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Three in a row

lundi 13 février 2017 à 10:00

Pour la troisième fois consécutive voilà mes liens de la semaine. Une semaine qui a encore été bouffée par une actu prenante (et assez infâme…) et des trucs pas très passionnants au bureau, mais j’ai quand même réussi à dégoter deux trois trucs.

Lundi

On commence par un vieil article datant de 2014 malheureusement toujours d’actualité sur le milieu militant en ligne qui a parfois tendance à s’enflammer et à avoir du mal à dépasser l’examen des comportements individuels.

Mardi

Pour Mardi, on a d’abord un article sur la création et l’usage du mot « communautarisme » qui n’existe que comme outil de stigmatisation de populations minoritaires.

Ce terme a tout à voir avec le positionnement moral de la gauche anti-raciste française comme expliqué par l’article suivant qui critique une des prise de position récente de Lutte Ouvrière et qui du même coup nous renseigne un peu plus sur l’antiracisme politique, mais également sur les manières de mener des actions en s’associant avec des organisations qui ne sont pas entièrement alignées avec nos propres positions.

Enfin, un petit rappel qui fait du bien : nos cadidats à la présidentielle sont les mêmes hommes politiques que d’habitude, qu’ils ont été au pouvoir et que tout antisystème qu’ils se prétendent rien ne changera en leur confiant les rênes. (On notera aussi qu’une certaine jeune députée d’extrême-droite a fait le même constat, déclarant : « Les ons ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnait » avec l’air bouffi de suffisance qu’on lui connait et oubliant au passage qu’avec son prénom et sa famille, elle est aussi dans le club.)

Mercredi

Arrivé en milieu de semaine, j’ai trouvé un article qui peut sembler difficile à aborder quand on est pas sensibilisé aux théories queers mais qui vaut quand même la peine d’être réfléchi. Il s’agit un peu de transidentité, un peu de transhumanisme et un peu d’impression 3D. Ça doit être assez proche du Manifeste Cyborg de Donna Haraway que je ne manquerais pas de poster ici quand je l’aurais lu et digéré.

J’ai aussi progressé sur le décodage matériel des vidéos 10bits et comme souvent la réponse était dans le man. Il fallait lancer MPV avec l’option --vo=vaapi :

vaapi: Intel VA API video output driver with support for hardware decoding. Note that there is absolutely no reason to use this, other than wanting to use hardware decoding to save power on laptops, or possibly preventing video tearing with some setups. NOTE: This driver is for compatibility with crappy systems. You can use vaapi hardware decoding with –vo=opengl too.

Je suppose donc que j’ai un crappy system pour le moment.

Jeudi

Le week-end s’approchant, Julien du blog Marie&Julien a lancé un petit pavé dans la mare du monde du libre francophone en notant pourquoi selon lui les logiciels libres sont en panne de design et n’arrivent à attirer ni utilisateur⋅ices, ni graphistes. Il y a plein de choses pertinentes et si ça ne suffit pas à convaincre, on peut aussi regarder cette conférence de l’April sur la nécessité de l’ergonomie dans nos logiciels.

Comme cette semaine manque cruellement de liens techniques, je recommande la lecture de cette introduction à flexbox qui a des GIFs explicatifs très clairs.

Vendredi

Enfin, je vais faire une entorse à une règle que je me suis fixée et partager un article en rapport avec l’actualité mais la situation est beaucoup trop sérieuse pour la passer sous silence.

Les flics ont encore dépassé une limite dans l’indignité et à peu près tout est fait pour minimiser leurs actes. Voilà donc un article qui met quelques points sur les I et rappelle qu’à tout ramener à des comportements individuels, on s’interdit d’analyser les systèmes qui rendent possible, excusent ou encouragent de tels comportements.

Fin

J’espère que cette fournée vous a semblé intéressante et instructive, et je vous dis à la semaine prochaine.

Whoupiii ! Et de deux !

lundi 6 février 2017 à 19:00

Hey c’est donc la deuxième fois de suite que j’écris un article recensant les choses intéressantes de la semaine et je ne le fais qu’avec un seul jour de retard.

On dirait que je suis bien partie, même si cette fois sera plus sobre que la précédente, la faute à l’actualité qui a bouffé tout le temps disponible sur twitter et les tâches pas très passionnantes au boulot qui ne m’ont pas motivées à stimuler ma curiosité.

Lundi

Le Global State c’est comme les Singletons : de la merde

En premier lieu et suite au lien à propos des Singletons de la semaine dernière, voilà un petit avertissement qui va de pair avec ces sales bêtes : le grand méchant Global State qui rend impossible à suivre le flux d’informations qui transite dans nos application.

Rafraîchir la navigation par onglets

Ensuite, pour celles et ceux qui le savent, Mozilla développe un nouveau moteur HTML, CSS, JS en Rust nommé Servo ainsi qu’un navigateur expérimental nommé browser.html. Si Servo va à terme remplacer Gecko dans Firefox, browser.html est uniquement là pour tenter des trucs vite fait. Celà leur permet donc de réfléchir à des moyens de remplacer la navigation classique utilisant des onglets par un nouveau concept se basant sur des arbres. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ça a l’air entousiasmant !

Nos amis les crustacés et leurs potes céphalopodes

Et pour le dernier lien de la journée, voilà une étude fort intéressante grâce à laquelle nous apprenons que les crustacés et les céphalopodes ressentent bel et bien la douleur. Ça fait donc un argument de moins pour les ennemis des animaux.

Mardi

Ne faites pas votre propre crypto

Pour le seul lien du jour vous aurez droit à un petit coup de gueule technique contre un article expliquant comment utiliser des mots de passe dans ses playbooks Ansible sans devoir les stocker en clair.

C’est effectivement une bonne pratique que de ne pas stocker en clair ses mots de passe, surtout à côté de ses playbooks, mais il y a une règle d’or en sécurité informatique qui est la suivante : NE FAITES PAS VOTRE PROPRE CRYPTO. Sauf bien sûr si vous êtes une bande d’experts en crypto (et seulement si vous êtes une bande)

Cet article montre donc comment écrire en Python un script qui va chiffrer et déchiffrer des mots de passe à l’aide de l’algo 3DES. Cet intéressant d’un point de vue éducatif mais de grâce ne faites pas ça chez vous.

Déjà parce que vous avez mieux à faire que maintenir un énième script maison, ensuite parce que le NIST estime que 3DES ne sera plus fiable d’ici 2030 et enfin parce qu’Ansible a déjà de quoi gérer ce souci à l’aide de la commande ansible-vault

Donc retenez deux choses : Ne faites pas votre propre crypto et lisez la doc de vos outils.

Mercredi

Gitlab.com et ses backups foireux

Ce jour a suirtout été marqué par l’énorme plantage de Gitlab.com qui, à la suite d’une erreur de manip et d’une politique de backup non testée, a perdu 6h de données.

Ils ont fait preuve d’une transparence assez exemplaire, allant même jusqu’à livestreamer les réparations.

Vendredi

C’est quoi un blanc ?

Enfin, pour terminer ce billet, voilà une réflexion assez cruciale dans les luttes de l’anti-racisme politique qui, en plus d’éclairer pas mal sur le sens de ces luttes permet d’évacuer les accusations de « vrai racisme, » de « racialisme, » ou de « communautarisme dont sont souvent accusés les partisans de cet anti-racisme politique : Mais qui sont les blancs ?

Fin

Je vous avais prévenu qu’il y aurais moins de liens cette fois, mais j’espère me rattraper la semaine prochaine !

Combien de temps je vais m'y tenir cette fois ?

dimanche 29 janvier 2017 à 17:57

Histoire de pas toujours écrire un article fleuve et rester silencieuse ici de longues semaines en attendant l’idée suivante, je me suis dit que j’allais essayer de faire un petit bilan hebdo des trucs vu en ligne qui ont marqué ma semaine.

Après, je me connais, je sais bien que mes bonnes résolution tombent toujours à l’eau après quelques itérations donc c’est pas dit que je persiste longtemps. Mais j’espère que ça en intéressera le temps que ça durera.

Et j’ai aucune idée du format que ça aura parce que on est Mardi, j’ai juste mes notes de la veille et si ça se trouve d’ici Vendredi j’aurai de quoi écrire un petit roman que je ne voudrais pas forcément infliger au reste du monde.

Lundi

Arch et Linux sont dans un bâteau

On commence par un peu de technique parce que j’ai creusé un peu autour du noyau Linux et d’Arch. C’est toujours la version 4.8 qui est dans le dépôt stable alors que la version 4.9 est sortie en décembre et que la 4.8 ne sera plus supportée d’ici la fin du mois.

Il s’avère que la 4.9 a un vilain bug qui empêche les ordis ayant un processeur Intel de démarrer. Ça ne le fait pas avec tous les CPU Intel, mais c’est suffisamment gênant pour bloquer le noyau dans les dépôts testing. On espérait une résolution pour la 4.9.5 qui est sortie le 20 Janvier mais apparemment ça serait plutôt pour la 4.9.6 (cf. le dernier commentaire) qui sortira prochainement.

Un mauvais docu sur le porn « amateur » professionnel

Ensuite, j’ai regardé le documentaire Netflix « Hot Girls Wanted » qui était… plutôt médiocre. Le docu commence alors que des adolescentes arrivent chez leur « agent » après avoir répondu à une annonce et se termine avec soulagement quand elles sont sauvées de la pornographie quelques mois plus tard.

L’angle choisi saute aux yeux, il s’agit une fois de plus de décrire le travail du sexe comme intrinsèquement mauvais au lieu d’attaquer l’industrie capitaliste qui exploite les travailleur⋅euses. La critique qu’en fait le site Jezebel est assez instructive et pour une vraie critique de l’industrie du sexe, je conseillerai probablement « Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe » d’Ovidie si j’arrive à mettre la main dessus.

Des réflexions du genre

J’ai aussi lu un article qui a éclairci d’un coup beaucoup des choses encore nébuleuses dans ma tête et qu’il va falloir que je digère un peu, c’est « Anti-guide du questionnement de genre » du blog Raymond Reviens qui se veut une réponse au « Petit guide du questionnement de genre » de chez Simonæ sous un angle qu’on pourrait qualifer de matérialiste et anti-libéral (d’où, entre autres, le fait que ça me parle)

LibreElec sur ODROID-C2

Et puis finalement, j’ai passé la dernière beta de LibreElec sur mon Odroid-C2. Il a remplacé mon RaspberryPi 2 (qui tournait sous OSMC) pour lire mes fichiers médias puisqu’il est capable de décoder du HEVC 10bits et avec la dernière beta disponible je peux enfin afficher les vidéos youtube en FullHD. Le seul truc un peu relou c’est qu’il a fallu faire une installation complète au lieu de passer par le processus de mise à jour standard.

Mardi :

Pornocratie

Ça n’aura pas trop tardé, j’ai pu regarder « Pornocratie » qui était effectivement vachement plus intéressant que « Hot Girls Wanted » puisqu’il dénonce les montages financiers fait par les boites de streaming gratuit. Par contre il ne traite que de cet angle et fait un peu dans la nostalgie du temps avant le piratage où les travailleurs et travailleuses du sexe étaient respectées dans le métier 🤔

La signature de Firefox Nightly

Apparemment il y a quelques semaines Mozilla a migré le système de build de Firefox sur une nouvelle plateforme et du coup la génération des signatures et des sommes de contrôle est toute pétée. Ça veut dire que quand on installe une verssion nightly, on peut pas être sûres qu’on est pas en train de télécharger une version modifiée par un tiers malveillant. Tout devrait être rétabli d’ici la semaine prochaine.

Comme j’utilise le paquet firefox-nighlty-fr d’Archlinux j’ai du un peu bidouiller le PKGBUILD pour désactiver la récupération et la vérification des checksums (en gros on replace les commandes curl correspondantes par un gros 'SKIP' et on utilise l’option --skipinteg de makepkg)

Mercredi :

City of stars

Perso j’adore les comédies musicales, j’adore Ryan Gosling, j’adore Emma Stone et j’ai beaucoup aimé Whisplash. Donc j’étais très très hypé pour la sortie de « La La Land »

Et je n’ai pas été déçu. Du rire et des larmes et des étoiles dans les yeux et les chansons en tête tout le reste de la semaine. C’est la crème de la comédie romantique hétéro monogame, avec des chansons en plus.

Le seul point noir c’est que la monogamie c’est vraiment de la merde.

Bad Evil Singleton

Au boulot j’ai eu à intervenir sur du code comportant un Bad Evil Singleton. Du genre qui répand du Global State dans tous les sens et qui rend affreusement difficile la compréhension des entrée/sortie et le testing.

Du coup je laisse un message de service : Tuez vos singletons et faites de l’injection de dépendance.

Jeudi :

Ce beau pays qu’est la Russie

C’est toujours agréable de commencer la journée sur des bonnes nouvelles et ce matin là c’était donc l’annonce de la dépénalisation des violences conjugales en Russie. Au nom, bien sûr, de la protection de cette institution séculaire qu’est la famille. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour la sauver celle-là hein ?

La justice en milieu anarcho-queer

Pour rester dans des sujets similaires, je suis tombé sur un texte intéressant sur la manière de gérer les agressions sexuelles en milieu queer et féministe qui fait écho à quelque chose que j’avais lu sur il y a un moment sur la gestion de la criminalité, sur l’exil et sur la peine de mort dans une société anarchiste.

Vendredi :

Une alternative à Twitter

Toujours à l’affut pour quitter les services centralisés et privateurs, j’ai décidé de tester Mastodon qui est une réimplémentation de GNUSocial avec une interface beaucoup plus sexy (semblable à celle de Tweetdeck) et quelques fonctionnalités bienvenues.

Déjà l’équivalent des « Tweets » s’appelle les « Pouets », ensuite il est possible de passer par une étape de validation avant que quelqu’un puisse nous suivre tout en continuant à poster des pouets publics. À l’opposé on peut publier des pouets visibles uniquement pour nos followers même si on ne les valide pas.

Enfin, il y a un système de Content Warning qui permet d’écrire des spoilers, ou du contenu trigger qui ne sera affiché qu’après un clic sur un bouton.

J’ai rapidement trouvé un script super bien foutu pour synchroniser mon compte avec Twitter et à part pour répondre aux tweets ou aux mentions je n’utilise plus que ça depuis.

Pour tester il faut s’incrire sur mastodon.social et pour me suivre il suffit d’ajouter Alda@mastodon.social (Ça marche aussi avec GNUSocial)

Aux chiottes le citoyennisme

J’ai dépassé mon quotat de gens qui employaient les termes « citoyen » et « démocratie participative » à tout bout de champ du coup j’ai ressorti un article à ce propos trouvé sur « La Bibliothèque Anarchiste » : « Individus ou citoyens » qui donne du grain à moudre.

Arch et Linux sont encore dans un bateau

Finalement, j’ai fini ma semaine en mettant le noyau Linux à jour suite à la sortie de la version 4.9.6 dans les dépôts. Et la bonne nouvelle c’est que des corrections sympa sont présentes dans le module i915 ce qui m’a permis de réactiver deux fonctions d’économie d’énergie qui causaient le clignotement de l’écran de mon laptop. J’ai gagné 2W de consommation sur batterie ce qui me fait gagner de précieuses minutes d’usage, et c’est cool.

En parlant de mon laptop, il ne me reste plus quà résoudre un problème de webcam qui ne fonctionne qu’en 480p alors qu’elle est FullHD, un problème de hotplug HDMI et le décodage matériel des vidéos en HEVC ou VP9 10bits et il sera 100% fonctionnel. Pour un modèle sorti en septembre 2016, le support matériel est plutôt bon.

Fin

Voilà du coup le résumé de la semaine, c’est un peu long, peut-être que je splitterai à l’avenir, ou peut-être que je mettrai moins d’info. Si vous avez des suggestions vous pouvez commenter sur les divers rézosocio, je suis pas si dur à trouver. 😛

Guillaume découvre l'homophobie

mercredi 14 décembre 2016 à 13:30

Comme chaque année, les gens qui ont décidé de se reproduire se retrouvent confrontés aux catalogues de Noël pour leurs mini-moi et à la manière dont les représentations genrées les affectent.

Les pages bleues pour les garçons, les pages roses pour les filles et les mini-moi perdus dans ce découpage idiot qui sentent bien qu’ils vont avoir des problèmes dans la vie si ils demandent des jouets qui sont pas sur la bonne page.

Et ce qu’il se passe quand on est un papa blanc hétérosexuel pas sexiste pas raciste pas homophobe et qu’on a un enfant qui voudrait un jouet de page rose alors que lui il est sensé regarder les pages bleues, ce qu’il se passe donc, c’est qu’on découvre l’existence de ce concept jusqu’alors nébuleux et qui s’appelle l’homophobie.

Et alors on écrit un article qu’on appelle « Voyage au pays des sexistes et des homophobes » pour bien rappeler que ça se passe dans un endroit qui nous est tout à fait éloigné, autant qu’un pays étranger peut l’être, parce que nous on est pas sexiste. Et on est pas homophobe. Et nos proches non plus. C’est les autres qui le sont.

Le pays des sexistes

On est pas sexiste donc. Alors on commence par expliquer qu’entre gens de bien, on se partage naturellement les tâches ménagères sans genrer nos occupations.

Ok c’est monsieur qui bricole et jardine. Mais monsieur fait aussi le ménage.

Ok c’est madame qui fait à manger et qui fait la lessive. Mais madame discute aussi avec le garagiste.

Et ok, tout naturellement, on admet que comme dans tous les ménages, c’est madame qui en fait le plus.

Et comme ça, au détour d’une phrase, presque nonchalemment, on admet qu’on profite en moyenne de trentes minutes de temps libre et d’une heure et demi de temps professionnel en plus que madame par jour . Sans jamais s’interroger sur ce que ça implique en terme de développement personnel et professionnel. Mais on est pas sexiste. Les sexistes c’est les autres.

Le pays des homophobes

Comme on est pas homophobe non plus, on montre qu’on est très tolérant avec son petit garçon qui veut une poupée. Hé, on est tellement tolérant qu’on écrit un article pour le montrer au monde.

Et ok, on va lui offrir sa poupée, parce qu’on est pas homophobe.

Mais on va quand même soigneusement éviter de se demander pourquoi on a quand même répondu que les pages roses « c’est plutôt pour les filles » (sous entendu, « c’est plutôt pas pour les garçons ») la première fois qu’il nous a posé la question.

D’ailleurs, on est tellement pas homophobe que quand des gens insultent son petit garçon à grand coups d’homophobie on trouve ça « sociologiquement épatant à observer » tous ces cons qui ont le droit de s’exprimer après tout.

Tant pis si tous ces cons qui ont le droit de s’exprimer après tout ils défilaient dans les rues des grandes villes françaises pendant les mois qu’ont duré les interminables débats sur le mariage pour tous.

Tant pis si le nombres de témoignages d’actes LGBTphobes ne cesse d’augmenter depuis 2002 avec un pic quand tous ces cons qui ont le droit de s’exprimer après tout étaient en train de défiler.

On est pas homophobes nous alors l’homophobie apparaît soudainement en 2016 quand on fait un tweet à propos d’un gamin qui veut une poupée et c’est juste de la connerie qui ne nous atteint pas après tout.

Le pays des pas sexistes pas homophobes qui se posent des questions

Mais tout de même on sent qu’il y a un truc pas net.

Peut-être dans un moment de lucidité on se demande se qu’il se passera si on se balade en ville avec son petit garçon, qu’il transporte joyeusement sa poupée reine des neiges et qu’on croise un con qui a le droit de s’exprimer.

Peut-être ce con d’un autre pays va utiliser son droit de s’exprimer et traiter le petit garçon de PD. Nous on est pas homophobe, on est pas sexiste, on est pas con et tout ça ne nous atteint pas. Mais peut-être que ça risque d’atteindre notre garçon de 4 ans ?

Alors il faudrait peut-être faire quelque chose ? Mais on a un sacré travail à faire ? Par où commencer ?

Par où commencer ?

C’est par cette question, ironiquement, que la réflexion s’arrête. Les pas-sexistes, pas-homophobes sont démunis face à ces choses qui leur semblent tellement éloignées de leur pensée qu’ils ne savent pas par quel bout prendre le problème. Et Guillaume est loin d’être le seul à se réveiller un matin en découvrant les oppressions.

La première étape c’est d’arrêter avec l’idée saugrenue que vivant dans une société sexiste, raciste, homophobe, validiste et j’en passe, on peut y échapper.

Les sexistes c’est pas les autres. Les homophobes, c’est pas les autres. Les racistes, c’est pas les autres non plus. Et ils sont pas juste cons.

Cette étape évite de s’imaginer détaché de ces considérations et aide à prendre conscience qu’on peut décemment pas lâcher « pour être honnête, elle en fait plus que moi., comme dans la plupart des foyers. » après avoir dit qu’on est pas sexiste, ou « c’est vraiment épatant à observer » en parlant de réactions homophobes qui tuent des gens.

Les sexistes, les racistes, les homophobes, c’est nous1.

C’est déjà difficile de se défaire de ses réflexes oppressifs quand on subit une oppression. S’en défaire alors qu’on en profite directement ça l’est encore plus. Alors il n’y a aucune chance que ça nous arrive par hasard, grâce au miracle de l’absence de réflexion sur ces sujets.

L’étape suivante c’est de lire et d’écouter les gens qui subissent les oppressions qu’on tente d’abolir2.

Ça permet de se rendre compte que ce qu’on prend pour de la liberté d’expression est en fait une autorisation tacite donnée aux agresseurs pour s’en prendre aux populations discriminées.

Et ça évite aussi à ces gens qui subissent des opressions de passer tout leur temps militant à répéter ad nauseam la même rengaine à chaque privilégié plein de bonne volonté qui passe.

Une fois qu’on en est là, normalement on a commencé à ouvrir les yeux et à se remettre en question.

Un indice pour savoir qu’on est sur la bonne voie c’est qu’on a arrêté de croire que les blagues sont juste des blagues. On a peut-être aussi pris conscience de toutes ces excuses qui nous servaient à en faire moins que madame à la maison et on a commencé à mettre en place des stratégies pour une répartition plus équitable.

Et peut-être aussi on a commencé à se brouiller avec des gens qu’on connait depuis longtemps et qu’on imaginait pas-sexiste, pas-homophobe ou pas-raciste. Parce que tout le monde n’apprécie pas la remise en question de la même manière.

Enfin, l’étape d’après c’est qu’il n’y a pas d’étape d’après. On a mis le doigt dans un long cheminement de questionnement et de remise en question qui doit être poursuivi à chaque instant.

Parce qu’on a un sacré travail à faire. Mais qu’on a enfin commencé.


  1. D’ailleurs au sujet du racisme et de certains passages de son article, je soupçonne Guillaume d’avoir au mieux un grand angle mort à ce sujet, au pire… pire, mais je veux pas me faire taxer de procès d’intention alors j’ai pas développé. [return]
  2. N’allez pas vous imaginer que je sors ces réflexions de mes fesses de gars blanc éclairé. Ça fait des années que j’écoute, que je lis, que des féministes m’accordent de leur temps pour m’expliquer et me recadrer (et elles ont pas fini de le faire). Une grande partie de ce post a d’ailleur été tiré des réflexions autour de ce fil twitter. [return]

Sortir la crypto de « nos » milieux

mercredi 30 novembre 2016 à 15:30

Ce matin j’ai eu l’occasion d’assister à une discussion sur Twitter qui avait rapport à l’organisation d’un atelier de crypto1 à destination des personnes « qui militent dans un groupe ou une orga et qui dois communiquer sur des actions politiques avant et pendant des manifs. »

Un organisateur de « cryptoparties » « concurrentes » s’est immédiatement insurgé, prétendant que Le Reset est « en train de foutre en l’air tout notre travail en 4 tweets » allant parler de passer pour des black block, de ne pas être pris au sérieux, d’avoir des ennuis « avec une certaine presse. »

Selon lui, il faudrait éviter tant que possible de passer pour des terroristes aux yeux du ministère de l’intérieur, se faire le moins subversif possible pour disposer de relais dans la presse et cibler ce qu’on perçoit comme étant « le grand public. »

Ce n’est ni plus ni moins que porter aux nues la dépolitisation de la lutte pour le droit à la vie privée. Et je n’ai pas peur de dire qu’il s’agit à mon sens d’une posture visant à se donner bonne conscience.

« Le grand public » nous dit qu’il n’a rien à cacher et tout l’enjeu de le sensibiliser à ces questions est de lui faire admettre qu’il aurait quelque chose à cacher face à un gouvernement hostile ce qui est loin d’être chose gagnée et ce qui explique à mon avis l’absence d’engouement général autour du chiffrement des communications.

Il faut dans un premier temps prouver qu’un gouvernement hostile en viendrai à cibler « le grand public » puis trouver ce qu’il pourrait cibler.

Or le cas du « grand public » est représenté par l’exemple de la famille Michu et parfois plus spécifiquement de Madame Michu. Le nom est évidemment choisi pour faire « ménagère blanche de moins de 50 ans » et comment la famille Michu, des blancs hétérosexuels de classe moyenne, avec des opinions politiques moyennes, pourrait-elle être subversive aux yeux d’un gouvernement hostile ?

Il existe cependant des populations différentes, qui ne se reconnaissent aucunement dans l’ensemble « grand public » et qui ont beaucoup plus à caindre du gouvernement actuel qui leur est déjà hostile.

Il s’agit des populations LGBT les plus marginalisées. Il s’agit des populations racisées. Il s’agit des militants qui organisent les luttes politiques au sein de ces populations. Il s’agit des militants politiques d’extrême gauche, les antifa, les anarchistes, les anti-capitalistes.

Ces milieux sont déjà face à un gouvernement hostile. Ces milieux ont déjà des choses à cacher. Et ces milieux ne vous ont pas attendu pour se poser certaines questions.

Les cryptonerds et la posture du sauveur

Je disais plus haut que dépolitiser la lutte pour le droit à la vie privée est une posture visant à se donner bonne conscience.

Elle permet en effet de s’agiter, d’organiser des choses, de faire échos chez nos potes cryptonerds et quand « le grand public » ne nous regarde pas comme le messie qu’on pense être à ses yeux on peut tranquillement décider que c’est parce qu’il est ignorant et qu’il faut l’éduquer plus fort.

On devient celui sait et celui qui fait, face aux masses moutonnantes ignorantes et inactives.

C’est là qu’intervient le constat « Il faut sortir la crypto de nos milieux. » et c’est là que le bât blesse.

Ce n’est pas la crypto qu’il faut sortir de « nos » milieux. C’est les cryptonerds qui doivent sortir du puit de suffisance qu’ils confondent avec un piedestal.

Ce n’est pas un hasard si Jean-Michel Cryptoparty a une dent contre Le Reset. Il s’agit d’un hackerspace inclusif qui se tient à La Mutinerie, « un lieu féministe, par et pour les meufs, gouines, bies, trans’, queers, participatif et ouvert à toutEs. »

Pourquoi une population qui organise des luttes pour sa survie irait écouter quelqu’un qui ne connait pas les enjeux dont il est question, qui n’est pas menacé par le pouvoir en raison de sa seule existence et qui, en dehors du militantisme cryptonerd, passe une partie non négligeable de son temps à cracher sur les luttes du milieu qu’il essaye d’évangéliser ?

Pour être efficace, les cryptonerds doivent en premier lieu s’intéresser aux autres luttes, en saisir les enjeux et s’y allier. Sans ça, ils ne pourront que faire face à leur inutilité en regardant les autres avancer sans eux.