PROJET AUTOBLOG


Framablog

Site original : Framablog

⇐ retour index

Publicité ciblée en ligne : rien ne changera tant que…

mercredi 2 mars 2022 à 07:42

AdContrarian (en français, à peu près « Poil à gratter de la pub ») est le titre du blog de Bob Hoffman et ce choix  dit assez combien ce journaliste notoire aux U.S.A s’évertue à « mettre mal à l’aise les marketeux  » qu’il connaît bien et ne se lasse pas de les fustiger sans prendre de gants…

Dans sa newsletter de février que les bénévoles de Framalang ont traduit pour vous, il fait preuve d’un certain pessimisme par rapport au RGPD et à sa transposition dans les réglements étatsuniens, tant les acteurs de la publicité ciblée, Google et autres, ont peu de difficultés à contourner les lois ou à payer, même si le ciblage publicitaire est déclaré illégal…

Source : Special Edition : It’s all illegal

Traduction Framalang : Aliénor, Claire, goofy, Guestr, jums, Susy

On tient un scoop : tout est illégal !

par Bob Hoffman

L’intégralité de la publicité en ligne en Europe repose sur un pistage illégal.

Tel a été le verdict, en février dernier, du bras armé chargé du respect du RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données).
Mardi 2 février 2022, les autorités chargées de la protection des données de l’Union européenne ont statué sur l’illégalité des « fenêtres popup qui sollicitent le consentement », ces affreuses notifications qui vous demandent dans un charabia incompréhensible d’accepter des cookies à chaque fois que vous arrivez sur un site web. Déroulons toute l’histoire depuis le début.

Il y a presque cinq ans, l’Union européenne a voté pour l’application du RGPD dont l’objectif était de protéger la vie privée des citoyens contre les abus de l’industrie de la collecte de données en ligne. Ce RGPD fixe certaines normes pour la collecte et l’utilisation des données, y compris pour les activités des agences publicitaires en ligne.

Pour se conformer au RGPD, les publicitaires ont demandé à leur regroupement industriel, la malhonnête et peu recommandable Interactive Advertising Bureau (ou IAB) Europe, d’imaginer un classique du genre, le « Cadre de transparence et de consentement » (TCF), qui selon eux permettait aux annonceurs de ne pas se conformer au RGPD. Le TCF est une justification bidon de ces stupides fenêtres de consentement.

Cette semaine, l’autorité de protection des données a jugé que le TCF c’est des grosses conneries et que c’est illégal. Ils ont jugé que le TCF :
• ne conserve pas les données personnelles de façon sécurisée, comme l’exige le RGPD ;
• ne recueille pas correctement le consentement des personnes ;
• n’a pas défini un « intérêt légitime » légalement valide pour la collecte de ces informations ;
• échoue à être transparent sur ce qui est fait de ces données personnelles ;
• échoue à veiller à ce que ces données soient traitées en accord avec les lignes directrices du RGPD ;
• échoue à respecter les critères du RGPD de « protection des données dès la conception ».

À part ça, c’est absolument super.

Chapeau à l’ICCL (Conseil irlandais pour les libertés civiles) pour avoir porté cette grosse affaire devant les instances européennes. Et un prix Nobel de quelque chose pour Johnny Ryan qui veille sans relâche sur les droits à la vie privée au nom de nous tous. On peut voir Johnny Ryan parler aux infos de ce jugement.

Question suivante : qu’est-ce que ça va changer pour le secteur de la publicité ciblée ? Comme nous le savons, ce secteur fait régulièrement un doigt d’honneur aux régulateurs et fait absolument tout ce qui lui chante. Les régulateurs pensent qu’ils gèrent les choses, mais leur incompétence pathétique et leur couardise ont permis au secteur de la publicité ciblée d’en faire voir de toutes les couleurs aux régulateurs et au public, depuis l’instauration du RGPD. Une conséquence de ce jugement est que Google et tous les autres acteurs du secteur de la publicité ciblée en ligne sont sommés de brûler toutes les données qu’ils ont collectées illégalement. Google se conformera à ça quand les réfrigérateurs auront des ailes.

L’IAB Europe a maintenant six mois pour corriger l’illégalité flagrante de leur TCF absurde. Que vont-ils faire ? À mon avis, ils vont pondre une autre magnifique bouse qui va prendre des années à contester, pendant que les publicitaires continueront d’entuber joyeusement le public. Comme d’habitude, j’espère avoir tort.

Le secteur de la publicité ciblée, en particulier Google et Amazon, amasse beaucoup trop d’argent pour en avoir quoi que ce soit à faire des amendes de pacotille que les régulateurs leur distribuent pour leurs activités criminelles. Pour eux, ce sont juste des frais de fonctionnement. Facebook n’essaie même pas de se soumettre au TCF, ils n’ont de comptes à rendre à personne.

Rien ne changera tant que personne n’aura été envoyé en prison.

Perspective locale

L’ironie dans tout ça, c’est que juste au moment où l’IAB étatsunienne est sur le point de spammer le monde entier avec sa version du TCF, les régulateurs de l’UE l’ont détruite.

Un peu de contexte…

Ici, aux États-Unis, il n’y a pas de loi contre quoi que ce soit. L’entité la plus proche que nous possédons pour réguler ce secteur corrompu de la publicité ciblée en ligne est appelée Loi de protection du consommateur en Californie (ou CCPA en anglais, California Consumer Protection Act). Elle est largement inspirée par le RGPD et aussi loin que remontent les mémoires, elle n’a jamais protégé qui que ce soit de quoi que ce soit (elle sera remplacée l’année prochaine par une autre bouillie de lettres appelée CPRA).
L’IAB étatsunienne a repris la formule illégale du TCF de leur branche Europe et l’a maladroitement transposée à la CCPA. Ils ont aussi convaincu les clowns, les escrocs et les collaborateurs de l’ANA, de la 4As (respectivement « Association of National Advertisers » et « American Association of Advertising Agencies » [des associations américaines de publicitaires, NdT]) et de grandes marques d’implémenter le TCF maintenant discrédité sous un nouveau nom foireux, « Global Privacy Platform » (Plateforme globale de la vie privée). Ouais, c’est ça.

Vue d’ensemble : L’arrogance des secteurs de la tech et du marketing aux États-Unis est tellement énorme que les actions des régulateurs n’ont quasi aucun poids. Quel sera l’effet le plus probable du jugement de cette semaine sur l’abus des données aux États-Unis ? En comptant à rebours, qu’est-ce qui vient après zéro ?
Ai-je déjà mentionné que rien ne changera tant que personne ne sera envoyé en prison ?

Comédie-ballet

La danse des régulateurs et du secteur de la publicité ciblée n’est rien d’autre qu’une performance artistique : les régulateurs portent plainte, les escrocs paient une petite amende, et tout le monde retourne à ses petites affaires.

Tout individu doté d’un cerveau fonctionnel peut comprendre qu’un secteur de la publicité ciblée basé sur du pistage est un racket criminel aux proportions gigantesques. C’est une vaste escroquerie planétaire, un crime organisé à l’échelle mondiale auquel participent quasi toutes les grandes entreprises, les organisations commerciales les plus réputées et l’ensemble des secteurs de la publicité, du marketing et des médias en ligne. Même l’IAB a reconnu avoir indiqué à la Commission européenne que les achats automatiques basés sur des enchères en temps réel sont « incompatibles avec le consentement prévu par le RGPD ».
Mais trop de personnes se font trop d’argent.
Rien ne changera tant que personne… ooooh, laissez tomber.

Si vous souhaitez vous abonner à la newsletter de Bob Hoffman (en anglais) ou simplement consulter les numéros précédents c’est par ici https://www.bobhoffmanswebsite.com/newsletters

Khrys’presso du lundi 28 février 2022

lundi 28 février 2022 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)

Brave New World

Spécial guerre en Ukraine

Spécial nucléaire

Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Le dossier de la semaine : autour de Cambridge Analytica (hacking-social.com)

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine


Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

Khrys’presso du lundi 21 février 2022

lundi 21 février 2022 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)

Brave New World

Spécial nucléaire

Spécial “convois de la liberté”

Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine


Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

Khrys’presso du lundi 14 février 2022

lundi 14 février 2022 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)

Brave New World

Spécial nucléaire

Spécial France

Spécial médias et pouvoir

Spécial maths

Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…

Spécial résistances

Spécial GAFAM et cie

Les disparitions de la semaine

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine


Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).

Détestons Facebook, mais pour de bonnes raisons…

samedi 12 février 2022 à 07:42

Même si Facebook Meta s’est efforcé de démentir rapidement, la nouvelle a eu le temps de recueillir un beau succès : ne serait-ce qu’envisager de priver l’Europe de Facebook et Instagram a semblé une si plaisante perspective que beaucoup sur les rézosocios ont crié « chiche ! » ou » bon débarras » en assortissant les messages ironiques d’une quantité de mèmes.
C’est l’occasion pour Aral Balkan, qui se réjouit d’un tel rejet implicite de facebook, d’examiner les bonnes raisons de renoncer non seulement à Facebook, mais aussi à toutes sortes de services qui nous asservissent. Tous jouent la même partition, celle du capitalisme de surveillance prédateur de nos données.
Dans ce bref article traduit par Framalang, il invite aussi à adopter des solutions alternatives plus respectueuses de l’humain et de la démocratie.

Article original : Everyone Hates Facebook (but this is more than just about Facebook)
Traduction Framalang : Bromind, Claire, Fabrice, goofy, Julien, mo, Sysy

Tout le monde déteste Facebook (mais le problème n’est pas seulement Facebook)

par Aral Balkan

— Mark Zuckerberg et son équipe envisagent de fermer Facebook et Instagram en Europe si Meta ne peut pas traiter les données des Européens sur des serveurs américains.

(source)

« C’est alors que mon fil Twitter a pris feu avec une rare unanimité, la gauche et la droite, les riches et les pauvres, les bien portants et les malades, tous d’accord et acquiesçant pour répondre oui, mais oui, allez-y, faites-le. »

Adam Dalliance, sur Twitter

Bon, c’est désormais officiel, tout le monde déteste Facebook.
Mais les raisons de cette détestation ont leur importance. Il en va de même pour ce que nous voulons en faire.

D’autres bonnes raisons de détester Facebook et les éleveurs d’humains, dans ma conférence : The Camera Panopticon

De bonnes raisons pour détester Facebook :

De mauvaises raisons pour détester Facebook :

Nous sommes donc toutes et tous d’accord pour dire que Facebook est un problème.
Certains pour de bonnes raisons, d’autres pour de mauvaises raisons…
Mais il ne s’agit pas que de Facebook : cela concerne toute société qui utilise le même modèle économique que Facebook.
Ce modèle économique que j’appelle « un élevage d’humains ».
Il s’agit donc également de Google. Et de Snapchat. Et de TikTok. Et aussi de… et de… ad nauseam. Car tel est le modèle économique utilisé aujourd’hui par les technologies grand public.

Nous avons donc un plus gros problème, systémique, sur les bras (youpi !). Et tout le monde semble avoir une idée ou une autre sur la façon dont nous devrions agir différemment à l’avenir.

D’autres mauvaises raisons encore

Eh oui, c’est exactement l’actuelle stratégie de canard sans tête de la Commission européenne, vu que ses membres sont incapables de voir au-delà des marchés et de l’antitrust.

D’autres bonnes raisons encore


Regardez mon intervention au Parlement européen dans laquelle je résume le problème et propose une solution.

Regardez les enregistrements de Small is Beautiful, l’émission mensuelle de la Small Technology Foundation, pour en savoir plus à propos de mes travaux sur le Small Web.
Détester Facebook, c’est très bien, mais surtout n’oublions pas qu’il n’est pas seulement question de Facebook. Il s’agit plus largement d’élevage d’humains.

Si Facebook disparaît demain mais qu’un autre Facebook le remplace, nous n’aurons rien gagné au change.
Alors, je vous en prie, assurons-nous de bien comprendre les différences entre les diverses alternatives et choisissons celles qui aboutiront à un progrès significatif dans la protection de l’identité individuelle et de la démocratie.
(Un indice ? Regardez l’intention qui est derrière l’organisation. Est-ce que son but, c’est de gagner des milliards de dollars ou de protéger les droits humains et la démocratie ? Et oui, peu importe ce que les capitalistes vous diront, les deux buts sont diamétralement opposés et mutuellement exclusifs.)


Si vous avez aimé cet article, vous pouvez soutenir la fondation de son auteur, Small Technology, qui est petite, indépendante, et à but non-lucratif.

Le but de cette fondation de 2 personnes est de protéger les personnes et la démocratie à l’ère numérique.