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Safari pourrait bien devenir le cauchemar Internet Explorer 6 de la navigation mobile

jeudi 11 avril 2013 à 16:28

Tristant Nitot écrivait récemment sur son blog dans un joli billet dédié aux 15 ans de Mozilla :

Pourtant, l’avenir numérique n’est pas tout rose. La nouvelle frontière est dorénavant celle du mobile, et l’ouverture du Web est bien loin d’être d’être la norme dans ce nouvel univers. Le Web a offert à tous la liberté de créer et de diffuser sans demander la permission; la liberté d’apprendre en faisant un simple “View Source”; la liberté de faire une application qui tournera partout, avec une technologie qui n’est pas la propriété d’un acteur en particulier.

Mozilla s’est lancé le défi de s’attaquer à ce problème, de faire du Web un citoyen de premier rang sur le mobile. Première étape : Firefox pour Android. Deuxième étape : Firefox OS.

Comme il y a 15 ans, il s’agit de fabriquer l’Internet (mobile) qu’on veut, pas celui qu’on veut bien nous laisser. Comme il y a 15 ans, cela peut sembler à certains un objectif délirant. Ca l’est peut-être. Sûrement. Mais pour ceux qui entrevoient le potentiel de cette idée, l’attrait est irrésistible. Je vois le potentiel de cette grande idée. Et vous ?

Une belle et optimiste introduction à la (plus inquiétante) traduction ci-dessous.


Babak Farrokhi - CC by


Le cauchemar d’IE6 pourrait être de retour

The IE6 nightmare might be back soon

James Creixems - Avril 2013 - Blog personnel
(Traduction : Fly, ProgVal, aKa, Sphinx, Léo, fcharton, Moosh + anonymes)

J’y réfléchissais ces derniers temps, et je pense que j’ai trouvé le nouvel IE6 et oui… je suis terrifié.

Chaque développeur web se souvient des années d’horreur d’IE6. Un navigateur, qui était fourni par défaut sur un système utilisé par 90% des gens (Windows) a fini par avoir une telle part de marché que ses développeurs se moquaient d’améliorer le produit, de respecter les standards, ou même de mettre à jour le produit.

Ainsi, pendant des années, les développeurs web ne pouvaient profiter des avantages qui étaient apportés par l’amélioration des standards (PNG transparents, flottants CSS, etc.). Tout le monde devait « supporter » IE6 et c’était un vrai et terrible cauchemar.

Actuellement, les navigateurs sont mis à jour par intervalles de quelques semaines, ajoutant de nouvelles fonctionnalités et supportant de nouveaux standards, encore plus vite que précédemment. Et avec un système de mises à jour automatiques qui est encore plus transparent pour l’utilisateur.

Mais il y a une exception à cet âge d’or que nous vivons. C’est un navigateur, qui se met à jour seulement une fois par an sur une plateforme qui n’accepte pas d’autre navigateur et qui a 50% de parts de marché. Oui, je parle de Safari Mobile.

Safari Mobile pourrait devenir le nouvel IE6.

Dans la mesure où iOS n’autorise aucun autre moteur de rendu, il n’y a aucune réelle alternative à Safari Mobile. Par exemple, Chrome sur iOS ajoute de nouvelles fonctionalités en surcouche, (synchronisation des onglets, etc), mais au final, il s’agit toujours du rendu de Safari Mobile. Pas de moteur V8, pas de support sur mesure des nouveaux standards.

Et avec l’adoption par Chrome d’un nouveau moteur de rendu dans les prochaines semaines, la divergence entre Chrome sur ordinateur (et sur Android) et Chrome sur iOS sera bientôt beaucoup plus évidente.

Mozilla ne propose pas Firefox sur iOS par ce qu’ils ne peuvent pas utiliser leur moteur Gecko. Donc, sur iOS, nous sommes coincés avec le moteur de rendu de Safari mobile.

Si Safari Mobile était magiquement mis à jour à la même vitesse que les autres navigateurs avec les dernières spécifications WebKit, ce serait un moindre mal. Mais il se met à jour seulement une fois par an, et commence à avoir l’air « dépassé » quand on le compare aux derniers navigateurs.

Par exemple, prenez le support CSS Flexbox. La spécification a changé de manière significative au cours des derniers mois. Chrome embarque déjà la dernière implémentation, Firefox aussi ; mais Safari et Safari Mobile… eh bien non car ils n’ont pas été mis à jour.

Or en tant que développeurs, nous devons supporter Safari Mobile. Cela représente environ 61% du marché des mobiles. On ne peut l’ignorer. Bienvenue à nouveau dans l’enfer IE6.

C’est pour l’instant à peine visible, mais alors que Chrome passe à Blink et que Firefox continue à innover rapidement, Safari Mobile va probablement devenir l’IE6 de la course. Nous détesterons tous devoir le supporter et être incapable d’utiliser les dernières spécifications parce que Safari Mobile ne les supporte pas.

Je ne pense pas cependant que ce sera aussi horrible que dans les années d’IE6. iOS a une part de marché beaucoup plus petite que celle qu’avait IE6, ils sont en concurrence avec Android et Chrome qui s’amélioreront certainement beaucoup plus rapidement ; et Safari Mobile est construit à partir d’un moteur open source, ce qui garantit que chaque mise à jour effectuée par Apple obtiendra les trucs les plus récents.

Donc, ça ne sera pas aussi horrible que IE6 mais je pense que dans les prochaines années, Safari Mobile va devenir le navigateur que tous les développeurs web vont détester devoir supporter.

J’espère vraiment qu’Apple va autoriser d’autres navigateurs (avec d’autres moteurs de rendu) sur iOS 7. Cela réglerait tout automagiquement, ou au moins qu’ils décident d’aller vers un système de mises à jour silencieuses de Safari Mobile. Mais oui, je sais que c’est d’Apple dont je parle… un développeur peut toujours rêver.

Crédit photo : Babak Farrokhi (Creative Commons By)

Framasoft en voyage à la rencontre du libre Québec

jeudi 11 avril 2013 à 14:18

Bien que d’origine française, Framasoft est avant tout un réseau francophone. Si bien que quand l’Europe s’endort, son activité ne s’éteint pas pour autant et les utilisateurs-contributeurs du Québec n’y sont pas pour rien ! Depuis le temps que nous échangions et travaillions avec certains d’entre eux à distance, il nous tardait d’aller enfin à leur rencontre in the real life et de constater par nous-mêmes que là-bas aussi il y a plein de signaux positifs.

Récit de voyage par notre envoyé spécial Alexis Kauffmann…

C’est au départ pour des raisons d’ordre privé que je me suis rendu quelques jours en Belle Province. Ma fille, à peine bachelière, se retrouve en effet là-bas pour y entamer des études… d’informatique (aussi bizarre que cela puisse paraître je n’y suis pour rien, ou presque).

Mais il eût été plus que dommage de ne pas en profiter pour rencontrer quelques-uns des acteurs majeurs du logiciel libre local, autanft de personnes et de structures devenues familières avec le temps et ses nombreuses communications virtuelles.

Commençons par évacuer la question du climat. Oui, c’est pas une légende, il peut faire froid ! Mais cela est compensé, comme il se doit, par la chaleur des gens ;)

Montréal - CC by

PS : Désolé, va y avoir par la suite beaucoup de photos de moi, moi et moi.


Colloque de l’AQUOPS à Québec

Première étape, le 31ème colloque de l’association AQUOPS à l’hôtel Hilton de Québec, excusez du peu, sur invitation de son très sympathique président Mario Morin (qui produit par ailleurs un excellent saumon fumé, mais là n’est pas la question). L’AQUOPS c’est l’Association Québécoise des Utilisateurs de l’Ordinateur au Primaire-Secondaire, autrement dit tout ce qui touche au développement des nouvelles technologies en éducation.

Il y avait une volonté manifeste de la part de l’association de faire une place aux logiciels libres lors de l’événement (ce qui explique aussi ma modeste présence). Ainsi parmi la pléthore d’ateliers et conférences proposés, où la mobilité et la robotique figuraient en bonne place, j’ai pu noter à un atelier sur les ressources libres (cf son descriptif mis en exergue ci-dessous), le retour d’expérience d’une profitable introduction d’ordinateurs recyclés sous Ubuntu en classe ou encore des initiations à GeoGebra et Ren’Py.

Concilier la rigidité récente de la loi sur les droits d’auteur avec la volonté de mettre les élèves en projet, voilà le défi de l’enseignant d’aujourd’hui. Les textes, les images, les photos, les vidéos, la musique et les sons doivent être libérés de droits pour l’usage scolaire. Donc, les enseignants doivent apprendre à distinguer ce qui est permis de ce qui ne l’est pas et surtout inculquer cette nouvelle compétence à leurs élèves. L’atelier vous aidera à cerner les éléments de cette compétence et vous donnera des outils pour la mettre en pratique.

Patrick Beaupré (que je remercie pour son accueil), la « mémoire du libre québécois » André Cotte, Pierre Couillard et Pierre Lachance (ci-après sur la photo), alias « les deux Pierre », du mythique (pour moi) site RÉCIT MST… leurs animateurs ne m’étaient pas inconnus et je fus ravi de faire enfin leur connaissance en chair et en os.

Pierre Lachance - AQUOPS - CC by

Pour ce qui me concerne, j’ai fait une présentation de ce que propose Framasoft en insistant sur nos services libres en ligne qui rencontrent un certain succès dans le milieu éducatif, nom de code Framacloud.

Pour rendre l’exercice plus parlant et pragmatique, je me suis risqué à créer et éditer simultanément un Framapad (où le public était invité à poser des questions écrites au fur et à mesure de mon intervention), un Framacalc (pour prendre les coordonnées des participants) et un Framindmap (pour mieux visualiser le réseau Framasoft et ses différents et nombreux projets sur une carte heuristique). Et comme si cela ne suffisait pas, j’ai lancé au même moment une traduction Framalang (cf l’arrière-plan de la photo ci-dessous) illustrant en direct live notre travail collaboratif (le résultat est ). C’était un peu le bordel, car il fallait jongler avec différents onglets, mais au final je crois que cette manière originale de faire a été appréciée.

AQUOPS - Alexis Kauffmann - CC by

La ministre de l’éducation du Québec en personne, Marie Malavoy, est venue clôturer le colloque. Non seulement elle a accordé, dans son discours, une large place à la nécessité d’utiliser et favoriser le logiciel libre dans l’éducation mais elle a également insisté sur ses valeurs de coopération et de partage.

Du coup, je suis allé la remercier en lui glissant au passage que je rêvais d’entendre de tels propos dans la bouche de son homologue Vincent Peillon ;)

Marie Malavoy et Alexis Kauffmann - CC by


Rencontre avec le président de FACIL

À Québec habite aussi Daniel Pascot, pro-actif président de l’association FACIL qui partageait le stand logiciel libre avec moi lors du colloque.

L’acronyme FACIL signifie « FACIL, pour l’Appropriation Collective de l’Informatique Libre » (comme GNU, c’est récursif, les geeks comprendront). De par leurs objectifs, leurs modes d’action et le poids réel qu’ils ont désormais dans le débat public, on peut considérer FACIL comme l’April du Québec.

Quant à Daniel Pascot, vous en apprendrez plus avec cette vidéo. Il est un des premiers à avoir proposé un cours universitaire explicitement basé sur le logiciel libre.

Daniel Pascot - FACIL - Alexis Kaufmann - CC by

Il était ravi de m’annoncer la création par le gouvernement d’un futur « centre d’expertise en logiciel libre ». Sauf que comme le souligne cet article au titre explicite Un centre d’expertise en logiciel libre, mais un contrat à Microsoft, il convient de rester vigilant.

À propos de Microsoft, ils avaient également un stand au colloque AQUOPS (puisque, business is business, ils étaient sponsor de l’événement). Je suis allé les voir en leur disant que j’étais un grand utilisateur de leurs technologies et que j’aimerais beaucoup me faire photographier devant leurs jolis panneaux. C’est l’image que nous avons utilisée pour notre poisson d’avril ;)

Stand Microsoft - Alexis Kauffmann - CC by


Visite chez Savoir-faire Linux

Après l’associatif, le monde de l’entreprise… Difficile de s’intéresser au libre québécois sans aller rendre une petite visite à Savoir-faire Linux (SFL) sur invitation de Christophe Villemer.

Vous êtes accueilli ainsi en ouverture du site :

Savoir-faire Linux, c’est une équipe exceptionnelle de plus de 60 consultants en logiciels libres basés à Montréal, Québec et Ottawa qui, depuis 1999, fournit des services de consultation, d’intégration, de développement, de soutien technique et de formation sur les technologies ouvertes.

14 ans déjà mine de rien. Et puis c’est devenu plutôt rare dans ce milieu, et ça fait plaisir, de lire « logiciels libres » et non « open source ».

Cadre agréable et ambiance conviviale, la structure est à l’image de son charismatique président fondateur Cyrille Béraud (cf photo ci-après) qui non seulement attache une attention toute particulière à ce que SFL reverse du code aux projets libres auxquels ils participent (noyau Linux compris) mais agit également sur le front politique pour faire bouger les lignes (et ça marche !).

Je ne veux ni idéaliser ni donner l’impression de verser dans la publi-information, mais si j’avais été développeur c’est dans ce genre de boîte que j’aurais aimé travailler (qui sait, ma fille, dans quelque années peut-être…).

Savoir-Faire Linux - Cyrille Béraud - Alexis Kauffmann - CC by


Petit déjeuner des Communs (Communautique)

Invité par Monique Chartrand et Alain Ambrosi, je me suis également rendu de bon matin à un « Déjeuner des communs » organisé par Communautique en plein coeur de Montréal (pour info leur déjeuner c’est notre petit déjeuner français et leur dîner notre déjeuner, ce qui génère plein d’amusants quiproquos !).

Déjeuner des Communs - CC by

Il s’agit, en gros, de réunir des personnes de bonne volonté pour discuter, voire même agir, autour de la notion de bien communs (ou Commons en anglais). Nous subissons de manière croissante des phénomènes dits d’enclosure menés par le secteur privé avec la passivité voire la complicité du secteur public. C’est donc à nous, petits citoyens plus ou moins éveillés et engagés, de nous prendre en main pour résister d’abord et proposer ensuite des nouveaux modèles de société.

Pour ce faire, on a un formidable truc à notre disposition qui s’appelle Internet. Sauf que ce dernier est menacé et c’était justement le thème central de la matinée.

Ça m’a fait repenser au drôle de contrat téléphonique de ma fille, BlackBerry Social chez Videotron, avec Facebook, Twitter et quelques messageries instantanées pour seul et unique accès au Net. Pas très neutre tout ça…

J’en ai profité un peu plus tard pour visiter les locaux de Communautique et leur dynamique Fab Lab en accès… libre. Ils n’étaient pas peu fiers de me montrer leur imprimante 3D faite maison à partir d’une RepRap ;)

Communautique - Alexis Kauffmann - CC by


Vive le Québec libre !

La conclusion sera facile et paresseuse avec ce détournement de la célèbre apostrophe du Général de Gaulle. Mais il est vrai que ça bouge bien de ce côté-ci de l’Atlantique et que je reviens plein d’énergies positives ;)

Le temps de prendre un café avec Anne Goldenberg qui réalise, ça ne s’invente pas, des très libres performances théâtrales sur l’Esthétique Relationnelle des Systèmes d’Exploitation, et l’avion m’attendait.

Rendez-vous l’année prochaine si tout va bien, et que… ma fille ne plante pas lamentablement son année de fac ;)

Montréal - CC by

Du projet étudiant au navigateur web, la trajectoire d'un développeur open source

lundi 8 avril 2013 à 22:05

Aujourd’hui nous choisissons de mettre en lumière un jeune développeur qui devrait donner des idées à tous les étudiants en informatique qui nous lisent. Comme vous allez le voir, en choisissant la voie de l’open source, les projets qui paraissaient hors d’atteinte sont finalement accessibles. Rien n’est gagné d’avance mais la voie est libre !

De Firefox à Chromium en passant par Midori, ce ne sont pas les navigateurs Web qui manquent. Il y en a pour tous les goûts, des plus complets aux plus légers. Parmi eux se trouve QupZilla, un navigateur lancé en 2010 par son actuel développeur principal, David Rosca. Alliant légèreté et fonctionnalités, il a aussi la particularité d’être développé par un étudiant qui a lancé ce projet à l’âge de 17 ans, alors qu’il était encore lycéen. Il étudie maintenant l’informatique à l’Université technique de Prague, en République Tchèque. Aujourd’hui, il répond à nos questions pour le Framablog.

Contributeurs Framasoft : lamessen, eyome, Asta lyn

David Rosca aka Nowrep, développeur de QupZilla

F : Bonjour David, merci de nous accorder cette interview. Peux-tu nous présenter le projet QupZilla ?

David : QupZilla est un navigateur web multi-plateforme écrit sur l’infrastructure Qt. Il utilise le moteur de rendu Webkit à travers le module Qt. L’utilisation de Qt fait que QupZilla est parfaitement adapté à la plate-forme KDE mais il fonctionne aussi très bien sur les autres environnements. Il fonctionne avec tous les systèmes d’exploitation. La dernière version (1.4.1) est sortie il y a peu de temps.

Il est important de dire que QupZilla est un navigateur web qui a pour objectif de rester léger, ne vous attendez donc pas à ce qu’il devienne aussi énorme que les navigateurs les plus courants.

F : Comment a démarré cette aventure ?

David : Cela ne devrait pas vous surprendre : j’aime coder et créer de nouvelles choses. J’avais déjà quelques expériences dans l’écriture d’applications et j’étais assez confiant sur les langages de script. Mon souhait était de créer une vraie application. L’élément déclencheur a été de passer sous un système d’exploitation Linux, à partir de ce moment, je me suis dit : « Pourquoi pas ? Il n’y a plus rien qui t’arrête maintenant ! ». En fait mon plus gros problème a été de trouver quel type d’application créer. J’avais commencé à suivre quelques tutoriels, je commençais à comprendre les bases de ce type de programmation mais l’ennui serait vite arrivé si je n’avais pas su quelle appli développer. Au cours d’une discussion, un ami m’a suggéré de créer un navigateur, c’était sans doute une plaisanterie mais j’ai vraiment aimé cette idée et j’ai donc commencé à travailler dessus.

F : Une fois que tu as su quoi créer, comment t’es-tu organisé ?

David : J’ai d’abord choisi un langage de programmation. Mon choix s’est porté vers Python, un langage plus facile que le C++. Bizarrement, choisir la facilité a été la cause de mon plus gros problème. Quand vous apprenez un nouveau langage de programmation, vous rencontrez de nombreux problèmes et vous cherchez des solutions sur Internet. Plus votre langage est populaire, plus vous trouverez de réponses. Mais même si PyQt (Python pour Qt) est très populaire, la majorité des tutoriels, exemples, etc. sont pour le C.

J’ai donc essayé de traduire le C++, utilisé dans les tutoriels, en Python. C’était très difficile car je n’avais aucune expérience du C++ et que je commençais à peine à apprendre Python. J’ai donc finalement décidé d’utiliser le C++ et j’ai réécrit tout le code que j’avais. Et ça a vraiment été une bonne chose.

À ce moment-là, je ne pensais pas que mon code puisse être rendu public. Je plaisantais bien sûr sur le fait qu’un jour, j’aurais des centaines de milliers de téléchargements, mais c’était tout. Je ne pouvais même pas imaginer que quelqu’un puisse vouloir participer à mon projet. Ce ne sont donc pas les choses auxquelles vous pensez quand vous êtes en train d’apprendre un nouveau langage et que vous commencez un « projet d’apprentissage ».

F : Tu as choisi de développer ton logiciel sous licence GPLv3. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?

David : Pour être honnête, j’ai choisi la GPLv3 uniquement parce que la majorité des projets open source l’utilisaient (kernel linux inclus, mais en GPL V2). Je ne connaissais pas vraiment les différences entre les licences. Mais maintenant, je suis content de mon choix. Je ne voudrais pas choisir une autre licence pour Qupzilla. Je ne sais pas exactement ce que serait la licence de mes rêves, je ne suis pas un expert en licence. Mais je suis vraiment satisfait avec la GPLv3.

F : Cela fait maintenant plusieurs années que tu travailles sur QupZilla, peux-tu nous dire ce que cela t’a apporté, ce qui a marché et moins bien marché ?

David : Tu as raison, ça fait un bon moment que j’ai commencé à coder QupZilla. Même si il y a eu des périodes où je n’avais pas assez de temps pour développer, parfois à cause de l’école ou simplement par manque d’intérêt, je suis toujours revenu vers QupZilla. QupZilla m’a d’abord apporté beaucoup d’expérience, à la fois en codage, en utilisation de nouveaux outils et en gestion d’un projet qui au final n’est pas si petit. J’ai aussi rencontré beaucoup de nouvelles personnes. Pour résumer, j’ai savouré chaque instant. Bien sûr, il y a eu quelques erreurs, petites ou grandes. C’était essentiellement à cause d’un manque de connaissances et d’expérience dans les domaines concernés. Mais j’en ai toujours tiré une leçon. Il y a beaucoup de choses que je ferais différemment si je pouvais revenir en arrière dans le temps. Par exemple, j’aurais commencé à écrire des tests pour les fonctions de base dès le début du projet, pour éviter les régressions (c’est ce que je fais maintenant).

F : Aujourd’hui, QupZilla est un projet bien vivant, apprécié, et qui compte de nombreux contributeurs. Il est intégralement traduit dans plus de 20 langues. Imaginais-tu que ça puisse prendre une telle ampleur alors que le marché des navigateurs est extrêmement concurrentiel ? Comment a-t-il selon toi trouvé son public ?

David : Les navigateurs légers sont très populaires, principalement sur les machines Linux étant donné qu’il est possible de les faire fonctionner sur de très vieux matériels. Du coup, j’ai pensé qu’il y avait peut-être une place pour QupZilla. Maintenant, je peux dire que j’avais raison. Je pense également que « léger » ne veut pas forcément dire « manque de fonctionnalités ». C’est cette optique de développement que suit QupZilla.

F : Tu as choisi d’utiliser de nombreux outils facilitant le travail communautaire autour de ton projet : Qt comme base de travail, Github pour le code, récemment Transifex pour la traduction. Quels étaient tes critères ? Ont-ils été satisfaits ?

David : J’ai choisi Qt parce qu’il est disponible partout. Il convient parfaitement aux applications multi-plateformes. GitHub comme hébergeur pour le dépôt git est aussi le choix n°1. Ils offrent un bon plan pour les projets open source, et avec l’approche « codage social », il est plus facile de trouver de nouveaux contributeurs. Pour moi, GitHub est le meilleur choix pour n’importe quel projet open source.

J’ai récemment déplacé toutes mes traductions vers Transifex. Ça facilite la gestion, et c’est aussi un moyen de trouver de nouveaux traducteurs (ce qui s’est déjà confirmé). Je ne suis toutefois pas satisfait de la vitesse à laquelle ils implémentent les nouveaux éléments (essentiellement les nouvelles langues). Il faut plus d’un an et demi pour une demande de nouvelle langue. Du coup, il y a des soucis, notamment avec les traductions serbes.

F : Comment vois-tu la suite de QupZilla ? Tu as longtemps été le seul développeur. Tu as maintenant quelques contributions au niveau du code. Penses-tu à l’avenir te faire davantage épauler ?

David : Je ne pense pas que ça va changer tant que ça. Ce n’est pas vraiment facile d’attirer de nouveaux contributeurs. La situation actuelle me convient : je suis le développeur principal et d’autres personnes m’envoient des patch (correctifs et contributions) de temps en temps. Mais ça va peut-être changer si QupZilla a de la chance :)

F : Nous savons que les projets grandissants ont souvent besoin de trouver de nouveaux contributeurs pour avancer. Peut-être même qu’en ce moment, l’un de tes plus importants contributeurs est en train de lire cette interview. Peux-tu nous dire quels sont tes besoins humains sur le projet ?

David : Il n’y a jamais assez de contributeurs. Non seulement pour coder, mais aussi pour traduire, tester les nouvelles versions, etc. Mais ce qui aiderait vraiment QupZilla, mais aussi tous les autres projets basés sur QtWebKit serait d’insister d’avantage sur la partie en C++ de QtWebKit. Il y a en ce moment une nouvelle version pour Qt 4.8, QtWebKit 2.3. C’est une release vraiment bonne. Cependant, le développement est nécessaire pour garder le projet compétitif. Ce serait donc la meilleure façon d’aider QupZilla.

F : Tu fais maintenant partie de la grande famille du logiciel libre. Es-tu impliqué dans d’autres projets ? Souhaites-tu t’investir sur certains en particulier ?

David : J’ai envoyé de petits correctifs pour de nombreux autres projets, mais je n’ai jamais fait quelque chose de grand. Par exemple, je peux parler du lecteur de musique Tomahawk ou encore QtWebkit (sur lequel QupZilla est basé). J’aimerais contribuer d’avantage à QtWebKit, mais ce n’est pas facile de travailler sur un projet aussi important. J’aimerais aussi participer au Google Summer of Code project pendant les vacances d’été.

F : Tu es pour le moment étudiant, mais la vie professionnelle arrive à grand pas. Comment vois-tu ton avenir ?

David : Tu as raison, j’étudie maintenant à l’université. J’ai choisi une université ouverte sur l’open source, mes expériences ont donc déjà été utiles.

J’espère vraiment réussir à travailler dans une société basée sur des technologies open source. J’aime la communauté open source. Mais qui sait ce qui arrivera ? Quoi qu’il en soit, je n’ai pas l’intention d’arrêter de contribuer à des projets libres et open source.

F : Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Nous te souhaitons une bonne continuation, en espérant voir Qupzilla grandir dans le bon sens.

David : Merci à vous aussi.

Quand le peuple veut hacker sa constitution…

dimanche 7 avril 2013 à 21:59

Il y a un peu plus d’un an, nous avions fait écho à l’expérience politique peu banale qui se jouait en Islande en proposant cet article. Les effets de la crise bancaire de 2008 avaient entraîné l’effondrement économique de cette petite « Suisse » qu’était l’Islande. Et voilà que cette île que nous connaissions surtout en France pour ses paysages somptueux et ses geysers menait une forme de révolution pacifique et silencieuse en refusant le système bancaire, en faisant chuter deux gouvernements, et en réunissant une Assemblée constituante, formée de 25 citoyens « ordinaires » chargés de réécrire la Constitution islandaise.

Mieux encore, chacun était invité à participer à cette réécriture collaborative sur le site web dédié. Cela ressemble fort à un conte de fées démocratique et les plus sceptiques d’entre nous rappelleront que l’histoire — avec ou sans majuscule — n’est jamais univoque. Le fait est que nous disposons de peu d’articles et de sources pour nous faire une idée objective de cette expérience. Le fait est, également, que si le cas islandais fut peu évoqué dans les médias depuis 2008, il en était totalement absent depuis des mois. Où en est l’Islande de cette constitution des citoyens ?

Hélas, nous savons bien que la fin heureuse des contes de fées ne sert le plus souvent qu’à faire oublier les épreuves et maléfices qui en forment l’essentiel. Les Nornes veillent en Islande et ne semblent pas favorables : la constitution est en passe d’être rejetée. Nous proposons ici la traduction d’un texte de Thorvaldur Gylfason, l’un des 25 délégués à la Constituante, qui donne son point de vue sur l’expérience, de sa naissance à sa possible chute.

— peupleLà                         


Traduction Framalang : Asta, Lycoris, Garburst, lamessen, Goofy, peupleLà, mathilde, Pouhiouzak, KoS

Grandeur et décadence de la Constitution islandaise et de sa réécriture collaborative

Article original par Thorvaldur Gylfason

Professeur d’économie à l’Université d’Islande, il fut l’un des 25 délégués de l’Assemblée constituante islandaise réunie en session d’avril à juillet 2011, élu par la nation et nommé par le Parlement pour réviser la Constitution islandaise.

En 2008, lorsque son système bancaire s’est effondré, infligeant de lourds dommages collatéraux à ses créanciers étrangers comme à ses propres citoyens, l’économie islandaise est sortie de l’état de grâce. À la suite de ce spectaculaire plongeon, les efforts de l’Islande pour venir à bout de la situation étaient au centre des attentions : elle a assigné en justice les banquiers et autres responsables présumés du désastre, et invité le peuple islandais et ses représentants élus au suffrage direct à jeter les bases d’une nouvelle constitution post-crise destinée entre autres à réduire la probabilité d’un nouvel effondrement.

Des foules de manifestants se sont rassemblées sur la place du Parlement de Reykjavik en frappant bruyamment sur des poêles et des casseroles (NdT : on parle de la révolution des casseroles). Au pied du mur, le gouvernement d’après-crise formé en 2009 lança le processus. Une Assemblée nationale, constituée de 950 individus choisis au hasard dans le registre d’état civil, fut réunie. Tout Islandais âgé de 18 ans ou plus avait une chance égale d’obtenir un siège à l’Assemblée.

Ensuite, sur un panel de 522 candidats issus de tous les milieux sociaux, 25 représentants furent élus par la nation pour former une Assemblée constituante. Celle-ci fut chargée de rédiger une nouvelle constitution reflétant la volonté populaire telle qu’exprimée par l’Assemblée nationale. Croyez-le ou non mais l’élection de l’Assemblée constituante fut annulée sur des motifs douteux et probablement illégaux, par la Cour suprême, dont 8 des 9 juges à l’époque avaient été nommés par le parti de l’Indépendance qui est maintenant dans l’opposition après s’être déshonoré pour sa responsabilité dans la crise. C’est un évènement inédit dans l’histoire islandaise !

Le Parlement décida alors de nommer au Conseil constitutionnel les 25 candidats qui avaient obtenu le plus de votes. Comme avant eux les fondateurs de la constitution américaine de Philadelphie en 1787, les membres du Conseil ont pris quatre mois en 2011 pour ébaucher et adopter à l’unanimité une nouvelle constitution. Le projet de loi constitutionnelle stipule, entre autres :

Le préambule donne le ton : « Nous, peuple d’Islande, souhaitons créer une société juste où chacun a une place à la même table. [1]»  Le peuple a été invité à participer à la rédaction sur le site web interactif du Conseil constitutionnel. Des experts étrangers en droit constitutionnel, tels que le professeur Jon Elster de l’université de Columbia et le professeur Tom Ginsburg de l’université de Chicago, ont publiquement fait l’éloge du projet de loi et de la façon démocratique dont il a été rédigé.

Malgré tout, il était clair dès le début que de puissantes forces politiques chercheraient à saboter le projet de loi. Tout d’abord, bon nombre de politiciens estiment qu’il est de leurs prérogatives, et uniquement des leurs, de réviser la constitution, et considèrent l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel élu par le peuple et nommé par le parlement comme des intrus sur leur territoire. De plus, de nombreux responsables politiques s’inquiètent à juste titre de leurs perspectives de réélection sous la clause « une personne, une voix ». Enfin, de nombreux politiciens ont peur de perdre leur influence suite à des référendums nationaux plus fréquents, et craignent d’être exposés en vertu d’une nouvelle loi sur la liberté de l’information.

Par exemple, une conversation téléphonique cruciale entre le premier ministre et le gouverneur de la Banque centrale quelques jours avant le crash de 2008 est toujours gardée secrète, bien qu’une commission parlementaire ait demandé à entendre son enregistrement. Un dernier point, mais pas des moindres : de nombreux armateurs n’aiment pas la perspective d’être privés de leur accès privilégié aux zones de pêche communes. Les dossiers rendus publics après la crise ont montré que les hommes et les partis politiques avaient été largement récompensés par les banques avant la crise.

Pas besoin d’être un génie pour comprendre que les armateurs doivent avoir traité les politiciens et les partis politiques avec beaucoup de générosité par le passé, et que de nombreux politiciens souhaitent évidemment préserver ce cordon ombilical. Pour résumer, il était clair qu’à bulletin secret, le projet de loi constitutionnelle n’aurait eu aucune chance d’être adopté par le parlement, même après le référendum national du 20 octobre 2012 sur cette loi, au cours duquel 67% de l’électorat a exprimé son soutien à ce projet de loi ainsi qu’à ses principales dispositions spécifiques, y compris la nationalisation des ressources naturelles (83% de Oui), la démocratie directe (73% de Oui), et « Une personne, un vote » (67% de Oui).

Mais le Parlement ne vote pas à bulletin secret. En fait, 32 de ses 63 membres ont été influencés par une campagne de courriels organisée par des citoyens ordinaires qui déclaraient soutenir le projet de loi et voulaient l’adopter dès maintenant. Pourtant, malgré ces déclarations publiques, la loi n’a pas été soumise à un vote du parlement, une trahison abominable — et probablement un acte illégal commis en toute impunité par le président du parlement.

Au contraire, le Parlement a décidé de bafouer ses propres déclarations publiques ainsi que la volonté du peuple exprimée par le référendum national, en gelant le projet de loi. De plus, pour couronner le tout, le Parlement a imposé à la hâte la nécessité pour tout changement constitutionnel sous la prochaine législature d’être approuvé par les deux tiers du parlement et 40% du vote populaire. Un taux de participation minimal de 80% sera nécessaire pour qu’une réforme constitutionnelle soit acceptée à la prochaine session du parlement.

Les politiciens n’ont apparemment prêté aucune attention au fait qu’en suivant ces règles, l’indépendance de l’Islande par rapport au Danemark n’aurait pas pu être acceptée lors du référendum de 1918. Concrètement, cela signifie que nous sommes de retour à la case départ, comme le voulaient les ennemis de la nouvelle Constitution. Il y a un faible espoir que le nouveau parlement respecte la volonté du peuple si l’assemblée sortante manquait à le faire en dépit de ses promesses. Dans son discours d’adieu, le Premier ministre sortant, Jóhanna Sigurðardóttir, déclarait que c’était le jour le plus triste des 35 années qu’elle avait passées au Parlement.

[1] Le préambule dit précisément : « We, the people who inhabit Iceland, wish to create a just society where every person has equal opportunity. », « Nous, peuple habitant de l’Islande, souhaitons créer une société juste où chaque personne bénéficie des mêmes possibilités. »)

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Quelques liens pour en savoir plus…

Islande, une nouvelle constitution collaborative, sur un blog militant, Juin 2011.

Islande, une constitution citoyenne, sur un blog de Mediapart, mars 2012.

Une constitution pour changer d’Islande ? le Monde diplomatique, octobre 201.

…n’hésitez pas à proposer d’autres sources d’information/réflexion dans vos commentaires.

[Communiqué] Framasoft condamne toute tentative de censure sur Wikipédia

dimanche 7 avril 2013 à 00:31

Ne craignant pas le ridicule ni l’effet Streisand dont elle a inévitablement été l’objet, la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) a récemment illustré sa méconnaissance de ce qu’est l’encyclopédie libre et collaborative mondiale en tentant de censurer une page dont tout porte à croire qu’elle est loin de divulguer des informations classées secret défense.

L’association Framasoft se déclare profondément choquée par des mesures d’intimidation dignes d’un autre temps dont a été victime Rémi Mathis, contributeur bénévole de Wikipédia. Nous resterons très attentifs à la tournure des événements et déclarons notre soutien à Wikimédia France, l’association dédiée à la promotion de Wikipédia.

Parmi les innombrables réactions et le buzz de la twittosphère mondiale, lire particulièrement :