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Sauvegardez !

vendredi 23 avril 2021 à 10:35

Régulièrement, un accident qui entraine la perte de données importantes nous rappelle l’importance des sauvegardes. L’incendie du centre de données d’OVH à Strasbourg le 10 mars dernier a été particulièrement spectaculaire, car de nombreuses personnes et organisations ont été touchées, mais des incidents de ce genre sont fréquents, quoique moins médiatisés. Un ami vient de m’écrire pour me demander mon numéro de téléphone car il a perdu son ordiphone avec son carnet d’adresses, un étudiant a perdu son ordinateur portable dans le métro, avec tout son mémoire de master dessus, et met une petite annonce dans la station de métro, une graphiste s’aperçoit que son ordinateur, avec tous ses travaux dessus, ne démarre plus un matin, une ville a perdu ses données suite au passage d’un rançongiciel, une utilisatrice de Facebook demande de l’aide car son compte a été piraté et elle ne peut plus accéder à ses photos de famille… Des appels au secours sur les réseaux sociaux comme celui-ci ou celui-là sont fréquents. Dans tous ces cas, le problème était l’absence de sauvegardes. Mais c’est quoi, les sauvegardes, et comment faut-il les faire ?

Le principe est simple : une sauvegarde (backup, en anglais) est une copie des données effectuée sur un autre support. Le but est de pouvoir récupérer ses données en cas de perte. Les causes de perte sont innombrables : vol de l’ordinateur portable ou de l’ordiphone (ces engins, étant mobiles, sont particulièrement exposés à ces risques), effacement par un logiciel malveillant ou par une erreur humaine, panne matérielle. Les causes possibles sont trop nombreuses pour être toutes citées. Retenons plutôt ce principe : les données peuvent devenir inaccessibles du jour au lendemain. Même si vous n’utilisez qu’un ordinateur fixe, parfaitement sécurisé, dans un local à l’abri des incendies (qui peut vraiment prétendre avoir une telle sécurité ?), un composant matériel peut toujours lâcher, vous laissant dans l’angoisse face à vos fichiers irrécupérables. Ne pensons donc pas aux causes de perte, pensons aux précautions à prendre.

(Au passage, saviez-vous que Lawrence d’Arabie avait perdu lors d’un voyage en train un manuscrit qu’il avait dû retaper complètement ? Il n’avait pas de sauvegardes. À sa décharge, avant le numérique, faire des sauvegardes était long et compliqué.)

La règle est simple : il faut sauvegarder ses données. Ou, plus exactement, ce qui n’est pas sauvegardé peut être perdu à tout instant, sans préavis. Si vous êtes absolument certain ou certaine que vos données ne sont pas importantes, vous pouvez vous passer de sauvegardes. À l’inverse, si vous êtes en train d’écrire l’œuvre de votre vie et que dix ans de travail sont sur votre ordinateur, arrêter de lire cet article et aller faire tout de suite une sauvegarde est impératif. Entre les deux, c’est à vous de juger de l’importance de vos données, mais l’expérience semble indiquer que la plupart des utilisateurices sous-estiment le risque de panne, de vol ou de perte. Dans le doute, il vaut donc mieux sauvegarder.

Comment on sauvegarde ?

Là, je vais vous décevoir, je ne vais pas donner de mode d’emploi tout fait. D’abord, cela dépend beaucoup de votre environnement informatique. On n’utilisera pas les mêmes logiciels sur macOS et sur Ubuntu. Je ne connais pas tous les environnements et je ne peux donc pas vous donner des procédures exactes. (Mais, connaissant les lecteurices du Framablog, je suis certain qu’ielles vont ajouter dans les commentaires plein de bons conseils pratiques.) Ensuite, une autre raison pour laquelle je ne donne pas de recettes toutes faites est que la stratégie de sauvegarde va dépendre de votre cas particulier. Par exemple, si vous travaillez sur des données confidentielles (données personnelles, par exemple), certaines stratégies ne pourront pas être appliquées.

Je vais plutôt me focaliser sur quelques principes souvent oubliés. Le premier est d’éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier. J’ai déjà vu le cas d’une étudiante ayant bien mis sa thèse en cours de rédaction sur une clé USB mais qui avait la clé et l’ordinateur portable dans le même sac… qui fut volé à l’arrachée dans la rue. Dans ce cas, il n’y a pas de réelle sauvegarde, puisque le même problème (le vol) entraine la perte du fichier et de la sauvegarde. Même chose si la sauvegarde est accessible depuis la machine principale, par exemple parce qu’elle est sur un serveur de fichiers. Certes, dans ce cas, une panne matérielle de la machine n’entrainerait pas la perte des données sauvegardées sur le serveur, en revanche, une fausse manœuvre (destruction accidentelle des fichiers) ou une malveillance (rançongiciel chiffrant tout ce qu’il trouve, pour le rendre inutilisable) frapperait la sauvegarde aussi bien que l’original. Enfin, si vous travaillez à la maison, et que la sauvegarde est chez vous, rappelez-vous que le même incendie peut détruire les deux. (Il n’est pas nécessaire que tout brûle pour que tous les fichiers soient perdus ; un simple début de fumée peut endommager le matériel au point de rendre les données illisibles.) Rappelez-vous : il y a plusieurs causes de pertes de données, pas juste la panne d’un disque dur, et la stratégie de sauvegarde doit couvrir toutes ces causes. On parle parfois de « règle 3-2-1 »  : les données doivent être sauvegardées en trois exemplaires, sur au moins deux supports physiques différents, et au moins une copie doit être dans un emplacement séparé. Bref, il faut être un peu paranoïaque et imaginer tout ce qui pourrait aller mal.

Donc, pensez à séparer données originelles et sauvegardes. Si vous utilisez un disque dur externe pour vos sauvegardes, débranchez-le physiquement une fois la sauvegarde faite. Si vous utilisez un serveur distant, déconnectez-vous après la copie.

(Si vous êtes programmeureuse, les systèmes de gestion de versions gardent automatiquement les précédentes versions de vos programmes, ce qui protège contre certaines erreurs humaines, comme d’effacer un fichier. Et, si ce système de gestion de versions est décentralisé, comme git, cela permet d’avoir facilement des copies en plusieurs endroits. Toutefois, tous ces endroits sont en général accessibles et donc vulnérables à, par exemple, un logiciel malveillant. Le système de gestion de versions ne dispense pas de sauvegardes.)

Ensuite, ne faites pas d’économies : il est très probable que vos données valent davantage que les quelques dizaines d’euros que coûte un disque dur externe ou une clé USB. Toutefois, il vaut mieux des sauvegardes imparfaites que pas de sauvegardes du tout. Simplement envoyer un fichier par courrier électronique à un autre compte (par exemple celui d’un ami) est simple, rapide et protège mieux que de ne rien faire du tout.

Enfin, faites attention à ce que la sauvegarde elle-même peut faire perdre des données, si vous copiez sur un disque ou une clé où se trouvent déjà des fichiers. C’est une des raisons pour lesquelles il est recommandé d’automatiser les sauvegardes, ce que permettent la plupart des outils. L’automatisation n’a pas pour but que de vous fatiguer moins, elle sert aussi à limiter les risques de fausse manœuvre.

À quel rythme ?

La règle est simple : si vous faites des sauvegardes tous les jours, vous pouvez perdre une journée de travail. Si vous en faites toutes les semaines, vous pouvez perdre une semaine de travail. À vous de voir quel rythme vous préférez.

Et le cloud magique qui résout tout ?

Quand on parle de sauvegardes, beaucoup de gens répondent tout de suite « ah, mais pas de problème, moi, tout est sauvegardé dans le cloud ». Mais ce n’est pas aussi simple. D’abord, le cloud n’existe pas : il s’agit d’ordinateurs comme les autres, susceptibles des mêmes pannes, comme l’a tristement démontré l’incendie d’OVH. Il est d’ailleurs intéressant de noter que beaucoup de clients d’OVH supposaient acquis que leurs données étaient recopiées sur plusieurs centres de données, pour éviter la perte, malgré les conditions d’utilisation d’OVH qui disaient clairement que la sauvegarde était de la responsabilité du client. (Mais qui lit les conditions d’utilisation ?)

Parfois, la croyance dans la magie du cloud va jusqu’à dire que leurs centres de données ne peuvent pas brûler, que des copies sont faites, bref que ce qui est stocké dans le nuage ne peut pas être perdu. Mais rappelez-vous qu’il existe d’innombrables causes de perte de données. Combien d’utilisateurs d’un service en ligne ont eu la mauvaise surprise de découvrir un matin qu’ils n’avaient plus accès à leur compte parce qu’un pirate avait deviné leur mot de passe (ou détourné leur courrier ou leurs SMS) ou parce que la société gestionnaire avait délibérément fermé le compte, en raison d’un changement de politique de leur part ou tout simplement parce que le logiciel qui contrôle automatiquement les accès a décidé que votre compte était problématique ? Il n’est pas nécessaire que la société qui contrôle vos fichiers perde les données pour que vous n’y ayez plus accès. Là aussi, c’est une histoire fréquente (témoignage en anglais) et elle l’est encore plus en cas d’hébergement gratuit où vous n’êtes même pas un client.

Ah, et un autre problème avec la sous-traitance (le terme correct pour cloud), la confidentialité. Si vous travaillez avec des données confidentielles (s’il s’agit de données personnelles, vous avez une responsabilité légale, n’oubliez pas), il n’est pas prudent de les envoyer à l’extérieur sans précautions, surtout vers les fournisseurs états-tuniens (ou chinois, mais ce cas est plus rare). Une bonne solution est de chiffrer vos fichiers avant l’envoi. Mais comme rien n’est parfait dans le monde cruel où nous vivons, il faut se rappeler que c’est moins pratique et surtout que cela introduit un risque de perte : si vous perdez ou oubliez la clé de chiffrement, vos sauvegardes ne serviront à rien.

Tester

Un adage d’ingéniérie classique est que ce qui n’a pas été testé ne marche jamais, quand on essaie de s’en servir. Appliqué aux sauvegardes, cela veut dire qu’il faut tester que la sauvegarde fonctionne, en essayant une restauration (le contraire d’une sauvegarde : mettre les fichiers sur l’ordinateur, à partir de la copie).

Une bonne discipline, par exemple, est de profiter de l’achat d’une nouvelle machine pour essayer de restaurer les fichiers à partir de la copie. Vous serez peut-être surpris·e de constater à ce moment qu’il manque des fichiers importants, qui avaient été négligés lors de la sauvegarde, ou bien que la sauvegarde la plus récente n’est… pas très récente. Ou bien tout simplement que la clé USB où vous aviez fait la sauvegarde a disparu, ou bien ne fonctionne plus.

Conclusion

Il faut sauvegarder. Je l’ai déjà dit, non ? Pour vous motiver, posez-vous les questions suivantes :

Si vous préférez les messages en vidéo, j’ai bien aimé cette vidéo qui, en dépit de son nom, n’est pas faite que pour les geeks.

 

 

 

J’enseigne, je code et je partage : une série de portraits-entretiens à la rencontre des enseignant⋅es développeur⋅es

jeudi 22 avril 2021 à 08:22

J’enseigne, je code et je partage est une série de portraits-entretiens à la rencontre des enseignant⋅es développeur⋅es réalisée par Hervé Baronnet (enseignant) et Jean-Marc Adolphe (journaliste culture et humanités) pour l’association Faire École Ensemble. Déjà 3 de ces portraits-entretiens ont été publiés et on s’est dit que ça pourrait être chouette d’en savoir un peu plus sur cette initiative. Alors, on a demandé aux interviewers s’ils acceptaient d’être interviewés à leur tour.

Bonjour Hervé et Jean-Marc ! Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour,
Hervé Baronnet, je suis enseignant en maternelle depuis 25 ans, toujours en zone d’éducation prioritaire. Utilisateurs des TICE, notamment de logiciels éducatifs libres mais pas exclusivement. J’ai contribué au projet AbulÉdu en tant que bêta-testeur et auteur de documentations pédagogiques. Je suis actuellement membre du conseil collégial de FÉE.

Bonjour,
Jean-Marc Adolphe, journaliste et conseiller artistique, ex-militant FCPE. Je m’intéresse depuis longtemps à l’éducation aux médias, à mes yeux insuffisamment enseignée à l’école. Et en tant que citoyen, l’école m’engage. La question des « biens communs numériques » me semble essentielle dans tout ce qui ressort du service public, particulièrement au sein de l’Éducation nationale.

Vous êtes tous les deux adhérents de l’association Faire École Ensemble. C’est quoi cette asso ?

L’association Faire École Ensemble est une association collégiale qui facilite les collaborations entre les citoyens et la communauté éducative tout au long de la pandémie. Fée engage des projets collaboratifs en s’appuyant sur 3 spécificités : la convivialité, la documentation et le recours par défaut aux licences ouvertes.

Concrètement, à l’annonce de la fermeture des écoles et de la mise en place généralisée de l’enseignement à distance en mars 2020, nous avons mobilisé 1000 citoyennes et citoyens pour aider les professeurs peu à l’aise avec le numérique. S’en sont suivies d’autres actions autour de la réouverture progressive des écoles avec un protocole sanitaire drastique, les possibilités de faire école à l’extérieur, la préparation d’une rentrée apaisée en passant une nuit à l’école et une action réflexive sur la place du numérique dans l’enseignement (recherche-action ; états généraux du numérique libre et des communs pédagogiques).

Ce que nous faisons avec Faire École Ensemble relève d’une configuration tiers-lieux telle que définie par Antoine Burret (« le tiers-lieu peut-être défini conceptuellement comme : une configuration sociale où la rencontre entre des entités individuées engage intentionnellement à la conception de représentations communes »). Nos projets réunissent des communautés de personnes diverses (parents, profs, designers, chercheurs, élèves, architectes, juristes, militants associatifs, artistes…) autour d’une intention commune (réaménager sa classe, organiser une nuit à l’école, penser la pédagogique en période de crise…). Nous documentons les conversations (formelles et informelles) pour faire émerger un patrimoine informationnel commun, nous prenons soin des liens entre les personnes, sommes garants de la convivialité et accompagnons celles et ceux qui le souhaitent dans le passage à l’action (nous ne faisons pas à leur place).

J’ai cru comprendre que FÉE souhaitait développer une communauté d’enseignant⋅es développeur⋅es en informatique. Quel est l’objectif ? Ça s’organise où et comment ? Quelles sont les modalités pour y participer ?

La création de la communauté d’enseignant⋅es développeur⋅es s’inscrit dans le cadre du programme sur le libre et les communs dans l’éducation. Cette action fait suite aux États Généraux du Numérique Libre et des Communs Pédagogiques et vise à réunir les enseignant⋅es développeur⋅es en communauté pour penser/agir en faveur d’un numérique éducatif plus coopératif et plus éthique.

C’est une communauté ouverte pour :

La communauté s’organise autour d’une catégorie sur le forum de FÉE où l’inscription est libre, et d’une page sur le wiki de FÉE.

Des webinaires « le logiciel libre par des acteurs de l’éducation pour l’éducation » dans le cadre du cycle sur le libre et les communs sont proposés régulièrement. Les enseignant⋅es développeur⋅es sont invité⋅es à y participer.

Il est important de souligner que les « enseignant⋅es développeur⋅es » ne sont pas nécessairement des spécialistes en informatique. Ce sont avant tout des enseignant⋅es, soucieu⋅ses de trouver des ressources pédagogiques et « techniques » adaptées à leurs élèves.

Dans ce cadre, vous vous êtes lancés dans une série d’interviews d’enseignant⋅es développeur⋅es. Quel est l’objectif de ces interviews ?

Le premier objectif de cette série d’entretiens-portraits est de faire connaître l’existence de ces personnes, de les valoriser elleux ainsi que les projets sur lesquels ielles travaillent. Ensuite, un portrait type présentant leurs spécificités va pouvoir naître en croisant les réponses.

Carte heuristique pour mettre en évidence les spécificités des enseignant⋅es développeur⋅es.

Il s’agit de faire savoir à d’autres enseignant⋅es développeur⋅es qu’ielles ne sont pas seul⋅es. À plus long terme, il s’agit de faire prendre conscience de la valeur de ces acteur⋅ices et de lister les freins et les besoins pour aboutir à un soutien institutionnel.

Sur quels critères sélectionnez-vous les enseignant⋅es développeur⋅es pour votre série de portraits ?

Nous avons sollicité dans un premier temps des enseignant⋅es qui s’étaient inscrit⋅es sur le forum de FÉE. Puis nous avons réalisé des portraits de personnes au profil plus étendu, avec la double casquette enseignant et développeur au sens large. Le fait de développer ou de contribuer à des logiciels libres est privilégié dans le choix des entretiens.

#ModeTroll : il y a à ce jour 3 entretiens sur le blog et uniquement des hommes. C’est volontaire de ne pas valoriser la gent féminine ?

Il y en a 3 et bientôt 6, tous des hommes, en effet ! FÉE n’y est pour rien (le conseil collégial de l’association devrait être bientôt à parité hommes / femmes). Il se trouve que seuls des enseignants-hommes se sont manifestés à ce jour. Mais nous profitons de cet entretien pour lancer un appel à des enseignantes-développeuses afin qu’elles participent à cette série d’entretiens et qu’elles puissent rejoindre la communauté qui est en train de se former.

Quelle est la place du logiciel libre dans les pratiques des enseignant⋅es développeur⋅es ?

La place du logiciel libre est centrale, car la priorité a été donnée aux enseignant⋅es développeur⋅es libristes, cette action étant dans la continuité des États Généraux du Numérique Libre organisés par FÉE.

Des développeur⋅es qui utilisent des outils non libres ou développant des applications gratuites propriétaires pourront aussi être sollicité⋅es pour mieux définir ce qui les empêche de basculer vers le libre.

Et comme toujours, sur le Framablog, on vous laisse le mot de la fin !

À partir de ces entretiens des caractéristiques communes aux enseignant⋅es développeur⋅es peuvent être extraites.

Parmi les points positifs :
+ la motivation à aider les élèves
+ l’éthique comme moteur
+ la valeur ajoutée de leur projet en tant qu’outil métier

Parmi les aspects négatifs :
– le temps, la non-reconnaissance du travail
– le code « amateur » peu ou pas documenté
– l’aspect chronophage des questions des utilisateur⋅ices qui augmente avec le succès des logiciels

Notre contributopie serait de limiter ces freins par l’impulsion de solutions :

Merci beaucoup pour vos précisions Hervé et Jean-Marc. Et on espère que de nombreu⋅ses enseignant⋅es et libristes rejoindront votre communauté.

Développeurs, développeuses, nettoyez le Web !

mardi 20 avril 2021 à 17:54

Voici la traduction par d’une nouvelle initiative d’Aral Balkan intitulée : Clean up the web ! : et si on débarrassait les pages web de leurs nuisances intrusives ?

En termes parfois fleuris (mais il a de bonnes raisons de hausser le ton) il invite toutes les personnes qui font du développement web à agir pour en finir avec la soumission aux traqueurs des GAFAM. Pour une fois, ce n’est pas seulement aux internautes de se méfier de toutes parts en faisant des choix éclairés, mais aussi à celles et ceux qui élaborent les pages web de faire face à leurs responsabilités, selon lui…

Traduction Framalang : Aliénor, ellébore, goofy, mo.

Nettoyons le Web !

par Aral Balkan

Développeurs, développeuses, c’est le moment de choisir votre camp :
voulez-vous contribuer à débarrasser le Web du pistage hostile à la confidentialité, ou bien allez-vous en être complices ?

Que puis-je faire ?

🚮️ Supprimer les scripts tiers de Google, Facebook, etc.

À commencer par Google Analytics (un des pisteurs les plus répandus dans le monde), YouTube videos, Facebook login widgets, etc.

Ces scripts permettent à des éleveurs de moutons numériques comme Google et Facebook de pister les utilisatrices d’un site à l’autre sur tout le Web. Si vous les incorporez à votre site, vous êtes complice en permettant ce pistage par des traqueurs.

Et oui, ça inclut aussi ces saloperies de Google AMP.

🚮️ Envoyer balader Google et son FLoC !

Face à la pression montante des mécontents, Google a annoncé qu’il allait à terme bloquer les traqueurs tiers dans son navigateur Chrome. Ça a l’air bien non ? Et ça l’est, jusqu’à ce que l’on entende que l’alternative proposée est de faire en sorte que Chrome lui-même traque les gens sur tous les sites qu’ils visitent…sauf si les sites lui demandent de ne pas le faire, en incluant le header suivant dans leur réponse :

Permissions-Policy : interest-cohort=()

Bon, maintenant, si vous préférez qu’on vous explique à quel point c’est un coup tordu…

Aucune page web au monde ne devrait avoir à supplier Google : « s’il vous plaît, monsieur, ne violez pas la vie privée de la personne qui visite mon site » mais c’est exactement ce que Google nous oblige à faire avec sa nouvelle initiative d’apprentissage fédéré des cohortes (FLoC).

Si jamais vous avez du mal à retenir le nom, n’oubliez pas que « flock » veut dire « troupeau » en anglais, comme dans « troupeau de moutons, » parce que c’est clairement l’image qu’ils se font de nous chez Google s’ils pensent qu’on va accepter cette saloperie.

Donc c’est à nous, les développeurs, de coller ce header dans tous les serveurs web (comme nginx, Caddy, etc.), tous les outils web (comme WordPress, Wix, etc.)… bref dans tout ce qui, aujourd’hui, implique une réponse web à une requête, partout dans le monde.

Notre petit serveur web, Site.js, l’a déjà activé par défaut.

Ça a pris cinq minutes à mettre en place.

Vous pouvez le faire.

Pour en savoir plus sur le FLoC de Google vous pouvez lire cet article du Framablog (en français) et cet article de l’EFF (en anglais).

Si jamais il y a des politiciens qui ont les yeux ouverts en ce 21e siècle et qui ne sont pas trop occupés à se frotter les mains ou à saliver à l’idée de fricoter, voire de se faire embaucher par Google et Facebook, c’est peut-être le moment de faire attention et de faire votre putain de taf pour changer.

🚮️ Arrêter d’utiliser Chrome et conseiller aux autres d’en faire autant, si ça leur est possible.

Rappelons qui est le méchant ici : c’est Google (Alphabet, Inc.), pas les gens qui pour de multiples raisons pourraient être obligés d’utiliser le navigateur web de Google (par exemple, ils ne savent pas forcément comment télécharger et installer un nouveau navigateur, ou peuvent être obligés de l’utiliser au travail, etc.)

Donc, attention de ne pas vous retrouver à blâmer la victime, mais faites comprendre aux gens quel est le problème avec Google (« c’est une ferme industrielle pour les êtres humains ») et conseillez-leur d’utiliser, s’ils le peuvent, un navigateur différent.

Malheureusement, dans l’état actuel des choses, il n’y a pas de navigateur parfait. Firefox, par exemple, est une option viable mais il ne faut pas oublier que Mozilla n’existe que parce que Google les rémunère à peu près un demi-milliard de dollars par an pour en faire le moteur de recherche par défaut sur leur navigateur. Dans le même ordre d’idées, Safari est une bonne option sur Apple mais n’oublions pas que même Apple laisse Google violer notre vie privée en échange de quelques milliards (à la différence de Mozilla, Apple n’a pas besoin de cet argent pour survivre, mais ce qui est sûr c’est qu’ils veulent en profiter.) Brave pourrait sembler le choix le plus judicieux jusqu’à ce qu’on se rende compte que le business model de Brave repose sur la vente de votre attention. Sous Linux, GNOME Web est un bon choix mais ne perdez pas de vue que Google est un membre rémunéré à part entière du Comité consultatif de GNOME

C’est décourageant de voir les tentacules de ce foutu monstre marin s’étendre partout et s’il a jamais été temps de créer une organisation indépendante financée par des fonds publics pour mettre au point un navigateur sans cochonnerie, c’est le moment.

🚮️ Protégez-vous et montrez aux autres comment en faire autant

Même si les bloqueurs de traqueurs sont en train de perdre au jeu du chat et de la souris (cf. par exemple FLoC ci-dessus), ils restent encore utiles pour protéger la vie privée des gens. Nous en proposons un qui s’appelle Better Blocker à la Small Technology Foundation. Nous recommandons également l’excellente extension uBlock Origin. (Et nous proposons une version des règles de blocage de Better que vous pouvez utiliser sur UBlock Origin.)

🚮️ Découvrir et utiliser des solutions alternatives.

Apprenez à connaître et à utiliser les alternatives. Les sites suivant sont des mines de ressources :

🚮️ Passez le mot !

Pointez vers cette page avec les hashtags #CleanUpTheWeb et#FlocOffGoogle.

🚮️ Choisissez un autre business model

En fin de compte, on peut résumer les choses ainsi : si votre business model est fondé sur le pistage et le profilage des gens, vous faites partie du problème.

Les mecs de la tech dans la Silicon Valley vous diront qu’il n’y a pas d’autre façon de faire de la technologie que la leur.

C’est faux.

Ils vous diront que votre « aventure extraordinaire » commence par une startup financée par des business angels et du capital risque et qu’elle se termine soit quand vous êtes racheté par un Google ou un Facebook, soit quand vous en devenez un vous-même. Licornes et compagnie…

Vous pouvez créer de petites entreprises durables. Vous pouvez créer des coopératives. Vous pouvez créer des associations à but non lucratif, comme nous.

Et au sein de ces structures alternatives qui n’ont pas l’obsession de tout savoir sur tout le monde ni de générer de la croissance infinie avec des ressources finies, vous pouvez produire des outils qui font ce qui est dit sur l’étiquette et rien d’autre.

Si vous vous demandez ce qui vous rend heureux, est-ce que ce n’est pas ça, par hasard ?

Est-ce que vous voulez devenir milliardaire ? Est-ce que vous avez envie de traquer, de profiler, de manipuler les gens ? Ou est-ce que vous avec juste envie de faire de belles choses qui améliorent la vie des gens et rendent le monde plus équitable et plus sympa ?

Nous faisons le pari que vous préférez la seconde solution.

Si vous manquez d’inspiration, allez voir ce qui se fait chez Plausible, par exemple, et comment c’est fait, ou chez HEY, Basecamp, elementary OS, Owncast, Pine64, StarLabs, Purism, ou ce à quoi nous travaillons avec Site.js et le Small Web… vous n’êtes pas les seuls à dire non aux conneries de la Silicon Valley

Là où ils voient grand, voyons petit.

Parce que small is beautiful.

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La Small Technology Foundation est une petite structure indépendante sans but lucratif.

On existe en partie grâce au soutien de gens comme vous. Si vous partagez notre vision et désirez soutenir notre travail, faites une don aujourd’hui et aidez-nous à continuer à exister.

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« Avance rapide » : le défi de Nathalie

mardi 20 avril 2021 à 07:42

Voici la republication de cet article que Nathalie a publié sur son blog pour tirer le bilan de son défi : « 30 articles en 30 jours pour un Web plus écolo »

Un Web « low-tech », « sobre », « frugal »… ce n’est pas une mode, mais un mouvement de fond qui va au-delà de la prise de conscience et commence à s’installer dans les pratiques. C’est pourquoi sans doute Nathalie a choisi d’associer recherche d’informations et expérimentation dans sa démarche d’éco-conception, c’est après tout la meilleure façon d’apprendre et progresser. Les commentaires comme toujours sont ouverts et modérés.

Bilan du défi « avance rapide »

par Nathalie

Nous sommes début avril 2021, voilà maintenant un mois que je m’intéresse aux impacts du numérique sur notre planète. Un mois que je lis tout ce que je peux trouver sur ce sujet et plus particulièrement sur l’éco-conception du numérique. Un mois que j’apprends intensivement sur ce sujet passionnant. Un mois que j’écris sur chaque découverte ou inspiration. Ce fut un mois intense et passionnant. Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de me lire et d’écrire un commentaire, que ce soit pour m’encourager ou confronter leurs opinions. Certains sont plus en avance que moi sur le sujet et m’ont apporté leur contribution pour enrichir ce blog.

Je vais continuer à apprendre et à écrire ici au fil de mon chemin. De manière moins soutenue et peut-être un contenu un peu différent parfois. J’aimerais mettre en application ce que j’ai appris. Peut-être en commençant par l’analyse de sites web, décortiquer ensemble les choix de design et les confronter à mes récentes connaissances en éco-conception. Tout n’est pas encore décidé, d’ailleurs si vous avez des idées ou des choses que vous aimeriez voir ici, n’hésitez pas à m’en faire part en commentaires.

Bilan du défi “avance rapide”

Voici un bilan de ces 30 jours d’apprentissage intensif, défi que j’avais baptisé “avance rapide” (ici l’article sur le lancement du défi).

Articles publiés

J’ai lu des dizaines et des dizaines d’articles sur le sujet, participé à deux conférences et lu également deux livres pour lesquels j’ai mis le lien des chroniques un peu plus bas. J’ai découvert de nombreuses statistiques dont certaines qui m’ont beaucoup choquée et que j’ai regroupées ici. J’ai publié 29 articles (en excluant les articles sur le lancement et le bilan du défi que vous êtes en train de lire), un mélange entre apprentissage théorique, bonnes pratiques concrètes et inspirations. Je vous remets les liens de chaque article ci-dessous, classés par catégorie.

7 articles “Comprendre”
15 articles “Agir”
5 articles “Inspirations”
2 articles “Lectures”

Actions mises en place sur le blog

Au fil de mon apprentissage, j’ai également appliqué concrètement certaines actions sur le blog :

– non utilisation du blanc dans le design du blog (le blanc est la couleur la plus consommatrice en terme d’énergie)

– application de la méthode Marie Kondo, par exemple en utilisant des images uniquement lorsqu’elles servent à la compréhension

– optimisation des images avec ImageOptim (40 % de réduction de poids en moyenne)

– mise en place d’un CDN pour réduire la distance à parcourir pour chaque requête (une bonne pratique dont je n’ai pas encore parlé mais j’y dédierai un article prochainement)

– j’essaie de rédiger des titres clairs pour éviter les mauvaises surprises et des chargements de page inutiles

Pour le moment, le score obtenu pour la page d’accueil du blog (www.webdesignfortheplanet.com) est plutôt satisfaisant. J’espère le maintenir dans le futur :-)

En conclusion

J’espère que vous avez appris aussi et que certains articles vous ont interpellés, fait prendre conscience de l’impact de nos choix UX ou UI notamment dans la construction de nos sites web et, pourquoi pas, carrément donné envie de changer les choses dans nos métiers du numérique. N’hésitez pas à partager vos ressentis avec moi sur tout ça, ça m’intéresse de vous lire  :-)

J’ai encore beaucoup à apprendre sur ce sujet, je vais continuer à creuser, lire, analyser et expérimenter à mon rythme. Si vous avez des recommandations ou des suggestions de sujets que vous aimeriez que je creuse, nhésitez pas à men faire part en commentaires de cet article.

Khrys’presso du lundi 19 avril 2021

lundi 19 avril 2021 à 07:42

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)

Brave New World

Spécial Assange

Spécial France

Spécial média et pouvoir

Spécial loi de Sécurité globale

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial répression, sexisme, racisme, violences policières…

Spécial Résistance(s)

Soutenir

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Pfouh toujours aussi dense, le 'presso... - la personne de droite répond : Yep, c'est qu'il s'en passe des trucs, en une semaine !!!
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).