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21 degrés de liberté – 17

lundi 14 mai 2018 à 07:42

Journaux intimes et courriers privés ont longtemps été considérés comme littéralement sacrés, inviolables pour tout le monde. Qu’en est-il aujourd’hui quand nos vies intimes s’expriment sur des supports numériques ?

Voici déjà le 17e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois aborde une fois de plus la restriction de notre bulle privée à l’ère numérique.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

Nos journaux intimes étaient inviolables

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : redmood, draenog, Susyl, goofy + 1 anonyme

Pour nos parents du monde analogique, un journal intime ou une lettre personnelle pouvait rarement être saisie par les autorités, pas même lors d’une perquisition par les forces de l’ordre à la recherche de preuves d’un délit. Ce genre d’objets bénéficiait d’une protection en sus du droit constitutionnel à la vie privée. Pour nos enfants du monde numérique, en revanche, les équivalents de journaux intimes et lettres ne sont même pas considérés comme dignes d’une protection constitutionnelles fondamentales .

eune fille qui écrit sur ses genoux un journal intime

Dans la plupart des juridictions, il existe un droit constitutionnel à la vie privée. Dans ces pays, les forces de l’ordre ne peuvent se permettre de débarquer et de lire les mails d’une personne, mettre ses appels téléphoniques sur écoute, ou pister son adresse IP. Il leur faut d’abord une ordonnance d’un tribunal, basée sur des preuves concrètes d’un crime grave : la règle générale est que vous avez le droit à la vie privée, et les violations de cette règle sont des exceptions, et non la norme.

Et pourtant, il existe généralement un niveau de protection supplémentaire : même lorsque les autorités obtiennent la permission d’un juge de violer l’intimité d’une personne sous la forme d’un mandat de perquisition de son domicile personnel, certains objets ne peuvent être saisis à moins d’obtenir des autorisations spécifiques supplémentaires, accordées par le même type de juge. Cette catégorie d’objets comprend les objets personnels les plus privés : les lettres privées, les journaux intimes, etc.

Bien sûr, cela est vrai uniquement dans le monde analogique de nos parents. Bien que la lettre de la loi soit la même, cette protection ne s’applique pas du tout au monde numérique de nos enfants, à leurs journaux et lettres intimes.

Parce que les journaux intimes modernes sont conservés sur ordinateur. Si ce n’est sur un ordinateur de bureau, alors c’est sur un ordinateur mobile de poche – que nous appelons « téléphone » pour des raisons historiques, mais qui est en réalité un ordinateur de poche.

Et les ordinateurs sont des outils de travail, dans le monde analogique de nos parents. Il y a de nombreux cas de jurisprudence, qui définissent toutes formes de dispositifs électroniques comme des outils de travail, datant de l’époque du monde analogique, et les forces de l’ordre ont allégrement recours à ces derniers, alors même qu’aujourd’hui nos outils numériques contiennent nos journaux intimes, lettres personnelles, et d’autres choses bien plus privées que ce qu’un journal intime analogique a jamais pu contenir.

Oui : alors que les journaux intimes de vos parents étaient sous haute protection de la loi, ceux de vos enfants – pas moins personnels à leurs yeux, que ceux de vos parents étaient aux leurs – sont autant protégés contre les fouilles et les saisies qu’une banale clé à molette dans un quelconque atelier.

Alors la question c’est : comment sommes-nous passés du point A au point B ? Pourquoi la police, qui sait qu’elle n’a pas le droit de toucher à un journal intime classique lors d’une perquisition, se saisit-elle immédiatement des téléphones, qui jouent exactement le même rôle pour nos enfants ?

La réponse courte est « parce qu’ils le peuvent ». Aussi, parce que « personne n’a tapé du poing sur la table », si l’on veut y voir une leçon quant à la nécessaire action citoyenne.
Parce que certaines personnes ont vu un intérêt politique à court terme à « sévir contre la criminalité » et ont, au passage, totalement ignoré des droits durement acquis.

Chiffrez tout.

La vie privée demeure de votre responsabilité.

21 degrés de liberté – 16

mercredi 9 mai 2018 à 07:42

La collecte de données n’a jamais été aussi large, leur accumulation est sans précédent bien que leur équivalent analogique paraisse impensable…

Voici déjà le 16e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois examine aujourd’hui les risques pour les libertés individuelles de la conservation des données collectées et stockées.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

La vie privée de nos enfants et l’accumulation de données

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : amille, Lumibd, draenog, Marius + 2 anonymes

 

Dans le monde analogique de nos parents, il était absolument inimaginable que le gouvernement veuille connaître chaque déplacement que vous ayez fait, chaque appel téléphonique que vous ayez donné et chaque message que vous ayez écrit ; tel était le fonctionnement normal. Pour nos enfants, à l’ère du numérique, les représentants du gouvernement insistent pourtant sur la nécessité de collecter ces informations, comme si c’était parfaitement raisonnable, en évoquant le terrorisme et aussi, le fait que nos enfants écouteraient de la musique ou regarderaient la télévision ensemble, de la manière dont ils aiment le faire, ce qui est illégal à cause d’une législation commandée par Hollywood. Et pour empirer les choses, la surveillance est rétroactive, tout est noté, enregistré et gardé jusqu’à ce que quelqu’un réclame le tout.

Il y a dix ans, un de mes collègues a quitté l’Europe pour la Chine. Il a remarqué, parmi de nombreuses autres différences, que le service postal était beaucoup plus étroitement surveillé car chaque courrier envoyé était consigné à la main dans un journal de bord, tenu par le responsable de chaque bureau de poste. Lettre de qui, à qui, et la date.

À l’époque, trois choses m’ont frappé : premièrement, à quel point ceci paraissait naturel pour la population chinoise, qui ne connaissait pas d’autres pratiques ; deuxièmement, à quel point nos parents analogiques auraient été horrifiés et auraient dénoncé cette pratique ; troisièmement, que malgré tout, c’est exactement ce que nos parents analogiques devenus maintenant législateurs proposent pour tous nos enfants du numérique.

Ou du moins, ce qu’ils essaient de faire ; les tribunaux se défendent âprement.

Bien sûr, je parle du stockage d’informations liées aux communications électroniques (en).

Il y a un dicton qui reflète bien le sentiment chinois de normalité à ce sujet : « Les conneries que cette génération supporte comme une nuisance temporaire de politiciens dérangés sembleront parfaitement ordinaires à la génération suivante ».

Chaque composante de surveillance dans ces séquences enregistrées est amplifiée de plusieurs ordres de grandeur par le fait que vous n’êtes pas seulement observés, mais que tout ce que vous faites est enregistré pour une éventuelle utilisation ultérieure contre vous.

C’est un concept si dangereux que même le roman 1984 ne l »avait pas imaginé : si l’écran de Winston ne l’avait pas vu faire quelque chose que le régime ne voulait pas qu’il fasse, Winston aurait été en sécurité, parce qu’il n’y avait pas d’enregistrement ; la surveillance s’exerçait uniquement à un instant donné.

Si Winston Smith avait été sous le régime de surveillance proposé aujourd’hui, avec l’enregistrement et la conservation des données, le régime aurait pu et n’aurait pas manqué de revenir en arrière pour réexaminer chaque action antérieure et y trouver ce qu’il aurait pu manquer.

Cette horreur devient une réalité aujourd’hui, et elle s’applique à chaque article de cette série. Nos enfants du numérique ne sont pas seulement privés de vie privée à chaque instant, mais aussi rétroactivement privés de leur vie privée passée.

(Bon, cette horreur est une réalité qui hésite encore, car les législateurs et les tribunaux sont en lutte acharnée. Dans l’Union européenne, la conservation des données a été prescrite en 2005 par le Parlement européen, a été rejetée en 2014 par la Cour de justice européenne et a été interdite en 2016 par la même Cour. D’autres juridictions jouent à des jeux similaires ; un tribunal britannique vient de porter un coup à la conservation des données, par exemple).

La vie privée reste sous votre propre responsabilité

Storify est mort. Longue vie à…

jeudi 3 mai 2018 à 12:51

Storify.com, service bien pratique qui permet de construire des histoires sous forme de pages web, à partir d’éléments divers (textes, tweets, vidéos, etc), fermera ses portes le 16 mai 2018. Framasoft, accompagné par d’autres acteurs, met à disposition une pré-version d’un logiciel permettant à des millions d’utilisateurs et utilisatrices, de ne pas rester sur le carreau.

Le jour où tout s’est arrêté

C’est l’histoire d’un tweet qui croise un autre tweet.

Au premier coup d’oeil, c’est l’amour, ils décident de vivre ensemble. Rien de trop ronflant au début, un petit fil sur Twitter ira bien. Mais la relation s’épanouit et ils décident un beau jour de sauter le pas, d’officialiser leur union : ils veulent vivre ensemble pour le reste de leurs jours et s’afficher au grand jour, pas juste auprès de leurs copains sur Twitter.

Comment faire ?

Storify ! Les deux tweets peuvent vivre au chaud sous un joli toit commun, avec pignon sur rue, et même inviter leurs amis… Enfin une vie hors de Twitter ! Tous les internautes peuvent désormais les trouver facilement, la maison est agréable à vivre, une unité, une esthétique… et pour ne rien gacher, le loyer est gratuit. Imaginez un peu ça : chauffage inclus, été comme hiver, tout ça pour que vos gazouillis un peu fouillis ne finissent plus en vague bouillie dans le Cyber-oubli… mais qu’ils soient lus et relus pour toute l’éternité !

Storify - Esther Vargas - CC-by-sa 2.0

Storify – Esther Vargas – CC-by-sa 2.0

Enfin presque.

Car l’éternité se raccourcit : le propriétaire du lotissement annonce qu’il vend tout. Adieu veau, vache, cochon, couvée de tweets… il va falloir trouver ailleurs où se loger. Storify ferme.

Le jour où tout a recommencé

C’est l’histoire d’un autre tweet, celui de Silvère Mercier, qui réagit à cette annonce :

Framasoft, qui passait par là, propose de « voir ce qui existe dans le libre » et de créer un « commonstory » : une sorte de lotissement en co-gestion où les murs appartiendraient à tout le monde.

Yannick François, qui passait aussi par là, mets la DINSIC dans le coup en lui faisant le joli compliment d’être un peu « les framasoft de l’état » (sic). Mais au fait, c’est quoi la DINSIC ? C’est la « Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État » – merci Wikipédia ! Oui… mais encore ? Eh bien c’est un peu la DSI des DSI ministérielles, la direction qui anime la transformation numérique de l’État, et la politique d’ouverture des données publiques est portée par l’une de ses missions, Étalab. D’accord… mais quel rapport avec le logiciel libre ? C’est simple : depuis la loi pour une République numérique de 2016, les logiciels produits par l’administration publique sont des documents administratifs qui doivent être « ouverts par défaut », ou « open source par défaut », comme l’explique très bien Lionel Maurel. (Si vous n’avez pas encore senti que mon ton devient corporate, ça ne saurait tarder : je travaille en ce moment pour la mission Étalab de la DINSIC.)

Et donc Henri Verdier, qui dirige la DINSIC, répond… « Go ! » et met Laurent Joubert sur le coup pour suivre le dossier.

Quelques semaines plus tard, nous nous retrouvons dans le bureau de Laurent avec Silvère, Pierre-Yves, Thomas Citharel (développeur chez Framasoft) et moi-même, fraîchement embarqué dans le programme Entrepreneur d’intérêt Général (EIG). Nous faisons un point sur le travail de Thomas qui a déjà développé un prototype nommé « Storia » permettant de créer un compte et de sauvegarder les « stories » de feu Storify.com. Il manque la peinture et le chauffage, mais c’est un super début, nous décidons de repartir de là.

Voici les besoins dont Thomas nous fait part : rencontrer de vrais utilisateurs, travailler sur le design, anticiper l’évolution et la maintenance du projet pour la suite.

Comment faire ? Nous proposons de faire un garagethon.

– Un quoi ? !

Un garagethon ! C’est comme un hackathon sauf qu’on travaille pour de vrai et que le nombre de personnes est limité au nombre de celles qui tiendraient dans un garage, soit une douzaine. (Toute ressemblance avec cette vision de quelques « gus dans un garage » n’est pas fortuite.)

Nous voici donc partis pour l’organisation d’une journée le 30 mars. Nous mobilisons nos contacts : Silvère pour trouver des utilisateurs aguerris, Thomas pour contacter des développeurs Elixir, le langage dans lequel est développé la partie serveur du projet, Pouhiou pour trouver des concepteurs UX/UI et des graphistes, moi-même pour mobiliser des volontaires du programme EIG qui s’intéresseraient à VueJS pour le développement de l’interface Web.

La jour du Garagethon

Nous passons notre garagethon dans les locaux du Liberté Living Lab, nous avons pu y réserver une salle pour toute la journée. La salle est spacieuse et agréable, avec un espace à l’écart pour ceux qui souhaitent travailler en petit groupe.

Nous voici donc dans notre « garage » : Arnaud Rachez (datascientiste, EIG), David Panou (datascientiste, EIG), Gaël Dauvillier (BPI), Isabelle Degrange (BnF), Jean-Baptiste Le Dévéhat (concepteur UX/UI, EIG), Laurent Joubert (DINSIC), Louis Vinet (concepteur UX/UI), Silvère Mercier (ex-BPI), Tam Kien Duong (DINSIC), Thomas Citharel (développeur, Framasoft), Tristram Gräbener (ex-EIG, Codeurs en Liberté), Vincent Lara (Codeurs en Liberté), Xavier Damman (à distance, Open Collective).

Nous commençons la matinée par des présentations rapides, puis nous nous attaquons illico à l’exploration de storify.com, en tâchant d’expliciter nos besoins et notre expérience en tant qu’utilisateurs.

Ensuite, Thomas nous fait un point sur le prototype qu’il a développé, et nous commençons à y projeter les besoins évoqués plus tôt.

Après quelques pizzas bien méritées, nous avons une longue et intéressante entrevue à distance avec Xavier Damman, fondateur de Storify actuellement investi dans le projet Open Collective, dont le but est d’aider des projets ouverts à assurer leur financement… collectivement. Cet entretien permet de mettre le doigt sur des aspects structurants pour le projet qui nous occupe :

Après cette entrevue captivante, nous nous répartissons en groupes : certains pour travailler sur des maquettes, d’autres sur l’exploration du code, d’autres encore sur la création d’éléments de documentation et d’un mini-site pour le projet, etc.

Maquette pour la création d'une liste pour Storia

Maquette pour la création d’une liste pour Storia, © Louis Vinet

Le jour d’après

Et maintenant ?

Aujourd’hui, Framasoft annonce la sortie d’une version beta (= « en travaux ») de Framastory, un service pour vous permettre de sauvegarder vos anciennes Stories, destiné à évoluer avec vos retours, vos contributions. Attention : peinture fraîche ! Le calendrier nous presse car le site storify.com ne sera plus accessible à partir du 16 mai. Prenez bien note que pour l’instant, l’énergie a été concentrée sur le fait que vous puissiez importer vos stories existantes depuis Storify dans Framastory. La création de stories/picks dans Framastory est possible, mais encore très très largement « en travaux ». Les fonctionnalités et l’interface seront améliorées dans les semaines et mois qui viennent, mais Framasoft préfère publier le logiciel immédiatement, afin d’éviter aux utilisateurs et utilisatrices de Storify de perdre les heures passées à bichonner leurs stories.

 

Insérer un tweet dans une story, sur Framastory.org

Insérer un tweet dans une story, sur Framastory.org

 

D’autre part, Thomas Citharel publie un nouveau logiciel nommée PickWeaver, qui est le logiciel faisant tourner ce nouveau service.

Page d'accueil du logiciel PickWeaver

Page d’accueil du logiciel PickWeaver

PickWeaver est en version beta : comme pour tous les projets de Framasoft, les contributions sont les bienvenues !

Voici comment vous pouvez aider :

Voilà. À vous de jouer ! Découvrez la nouvelle version d’un service de curation qui vous a été indispensable ou un nouveau service qui vous sera sûrement utile. Partagez avec nous les idées que vos avez pour rendre ce projet viable sur le court, le moyen, le long terme.

J’en profite ici pour remercier chaleureusement tous les participants de ce premier garagethon : l’ambiance était à la fois conviviale et productive, cela laisse augurer de belles choses pour la suite. Mention spéciale à Laurent Joubert qui nous a sustenté le midi.

Et n’hésitez pas à nous rejoindre si vous voulez contribuer.

Ce n’est qu’un combat, continuons le début !

21 degrés de liberté – 15

lundi 23 avril 2018 à 07:42

La communication, sur Internet et ses médias sociaux comme dans la vie, doit rester dans le cadre des lois. Mais est-il normal qu’un puissant média comme Facebook s’arroge le droit de décider, le plus souvent sans explication ni recours, de quels sujets on parle de façon privée ?

Voici déjà le 15e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois prend ici l’exemple de la censure exercée par Facebook, qui en quelque sorte se substitue aux lois en imposant la sienne et bride la liberté d’expression.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

Les médias numériques interdisent à nos enfants d’aborder certains sujets.

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : wyatt, draenog, goofy, et un⋅e anonyme

Dans le pire des cas il pouvait être interdit à nos parents de se rencontrer. Mais aujourd’hui, on empêche nos enfants de parler de certains sujets, une fois la conversation en cours. Cette évolution est effrayante.

Lorsqu’un lien vers The Pirate Bay est publié sur Facebook par nos enfants, une petite fenêtre fait son apparition à l’écran avec pour message « Le lien que vous venez de publier n’est pas approprié. Veuillez ne plus publier de liens de tels liens ».

Oui, même dans les conversations privées. Particulièrement dans les conversations privées.

Cela peut paraître anodin, c’est véritablement inouï. Les discussions de nos enfants ne sont pas restreintes en soi, mais elles sont en revanche contrôlées si elles abordent les sujets sensibles dont le régime ne souhaite pas qu’on discute et on les empêche d’en discuter. C’est bien pire que de simplement interdire à certaines personnes de se rencontrer.

L’équivalent analogique de cette pratique serait une conversation téléphonique classique de nos parents dans laquelle une troisième voix menaçante interviendrait, parlant lentement sur un ton assez doux pour être perçu comme une menace : « Vous avez fait mention d’un sujet interdit. Veuillez ne plus discuter de sujets interdits à l’avenir. »

Nos parents auraient été effrayés si cela s’était produit — et à juste raison !

Mais dans le monde numérique de nos enfants, au lieu d’être conspuée, cette pratique est acclamée par les mêmes personnes qui la réprouveraient si elles venaient à en être les victimes.

Dans le cas de notre exemple bien sûr, n’importe lequel des liens vers The Pirate Bay est considéré comme sujet interdit, selon le postulat — le postulat ! — qu’ils mènent à la production de copies qui seraient décrétées en violation du droit d’auteur par un tribunal.

Copie d’écran de Marc Rees en illustration d’un article de NextInpact : Facebook censure (toujours) les messages privés qui l’ennuient.

La première fois que j’ai vu la fenêtre Facebook m’enjoignant à ne pas discuter de sujets interdits, je tentais de partager via The Pirate Bay du contenu à caractère politique que j’avais créé. Cette façon de faire s’est avérée très efficace pour partager des gros fichiers, c’est exactement la raison pour laquelle le site est très utilisé (qui aurait pensé à ça, hein ?), notamment par des personnes qui comme moi veulent partager de vastes séries de documents politiques.

Il existe des canaux de communications privés, mais très peu de personnes les utilisent, et les politiciens (oui, nos parents analogiques inclus) s’en réjouissent, à cause du « terrorisme » et autres épouvantails.

La vie privée demeure de votre responsabilité.

Mon CV ? Il est hébergé par Framasoft !

vendredi 20 avril 2018 à 13:17

Les Pages Framasite évoluent encore. Robin, l’infatigable développeur de Pretty Noémie CMS, a ajouté des fonctionnalités pendant qu’on ne regardait pas. C’est le moment de refaire votre CV.

Depuis que nous avons annoncé les pages Framasite, l’outil a été adopté, et a évolué au fil de vos retours.

Une petite liste à la Prévert ?

Des modules supplémentaires !

 

Du zouli design !

On va glisser sur les nombreuses corrections de bugs.

Un tuto vidéo pour faire son CV

Et comme il restait du temps, hop, Robin a concocté une petite vidéo pour fabriquer son CV sur Framasite.

 

Vous pouvez le mettre sur un média social propriétaire appartenant à un GAFAM, hein. No problemo. C’est cool.

Mais bon, votre CV hébergé par Framasoft, ça fait toujours son petit effet :p !

 

Pour aller plus loin & contribuer :