroit ou au sens étendu). Comment rester « neutre » ?

Nos vies sont régies par la politique, au sens de l’organisation de la cité. Toutes les décisions prises sont d’ordre politique, il est donc important d’orienter les personnes sur la teneur des discours, afin de ne pas biaiser leurs choix politiques. Nous avons tous au sein de l’équipe nos idées et convictions, et le potentiel démocratique du projet lui donne une dimension politique, mais nous souhaitons fournir un outil qui permette à l’internaute de se forger sa propre opinion, sans l’influencer. Lorsqu’une vidéo est vérifiée sur CaptainFact, elle n’a pas pour but de tirer une conclusion définitive sur l’intervenant, mais bien de contextualiser ou mettre en évidence ce qui est juste, ce qui est faux, voire ce qui est invérifiable.

Vous ne craignez pas d’être euh… « noyautés » par des groupes d’influence de tous poils ? Comment vous pensez vous préserver de divers biais ?

Le risque existe, mais nous nous efforçons d’attirer différentes communautés pour maintenir une diversité des utilisateurs. Finalement, plus on attirera des groupes de tous bords, plus on aura une richesse des contributions. Et comme tous ces groupes seront soumis aux votes de la communauté des utilisateurs de CaptainFact comme n’importe quelle contribution, nous pensons que le pouvoir de l’intelligence collective saura nous préserver de biais liés à des groupes d’influence.

CaptainFact a fait le choix des logiciels libres pour son site web, mais continue à utiliser de nombreux services proposés par les géants du web (Discord, YouTube, Facebook), il reste encore du chemin à faire, non ?

Et pas qu’un peu ! L’idéal serait effectivement de se passer des géants du Web. Le problème à l’heure actuelle, c’est que ces plateformes sont les plus importantes à fournir du contenu. Pour pouvoir toucher le plus grand nombre d’internautes sur le travail réalisé sur CaptainFact, l’utilisation de ces plateformes nous parait indispensable, en attendant la bascule vers de nouveaux outils plus éthiques, plus respectueux des données privées et plus transparents.

Il faut également tenir compte de l’aspect technique, ajouter la possibilité de vérifier des vidéos sur PeerTube par exemple, nécessite du développement, mais nous manquons de temps et de ressource pour développer cette possibilité. Mais nous essayons de nous affranchir de ces géants étape par étape, par exemple nous utilisons Framapad pour écrire ce fabuleux article de manière fabuleusement collaborative ! Et le forum que nous avons mis en place il y a quelques mois utilise le logiciel Discourse.

Animation de la rédaction collaborative sur Framapad des réponses à cette interview

Quels sont vos projets à venir ?

Nous avons plein d’ambitions pour CaptainFact, mais nos priorités du moment sont de :

Et comme souvent sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !

Merci ! En fait on vous cache pas que comme beaucoup de projets libres, pour continuer d’évoluer, CaptainFact est en galère de dev ! Donc si vous connaissez un dev (ou si vous êtes un dev) qui veut à la fois lutter contre la désinformation et jouer avec de l’Elixir, du Phoenix et du React : contactez-nous !

Contact : https://captainfact.io/help/contact
GitHub : https://github.com/CaptainFact

Le Framablog audio est né : enfin quelques bonnes ondes pour faire vibrer la fin de l’année !

mercredi 16 décembre 2020 à 08:53

Écouter certains des articles de ce blog est désormais possible grâce aux contributions de Sualtam. A l’occasion de la publication de la chaîne Lectures du Framablog sur https://framatube.org/, on vous propose une petite interview de ce lecteur hors pair.

Antoine — aka Sualtam quand il lit — est prof de philo en lycée. Il a créé il y a quelques années le site http://lecture-audio.fr pour y publier ses lectures d’ouvrages classiques, une petite vingtaine à ce jour. Sous licence libre bien entendu.

25 œuvres lues sur http://lecture-audio.fr/

Certains membres de Framasoft avaient pris l’habitude d’écouter sa belle voix grave et envoûtante déclamer Platon, Aurèle, Montaigne, Kant, Nietzsche, Alain… Et puis, une fois n’est pas coutume, nous ne faisons pas preuve de la moindre retenue face aux géants de la pensée. On vous donne le sujet : « L’audace de la Boétie ou les facéties proutesques du framablog, faut-il choisir ? Vous avez quatre heures, aucun document ni appareil électronique n’est autorisé pendant l’épreuve. ».

En tous cas, se retrouver sur des étagères MP3 ou OGG à côté du Discours de la Servitude Volontaire ou du Gai savoir, ça nous allait bien. Alors on a demandé à Sualtam :
— Tu veux pas nous lire ?

Et il a dit :
— OK, je tente.

Et voilà, ça y est, Sualtam nous a lu.es. On aime BEAUCOUP le résultat et on le remercie ÉNORMÉMENT. On espère que vous aussi et que demain, si vous voulez, en voiture, en métro, à pied, en vélo, en faisant la cuisine ou le ménage, juste en restant assis dans un fauteuil, vous vous offrirez quelques minutes du Framablog audio. Mais avant cela, on vous invite à lire cette petite interview de Sualtam.

Bonjour Sualtam ! Est-ce que tu peux nous raconter un peu qui tu es ? Ton parcours, ce qui compose ta vie…
Bonjour, je suis prof de philo dans un lycée du côté de Poitiers. Je suis très content de cet état : j’ai une vie professionnelle riche en aventures diverses et j’espère que ça continuera. J’aime avoir du temps et je le perds volontiers dans des petites choses comme la lecture de livres audio ou l’observation du temps qui passe.

Est-ce que la lecture orale est quelque chose que tu fais depuis longtemps ? Vu la qualité de l’enregistrement, j’aurais tendance à penser que oui… mais qu’en est-il réellement ?
Quelques années en dilettante. J’aime les voix depuis longtemps, j’ai travaillé un peu la mienne en faisant du théâtre. D’un autre côté, je suis tombé sur un site internet qui proposait des livres-audio réalisés par des amateurs de manière bénévole. J’ai d’abord consommé puis j’ai eu envie de leur apporter ma contribution. J’ai fini par développer mon propre site pour proposer mon travail aux auditeurs.

Est-ce que tu peux nous parler de lecture-audio, raconter aux lecteur·ices qui passent par ici ce que c’est ?
J’y propose des versions audio de classiques de la philosophie : Platon, Descartes ou Kant mais aussi des auteurs moins célèbres comme Bakounine (un des penseurs de l’anarchisme). On hésite souvent à se lancer dans la lecture d’un ouvrage de philosophie, on craint l’aridité des concepts. Pour ma part, j’estime qu’il suffit de savoir lire pour découvrir des merveilles au détour de certaines pages. J’ai fait le pari que la lecture-audio dans la mesure où elle empêche le lecteur de revenir en arrière pour s’assurer qu’il a tout compris lui offre des découvertes inattendues.

Et qu’est-ce qui t’as amené à créer cette audiothèque ?
Le peu d’ouvrages de philosophie proposés en livre audio et ma paresse. Je ne lisais plus d’œuvres dans leur intégralité, je puisais ça et là les passages les plus célèbres pour alimenter mes cours. En lisant pour d’autres, je suis contraint de tout lire et comme c’est un travail qui demande du temps et de l’obstination, j’abandonne rarement en chemin.

Est-ce que tu contribues aussi à des audiothèques pour les personnes atteintes d’un handicap visuel ?
Non, je n’ai proposé mon travail à aucune association. Je suis assez peu porté sur la communication et la publicité. Du coup mon auditorat est sans doute très limité. Pour autant, j’ai pu constater que la plupart de mes productions se retrouvaient miraculeusement sur YouTube notamment, ce qui leur donne une visibilité plus grande et leur permettent sans doute de toucher ce type de public.

Un petit point technique : quels matériels et logiciels utilises-tu pour produire tes enregistrements ?
Je fais ça dans mon salon, j’utilise un micro électrostatique relié à un enregistreur Zoom. La qualité de sortie est suffisante pour me permettre de me contenter d’Audacity pour le montage, qui consiste pour l’essentiel à retirer les erreurs de lecture des pistes.

Il est indiqué que l’ensemble des productions de lecture-audio sont diffusées sous la Licence Art Libre. Comment as-tu rencontré les licences libres et qu’est-ce qui fait que tu utilises celle-ci pour tes lectures ?
Un ami, qui est d’ailleurs la cause de ma présence parmi vous, s’intéresse de près à ces questions. C’est à lui que je dois notamment la découverte de cette licence. Pour le reste, je suis heureux qu’existent des communautés qui s’efforcent de développer ce genre d’alternatives au capitalisme. Alors, si je peux apporter ma petite pierre à l’édifice je suis content, d’autant que je profite largement du travail des autres.

Est-ce que tu vois des liens entre ta vie personnelle ou ta pratique professionnelle et le monde du libre ?
Non, pas vraiment. Je suis un peu trop solitaire pour m’investir vraiment dans une communauté. Pour autant je soutiens pleinement ces initiatives. Je suis convaincu que l’appétit démesuré de notre époque pour les données personnelles détourne les individus d’éléments essentiels qui constituent pourtant leur humanité. Des associations comme la vôtre me permettent de résister un peu à cet élan. Dans le cadre de mon enseignement, je ne cache pas à mes élèves mes inquiétudes, je m’efforce de semer des graines qui lèveront je crois chez certains.

Merci ! Un petit mot de la fin ?
Oui, « longue vie à Framasoft », je ne doute pas que votre association continuera à faire des petits.

Les lectures audio de Sualtam sont désormais disponibles sur la chaîne Lectures du Framablog. On y trouve déjà une petite dizaine de titres et la chaîne continuera de s’enrichir au fil du temps.

Ce que Framasoft aimerait faire en 2021 grâce à vos dons

mardi 15 décembre 2020 à 08:47

Pour l’année 2021, Framasoft a encore de nombreuses envies (ça, on n’en manque jamais !) : éducation populaire au numérique, développement des logiciels que nous maintenons et actions pour participer à la re-décentralisation du web.

À noter :

Nous vous présentons ici les principales actions que nous prévoyons de mener l’année prochaine. Cependant, si 2020 nous a confirmé quelque chose, c’est que rien n’est acquis, que tout peut être chamboulé. Il ne s’agit donc pas ici d’une roadmap (feuille de route) gravée dans le marbre, mais bien d’un instantané de notre to do list (ou « liste des choses à faire ») pour 2021.

Voilà donc ce que nous envisageons de faire l’an prochain, si le monde ne nous fait pas réviser nos plans en plein milieu de l’année et si nous le pouvons. Nous espérons que vous nous donnerez les moyens de le réaliser en rejoignant nos donateurs et donatrices.

Prendre plus de temps pour développer des outils éthiques

En 2021, Framasoft va bien évidemment continuer à travailler sur les logiciels que l’association développe depuis plusieurs années. Cependant, nous ne prévoyons pas de collecte dédiée à l’un de ces logiciels pour cette année.

En effet, si animer une collecte permet de faire connaître une initiative tout en la finançant, c’est aussi, souvent, le début d’un sprint pour coder des fonctionnalités phares dans les temps annoncés.

Cette année, nous voulons travailler sur des améliorations, des outils d’appropriation, des fonctionnalités peut-être moins sexy mais tout aussi importantes. Nous voulons aussi prendre le temps de mieux nous adapter à vos retours et vos besoins.

image ronde d'une planète imaginaire sphérique plantée d'arbres, des vaisseaux à voile l'environnent dans un espace bleu clair, couleur dominante.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

 

Trouver une communauté pour (le logiciel) Framaforms

Théo passera encore quelques mois avec nous en 2021 pour poursuivre le travail déjà bien engagé sur le logiciel qui propulse Framaforms : résolution de bugs et ajout de fonctionnalités demandées par les utilisateur⋅ices. Toutes ces améliorations font que Framaforms pourra bien plus facilement être utilisé et administré.

Théo a d’ailleurs pour mission de faire émerger une communauté de contributeur⋅ices autour de ce logiciel afin que son évolution ne repose pas exclusivement sur notre petite association. Un site web de présentation verra le jour dans les mois à venir.

Nous espérons vivement que d’autres vont s’intéresser à cette solution et continuer de la faire vivre et évoluer, car Framaforms est un de nos services les plus utilisés. Le besoin de formulaires libérés des griffes de Google est grand, le Libre a des arguments solides dans ce domaine, et l’effort de développement ne peut pas reposer uniquement sur les épaules de notre association.

un pingouin avec un casque qui rappelle Astérix chemine sur la nanquise, est arrêté par un soldat romain au bouclier arboran le G de Google, qui lui réclame les résultats des résultats des sondages et formlaires. L'animal envoie loin dans le cile le soldat d'un magistral coup de poing et plante sur la banquise un arbre intitulé Framaforms.

Animation créée par Gee (CC-By-SA) en 2016, pour la sortie de Framaforms

Slidewalker, une alternative à Slideshare et Scribd

Voilà une idée qui nous démange depuis quelques années… Créer un logiciel libre pour que des hébergeurs web puissent proposer un service d’hébergement et de consultation de documents en ligne, une alternative à slideshare ou scribd.

Slidewalker permettrait d’y envoyer des documents (pas uniquement des diaporamas) en formats ouverts (open documents) ou en pdf. Bon, pour les personnes qui utilisent des formats fermés (docx, xlsx, pptx…) on trouvera bien une solution pour convertir ça en pdf au passage, hein. Mais si vous voulez mieux, faudra demander à Microsoft d’ouvrir les formats de ses fichiers propriétaires !

Une fois hébergés, ces fichiers pourraient être décrits, consultés, intégrés dans une page web, ouverts aux commentaires (ou pas, hein, c’est pas obligé !). On imagine même des fonctionnalités de groupes, de quotas… ce ne sont pas les idées qui manquent.

Cependant, nous sommes réalistes et savons que nous ne les réaliserons pas toutes en 2021, ni pour la v1 de ce projet. Par exemple, nous n’envisageons pas de faire un outil fédéré sur ce coup-là ! Nous ne savons même pas si nous proposerons une instance ouverte de ce logiciel.

Nous avons envie d’un outil modeste et efficace, qui fait le job sans fioriture. À ce jour, nous n’en sommes qu’à l’imaginer, rendez-vous en 2021 pour voir comment cette envie se concrétisera (et si on y parvient !).

dan sl'herbe, trois peintres au travail. Au premier plan, une boîte d'aquarelles et un carnet de dessins à spirale.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Consolider PeerTube vers sa v4

Comme nous vous l’avons indiqué à de multiples reprises, nous prévoyons de sortir la v3 de PeerTube intégrant la diffusion de vidéos en direct et en pair à pair en janvier 2021. Cependant, ce « live » sera dans un premier temps minimaliste (pas d’outil de chat, pas de réactions, etc.) et il sera sûrement nécessaire de le faire évoluer, d’y ajouter des outils. Nous envisageons donc des mises à jour au regard de vos retours, que ce soit au niveau de l’interface ou en complément à cette fonctionnalité majeure.

Sepia la mascotte dans une nacelle de ballon qui pour l'instant n'a pas quitté l'herbe. Le ballon est en forme de V3 (allusion à la version 3 de peertube à venir)

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

En 2020, notre designer associée, Marie-Cécile Godwin, a réalisé plusieurs entretiens avec des vidéastes, des administrateur⋅ices d’instances et des internautes souhaitant visionner des vidéos ailleurs que sur les plateformes des géants du web. Ces entretiens ont confirmé nos impressions : tomber sur un logiciel fédéré (PeerTube) quand on s’attend à trouver une plateforme vidéo (« à la YouTube »), c’est déroutant !

Google et ses collègues de bureaux nous ont mal habitué⋅es, et il est difficile pour les internautes d’appréhender les principes du web décentralisé et de la fédération… Nous aimerions donc réussir en 2021 à faciliter cette compréhension.

Nous envisageons plusieurs modifications notables de l’interface, par exemple en y insérant des éléments pédagogiques. Nous aimerions que les internautes qui visitent ExempleTube puissent facilement voir si telle vidéo est hébergée par ExempleTube ou si elle se trouve sur les disques durs d’une instance fédérée à ExempleTube. Pouvoir identifier la provenance d’une vidéo d’un regard, cela peut tout changer, que ce soit pour le spectateur, la vidéaste ou l’admin qui héberge l’instance.

Nous aimerions aussi améliorer la découvrabilité des contenus hébergés par une instance, que ce soit des vidéos ou des chaînes. Notre moteur de recherche SepiaSearch est un merveilleux outil pour rechercher des vidéos, mais il faut savoir ce que l’on cherche.

Pour les personnes qui veulent juste naviguer, il n’y a pour le moment que cette page de JoinPeertube qui vous propose une sélection de vidéos, de chaînes et d’instances. Nous aimerions donc créer un outil pour que les administrateur⋅ices d’instances puissent mettre en valeur, voire recommander certains contenus. On pourrait aussi permettre aux vidéastes de davantage personnaliser leurs chaînes PeerTube par la mise en avant d’une vidéo, en réorganisant leurs playlists, en ajoutant une bannière ou en recommandant d’autres chaînes.

la mascotte Sepia qui promeut SepiaSearch avec une loupe et un chant de recherche

Cliquez pour découvrir SepiaSearch

Développer le Mobilizon qui vous servira

En publiant fin octobre la première version de Mobilizon, nous avons démontré qu’il est désormais possible pour celles et ceux voulant se rassembler, se mobiliser et s’organiser, d’utiliser un outil libre et fédéré. Nous avons hâte d’améliorer Mobilizon en 2021.

Nous aimerions, par exemple, prendre en compte plusieurs retours qui nous ont été faits ces dernières semaines, en mettant en place un système pour voir facilement l’activité d’un évènement auquel on s’est inscrit, ou les nouveaux contenus publiés dans les groupes qu’on a rejoints.

Mais on ne veut pas non plus vous submerger de notifications, ni vous proposer une pâle copie du fil d’actualités proposé par Facebook et consorts. Ce serait totalement contraire à l’esprit de sobriété attentionnelle que nous avons voulu pour cet outil. Nous allons donc prendre le temps nécessaire d’imaginer le système le plus approprié et pour cela, nous continuons à travailler avec Marie-Cécile Godwin car il nous semble que nous sommes davantage face à une complexité de design qu’à une problématique de code.

des chatons joignent joyeusement leurs rayons magiques pour sculpter une icône taille menhir du symbole de localisation, tel qu'on le voir sur la cartographie en ligne pour déterminer un point précis

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Nous pensons aussi à améliorer la découvrabilité des évènements. Dans le menu ‘Explorer’, vous avez actuellement la possibilité de rechercher des évènements par localisation géographique. Mais un affichage sur une carte pourrait être une autre façon de rendre visibles les évènements qui se déroulent à proximité de chez vous.

Vous avez été nombreu⋅ses à nous indiquer ne pas comprendre ce qui était sélectionné dans la section « Évènements à la Une » ou dans la section « Ces évènements peuvent vous intéresser » qui s’affiche en bas des pages évènements. Nous allons donc essayer de rendre plus compréhensibles les critères de ces sélections (titre, tag, date, lieu, etc.).

Enfin, nous prévoyons de créer un espace dédié aux différentes contributions sur JoinMobilizon (retours, questions, traductions, code et aide à l’installation, etc.). Nous pourrons ainsi prendre connaissance de vos envies concernant cet outil et sûrement ajouter des fonctionnalités auxquelles nous n’avons pas encore pensé.

chatons multiciolores qui se tiennet la patte, forment un cercle, vu de haut, à la manière des ballets nautiques d'Esther Williams dans les films hollywoodiens

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Décentraliser pour ne pas concentrer les pouvoirs

Les géants du web, c’est une poignée d’entreprises qui a réussi à ce que l’on passe le plus de temps possible devant nos écrans, pour mieux décider de ce qui va s’y afficher.

Plus il y a de monde utilisant leurs outils, plus ils ont de pouvoir, plus il est compliqué pour chacun·e d’entre nous d’utiliser des outils alternatifs.

Nous le constatons même à notre niveau (énorme pour une petite association loi 1901, mais ridiculement petit par rapport à Google, par exemple). Plus un de nos services est utilisé, plus il attire les usages problématiques (modération, spam) et plus cela pose des problèmes de déséquilibre (et beaucoup de cas de conscience pour notre équipe lorsque l’on doit trancher !).

La solution à cela, c’est de proposer encore et toujours plus d’hébergements de services variés. C’est une vérité que l’on va devoir accompagner sur plusieurs années : se dégoogliser c’est bien, c’est déjà énorme, et cela ne suffit pas. Ce n’est que la première étape pour décentraliser ses usages numériques.

planète "arbre" au-dessus des nuages et qui abrite notre planète bleue. Quelques chatons figurent autour, certains descendent d'un volcan qui fume.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Proposer des alternatives à certains Frama-services

Framasoft continuera en 2021 à transformer certains de ses services en portails vers ces mêmes outils, mais installés chez d’autres hébergeurs de confiance, le plus souvent membres du collectif CHATONS. C’est déjà le cas pour les services que nous avons fermés en 2020 : Framabee, Framanews et Framastory.

capture d'écran de divers hébergeurs ou services alternatifs qui proposent des lecteurs de flux rss

Voici, par exemple, la page des alternatives à Framanews.

Très prochainement, nous fermerons les services Framapic, Framavectoriel, Framaclic, MyFrama et l’ancienne version de Framindmap, pour les remplacer par une page « Alternatives », similaire à celle ci-dessus. Mi-2021, ce sera au tour des services Framasite, Framawiki, Framaboard, Framanotes, Framabin, Framabag et Framacalc de présenter des alternatives, comme nous l’avons expliqué dans cet article.

Nous allons aussi restreindre l’usage de certains services dans l’année. Ainsi, il ne sera bientôt plus possible de raccourcir de nouveaux liens via Frama.link, mais les urls déjà raccourcies continueront à fonctionner. Nous allons aussi fermer les inscriptions sur Framasphère et Framapiaf (mais si vous avez déjà un compte, rien ne va changer pour vous).

En revanche, contrairement à ce qui est indiqué sur notre calendrier de fermetures, nous pensons ne pas restreindre le service Framalistes cette année. Les alternatives (même sous un autre logiciel libre) sont rares, et c’est un service d’autant plus utilisé en période de distanciation sociale. Nous avons décidé de ne pas restreindre ce service le temps de trouver une solution durable.

Plus généralement, début 2021, nous allons repenser nos plans pour « déframasoftiser Internet ». Sans remettre en cause la démarche, voilà plus de 2 ans que nous avons commencé à imaginer ce calendrier. Depuis, le monde a bien changé, le paysage du logiciel libre aussi : il est temps d’une petite mise à jour !

Illustration de David Revoy - paysage onirique. une jeune fille au pied d'un poteau indicateur avec plusieurs directions indique l'une de ces directions à un groupe de trois pingouins randonneurs. En arrière-plan, d'autres trajets et promeneurs.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Soutenir le Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires (CHATONS)

En 2021, nous souhaitons aussi continuer de nous investir dans la coordination du collectif d’hébergeurs alternatifs CHATONS.

Le nombre de structures membres du collectif croît chaque année et le nombre de services alternatifs que ces structures proposent est de plus en plus important. C’est pourquoi le collectif envisage en 2021 de revoir son site web afin que vous puissiez trouver encore plus facilement le service ou la structure qui correspond le mieux à vos besoins.

Un travail de la refonte de la litière, le wiki du collectif, est actuellement en cours et devrait prochainement vous donner accès à l’ensemble de la documentation produite par le collectif.

Enfin, CHATONS prévoit de se doter d’une nouvelle interface qui permettra à tous les internautes de prendre conscience de l’activité réalisée par les 76 structures qui le composent.

photo d echatons mignons dans leur panier, image très "calendrier des postes".

Un panier de CHATONS, parce qu’on sait que vous aimez ça !

Contribuer aux outils numériques des autres

C’est toujours très agréable de contribuer à des projets portés par d’autres structures. En 2021, nous allons continuer de soutenir des développements d’outils qui sont menés par d’autres structures et auxquels nous avons déjà apporté notre pierre.

Nous vous le présentions en 2019, Bénévalibre est un logiciel libre qui permet de comptabiliser les heures de bénévolats au sein d’une association. Si la logique du « tout comptable » ne fait pas vraiment partie de nos valeurs, il nous semble malgré tout évident qu’une telle exigence ne doit pas dépendre de logiciels propriétaires.

C’est d’ailleurs pour cela que les ami·es du groupe LibreAssociation de l’April ont porté ce développement, et que nous les avons soutenu.es. La v1 de Bénévalibre datant de septembre 2019, il y a désormais bien du recul et des utilisations pour déterminer comment y contribuer et l’améliorer en 2021.

L’association Résistance à l’Agression Publicitaire travaille sur la place de la publicité dans notre société : ce n’est pas là qu’on s’imagine trouver des devs maintenant un logiciel. Et pourtant, RAP a eu besoin d’un logiciel pour lancer des pétitions en ligne, alors iels l’ont codé !

Il y a un grand besoin de libérer les outils de pétitions des mécanismes du capitalisme de surveillance. En 2021, notre soutien au logiciel Pytitions sera logistique mais aussi financier, dans l’espoir de le faire avancer plus rapidement vers une version grand public.

un grand barbu et une jeune fille préparent une soupe dont les ingrédiens figurent sur une page de bloc au premier plan de l'image.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Contribuer à l’émancipation numérique des internautes

Nous n’allons pas pouvoir lister ici l’ensemble des actions d’éducation populaire auxquelles nous allons contribuer en 2021.

D’une part parce qu’une partie de ces actions en sera au stade de la réflexion, et que faire travailler l’intelligence collective, ça prend du temps et c’est complexe à planifier.

Par exemple, il est possible qu’en 2021 on expérimente un changement radical de paradigme et de fonctionnement au sein de la maison d’édition Framabook, ou qu’on réfléchisse aux prochains modules du MOOC CHATONS… mais c’est encore à déterminer avec les collectifs concernés.

D’autre part, parce qu’une autre partie de ces actions se font en fonction des besoins qui naissent, des volontés  qui se rencontrent, des plannings qui trouvent un moment en commun, etc.

Voici donc les grandes lignes que l’on peut tracer aujourd’hui, et il sera très amusant de comparer ce croquis avec un bilan plus complet de nos actions d’éducation populaire fin 2021.

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Vous retrouver, loin des claviers, ça nous manque !

Nous espérons qu’en 2021 les conditions sanitaires nous permettront de reprendre nos interventions, ateliers, conférences ou tables-rondes lors de rencontres physiques. Certes, la santé passe avant tout ! Respecter notre santé et la vôtre sera pour nous une condition essentielle avant d’accepter toute intervention.

Ceci étant dit, nous gardons espoir que ce soit possible, car… vous nous manquez ! C’est pour nous essentiel d’aller régulièrement à la rencontre de publics variés pour partager nos observations sur l’hégémonie des géants du web et le monde que nous préparent les entreprises du Capitalisme de Surveillance.

En attendant, nous ne manquerons pas de poursuivre nos interventions en ligne, et autant vous dire qu’il y en a déjà de prévues pour le premier semestre 2021 !

 

Promouvoir les Métacartes numérique éthique

Si (pandémie oblige) le projet a pris du retard, les Métacartes Numérique Éthique sont actuellement en phase de test auprès de plusieurs communautés, dont un prochain atelier ce vendredi 18 décembre 2020 (inscrivez vous sur mobilizon !)

Cet outil à destination des médiateur⋅ices numériques pour qu’iels puissent facilement sensibiliser aux enjeux des technologies du numérique et proposer des alternatives respectueuses des internautes devrait donc voir le jour dans le courant de l’année 2021.

Framasoft va poursuivre son soutien à cette belle initiative que nous avons hâte de voir naître en 2021 ! Pour aider la production, nous avons (entre autres) pré-commandé des jeux et espérons pouvoir diffuser ce dispositif d’animation incontournable auprès de médiateurs amateurs et médiatrices professionnelles.

le plan de travail sur les Métacartes Numérique Éthique pour les mois à venir.

Décrire le Fediverse, en une thèse ou un dessin

Lorsque nous parlons de PeerTube ou de Mobilizon par exemple, nous voyons bien que les notions de « logiciel fédéré », d’« instances » et de fédération sont complexes à aborder. Il faut dire que, ces vingt dernières années, les multinationales du numérique ont réduit le web à « un site = une plateforme = un service », laissant entendre à la majorité des internautes qu’il n’y aurait pas d’alternative.

En 2021, nous aimerions donc travailler à ce que ces notions deviennent plus abordables pour tous et toutes. Par exemple, nous avons demandé à l’association LILA (qui a réalisé pour nous la vidéo d’animation What Is PeerTube ?) de remettre le couvert pour créer quelques courtes vidéos vulgarisant des notions clés.

En parallèle, nous contribuons au financement d’une thèse de doctorat intitulée « Configurations techno-éthiques pour les médias sociaux décentralisés et fédérés » commencée à l’UTC en octobre 2020 par Audrey Guélou.

Un premier pas vers le projet de cloud Framasoft

Il y a un an, on vous parlait de notre projet de « cloud Framasoft », un service basé sur le logiciel Nextcloud permettant d’accéder aisément à une multitude d’outils collaboratifs. Entre temps, le monde a changé et notre réflexion sur ce projet a elle aussi évolué.

La crise COVID19 a en effet imposé de manière brutale et sans accompagnement de nouveaux usages numériques à une grande partie de la population. Si nous passons de plus en plus de temps à « travailler/collaborer/coopérer/échanger/produire » devant un écran, la majorité d’entre nous n’est pas très à l’aise avec ces pratiques numériques.

Nextcloud reste un logiciel libre qui peut répondre à ces besoins, notamment pour un public (associations, collectifs, etc.) en recherche d’émancipation numérique. En 2021, nous voulons consacrer du temps et de l’énergie à créer des outils de sensibilisation et de compréhension de ce qu’est (et n’est pas) Nextcloud, de ce que l’on peut faire avec, et comment… afin d’accroître vos capacités d’organisation et de collaboration.

jeune fille qui déclenche un aiguillage dans le ciel entre des traînées de nuages

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Mettre du temps de cerveau sur le projet d’Université Populaire UPLOAD

Ce projet d’Université Populaire du Libre, Ouverte, Accessible et Décentralisée (UPLOAD) a été imaginé lors de la campagne Contributopia, en octobre 2017. En 2021 nous serons encore loin de réaliser ce projet, mais nous voulons commencer à le définir plus concrètement.

L’objectif serait de mettre à disposition des internautes un espace qui leur permettra d’accéder à de nombreuses connaissances réappropriables (donc avec du contenu forcément sous licence libre) et pouvant s’adapter à de nombreux usages d’éducation populaire et d’empowerment.

C’est aussi de penser comment faciliter la vie des médiateurs et médiatrices afin que l’appropriation de ces contenus puisse être animée, en ligne et lors de rencontres physiques.

Afin de penser l’outil le plus adapté pour cela, et la contribution que nous pourrions humblement apporter dans ce milieu où tant de belles initiatives ne nous ont pas attendu.es pour se lancer, Framasoft se donne une année pour réaliser un diagnostic de ce qui existe déjà sur le sujet afin de nourrir notre réflexion sur la forme que pourrait prendre ce dispositif pour être le plus efficace.

circulant sur un nuage au-dessus d'un paysage verdoyant, deux chatons en expédition avec tout un bric-à-brac

Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Une année pour se retrouver

Soyons sincères : nous-même, à la lecture de cette énorme liste, nous demandons comment faire tout cela ! Mais à bien y regarder la plupart de ces actions sont soit la poursuite de projets et de partenariats que nous avons déjà entamés, soit les premières pistes pour concrétiser des idées qui nous faisaient déjà envie.

2020 a été, pour nous (et nous imaginons bien que c’est pour tout le monde pareil) une année particulière, où les priorités ont été bousculées, où l’on s’est un peu perdues, où l’on a été submergés.

Si on devait décrire en un mot comment on imagine 2021 aujourd’hui, ce serait « retrouver ». Retrouver nos marques, se retrouver physiquement, s’y retrouver dans nos actions. Car ce que nous n’avons jamais perdu, c’est le sens de ce que nous faisons, pour et avec vous.

En 2021, c’est vers ce sens donné à nos actions, vers ces valeurs d’émancipation numérique, de décentralisation des pouvoirs et d’éducation populaire que nous voulons mener notre barque.

Framasoft ne vivant que grâce à vos dons, nous espérons que vous nous suivrez et nous soutiendrez, une fois de plus dans une telle direction.

Soutenir Framasoft

Khrys’coronalungo du lundi 14 décembre 2020

lundi 14 décembre 2020 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)

Brave New World

Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial on gère à la néolibérale

Spécial fichage

Spécial répression, racisme, violences policières…

Spécial Résistance(s)

Soutenir – Agir

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Alors ça y est, c'est reparti pour des lungo ? - la personne de droite répond : Yep, c'est la loi de l'action-réaction... Plus tu cherches à comprimer la liberté d'expression, et plus elle éclate de partout !
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

Le logiciel éducatif GCompris fête ses 20 ans

jeudi 10 décembre 2020 à 08:02

Si je vous dis GCompris, ce nom résonnera aux oreilles de beaucoup d’entre vous. Même si nous l’avons évoqué à plusieurs reprises sur le Framablog, nous n’avons jusqu’ici jamais eu le plaisir de consacrer un article à cette référence du jeu éducatif libre. Quoi de mieux que les 20 ans du logiciel pour réparer ce manque. Entrevue avec Timothée Giet pour fêter cet anniversaire.

Pour ceux qui n’ont pas eu d’enfant dans leur entourage ces vingt dernières années, vous pouvez nous expliquer ce qu’est GCompris ?

GCompris est un logiciel éducatif libre pour les enfants de 2 à 10 ans et plus. Il propose de nombreuses activités (159 dans la dernière version) couvrant un large éventail de sujets : découverte de l’ordinateur, lecture, mathématiques, sciences, art, histoire, géographie…  Il fonctionne sur de nombreuses plateformes : nous fournissons des paquets pour les systèmes GNU/Linux, Raspberry Pi, Android, Windows et macOS.

Pouvez-vous nous présenter les personnes qui sont derrière le projet GCompris ? S’agit-il des mêmes aujourd’hui qu’au début de l’aventure ?

Le logiciel a été créé par Bruno Coudoin, qui l’a maintenu pendant plus de 15 ans. En 2016, il a finalement dû arrêter par manque de temps et nous a donc confié la maintenance du projet. Nous sommes maintenant deux co-mainteneurs, Johnny Jazeix et moi (Timothée Giet). Johnny est un développeur qui contribue sur son temps libre. Il s’occupe principalement des parties les plus compliquées du code, de l’intégration des contributions et de la coordination pour les traductions. De mon côté, je suis illustrateur/graphiste/développeur, et on peut dire que je travaille actuellement à mi-temps sur le projet. Je m’occupe principalement de la partie graphisme et design du logiciel, mais également de corriger des bugs et d’améliorer l’expérience utilisateur. Après, nous nous répartissons le reste des tâches en fonctions de nos disponibilités et de nos compétences.

Moment nostalgie : le site GCompris en 2005

GCompris a 20 ans… Ça veut dire que certains de vos joueuses et joueurs aussi ! Ça vous fait quoi ? Pas trop un coup de vieux ?

C’est toujours réjouissant lorsque nous voyons des commentaires de personnes relatant leurs bons souvenirs de jeunesse avec GCompris. Après, comme Johnny et moi sommes arrivés sur le projet en 2014, cela nous motive surtout à continuer d’apporter cette expérience positive aux nouvelles générations.

 

Il va falloir nous expliquer comment vous êtes passés de la version 15.10 à la version 0.5. Une envie, un soir en regardant Retour vers le futur ?

En 2014, Bruno a décidé de commencer une réécriture complète avec de nouveaux outils, principalement pour permettre au logiciel de tourner sur les plateformes mobiles. Après quelques recherches sur les diverses technologies disponibles à cette époque, il a choisi de développer la nouvelle version en QtQuick (Qt + QML/JavaScript), qui offrait selon lui le meilleur support multi-plateforme avec des outils permettant de créer une interface moderne, tout en étant relativement facile d’accès pour les nouveaux développeurs. C’est d’ailleurs à ce moment là que Johnny et moi avons rejoint l’équipe.

Pour l’occasion, et pour permettre de conserver quelque temps en parallèle l’ancienne version, cette nouvelle version a été renommée en interne « gcompris-qt », et la numérotation est logiquement repartie de zéro.

 

Quel a été le plus gros chamboulement dans l’histoire de GCompris ?  Le changement de moteur au milieu des années 2010 ?

Le plus gros chamboulement a en effet été cette réécriture complète du logiciel. Avec le passage de Gtk+ à Qt, le projet a logiquement migré de la communauté Gnome vers la communauté KDE. Ce travail de réécriture a demandé plusieurs années de travail, et n’est pas encore tout à fait fini. Nous avons perdu au passage quelques activités de l’ancienne version qui n’ont pas été portées, mais nous en avons aussi développé de nouvelles. De même pour les traductions, certaines langues supportées par l’ancienne version ne le sont pas encore dans la nouvelle.

Par ailleurs, pour cette nouvelle version, ma première contribution a été de créer une charte graphique adaptée, et de créer de nouveaux graphismes pour les nombreuses activités en suivant cette charte. Cette tâche n’est pas encore tout à fait terminée, mais le logiciel est déjà bien plus agréable et harmonieux visuellement pour les enfants, et les nombreux retours que nous avons eus depuis confirment que ce changement est très apprécié par nos utilisateurs.

Au niveau communautaire, comment se déroulent les contributions à votre logiciel ? Plutôt liées aux traductions ou aux activités ?

Les contributions de traductions par la communauté sont un point essentiel pour permettre aux enfants du monde entier d’utiliser le logiciel. Nous avons une consigne en interne de n’inclure les traductions que si elles sont au moins complètes à 80 %, pour éviter que les enfants ne se retrouvent avec un logiciel à moitié traduit. Le nombre de textes à traduire est assez élevé, cela demande donc un certain effort pour les contributeurs de fournir les traductions pour une nouvelle langue. Une bonne partie des traductions est faite par les traducteurs de la communauté KDE, mais il y a aussi des traducteurs externes qui nous contactent directement pour plusieurs langues. La nouvelle version 1.0 est entièrement traduite en 22 langues, et partiellement traduite en 4 langues. Depuis sa sortie il y a une dizaine de jours, nous avons déjà été contactés par plusieurs personnes qui souhaitent participer pour ajouter de nouvelles traductions. Nous ferons donc très certainement bientôt une nouvelle version mineure pour les inclure.

Pour les activités, c’est assez variable. Nous avons eu de nombreux contributeurs au fil du temps, en particulier des étudiants participant à des programmes comme le GSoC (Google Summer of Code) et SoK (Season of KDE), qui ont chacun ajouté quelques activités. Mais la plupart restent seulement le temps de leur session et ne contribuent plus vraiment ensuite, ce qui est dommage. Il y a aussi des instituteurs et des parents qui nous aident en donnant des retours sur le contenu pédagogique.

Avancement des principales traductions de GCompris

Vous avez besoin de contributrices ? Sur quels aspects ?

Nous recherchons toujours des traducteurs pour de nouvelles langues ou pour aider à maintenir les traductions existantes. De même, il reste beaucoup d’enregistrements de voix à fournir pour la plupart des langues (pour le français les voix sont complètes actuellement).

Au plan pédagogique, nous venons de démarrer un projet de cookbook (livre de cuisine) pour présenter des exemples d’utilisation du logiciel en classe. Les instituteurs sont donc bienvenus pour y partager leurs recettes.

Et bien sûr, nous sommes toujours ouverts aux développeurs qui souhaitent ajouter de nouvelles activités, tant qu’elles restent dans le cadre de la philosophie du logiciel.

 

L’année 2020 a aussi été marquée par une évolution importante pour GCompris, financière celle-ci, avec l’abandon du système de code d’activation sur certains OS. Pourquoi ce changement ?

C’est un changement que j’avais en tête depuis un bon moment. Ma motivation principale était l’envie de fournir le logiciel complet au maximum d’enfants possible. C’est déjà assez compliqué pour certains d’avoir accès au matériel. L’accès à l’éducation gratuite pour tous est un sujet important.

Un autre point qui me dérangeait un peu avec le code d’activation pour les OS non libres : étant moi même un défenseur des valeurs du logiciel libre, je voyais une certaine contradiction dans le fait que mes revenus dépendaient des gens qui continuent d’utiliser des logiciels privateurs.

Enfin, l’élément déclencheur a malheureusement été l’arrivée de la pandémie… Dès le début de l’année, voyant la situation arriver au loin, j’ai vite compris qu’il était plus que jamais nécessaire de fournir notre logiciel éducatif gratuitement à tous les enfants qui allaient se retrouver confinés. Et par la suite j’ai pu constater qu’en effet, cela a été d’une grande aide pour les instituteurs, les parents, et surtout pour les enfants.

 

Une question qu’on nous pose souvent, « Alors c’est quoi votre modèle économique ? » (© startup magazine)

Désormais notre modèle économique est uniquement basé sur le financement participatif. Avec l’abandon de la version payante, j’ai fait le pari de continuer à financer mon travail sur GCompris via ma page Patreon. J’espère que suffisamment de personnes soutiendront le projet pour que cela tienne sur le long terme.

Il y a une dizaine d’années, le paysage éducatif comportait plusieurs suites éducatives libres (Childsplay, Omnitux, suite pédagogique d’Abuledu). Actuellement, GCompris semble être la seule avec un développement actif. Vous avez écrasé la concurrence ?

Je ne connais pas en détail l’évolution de ces autres suites éducatives libres. Cependant, je suppose que le manque de budget pour les logiciels éducatifs en général, et en particulier pour ceux qui sont libres, est un facteur important.

 

Plus globalement, quel regard portez-vous sur l’évolution du libre dans l’éducation sur ces 20 dernières années ?

En lisant des articles comme celui-ci, on voit bien que le logiciel libre n’est plus du tout soutenu par l’éducation nationale dans notre pays. Si seulement le budget était correctement utilisé pour développer des solutions éducatives libres…

On peut voir dans d’autres pays des solutions libres déployées efficacement. Par exemple au Kerala (état du sud de l’Inde), l’état utilise exclusivement des logiciels libres pour les écoles publiques et a financé le développement d’une distribution GNU/Linux déployée sur tous les ordinateurs de toutes les écoles. Les instituteurs sont formés sur ces logiciels et les élèves apprennent à utiliser des outils qu’ils peuvent ensuite utiliser librement chez eux. Plus proche de chez nous, plusieurs régions d’Espagne ont développé et déployé des distributions GNU/Linux dans leurs écoles.

Il y a donc beaucoup de progrès à (re)faire dans ce domaine en France.

 

C’est quoi la feuille de route pour les 20 prochaines années ?… Bon au moins pour les 20 prochains mois ?

Nous travaillons actuellement sur un nouvel outil « serveur » qui permettra aux instituteurs de personnaliser le contenu des activités et d’interagir avec le logiciel sur les postes des élèves. Il s’agit cependant d’un énorme projet qui va demander beaucoup de travail, il est donc difficile pour l’instant de prédire quand il sera prêt.

De mon côté, il me reste plusieurs activités à refaire au niveau des graphismes et de l’interface. Comme les activités doivent être conçues de manière responsive, en plus de créer des nouvelles images, il faut souvent ré-écrire une bonne partie de l’interface pour qu’elles soient utilisables aussi bien sur un écran d’ordinateur que sur un téléphone en mode vertical ou horizontal. Chaque activité ayant ses propres contraintes, c’est parfois un vrai challenge.

Enfin, nous allons probablement avoir un peu de travail à l’avenir pour porter le logiciel sur la nouvelle version de Qt (Qt 6), qui apporte son lot de changements à prendre en compte.