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Geektionnerd : Firefox 16

jeudi 11 octobre 2012 à 23:16

It’s not a bug, it’s a feature :P

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Source : Firefox 16 : diffusion interrompue à cause d’une faille de sécurité (Tasse de Café)

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)

Lionel Dricot (alias Ploum) candidat du Parti Pirate aux élections en Belgique

mercredi 10 octobre 2012 à 16:20

De l’informatique à la politique…

Lionel Dricot, alias ploum, vient de temps en temps rédiger dans nos colonnes (clavier Bépo, monnaie Bitcoin, histoire d’OpenOffice). Plus généralement c’est un acteur engagé en faveur de la défense et promotion du logiciel libre, et ce depuis bien longtemps déjà.

Il se présente sous la bannière du Parti Pirate (Brabant-Wallon) pour les élections communales et provinciales du dimanche 14 octobre prochain.

Il a eu la gentillesse de bien vouloir répondre à quelques une des nos questions. Et je suis certain qu’il trouvera malgré tout le temps de répondre aux vôtres dans les commentaires ;)

Lionel Dricot - Ploum

Bonjour Lionel. Tu es contributeur occasionnel au Framablog mais peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Lionel Dricot mais, sur la toile, vous me verez surtout sous le pseudonyme de Ploum. Je suis un ingénieur en informatique de 31 ans, belge une fois et actif dans le logiciel libre depuis 2001.

J’aime beaucoup réfléchir, écrire et remettre en question, sous une lumière purement rationnelle, ce qui est considéré comme acquis. Je me suis passionné pour Linux et XMPP à une époque où Windows et MSN étaient des acquis. Pour la même raison, j’ai remis en question l’Azerty pour passer au Bépo et j’ai remis en question le principe monétaire avec Bitcoin.

Et tu es candidat aux élections qui vont avoir lieu en Belgique…

La Belgique est un pays très complexe. Cette année, nous allons élire nos représentants à la province (l’équivalent des départements français) et à la commune. Les élections provinciales passionnent peu mais les élections communales sont très importantes car elles auront des conséquences immédiates sur la vie quotidienne des habitants. Le bourgmestre (équivalent du maire) est en effet nommé pour six ans suite à ces élections.

Je suis candidat du Parti Pirate, en première position dans la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve et en 9ème position pour la province du Brabant-Wallon.

Sont-ce tes premiers pas en politique ?

Pas vraiment. J’ai toujours trouvé important de suivre la politique de près. Comme beaucoup de jeunes, j’ai voté pendant des années pour Ecolo, équivalent des Verts en France, avant d’être très déçu. J’ai été quelques temps membre actif du MR, parti libéral de centre-droit, souhaitant défendre les libertés individuelles. J’ai aussi été déçu par certains aspects conservateurs ou ultra-capitalistes.

J’ai découvert que, dans tous les partis, il y a des gens extraordinaires et des gens insupportables avec des idées dangereuses. Et que, malheureusement, la particratie belge lissait le tout, rabrouant ceux qui sortent un peu du lot et qui sont pourtant ceux que je voulais voir en politique.

Tu t’es alors tourné vers le Parti Pirate. Alors pourquoi lui et pas un autre ?

En fait, avec plusieurs amis, on se morfondait devant les partis politiques traditionnels. Par exemple, nous avions trouvé une erreur fondamentale dans le programme Ecolo pour sortir du nucléaire. Une erreur qui multipliait par 10 la puissance des éoliennes. Nous avons donc contacté les responsables du parti et il nous a été répondu qu’on nous répondrait après les élections.

Dans nos discussions, nous avons lancé l’idée d’un parti politique qui ne serait pas idéologique mais qui tenterait une approche pragmatique des problèmes, reconnaissant si nécessaire ses erreurs et n’hésitant pas à faire marche arrière quand une solution donnée s’avère défaillante. On avait appelé ça le Parti Intellectuel ou un truc du genre, je ne sais plus trop.

Mais quand le Parti Pirate est arrivé, j’y ai retrouvé exactement cet état d’esprit. Et je n’ai pas été le seul vu que mes amis Nicolas Ykman, blogueur sur artimuses.be, et Gauthier Zarmati s’y sont aussi retrouvés.

De là à être candidat, il y a pourtant une sacrée marge. Pourquoi s’investir autant ?

Parce qu’il n’y avait personne d’autres dans notre province. Sur le forum du Parti Pirate, je tentais de savoir qui seraient les candidats pour le Parti Pirate, demandant pourquoi il n’y avait pas quelqu’un pour lancer tout. J’ai un jour reçu un mail de Paul Bossu, coordinateur du Parti Pirate pour la Wallonie, qui m’a dit : « Tu es quelqu’un comme un autre, tu n’as pas besoin de notre permission, lance-toi ! ». Nicolas et Gauthier m’ont dit : « Si tu te lances, je me lance » et on a fondé la section locale du Parti Pirate.

Étant en mars 2012, on s’est dit qu’on était trop tard pour les élections d’octobre, on ne se préoccupait pas de ça. Mais notre section locale s’est rapidement développée, avec des membres de tous horizons, apportant chacun leur motivation. Paul nous a dit que ce serait une bonne expérience de se présenter aux élections.

Et il avait raison : refaire le monde, avoir des idées c’est bien. Mais refuser de se présenter aux élections, c’est un peu de la lâcheté. Il faut se confronter à la vraie vie.

Mais qu’est-ce qu’un geek libriste peut trouver dans la politique ? Le logiciel libre et le Parti Pirate ont-ils le moindre rapport ? Surtout à un niveau extrêmement local.

Oui, les deux sont complètement liés. Il y a tout d’abord la volonté de remettre en question l’existant, d’essayer de nouveaux modèles. Mais le logiciel libre m’a appris que, grâce aux nouvelles technologies, des centaines voire des milliers de personnes pouvaient collaborer pour gérer des projets extrêmement complexes. Et ce, malgré l’éparpillement géographique, les différences de cultures, de langues.

Si c’est possible pour de tels projets, cela doit a priori l’être pour une commune. C’est pourquoi nous proposons d’utiliser des logiciels de suivi de problème (genre Bugzilla) pour permettre aux habitants de signaler les problèmes : trottoir abîmé, égout bouché, dégradation du mobilier urbain, etc.

Nous souhaitons également que tous les projets, les règlements soient accessibles sur un wiki avec un suivi des révisions et où chacun pourrait apporter sa modification. Le tout en insistant également sur la transparence du processus politique et ce y compris jusque dans les détails du budget de la commune et du salaire des politiciens.

Tout cela est très expérimental mais Ottignies-Louvain-la-Neuve est une ville à part, un ovni dans le paysage belge. C’est donc l’endroit idéal pour tenter de renouveler le terrain politique.

Crédit photo : Adrien le Maire (Creative Commons By-Sa)

Pour en finir avec les mythes prégnants du copyright et de l'argent

lundi 8 octobre 2012 à 17:38

« Il est temps de déboulonner le mythe qui voudrait que le droit d’auteur soit nécessaire pour gagner de l’argent, ou même qu’il en rapporte », tel est le titre frappant d’un récent article de Rick Falkvinge (désormais habitué du Framablog).

Puisque ce mythe ne résiste pas aux faits, il est grand temps désormais pour ces messieurs du copyright d’adopter un discours honnête, sérieux et mature si on veut réellement avancer…

Remarque : Nous avons conservé le terme anglo-saxon « copyright », que l’on traduit souvent en français par « droit d’auteur », car l’acception et le périmètre du mot ne sont pas tout à fait similaires ici.

Stephen Downes - CC by-nc

Il est temps de déboulonner le mythe qui voudrait que le droit d’auteur soit nécessaire pour gagner de l’argent, ou même qu’il en rapporte

It’s Time To Debunk The Myth That Copyright Is Needed To Make Money – Or That It Even Makes Money

Rick Falkvinge - 7 octobre 2012 - TorrentFreak.com
(Traduction : fcharton, Gatitac, janfi, Pymouss, bituur esztreym, Jeff_, Mnyo, ti_tux, goofy_seamonkey)

Un des mythes les plus tenaces au sujet du monopole du copyright est qu’il est nécessaire afin de rapporter de l’argent. Il s’avère que cette affirmation est fausse dans un grand nombre de cas observés, mais le pluriel « d’anecdote » n’est jamais « statistiques ». Dès lors, penchons-nous sur des preuves statistiques solides pour l’élaboration de notre réflexion politique à ce sujet.

Puisque le monopole du copyright est principalement une activité économique, on constate un gouffre parmi le public, entre ceux qui soutiennent son abolition uniquement dans un cadre non commercial, et ceux qui soutiennent son abolition complète.

Il y a parmi la population une forte majorité qui se prononce en faveur d’une réduction de ce monopole, afin de favoriser les échanges non marchands entre proches, amis et inconnus. Et si on observe la plus jeune moitié de la population, cette majorité passe de forte à écrasante. Est-il besoin de préciser que cette jeune moitié de la population (qui s’étend jusqu’aux adultes d’une quarantaine d’année) ne changera pas ses habitudes ou ses valeurs sur le sujet, n’en déplaise aux doux rêves avancés par l’industrie du copyright actuellement en exercice. D’ici vingt ou trente ans du reste, ce sont eux qui tireront les ficelles de la politique, et les dinosaures actuels morts et enterrés.

Quand on aborde les questions commerciales de ce monopole, on découvre en revanche un certain nombre de mythes florissants qui ont tendance à freiner l’adhésion du public à une abolition complète du copyright jugée improbable et irréaliste. Voyons quels sont ces mythes, et confrontons-les à la réalité.

Mythe : Si nous abolissons le monopole du copyright, les artistes ne pourront plus gagner de l’argent.

Réalité : C’est un mythe tenace et bizarre, étant donné qu’il y eut des périodes historiques où les artistes n’étaient pas rémunérés. Le système actuel revient à « signer un contrat ou rester pauvre ». Or 99% des artistes ne signent pas de contrats avec l’industrie du disque, et parmi ceux qui le font 99,5% n’ont jamais vu la couleur de leurs droits d’auteur. Il s’agit donc de se dégager d’un système qui laisse délibérément 99,995% des artistes sans aucune forme de revenu pour la pratique de leur art.

Ceci étant donc dit, il est absurde de prétendre que toute évolution vers un système dégraissé de ses intermédiaires « ôterait la possibilité aux artistes de gagner de l’argent », d’autant que ces intermédiaires, devenus aujourd’hui obsolètes, s’octroient en moyenne 93% des revenus des 0,005% des artistes qui gagnent encore de l’argent. Éliminons-les et tout (ou partie) de ces 93% reviendra aux artistes.

Mythe : Le monopole du copyright est une source essentielle de revenus pour les artistes aujourd’hui.

Réalité : De tout l’argent dépensé dans la culture, à peine 2% (oui, deux pour cent !) arrive jusqu’à l’artiste à cause des mécaniques complexes de redistribution du monopoly du copyright. Cela a été étudié en profondeur par le suédois Ulf Pettersson en 2006 (lien vers l’article, lien direct vers l’étude, les deux sont en suédois), qui conclut que la majeure partie des artistes gagnent leur vie autrement (travail intérimaire, prêts étudiants…).

Mythe : L’industrie du copyright est vitale pour l’économie dans son ensemble.

Réalité : « L’industrie du copyright » est délibérément évaluée par des moyens complètement trompeurs qui confinent au ridicule. Dans les consignes de l’OMPI concernant ce qui doit être compris dans « l’industrie du copyright », nous trouvons de tout, de la création de pâte à papier, à la vente d’électroménager, en passant par la fabrication de chaussures (OMPI 2003, d’après l’article de Pettersson cité plus haut). Si vous mettez pratiquement tous les pans de l’économie dans un ensemble X, et que vous affirmez ensuite que cet ensemble X est vital pour l’économie, alors vous pourriez sembler avoir raison. Il suffit de ne pas vous faire prendre quand on s’intéresse de près à la manière avec laquelle vous avez sélectionné ce gros X fourre-tout, et qu’il n’y a aucun lien avec ce dont vous parlez réellement. Les industries tirant profit du monopole du copyright ne représentent qu’un dixième de celles qui en sont désavantagées. Vous voulez créer des emplois ? Détruisez le monopole !

Mythe : Avec le partage gratuit, personne ne va dépenser d’argent pour le divertissement.

Réalité : Les dépenses des foyers pour la culture ont augmenté, année après année, depuis l’apparition du partage de fichiers à grande échelle avec Napster en 1999 (d’autres rapports disent que cela stagne mais aucun ne parle de chute). Il est cependant vrai que les ventes d’enregistrements sur support physique s’effondrent. Ce qui est une excellente nouvelle pour les musiciens, qui n’ont plus besoin de dépendre des intermédiaires qui récupèrent 93% des parts, et qui ont vu au contraire leurs propres revenus augmenter de 114% dans le même laps de temps.

Mythe : Sans la motivation d’un éventuel gain d’argent, personne n’ira plus faire carrière dans l’art et créer.

Réalité : Les gens créent malgré le monopole du copyright, pas grâce à lui. YouTube absorbe 72 heures de vidéos téléversées chaque minute. On peut soutenir que la plupart ne seront sans doute pas visionnées, mais il y a certainement des perles là dedans. La discussion est absurde en fait à partir de la simple observation qu’il y a évidente surabondance d’artistes par rapport à ce que le marché peut contenir : on peut facilement trouver un comptable professionnel qui prend une guitare électrique pendant la pause pour se relaxer un peu, mais montrez-moi ne serait-ce qu’un seul guitariste professionnel qui se détend avec un peu de comptabilité pendant son temps libre.

GNU/Linux et Wikipédia sont deux excellents contrepoints qui font voler en éclat ce mythe étrange. Le système d’exploitation dominant et l’encyclopédie dominante ont été créés par des bénévoles non rémunérés (et quand je dis que GNU/Linux est « dominant », je mets aussi dedans le dérivé Android, juste pour mémoire).

Nous créons depuis que nous avons appris à mettre de la peinture rouge sur des parois de grottes, pas à cause de la possibilité de gagner de l’argent, mais à cause de ce que nous sommes et de ce qui nous fondent. Du reste, les gens qui cherchent de l’argent ne s’engagent pas d’emblée dans les arts. Ils vont en faculté de droit ou de médecine. C’est pourquoi les parents ont l’air si désespéré quand leur rejeton leur dit qu’il a décidé de devenir poète pour gagner sa vie.

Le mythe selon lequel le monopole du copyright serait nécessaire pour que n’importe quelle sorte d’art rapporte de l’argent, ou tout simplement pour que cet art existe, est un mythe obscène perpétué par ceux qui ont quelque chose à gagner en écrémant les 90% de l’argent des artistes, les privant du même coup de l’accès a un public par un racket à l’ancienne.

Pouvons-nous, s’il vous plaît, passer à autre chose maintenant ?

Crédit photo : Stephen Downes (Creative Commons By-Nc)

Sortie de la Framakey Wikipédia !

lundi 8 octobre 2012 à 13:23

Ce serait sympa d’avoir rien moins que Wikipédia sur une Framakey non ?

Et bien c’est désormais possible avec ce nouveau et spectaculaire projet réalisé en partenariat avec Wikimédia France et Kiwix !

Framakey Wikipédia

Comme nous l’annonce Wikimédia France sur son blog : « Le principe est simple : offrir sur une simple clé USB une collection raisonnée et choisie de logiciels libres, accompagnés de l’intégralité du contenu de Wikipédia en français. Rendre tout cela accessible d’un simple clic, utilisable partout, dans les écoles, dans les lieux faiblement connectés, dans des situations d’itinérance, bref partout où les utilisateurs ont besoin d’une solution simple et solide pour accéder à des contenus et utiliser leur ordinateur avec des logiciels fiables et libres. »

Les logiciels « fiables et libres » ce sont ceux de notre traditionnelle Framakey et la consultation de Wikipédia hors-ligne à même la clé se fait en utilisant la technologie (libre) développée par Kiwix.

Vous pouvez vous procurer la clé sur notre boutique En Vente Libre au prix de 25 euros pour une capacité de 32 Go. Et évidemment vous pouvez également et comme d’habitude télécharger et installer le tout sur votre propre clé via le site Framakey (15 Go tout de même, mais il faut bien faire rentrer le gros million d’articles dedans !).

Attention, le projet est considéré en bêta dans le sens où il demeure encore pour le moment un certain nombre de limitations techniques que nous chercherons à lever dans les prochaines versions (mais pour Windows elle fonctionne déjà tout à fait bien). C’est ce qui explique aussi pourquoi nous ne proposons qu’une cinquantaine d’exemplaires « collector » à la vente.

Toujours est-il que nous sommes vraiment fiers de participer à ce projet tant le logiciel libre et Wikipédia sont pour nous intimement liés.

Firefox, LibreOffice, Gimp, Inkscape… plus donc aujourd’hui Wikipédia, je me demande si on n’a jamais diffusé autant de biens communs collaboratifs dans un si petit objet !

Un logiciel libre n'est pas toujours collaboratif et de qualité

lundi 8 octobre 2012 à 01:19

Voici un titre étrange pour un blog comme le nôtre.

Oui il existe des logiciels libres de mauvaise qualité qui ne souffrent pas la comparaison avec leurs concurrents propriétaires ! Et oui encore la majorité des logiciels libres sont uniquement développés par un seul et unique contributeur : leur créateur !

Face à de tels logiciels, les partisans de l’open source pleurent car ils détruisent aussi bien leur argumentaire pratico-technique que le mythe de la collaboration spontanée. Les partisans de logiciel libre envisagent quant à eu les choses différemment car ce qu’ils voient avant tout c’est que le logiciel est libre.

Le logiciel libre n’est pas meilleur en pratique mais il est libre en théorie et c’est bien ça le plus important…

Remarque : Cette traduction est le fruit d’une coopération entre Framasoft (et son énergie plurielle présente sur Framalang et les réseaux sociaux) et l’April (via son équipe de traduction du site GNU.org)

James Rickwood - CC by

Quand le logiciel libre n’est pas meilleur, en pratique

When Free Software Isn’t (Practically) Better

Benjamin Mako Hill - GNU.org
Licence Creative Commons By-Nd - Version du 6 octobre 2012
(Traduction : Framalang et l’équipe Trad-GNU de l’April)

Les objectifs affichés par l‘Open Source Initiative sont les suivants : « L’open source est une méthode de développement logiciel qui exploite la puissance d’une évaluation décentralisée, par les pairs, et la transparence des processus. Les promesses de l’open source sont une meilleure qualité, une plus grande fiabilité, davantage de flexibilité, un moindre coût et la fin d’une situation permettant à des fournisseurs rapaces de verrouiller leurs produits. »

Depuis plus de dix ans maintenant, la Free Software Foundation ne cesse d’argumenter contre la qualification d’« open source » dont on affuble le mouvement du logiciel libre. Si nous, les partisans du logiciel libre, réfutons ce qualificatif d’« open source », c’est surtout parce que nous considérons qu’il s’agit d’un effort volontaire pour réduire la portée de notre message de liberté et masquer le rôle de notre mouvement dans le succès du logiciel que nous avons bâti. Si nous disons que le terme « open source » est mauvais, c’est fondamentalement parce qu’il tente d’éviter toute discussion à propos de la liberté du logiciel. Mais il y a une autre raison pour laquelle nous devrions nous méfier du cadre « open source ». L’argument fondamental de l’open source, tel qu’il est défini dans la déclaration ci-dessus, est souvent incorrect.

Malgré la suggestion de l‘Open Source Initiative, que « la promesse de l’open source est une meilleure qualité, une plus grande fiabilité, plus de flexibilité », cette promesse n’est pas toujours honorée. Bien que nous ne le mettions pas souvent en avant, tout utilisateur d’un logiciel libre aux premiers stades de son développement peut expliquer que ce logiciel n’est pas toujours aussi pratique, sur le plan purement fonctionnel, que ses concurrents privateurs[1] Un logiciel libre est parfois de piètre qualité. Il n’est pas toujours très fiable. La souplesse lui fait parfois défaut. Si les gens prennent les arguments en faveur de l’open source au sérieux, ils doivent expliquer pourquoi l’open source n’a pas tenu ses « promesses » et conclure que des outils privateurs seraient un meilleur choix. Il n’y a aucune raison pour que nous fassions de même.

Richard Stallman parle de cela dans son article « Pourquoi l’open source passe à côté du problème que soulève le logiciel libre » lorsqu’il explique : « L’open source repose sur l’idée qu’en permettant aux utilisateurs de changer et redistribuer le logiciel, celui-ci en sortira plus puissant et plus fiable. Mais cela n’est pas garanti. Les développeurs de logiciels privateurs ne sont pas forcément incompétents. Parfois ils produisent un programme qui est puissant et fiable, même s’il ne respecte pas la liberté de l’utilisateur. »

Pour l’open source, la mauvaise qualité d’un logiciel est un problème à analyser ou une raison de fuir ce logiciel. Pour le libre, c’est un problème à résoudre. Pour les partisans du libre, les bogues et les fonctionnalités manquantes ne sont jamais une raison d’avoir honte. Tout logiciel qui respecte la liberté de ses utilisateurs possède un avantage inhérent sur son concurrent privateur. Même s’il a ses propres problèmes, un logiciel libre a toujours la liberté.

Bien évidemment, tout logiciel libre doit commencer quelque part. Un nouveau programme, par exemple, a peu de chances d’offrir plus de fonctionnalités qu’un programme privateur déjà établi. Un projet commence avec de nombreux bogues et s’améliore avec le temps. Alors que les partisans de l’open source peuvent argumenter qu’un projet deviendra utile avec du temps et un peu de chance, un projet libre représente pour les partisans du logiciel libre une importante contribution, dès le premier jour. Chaque logiciel qui donne aux utilisateurs le contrôle sur leur technologie est un pas en avant. L’amélioration en qualité due à la maturation d’un projet n’est que la cerise sur le gâteau.

Un second point, peut-être plus accablant encore, est que le processus de développement collaboratif, distribué, évalué par les pairs, qui est au cœur de la définition de l’open source, ne ressemble que de loin à la manière dont sont développés en pratique la plupart des projets sous licence libre (ou « open source »).

Plusieurs études universitaires menées sur les sites d’hébergement de logiciels libres SourceForge et Savannah ont démontré ce que beaucoup de développeurs de logiciels libres ayant mis en ligne une base de code savent déjà : la grande majorité des projets libres ne sont pas particulièrement collaboratifs. Le nombre médian de contributeurs à un projet de logiciel libre sur SourceForge ? Un. Un développeur solitaire. Les projets de SourceForge du quatre-vingt-quinzième centile en termes de nombre de participants n’ont que cinq contributeurs. Plus de la moitié de ces projets libres, et même la plupart des projets qui ont fait plusieurs versions à succès et ont été téléchargés fréquemment sont l’œuvre d’un seul développeur avec un peu d’aide de l’extérieur.

En insistant sur la puissance du développement collaboratif et de « l’évaluation décentralisée par les pairs », l’approche open source semble ne pas avoir grand chose à dire, dans la majorité des cas, sur les raisons pour lesquelles on devrait contribuer à un projet libre ou se servir d’un logiciel en développement. Puisque les avantages supposés de la collaboration ne peuvent être constatés quand il n’y a pas de collaboration, la grande majorité des projets de développement libres n’ont pas d’avantage technique sur leurs concurrents privateurs.

Pour les partisans du logiciel libre, ces mêmes projets sont tous vus comme des succès importants. Comme chaque logiciel libre respecte la liberté de ses utilisateurs, les partisans du libre peuvent argumenter qu’il possède au départ un avantage éthique intrinsèque sur les concurrents privateurs – même sur ceux qui proposent plus de fonctionnalités. En insistant sur la liberté plutôt que sur les avantages pratiques, la défense du logiciel libre est ancrée dans la réalité technique d’une façon qui manque souvent à l’open source. Quand le logiciel libre est meilleur, nous pouvons nous en réjouir. Quand il ne l’est pas, nous n’avons pas à considérer cela comme une attaque dirigée contre lui ni même comme un argument valable contre l’utilisation du logiciel en question.

Les partisans de l’open source doivent défendre leur thèse selon laquelle le logiciel développé librement devrait, ou devra avec le temps, être meilleur que le logiciel privateur. Les militants du logiciel libre peuvent quant à eux demander : « Comment peut-on rendre le logiciel libre meilleur ? » Dans le cadre du libre, les logiciels de haute qualité existent comme un moyen plutôt que comme une fin en soi. Les développeurs de logiciels libres doivent s’efforcer de créer des logiciels fonctionnels, flexibles, qui servent bien leurs utilisateurs. Mais ceci n’est pas le seul moyen de progresser vers la réalisation d’un objectif qui est à la fois plus simple et bien plus important : respecter et protéger leurs libertés.

Bien sûr, nous ne cherchons pas à nier que la collaboration joue un rôle important dans la création de logiciels de haute qualité. Dans la plupart des projets libres ayant réussi, ce fut d’ailleurs le cas. Il faut comprendre, soutenir et développer la collaboration, plutôt que de considérer dogmatiquement qu’elle va de soi, quand bien même les faits sont là pour montrer le contraire.

Crédit photo : James Rickwood (Creative Commons By)

Notes

[1] Autre traduction de proprietary : propriétaire