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Nouveau framabook : Histoires et cultures du Libre !

mercredi 15 mai 2013 à 16:05

Framasoft est fier de vous annoncer la sortie officielle de son nouveau framabook, assurément l’un des plus importantes et ambitieux de sa collection (et pas uniquement pour ses 580 pages !).

Nous laissons le soin à Christophe Masutti, président de l’association Framasoft, et co-directeur de l’ouvrage, le soin de vous le présenter. Nous invitons également les parisiens et parisiennes intéressé(e)s au lancement du livre vendredi 17 mai 2013 de 17h à 19h à l’Institut des sciences de la communication du CNRS.


Histoires et cultures du Libre - Couverture


Première sortie de l’année 2013, qui sera suivie de près par le tome II du Cycle des NoéNautes par Pouhiou et une réédition de C en 20 heures, Histoires et cultures du Libre est un ouvrage qui comptera sans doute parmi les références incontournables pour qui veut comprendre le mouvement du Libre et son histoire.

Sous un titre ambitieux, ce livre est néanmoins dans l’air du temps. Ces derniers mois, on n’a jamais autant parlé des acteurs qui ont créé l’Internet d’aujourd’hui. L’excellent site/portail/documentaire Une contre-histoire d’Internet par Arte.tv est une belle illustration de ce besoin de rétrospective, de s’arrêter un moment non seulement sur ce qu’est Internet (on parle tout de même d’un 8e continent) mais aussi sur les valeurs et les pratiques qui y circulent et se diffusent mondialement. Pourquoi ce besoin? Je crois, toujours pour coller à l’actualité, que l’arrivée du récent rapport Lescure est les désillusions qu’il porte sont un bel exemple du choc culturel que représentent les pratiques de partage et de coopération numériques et du manque d’intégration par les modèles économiques dominant les marchés, de manière volontaire ou non.

On a longtemps parlé d’une « culture underground » ou, pour reprendre l’expression de T. Roszak, d’une contre-culture plus ou moins aux « origines » d’Internet ou du logiciel libre en général. C’est en partie vrai. En partie seulement parce que les enjeux « contre-culturels » que l’on retrouve aujourd’hui autour de la neutralité du Net, de la lutte contre la cybersurveillance, du partage du savoir et des connaissances, de la liberté d’expression, du droit d’auteur, etc., font que justement les histoires d’Internet, du logiciel libre, de l’informatique et de la circulation de l’information numérique sont vues de manière rétrospective, un peu comme si toutes les étapes de leur construction, depuis la fin des années soixante, tendaient vers cette île d’Utopia de la résistance contre l’oppression ou de l’émergence de « nouveaux modèles » (économiques, politiques, sociaux, etc.). Tout cela est néanmoins juste et l’on ne peut nier que des valeurs communes sont partagées et se développent de manière positive dans la société.

Dans la mesure où il s’agit d’en fait une analyse historique, on ne peut pour autant nier qu’il y a dans tout ceci une certaine dose de folklore populaire. C’est tout à fait normal. Il y a toujours un besoin latent d’identification une fois que des acteurs sortent du lot. Qui a lu la biographie de Richard Stallman ne peut s’empêcher, en plus d’adhérer à son éthique du Libre, d’avoir envie de le rencontrer, d’échanger et surtout d’espérer et oeuvrer avec lui pour un monde (plus) libre. Et vous avez remarqué comment l’on passe facilement de l’histoire d’Internet à ces questions de liberté et de logiciel libre ?

Je pense qu’il faut préciser ce que nous entendons par Libre, avec un grand L. C’est, au delà de la divergence méthodique entre logiciel open source et logiciel libre (relativement secondaire par rapport à l’histoire générale que nous racontons ici), ce qui fait que l’ensemble des modèles et des conditions socio-techniques du logiciel libre deviennent justement culturels et ainsi s’appliquent à d’autres domaines, comme aujourd’hui le matériel informatique ou agricole, la musique ou les arts en général, les connaissances et les sciences en particulier, etc. L’un des vecteurs principaux est Internet, l’outil de partage par excellence, mais aussi l’ensemble des licences libres, et même l’économie qui peut nous montrer comment la culture Libre est porteuse de référents suffisament solides pour constituer une approche sociale différente. L’une des bases de ce développement, c’est l’abolition de la frontière entre l’ingénieur et l’utilisateur, entre le créateur et le spectateur, bref l’apparition de la possibilité de casser la division sociale des rôles (par exemple la division du travail) en permettant une approche coopérative de la société. Un autre pilier, c’est le fait que la création est elle-même le véhicule des valeurs qu’elle traduit : ces idées de partage se transcrivent dans l’invention de nouveaux langages informatiques (par exemple LISP), dans l’arrivée de systèmes d’exploitation « ouverts » pour travailler à plusieurs sur des grosses machines, par les protocoles de communication (Internet, en général), et par tout ce qui pouvait circuler, à la fois l’organisation et la création. En somme, ce sont toutes ces pratiques des hackers (ainsi qu’il se reconnaîtront plus tard, sans toutefois former une classe sociale à part, puisque nous sommes tous des hackers), en informatique et au delà de l’informatique, que le livre Histoires et cultures du Libre tente de raconter… sans toutefois être exhaustif.

Étant donné la pluralité des approches possibles, il fallait que cet ouvrage soit un collectif et il a toute sa place dans la collection Framabook, entre la biographie de Richard Stallman et Option Libre de Benjamin Jean. Avec Camille Paloque-Berges, nous avons donc lancé en mai 2012 un appel à publication en tâchant de résumer la problématique d’une approche historique du libre. Rien ne laissait présager que cet appel allait intéresser autant d’auteurs. 27 ont été selectionnés par Camille, Benjamin et moi sur la quarantaine de résumés reçus. Il s’agissait avant tout de donner de la cohérence entre les parties de l’ouvrage (en six parties). La très grande majorité présentaient des approches riches, variées et pertinentes. Nous avons tâché d’équilibrer nos choix et, finalement, avons laissé carte blanche aux auteurs quant au nombre de pages tout en essayant de les orienter au mieux par rapport à la problématique de départ. Beaucoup d’allers et retour avec les auteurs ont donc eu lieu. L’appui du comité éditorial du projet Framabook a été décisif : sans les relecteurs, la cohérence de l’ouvrage aurait été fortement compromise. Quant aux coquilles… sur 580 pages cela donne une idée de l’enfer.

Et ce n’est pas fini. Nous avons livré pour l’instant un Framabook disponible en PDF (gratuit) et à la vente en version papier (pour les vacances d’été, vous pourrez le lire sur la plage ou à la montagne si vous avez de la place dans votre sac à dos, le premier qui parvient à emmener ce pavé à plus de 2500 mètres d’altitude, à pied, pas en avion, photographie à l’appui, gagne un second Framabook !). Il faut maintenant en produire des versions HTML et e-pub rigoureuses. C’est là que ca se complique : le texte est en LaTeX, avec une gestion bibliographique par chapitre avec biblatex. Or, la transformation ne peut se faire en un clic. Avis, donc, aux amateurs : nous serons ravis de les accueillir dans le groupe Framabook qui a bien besoin de bras. Par ailleurs, l’objectif serait de pouvoir en faire une traduction au moins en anglais. Là encore, si des spécialistes (aguerris) sont partants…

En attendant bonne(s) lecture(s) et n’hésitez pas à faire passer l’info.

Histoires et cultures du Libre. Des logiciels partagés aux licences échangées

Sommaire

Partie 1 – (Pré-) histoire Partie 2 – Économie du Libre Partie 3 – Trajectoires du Libre Partie 4 – Licences libres Partie 5 – Études de cas Partie 6 – Témoignages: Libre et institutions Textes complémentaires

Lire librement Fitzgerald ? — pas avant 2021

mardi 14 mai 2013 à 23:32

L’actualité du cinéma remet périodiquement en lumière des œuvres littéraires qui peuvent ainsi trouver un nouveau lectorat. À condition toutefois de pouvoir y accéder librement sans attendre que plusieurs générations d’éditeurs et d’ayants droits aient tiré un substantiel profit des droits qu’ils confisquent pour un temps toujours plus indéterminé.

Tel est le cas dans cet article pour le roman Gatsby le magnifique, qui aurait dû être élevé depuis quelques années dans le domaine public aux États-Unis, mais qui demeure pour longtemps encore sous copyright. Ce qui n’apportera ni profit intellectuel ni profit économique.

Rappelons que le terme de copyright est conservé dans cette traduction en raison du contexte américain, mais que cette notion n’a pas de fondement juridique en droit français, qui ne connaît que les dispositions du Code de la propriété intellectuelle.

Pourquoi Gatsby le magnifique n’est-il pas encore dans le domaine public ?

Article original de Parker Higgins sur le site de l’Electronic Frontier Foundation : Why Isn’t Gatsby in the Public Domain?

Traduction Framalang : , Michael, Garburst, Shanx, Slystone, Asta, goofy

Quand le film Gatsby le magnifique débarque dans les cinémas de tout le pays, il porte à l’écran l’histoire connue par des millions de lecteurs de ce classique de la littérature, souvent appelé proverbialement « le grand roman américain ». Voici un fait que peu de gens connaissent : même si le livre a été publié il y a maintenant presque 90 ans et fait partie de longue date de notre patrimoine culturel, il n’est pas encore entré dans le domaine public.

Oui, alors même que F. Scott Fitzgerald est mort il y a 73 ans (et donc est peu susceptible d’être sollicité pour créer davantage de chefs-d’œuvres), Gatsby le magnifique est toujours limité par le copyright.

En fait, il ne sera pas totalement libre pour le public américain avant le 1er janvier 2021 ; et encore, seulement si les durées de copyright ne sont pas encore une fois prolongées. Grâce à la loi Sonny Bono de 1998 sur l’extension du copyright, aucune œuvre publiée aux États-Unis n’entrera dans le domaine public avant 2019. Certains pays ont des lois légèrement plus saines sur le copyright, mais le représentant américain au commerce travaille ardemment à tirer profit des accords internationaux comme le TPP pour élargir le champ du copyright partout dans le monde.

Pire encore, une décision dramatique de la Cour suprême en 2012 a décidé que même une fois dans le domaine public, des œuvres peuvent en être retirées sur décision du Congrès. Entre les extensions excessives des durées de copyright et l’incertitude sur le statut du domaine public, créer de nouvelles œuvres fondées sur le domaine public est devenu difficile et risqué.

Nous ressentons concrètement les effets pernicieux des extensions du copyright tous les jours. Par exemple, une étude datant de l’année dernière sur les livres d’Amazon a révélé que les livres publiés après la date limite critique de 1923 sont bien moins disponibles que d’autres livres même plus âgés d’un siècle. Le résultat c’est que la littérature du XXe siècle a disparu de l’histoire des livres.

Couverture du roman The Great Gatsby

Et le problème ne s’arrête pas aux livres. Une autre étude par un professeur d’économie au MIT s’est penchée sur une archive de magazines sur le baseball, qui incluait des numéros dans le domaine public, et d’autres qui sont encore assujettis au régime du copyright. Par opposition, les images des numéros dans le domaine public peuvent être numérisées et redistribuées, si bien que leur disponibilité a énormément amélioré la qualité (et donc accru la lecture et l’investissement dans l’édition) des articles de Wikipédia sur les joueurs de baseball de cette époque.

Vous pouvez vous soucier ou non de certains joueurs de baseball des années 60, mais cette situation se répète encore et encore dans différents secteurs. Au nom de la préservation des profits pour une poignée d’ayants droit, notre histoire culturelle part en miettes dans un flou artistique légal qui nous est imposé.

Un domaine public réduit à la portion congrue ne nous vole pas seulement les œuvres passées, mais aussi nos œuvres futures qui pourraient se baser sur un domaine public élargi. Les ayants droit ont le pouvoir de bloquer des œuvres dérivées simplement en refusant d’accorder la licence pour ces œuvres. Et si on ne peut pas retrouver la trace ou confirmer l’identité des ayants droit, ce qui est tout à fait possible quand on discute d’œuvres qui ont presque un siècle, la difficulté d’obtenir une licence peut stopper tout simplement la production.

Ironiquement, cela cause du tort aussi à ces mêmes studios qui ont initialement fait du lobbying en faveur de la loi pour l’extension du copyright. Adapter des œuvres célèbres est un moyen puissant d’atteindre un public déjà familiarisé avec les personnages et l’histoire ; un vaste public est le terreau fertile pour de nouvelles œuvres. Par exemple, les premiers films de Disney exploitaient librement le domaine public pour proposer des versions des contes de fées classiques, mais son lobbying pour toujours plus de restrictions sur le droit d’auteur a privé les autres (et le public) des mêmes possibilités.

Le réalisateur de Gatsby, Baz Luhrmann, a lui-même tiré avantage du domaine public avec son film « Roméo+Juliette » en 1996. Le film était, bien sûr, une version très modernisée et adaptée de la pièce classique de Shakespeare, exactement le genre de chose qu’un ayant droit pourrait interdire en raison d’une « intégrité artistique », s’il existait une entreprise commerciale « Shakespeare » aussi douée pour le lobbying que Disney ou la MPAA.

Mais le film a aussi été un succès populaire et critique, rapportant presque 150 millions de dollars de recettes au box office, et le monde du cinéma se serait appauvri sans lui. Il devrait être évident pour Hollywood que le domaine public joue un rôle important en faveur d’une culture prospère, aussi bien sur le plan artistique que sur le plan économique. Augmenter la portée du copyright peut avoir paru un bon moyen de garantir les profits annuels, mais finalement le prix à payer est fort élevé aussi bien pour Hollywood que pour l’intérêt général.

Crédit photo : Bill Mc Intyre - licence CC BY-NC-SA 2.0


J'ai violé ma propre vie privée et je la vends moi-même sur Internet !

mardi 14 mai 2013 à 10:23

Federico Zannier est un étudiant d’origine italienne vivant à New York. Il a décidé de collecter toutes ses données personnelles et de les vendre sur le site de crowdfunding KickStarter !

Si Facebook ou Google se font de l’argent sur notre compte sans que cela ne me rapporte rien, pourquoi ne pas vendre directement sa vie privée aux entreprises intéressées ?

Une initiative pour le moins originale, à mi-chemin entre la performance artistique conceptuelle et l’acte politique qui vise à faire prendre conscience de la situation.


A bite of Me - Federico Zannier


A bite of Me

A bite of Me

Federico Zannier - Mai 2013 - KickStarter
(Traduction : P3ter, Axl, lgodard, Tuxmax + anonymes)

J’ai collecté automatiquement les données me concernant. J’ai violé ma vie privée. Maintenant je vends le tout. Mais combien cela vaut-il ?

Je passe des heures chaque jour à surfer sur Internet. Pendant ce temps, des compagnies comme Facebook et Google utilisent mes informations de navigation (les sites internet que je visite, les amis que j’ai, les vidéos que je regarde) pour leur propre bénéfice.

En 2012, les revenus de la publicité aux États-Unis étaient aux alentours des 30 milliards de dollars. La même année, je tirais exactement 0$ des mes propres données. Et si je traçais tout moi-même ? Pourrais-je tirer quelques dollars en retour ?

J’ai commencé à regarder les conditions générales des sites web que j’utilise souvent. Dans leurs politiques de confidentialité, j’ai trouvé des phrases telles que « Vous accordez une autorisation mondiale, non-exclusive, gratuite pour l’utilisation, la copie, la reproduction, le traitement, l’adaptation, la modification, la publication, la transmission, l’affichage et la distribution de ce contenu dans tout media et suivant toute méthode de distribution (connue à ce jour ou développée ultérieurement). » J’ai tout simplement accepté de donner un droit à vie, international, re-licenciable d’utiliser mes données personnelles.

Quelqu’un m’a dit que nous vivons dans l’âge des données, que l’âge du silicium est déjà terminé. « Dans cette nouvelle économie », ont-ils dit, « les données c’est le pétrole ».

Bien, voilà ce que je peux y faire.

Depuis février, j’ai enregistré toutes mes activités en ligne (les pages que j’ai visitées, la position du pointeur de la souris, des captures d’écran de ce que je regardais, des clichés webcam de moi regardant l’écran, ma position GPS et un journal des applications que j’utilisais). Vous trouverez quelques illustrations sur myprivacy.info.

Le paquet de données contient :

La suite d’outils contient:

Je vend ces données 2$ par jour. Si plus de personne font de même, je pense que les marketeux pourraient juste nous payer directement pour nos données. Ça parait fou, mais offrir toutes nos données sans contrepartie l’est tout autant.

Thanks! Merci !

Federico

Linux est plus rapide que Windows et c'est un développeur Microsoft qui le dit !

lundi 13 mai 2013 à 23:45

On le savait déjà mais un présumé développeur Microsoft vient le confirmer avec précision : GNU/Linux est plus rapide que Windows.

Et les raisons qu’il avance font que cela semble difficilement réversible…

Remarque : Le développeur reste anonyme donc le doute subsiste, sur son identité pas sur la lenteur de Windows ;)


Thawt Hawthje - CC by


Un developpeur Microsoft admet que Linux est plus rapide que Windows

Anonymous MSFT developer admits Linux is faster than Windows

Steven J. Vaughan-Nichols - 12 mai 2013 - ZDNet
(Traduction : alct, goofy, Le_Hobbit, Kurze, Sylvain, Axl, tcit, ProgVal, Jose, Eijebong, Sinma, lmorel3, nano-plink, JLoDoesIT, Cyrille L., MFolschette + anonymes)

Résumé : Ce n’est pas une grande surprise, mais Linux est plus rapide que Windows, et au moins un développeur anonyme de Microsoft est d’accord pour l’admettre et il explique pourquoi c’est le cas.

Linux est bien plus rapide que Windows. Cette constatation n’est pas neuve. C’est pourquoi Linux fait tourner 90 pourcents des 500 plus rapides super-calculateurs, alors que Windows ne fait tourner qu’un pourcent d’entre eux. La nouvelle « nouvelle » est qu’un présumé développeur du système d’exploitation de Microsoft a récemment admis que Linux est en effet plus rapide, et explique pourquoi c’est le cas.

Cette personne anonyme, supposée être un programmeur du noyau de Windows a d’abord publié ses commentaires dans une conversation sur « Hacker News ». Il a poursuivi avec plusieurs commentaires sur le blog de Marc Bevand. Marc Bevand est un ingénieur logiciel pour Adconion, spécialisé dans les calculs à haute performance.

Le présumé développeur déclare en introduction : « Windows est en effet plus lent que les autres systèmes d’exploitation dans beaucoup de situations, et cela ne va pas en s’améliorant. La cause de ce problème est sociale. Aucune amélioration n’est apportée au système pour elle même, pour sa « gloire » telle que celles que vous voyez dans l’univers de Linux. »

Ce n’est pas que les développeurs Windows ne veulent pas améliorer les performances de leur système d’exploitation; le problème est que la culture de développement de logiciel chez Microsoft décourage les améliorations. Le prétendu programmeur écrit :

« Certes, on voit parfois des personnes naïves tenter d’améliorer les choses. Elles échouent presque systématiquement. Nous pouvons — et nous le faisons — améliorer les performances de certaines fonctionnalités spécifiques lorsque les personnes chargées d’allouer les ressources considèrent que cela aura une influence sur les objectifs commerciaux, mais c’est un travail vain. Il n’y a aucun plan global officiel ou officieux pour l’amélioration des performances du système. Nous avons commencé à nous soucier des problématiques liées à la sécurité parce que Windows XP, avant la sortie du Service Pack 3, devenait une menace vitale pour les affaires. Nos mauvaises perfomances, quant à elles, ne menacent pas les affaires.

Voyez-vous, les producteurs de composants sont généralement ouvertement hostiles aux modifications par des tiers. Si vous êtes un développeur, accepter un patch de l’extérieur met votre chef en colère (parce qu’il faut maintenir ce patch et justifier auprès des collaborateurs le changement de conception non prévu), les testeurs en colère (car les testeurs ont pour responsabilité d’assurer que le changement ne brise rien et vous leur avez créé du travail) et le gestionnaire de projet est en colère (à cause des conséquences en termes de planification du bout de code). Il n’y a en fait rien qui encourage à accepter les changements venus de l’extérieur de votre propre équipe. Vous pouvez toujours trouver une raison de dire « non » et très peu d’intérêt à dire « oui ».

Il y a aussi peu d’incitation au changement tout court. Dans le noyau Linux, si vous améliorez la performance du parcours d’un répertoire de 5%, vous êtes félicité et remercié. Ici, si vous le faites et que vous n’êtes pas dans l’équipe qui s’occupe de ce sujet, dès lors même si votre code est approuvé par les tenants du sujet et intégré, votre hiérarchie s’en moque. Oui, faire des améliorations importantes va vous permettre d’être remarqué par les plus expérimentés et pourrait être une aubaine pour votre carrière, mais l’amélioration doit être vraiment énorme pour attirer ce genre d’attention. Les améliorations progressives ne font qu’ennuyer les gens et sont, au mieux, sans impact sur votre carrière. Si vous êtes malchanceux et que vous parlez à votre supérieur de comment vous avez amélioré la performance d’autres composants du système, il va juste vous demander si vous pouvez accélérer votre activité de résolution de bug. »

D’après lui, Microsoft est en train de perdre ses meilleurs talents chez la concurrence. Il écrit : « Une autre raison qui explique l’écart de qualité est que nous avons eu du mal à garder les gens talentueux. Google et les autres grosses compagnies de la région de Seattle continuent à piquer nos meilleurs développeurs, ainsi que nos plus expérimentés et nous embauchons des jeunes tout droit sortis de l’université pour les remplacer. Vous trouvez ainsi des SDE (NdT : Microsoft Software Development Engineer pour Ingénieurs de développement logiciel Microsoft) qui maintiennent des systèmes énormes. Ces développeurs sont bien intentionnés, et sont en général suffisamment intelligents, mais ils ne comprennent pas pourquoi certaines décisions ont été prises, ils n’ont pas une compréhension approfondie des détails complexes de la manière dont leurs systèmes fonctionnent et, plus important, ils ne veulent rien changer qui fonctionne déjà. »

De plus, assure-t-il, les développeurs juniors de Microsoft ont une tendance à apporter des améliorations au système en implémentant des fonctionnalités flambant neuves plutôt que d’améliorer les anciennes. Si l’on observe les dernières sorties de Microsoft, le constat est sans appel : nous n’améliorons pas les anciennes fonctionnalités, nous en ajoutons de nouvelles. En l’état actuel des choses, à l’heure du bilan, le développement de nouvelles fonctionnalités est mieux considéré que l’amélioration des anciennes (c’est littéralement l’explication de Powershell. Beaucoup d’entre nous souhaitaient améliorer cmd.exe mais ne pouvaient pas).

Juste pour le plaisir de baver, il est difficile de battre ses pensées concernant le système de fichiers NT (NTFS) : « Oh mon dieu, le code NTFS est un livre d’horreur victorien réécrit sous opium violacé qui utilise des verrous récursifs et SEH (gestion structurée des exceptions) pour le contrôle des flux. Ecrivons plutôt ReFs (système de dossiers résistant à la place (et, ouais, copions et collons le code source de NTFS et enlevons la moitié de ses fonctionnalités ! Et ajoutons des sommes de contrôle, parce c’est cool, n’est-ce pas, et maintenant avec ça c’est tout aussi bien que dans ZFS (Z File System) ? D’accord ? Et qui a besoin de quotas de toute façon ?) »

Ces « révélations » n’ont rien de nouveau. N’importe qui ayant suivi « Mini-Microsoft », un employé anonyme de l’entreprise proposant une vue de l’intérieur des open spaces à gogo du pôle du développement Microsoft, ou qui a lu les commentaires d’un ex-développeur Microsoft mécontent comme Hamilton Verissmo, sait comment la bureaucratie du développement chez Microsoft se met en travers de l’innovation. Comme Brian Cody, un ancien ingénieur Microsoft, disait dans le Magazine Forbes en 2012, être un développeur logiciel Microsoft qui réussit « a toujours été beaucoup moins sur comment je pourrais devenir un meilleur ingénieur et beaucoup plus sur comment améliorer ma visibilité auprès des managers ».

En résumé, Microsoft est devenu une « vieille » entreprise. Ce n’est pas une surprise qu’aujourd’hui, Microsoft tente de se rattraper au niveau des tablettes et smartphones avec des ratés tels que Windows 8 Metro plutôt que l’amélioration de ses performances logicielles de base.

Les personnes réagissent comme si ce nouveau regard sur le fonctionnement de Microsoft était choquant. Ça ne l’est pas. Le développeur le dit lui-même, dès que l’histoire s’est répandue sur la blogosphère, « c’était devenu hors de contrôle. J’ai été trop sévère, et je ne voulais pas que cela ressemble à une sorte d’exposé géant. C’était juste du ronchonnement ».

En particulier, il s’excuse à moitié pour ses commentaires sur NTFS: « NTFS utilise bien SEH en interne, mais le système de fichiers est très robuste et bien testé. Les gens qui le maintiennent comptent parmi les plus talentueux et expérimentés que je connaisse. (Certes, je pense qu’ils maintiennent du code laid, mais le code laid peut faire des composants bons et fiables, de plus la laideur est nécessairement subjective.) »

Dans une tentative de résumer toutes ses plaintes de manière plus positive, il a ajouté, « Windows et Microsoft ont toujours beaucoup de talents techniques. Nous ne livrons pas de code que personne ne peut maintenir et comprendre, même si quelques fois ça peut prendre un peu de temps pour les nouvelles personnes pour contribuer. Bien que j’ai des droits de lecture et d’écriture sur le code source de Windows ainsi que des dizaines de milliers de personnes à travers le monde, je ne suis pas une exception. On ne prend quasiment aucune décision individuelle, et bien que je maintienne que la dynamique sociale décourage la prise de risque et l’action individuelle, je veux insister sur le fait que nous ne sommes ni fous ni anormaux. La force sociale telle que je l’ai décrite promeut l’innovation, et bien que je pense que l’on devrait pouvoir améliorer les aspects de notre culture que j’ai précisés, nous sommes loin d’être paralysés.

Les effets négatifs sont davantage comme ceux encourrus lors du montage d’un béquet non nécessaire sur une voiture plutôt qu’arracher le bloc moteur. Un fait incontestable, c’est que notre division d’ingénieurs fabrique et distribue des logiciels fiables qui fonctionnent partout dans le monde. Qu’importe ce que vous pensez de la nouvelle interface utilisateur de Windows 8, le système qui se cache en dessous est solide comme le roc, tout comme l’était Windows 7, et je suis fier d’avoir été une petite pièce de tout ce processus. »

Solide comme le roc ? Les patchs mensuels du mardi de Microsoft et la sortie constante de corrections pour des failles zero-day, comme la correction en mai d’IE 8, me laissent perplexe, comme toujours, sur la sécurité et la stabilité de Windows, mais que peut dire d’autre un employé de Microsoft ? Dans tous les cas, lorsqu’on parle de vitesse, c’est Linux, et non Windows, comme il l’a admis lui-même, qui reste le champion évident.

Crédit photo : Thawt Hawthje (Creative Commons By)

Même la Bible n'échappe pas à la guerre du copyright !

lundi 13 mai 2013 à 15:01

Le saviez-vous ? Aussi étrange que cela puisse sembler on est loin de pouvoir affirmer que la Bible est dans le domaine public !

Pourquoi ? Parce que sa traduction dans le langage courant n’est elle généralement pas dans le domaine public et est donc soumise aux droits d’auteur classiques.

C’est pourquoi on trouve bien des version intégrales françaises sur Internet mais dont la traduction remonte à plus de cent ans, comme celle de L. Segond (1910) ou J.N. Darby (1872). Si on veut faire usage d’une traduction plus moderne, on se retrouve avec le tous droits réservés de l’éditeur de la traduction.

Du coup, certains, comme ici en Suède, souhaitent proposer leur propre traduction pour la placer directement dans le domaine public. Mais c’est alors sans compter sur les ayants droit qui font tout pour bloquer l’initiative. Choquant non, qu’on soit ou non chrétien !


NYC Wanderer - CC by-sa


Les créateurs d’une Bible dans le domaine public menacés par un procès par les tenants du monopole du copyright sur la Bible

Creators Of Public-Domain Bible Threatened With Lawsuit By Other Bible’s Copyright Monopoly Holders

Nick Falkvinge - 15 avril 2013 - Blog personnel
(Traduction : wikimoine, Axl, fcharton, Moosh, MFolschette + anonymes)

La religion est un gros marché. La Bible chrétienne, comme n’importe quel livre, est sous un monopole de copyright — ou, pour être précis, toute traduction de moins de 100 ans environ est sous un monopole de copyright, et les personnes citant la Bible chrétienne rapportent beaucoup d’argent en termes de licences aux propriétaires de ces copyrights. Quelques militants, considérant que ce n’était pas cohérent avec la religion, ont décidé de créer une alternative libre, pour finalement être menacés de poursuites juridiques.

Un groupe de militants suédois de la culture/connaissance libre a décidé de retraduire la Bible chrétienne en langage courant, en utilisant des sources qui ne sont plus couvertes par le copyright. Ils ont ensuite mis le résultat de leurs travaux dans le domaine public. Le nom de ce projet était Free Bible (pour : « Bible libre »).

C’est un objectif louable, évidemment, indépendamment de vos convictions religieuses. Le projet a été attaqué à plusieurs reprises par les défenseurs des monopoles et des traductions dominantes, prétextant que le projet « n’était pas nécessaire », étant donné que tout le monde pouvait citer leur Bible.

C’est effectivement le cas, mais uniquement parce que la loi précise spécifiquement que les détenteurs du copyright ne peuvent s’opposer au droit de citation. De plus, une personne annonçant « nous donnons l’autorisation à X aujourd’hui, donc vous n’avez pas besoin d’une alternative libre » me laisse un arrière-goût très amer. Le but d’un tel projet est en premier lieu de retirer la possibilité même d’une personne à autoriser ou refuser une telle permission, et non de d’obtenir un droit ponctuel.

Les conditions de licence pour citer la Bible sous copyright ont beaucoup changé dans la nuit où le le projet Free Bible a été annoncé : ils sont passés de frais considérables pour chaque reproduction au delà d’une très petite quantité, quel que soit le contexte, à des frais de licence pour un usage commercial seulement. Une version dans le domaine public est toujours justifiée, mais cela souligne la possibilité de briser un monopole.

Cependant, la situation s’est considérablement aggravée. La semaine dernière, les détenteurs du monopole ont envoyé une lettre menaçant de procès les traducteurs de la Free Bible s’ils ne mettaient pas à jour une page de blog (!) pour correspondre aux nouveaux termes de la licence (!!). La page de blog en question expliquait les raisons d’être du projet Free Bible, et décrivait pourquoi une version dans le domaine public était nécessaire, en mettant en avant les contraintes de licence pour l’utilisation du livre de nos jours.

Pour ajouter l’insulte à la blessure, cette lettre de menace n’a à peu près aucun poids légal. La page était exacte au moment de son écriture, et, de plus, on ne peut pas en Suède accuser une organisation de calomnie ou de diffamation — seulement un individu. Aussi, cette lettre de menace est doublement inconvenante, et elle confirme le besoin d’une version libre de l’œuvre en question.

Certains Chrétiens ne font pas vraiment aux autres ce qu’ils souhaiteraient que les autres fassent pour eux. De ce point de vue, le perpétuel droit des détenteurs du copyright semble prévaloir, où qu’il soit.

Crédit photo : NYC Wanderer (Creative Commons By-Sa)