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Un troll ? Ou pas un troll ? Différentes lectures d'une capture des Simpsons

lundi 6 octobre 2014 à 02:00

Cette après-midi je suis tombé sur un partage trollesque d’un gros malin qui voulait se payer une bonne tranche de rigolade au détriment de ces imbéciles de féministes qui prennent la tête (cliquez sur la miniature pour le lire en entier) :

[caption id=“attachment_1537” align=“aligncenter” width=“193”]L'homme et la femme sont égaux...ou pas...enfin si ! L’homme et la femme sont égaux…ou pas…enfin si ![/caption]

Ce truc est « intéressant » à plusieurs égards.

D’abord parce qu’il est partagé par des gens qui généralement s’érigent contre « la dictature de la pensée unique » et qui soudain, devant des femmes qui émettent des opinions à l’évidence contradictoires, sont tellement troublés qu’ils ne peuvent plus répondre que « Lol, ces connasses arrivent même pas à être d’accord. » et que ça me fait doucement ricaner.

Ensuite parce qu’il enchaîne des arguments pouvant être vus différemment selon le contexte où ils sont énoncés.

[caption id=“attachment_1544” align=“aligncenter” width=“196”]- Hommes, femmes, c'est la même chose. - Êtes-vous en train de dire que les hommes et les femmes sont identiques ? - Hommes, femmes, c’est la même chose.
- Êtes-vous en train de dire que les hommes et les femmes sont identiques ?[/caption]

Quand cette phrase provient d’une personne identifiée comme féministe, il est évident qu’on se place dans un contexte militant énonçant les choses comme elles devraient être (selon le point de vue de la personne.)

Mais elle peut aussi être prononcé par quelqu’un de non engagé, éventuellement plein de bonne volonté qui considère que l’égalité est d’ors et déjà acquise.

On appelle ça être gender-blind et il existe un équivalent raciste : color-blind. Ce sont ces gens qui refusent de voir les inégalités et les discrimination et s'en justifient par le fait que EUX, personnellement, traitent tout le monde sur un pied d'égalité. Par conséquent, il serait formellement impossible qu'ils puissent bénéficier du moindre privilège ou qu'ils puissent être sexistes ou racistes.

Alors que non seulement leur comportement individuel importe peu quand on parle de systèmes oppressif (et très souvent ce comportement n’est même pas remis en cause), mais en plus, à moins de vivre dans une bulle isolée il est absolument impossible de ne pas prendre part à de tels systèmes.

Réduire les problèmes systémiques à un problème de personnes est un moyen facile des les faire disparaître sous le tapis. On appelle ça la dépolitisation et, si c’est malheureusement une des pratiques courante chez celles et ceux qui ne luttent pas pour l’égalité, elle est encore plus présente chez celles et ceux qui luttent CONTRE.

Dans ce cas, c’est là que les féministes arrivent et expliquent que la situation est loin d’être égalitaire, qu’il existe des différences entre les hommes et les femmes comme par exemple dans le partage inégal des tâches ménagères, la valorisation inégales entre les activités traditionnellement dévouées aux hommes ou aux femmes, ou encore dans les différences de salaire à poste et compétences équivalentes.

C’est là aussi que des gens comme (par exemple) les anti-gender de la manif pour tous arrivent (mais ils ne sont pas les seuls) et protestent puisque selon eux les hommes et les femmes étant biologiquement différents, il est donc naturel que les unes soient traitées différemment des autres. Ils en profitent au passage pour passer sous silence que ce qui est « naturel » n’est pas si évident et intuitif à définir que ça mais aussi que nos comportements et nos actes sont très largement influencés par notre culture.

[caption id=“attachment_1545” align=“aligncenter” width=“197”]- Les femmes sont uniques dans tous les sens du terme. - Et maintenant il dit que les hommes et les femmes ne sont pas égales ! - Les femmes sont uniques dans tous les sens du terme.
- Et maintenant il dit que les hommes et les femmes ne sont pas égales ![/caption]

On peut retrouver ce point de vue dans « Women are unique in every way » puisque si les femmes sont uniques mais ont toujours pour point commun d’être des femmes, elles sont bien à traiter différemment (on peut même y voir le sexisme bienveillant du galant homme qui traite chaque femme de manière exceptionnelle.) D’où la protestation : « Now he’s saying women and men aren’t equal. »

Mais en même temps, rappeler que les femmes sont chacune uniques et ne peuvent pas se cantonner à ce que la société voudrait leur imposer c’est aussi et surtout ce que disent les « social justice warriors », en généralisant aussi aux hommes, puisque selon nous, chaque unique individu a ses réactions, ses envies, ses préférences propres et il serait beaucoup plus intéressant de vivre dans une société où on ne force pas les gens à rentrer dans un moule qu’ils n’ont pas choisis pour mieux les exploiter.

Bref, ce petit extrait des Simpsons montre bien que contrairement à ce que certaines personnes aiment bien ânonner ad nauseam (« Moi je regarde les idées, pas les personnes. ») une même phrase peut vouloir dire tout et son contraire selon les intentions de son auteur.

Le support de Windows XP est fini, passer à GNU/Linux réclame un accompagnement

samedi 5 avril 2014 à 16:27

Le support de Windows XP arrive à son terme dans 3 jours. Après 13 ans, un support étendu de 5 ans, il va enfin entrer dans les archives de l’histoire et on en parlera plus. (En fait pas vraiment, la quasi-totalité du parc de distributeurs bancaire est sous XP et les banques n’ont pas assez d’argent — lol — pour le renouveler, donc Microsoft a annoncé qu’il développerait des patchs payant sur mesure.)

Depuis quelques jours, les personnes qui ont encore ce système d’exploitation voient s’afficher un message leur annonçant la nouvelle et les redirigeant vers une page de la boutique de Microsoft.

fin-support-windows-xp-1

Ces personnes se tournent donc vers leur proche « qui s’y connait® » pour lui demander conseil. Pour peu que ce proche soit un libriste, il y a de grandes chance pour que la réponse ressemble un peu à ceci :

Si tu es prêt à faire quelques efforts, je te conseille de passer à Linux.

Windows est mal pensé et lourd. Il y a aussi plein de failles d’où la nécessité d’installer des antivirus et des anti-malwares etc.

De toute façon ce qu’il y a de mieux c’est Linux parce que le code est ouvert, ça veut dire qu’on peut aller voir ce qui se passe dedans et le modifier si il nous convient pas. C’est formidable ! Microsoft et Apple sont méchants, leur code est fermé, on sait pas ce qu’ils font, d’ailleurs la NSA a sûrement des porte dérobé pour prendre le contrôle de ton ordinateur, avec les logiciels libre c’est pas possible de faire ça.

Il y a 4-5 ans Linux c’était compliqué mais plus maintenant1, il y a des interfaces graphiques pour tout. Et tout les logiciels de base dont on a besoin sont installés. Et pour en installer de nouveau c’est très simple. En plus l’installation est signée pour être bien sûr qu’on installe la bonne version et pas une version modifiée par quelqu’un de malveillant.

J’ai passé ma grand-mère à Linux il y a 3 ans2 et elle en est très contente. Bref, Linux c’est cool.

Par contre, je n’assure pas le support technique :P

Objectivement, on a raison quand on dit ce genre de chose. Mais on rate complètement notre cible. Pourquoi ?

Le problème avec ce discours, c’est qu’il est complètement idéologique. Pas étonnant qu’il passe à mille lieues au dessus de la tête de notre auditoire.

On est face à quelqu’un qui est inquiet de l’avenir de son vieux PC de 10ans, qui est resté sous XP par peur du changement parce qu’à l’époque de Vista tout le monde lui disait que Vista c’était nul. Ensuite, confortable sur son XP qui marchait très bien, ille est passé à côté de 7. Maintenant que 8 est sorti, tout le monde lui dit que 8 c’est nul[^3].

Et nous en face on débarque avec nos grandes théories sur le logiciel libre, la sécurité offerte par l’open-source, l’éthique, la merveilleuse communauté prête à aider son prochain. Le résultat, c’est qu’on a l’air de ça :

Alors qu’au fond de nous, on sait très bien qu’une transition vers GNU/Linux c’est pas aussi simple que ça. La preuve, on commence par commence par « Si tu es prêt à faire quelques efforts » et on termine par « Par contre, je n’assure pas le support technique :P » qui sonne comme un « T’es très con d’utiliser Windows, mais si tu veux passer à Linux, tu te démerdes hein. »

On sait très bien que parfois, ce foutu update-manager va planter sans raison. Que le PC va se mettre en veille mais OUPS, c’est une carte graphique AMD et on a installé catalyst parce que radeon a des perfs ridicules sur ce GPU donc il va freezer au démarrage. Qu’il va y avoir une mise à jour de xserver-xorg un peu foireuse et que tout ce que le PC affichera au prochain reboot c’est :

Ubuntu 13.10 (tty1)
login: _

Et que fatalement, on aura un coup de fil affolé : « Mon PC il marche plus, j’ai rien fait, Linux c’est de la merde »

gollum-scream

On voudrait que les gens soient aussi passionnés d’informatique que nous et acceptent de passer 2 heures à chercher dans des wikis comment installer cette fichue imprimante multifonction en wifi. Mais ils le sont pas. Et ils le seront jamais.

Mais alors, tout est perdu ?

Non, tout n’est pas perdu. Le saut entre XP et 8 est à peu près aussi énorme — sinon plus — que le saut entre XP et n’importe quel dérivé d’Ubuntu. Et il nous faut sauter sur cette occasion.

Est-ce que nous préférons voir nos proches nous demander de l’aide parce qu’ils ont un peu de mal à utiliser GNU/Linux ou est-ce que nous préférons les voir entrer à la FNAC pour renouveler leur PC de bureau et en sortir avec un portable surdimensionné, une licence OEM de Windows 8 pleine de crapwares et un SecureBoot impossible à désactiver ?

De toute façon il vont pester et galérer parce qu’ils ont perdus leurs marques et que cette fichue interface fait pas ce qu’ils attendent. Autant qu’ils le fasse sur un système qui leur donnera le goût de la liberté.

Pour ça, il faut prendre nos responsabilités et assurer un vrai accompagnement derrière.

Oui, ça va être dur. Oui, tu vas perdre tes marques et t’auras l’impression de repartir de zéro. Mais ça arrivera aussi avec ce nouveau Windows. Et si tu prends GNU/Linux, je serais là pour te filer un coup de main quand tu en auras besoin.

independance

Étape par étape

Premièrement, il faut établir la liste des besoins et des particularités du matériel. L’imprimante est compatible ? (oui, elle l’est) Est-ce que le pilote est facile à installer ? Est-ce que ce logiciel obscur qui n’a pas d’équivalent fonctionne avec WINE ou mono ? Bref, là dessus on est rôdé c’est du classique.

Ensuite, il faut lever cette impression de voyage sans retour. C’est à dire ne PAS installer de dual-boot de but en blanc.

Installer une dérivée d’Ubuntu sur le PC, déjà ça prend une petite demi-heure, une heure avec les mises à jour si on est ni en Avril ni en Octobre, on peut rajouter le redimensionnement de partition (et donc la sauvegarde des données au cas où) etc. Ça fait peur à la personne qui assiste à ça et qui, à la fin, comprend pas pourquoi son PC a démarré tout seul sur Ubuntu alors qu’il fallait booter Windows3.

barney-why

Heureusement, on peut facilement installer un GNU/Linux sur une clé USB, non pas comme LiveUSB mais comme système complet et persistant :

Tiens, quand t’as besoin de faire un truc précis tu démarres ton PC normalement pour pas être perdu. Et quand tu veux juste glandouiller, surfer un peu, tu mets cette clé avant d’allumer ton PC comme ça tu t’habitues doucement. Et quand t’en aura marre de Windows, tu viens me voir et on fera ce qu’il faut.

Démarrer GNU/Linux devient aussi simple et indolore que d’insérer une clé USB dans un port et l’utilisateur/rice est rassuré⋅e parce que son disque dur est intact.

Pour finir, il faut rester disponible et à l’écoute. On vous fait déjà le plaisir de mettre cette foutue clé de temps en temps, s’il faut attendre 3 jours pour avoir du support ou se faire envoyer chier, elle va vite finir aux oubliettes.

Et comme convertir quelqu’un ça prend du temps, je déconseille de s’amuser à migrer 15 gus à la fois sous peine d’être rapidement débordé⋅e. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, une personne satisfaite c’est déjà pas mal (et bien assez de boulot.)

Bref, peut-être que si on arrive à dépasser nos réactions viscérales de « Windows c’est caca » et à remettre notre discours au niveau des besoins plutôt que de rester dans l’idéologie nébuleuse pour le/la néophyte, on arrivera à faire monter ce fichu taux d’utilisation qui stagne à 1.5% depuis bien trop longtemps.


  1. Ça va faire à peu près 10 ans que Linux était compliqué il y a 4-5 ans. 
  2. Ça fait 5 ans que j’ai passé ma grand-mère à Linux il y a 3 ans. 
  3. Allumer le PC, aller faire un tour, oublier le timeout grub. Oups 

Le support de Windows XP est fini, passer à GNU/Linux réclame un accompagnement

samedi 5 avril 2014 à 02:00
Le support de Windows XP arrive à son terme dans 3 jours. Après 13 ans, un support étendu de 5 ans, il va enfin entrer dans les archives de l’histoire et on en parlera plus. (En fait pas vraiment, la quasi-totalité du parc de distributeurs bancaire est sous XP et les banques n’ont pas assez d’argent – lol — pour le renouveler, donc Microsoft a annoncé qu’il développerait des patchs payant sur mesure.

Le support de Windows XP est fini, passer à GNU/Linux réclame un accompagnement

samedi 5 avril 2014 à 02:00

Le support de Windows XP arrive à son terme dans 3 jours. Après 13 ans, un support étendu de 5 ans, il va enfin entrer dans les archives de l’histoire et on en parlera plus. (En fait pas vraiment, la quasi-totalité du parc de distributeurs bancaire est sous XP et les banques n’ont pas assez d’argent – lol — pour le renouveler, donc Microsoft a annoncé qu’il développerait des patchs payant sur mesure.)

Depuis quelques jours, les personnes qui ont encore ce système d’exploitation voient s’afficher un message leur annonçant la nouvelle et les redirigeant vers une page de la boutique de Microsoft.

fin-support-windows-xp-1

Ces personnes se tournent donc vers leur proche « qui s’y connait® » pour lui demander conseil. Pour peu que ce proche soit un libriste, il y a de grandes chance pour que la réponse ressemble un peu à ceci :

Si tu es prêt à faire quelques efforts, je te conseille de passer à Linux. Windows est mal pensé et lourd. Il y a aussi plein de failles d'où la nécessité d'installer des antivirus et des anti-malwares etc. De toute façon ce qu'il y a de mieux c'est Linux parce que le code est ouvert, ça veut dire qu'on peut aller voir ce qui se passe dedans et le modifier si il nous convient pas. C'est formidable ! Microsoft et Apple sont méchants, leur code est fermé, on sait pas ce qu'ils font, d'ailleurs la NSA a sûrement des porte dérobé pour prendre le contrôle de ton ordinateur, avec les logiciels libre c'est pas possible de faire ça. Il y a 4-5 ans Linux c'était compliqué mais plus maintenant1, il y a des interfaces graphiques pour tout. Et tout les logiciels de base dont on a besoin sont installés. Et pour en installer de nouveau c'est très simple. En plus l'installation est signée pour être bien sûr qu'on installe la bonne version et pas une version modifiée par quelqu'un de malveillant. J'ai passé ma grand-mère à Linux il y a 3 ans2 et elle en est très contente. Bref, Linux c'est cool. Par contre, je n'assure pas le support technique :P

Objectivement, on a raison quand on dit ce genre de chose. Mais on rate complètement notre cible. Pourquoi ?

Le problème avec ce discours, c’est qu’il est complètement idéologique. Pas étonnant qu’il passe à mille lieues au dessus de la tête de notre auditoire.

On est face à quelqu’un qui est inquiet de l’avenir de son vieux PC de 10ans, qui est resté sous XP par peur du changement parce qu’à l’époque de Vista tout le monde lui disait que Vista c’était nul. Ensuite, confortable sur son XP qui marchait très bien, ille est passé à côté de 7. Maintenant que 8 est sorti, tout le monde lui dit que 8 c’est nul[^3].

Et nous en face on débarque avec nos grandes théories sur le logiciel libre, la sécurité offerte par l’open-source, l’éthique, la merveilleuse communauté prête à aider son prochain. Le résultat, c’est qu’on a l’air de ça :

https://www.youtube.com/watch?v=6xvv0UGtQHg

Alors qu’au fond de nous, on sait très bien qu’une transition vers GNU/Linux c’est pas aussi simple que ça. La preuve, on commence par commence par « Si tu es prêt à faire quelques efforts » et on termine par « Par contre, je n’assure pas le support technique :P » qui sonne comme un « T’es très con d’utiliser Windows, mais si tu veux passer à Linux, tu te démerdes hein. »

On sait très bien que parfois, ce foutu update-manager va planter sans raison. Que le PC va se mettre en veille mais OUPS, c’est une carte graphique AMD et on a installé catalyst parce que radeon a des perfs ridicules sur ce GPU donc il va freezer au démarrage. Qu’il va y avoir une mise à jour de xserver-xorg un peu foireuse et que tout ce que le PC affichera au prochain reboot c’est :

Ubuntu 13.10 (tty1)
login: _

Et que fatalement, on aura un coup de fil affolé : « Mon PC il marche plus, j’ai rien fait, Linux c’est de la merde »

gollum-scream

On voudrait que les gens soient aussi passionnés d’informatique que nous et acceptent de passer 2 heures à chercher dans des wikis comment installer cette fichue imprimante multifonction en wifi. Mais ils le sont pas. Et ils le seront jamais.

Mais alors, tout est perdu ?

Non, tout n’est pas perdu. Le saut entre XP et 8 est à peu près aussi énorme – sinon plus – que le saut entre XP et n’importe quel dérivé d’Ubuntu. Et il nous faut sauter sur cette occasion.

Est-ce que nous préférons voir nos proches nous demander de l’aide parce qu’ils ont un peu de mal à utiliser GNU/Linux ou est-ce que nous préférons les voir entrer à la FNAC pour renouveler leur PC de bureau et en sortir avec un portable surdimensionné, une licence OEM de Windows 8 pleine de crapwares et un SecureBoot impossible à désactiver ?

De toute façon il vont pester et galérer parce qu’ils ont perdus leurs marques et que cette fichue interface fait pas ce qu’ils attendent. Autant qu’ils le fasse sur un système qui leur donnera le goût de la liberté.

Pour ça, il faut prendre nos responsabilités et assurer un vrai accompagnement derrière.

Oui, ça va être dur. Oui, tu vas perdre tes marques et t'auras l'impression de repartir de zéro. Mais ça arrivera aussi avec ce nouveau Windows. Et si tu prends GNU/Linux, je serais là pour te filer un coup de main quand tu en auras besoin.

independance

Étape par étape

Premièrement, il faut établir la liste des besoins et des particularités du matériel. L’imprimante est compatible ? (oui, elle l’est) Est-ce que le pilote est facile à installer ? Est-ce que ce logiciel obscur qui n’a pas d’équivalent fonctionne avec WINE ou mono ? Bref, là dessus on est rôdé c’est du classique.

Ensuite, il faut lever cette impression de voyage sans retour. C’est à dire ne PAS installer de dual-boot de but en blanc.

Installer une dérivée d’Ubuntu sur le PC, déjà ça prend une petite demi-heure, une heure avec les mises à jour si on est ni en Avril ni en Octobre, on peut rajouter le redimensionnement de partition (et donc la sauvegarde des données au cas où) etc. Ça fait peur à la personne qui assiste à ça et qui, à la fin, comprend pas pourquoi son PC a démarré tout seul sur Ubuntu alors qu’il fallait booter Windows3.

barney-why

Heureusement, on peut facilement installer un GNU/Linux sur une clé USB, non pas comme LiveUSB mais comme système complet et persistant :

Tiens, quand t'as besoin de faire un truc précis tu démarres ton PC normalement pour pas être perdu. Et quand tu veux juste glandouiller, surfer un peu, tu mets cette clé avant d'allumer ton PC comme ça tu t'habitues doucement. Et quand t'en aura marre de Windows, tu viens me voir et on fera ce qu'il faut.

Démarrer GNU/Linux devient aussi simple et indolore que d’insérer une clé USB dans un port et l’utilisateur/rice est rassuré⋅e parce que son disque dur est intact.

Pour finir, il faut rester disponible et à l’écoute. On vous fait déjà le plaisir de mettre cette foutue clé de temps en temps, s’il faut attendre 3 jours pour avoir du support ou se faire envoyer chier, elle va vite finir aux oubliettes.

Et comme convertir quelqu’un ça prend du temps, je déconseille de s’amuser à migrer 15 gus à la fois sous peine d’être rapidement débordé⋅e. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, une personne satisfaite c’est déjà pas mal (et bien assez de boulot.)

Bref, peut-être que si on arrive à dépasser nos réactions viscérales de « Windows c’est caca » et à remettre notre discours au niveau des besoins plutôt que de rester dans l’idéologie nébuleuse pour le/la néophyte, on arrivera à faire monter ce fichu taux d’utilisation qui stagne à 1.5% depuis bien trop longtemps.


  1. Ça va faire à peu près 10 ans que Linux était compliqué il y a 4-5 ans. 
  2. Ça fait 5 ans que j'ai passé ma grand-mère à Linux il y a 3 ans. 
  3. Allumer le PC, aller faire un tour, oublier le timeout grub. Oups 

Un peu d’intimité dans votre téléphone

mercredi 19 février 2014 à 11:59

En ces temps troublés de surveillance généralisée, les écoutes de la NSA, le scandale Amesys il ne fait plus aucun doute que tout ce qu’on dit ou écrit en clair sur Internet est enregistré et sera utilisé contre nous.

« La curiosité c'est mon péché mignon »

« La curiosité c’est mon péché mignon »

Et si vous pensez n’avoir rien à cacher, vous ne pourriez être plus dans l’erreur. Seriez-vous prêt⋅es, par exemple, à m’envoyer une copie de vos mails ? À me laisser lire vos SMS ou vos messages facebook ? Voire à me laisser installer de quoi en rediriger systématiquement une copie chez moi pour que cette consultation ne soit plus ponctuelle mais systématique et automatique ?

J’en doute, alors pourquoi accepter que d’autres le fassent sans vous en demander la permission ?

Le plus souvent, c’est parce que la cryptographie fait peur. C’est des maths compliquées, il y a plein de gens qui vous disent qu’on est de toute façon jamais protégés à 100% et ça utilise des concepts hyper obscurs.

Si vous vous êtes déjà retrouvé face à quelqu’un qui tente de vous expliquer le besoin de chiffrement en décrivant dans le détail un échange de clé Diffie-Hellman, vous savez sûrement qu’on en ressort avec le cerveau en bouillie et l’impression que c’est se donner beaucoup de mal pour que la NSA ne sache pas que vous aurez un quart d’heure de retard en rentrant du boulot.

C’est pour ça que je vais tenter de procéder autrement en présentant quelques exemples de solutions simples à mettre en place sur votre ordiphone pour que vos communications gagnent un peu en confidentialité.

Parce qu’il faut bien l’avouer, pour l’instant, passer un appel c’est comme crier dans la rue en espérant que personne d’autre que votre correspondant n’écoute et envoyer un sms ou un mms, c’est brandir une pancarte en espérant que personne d’autre ne regarde.

Ces solutions sont toutes libres, c’est à dire que le code source des logiciels et les protocoles de sécurité sont publics afin que toutes celles et ceux qui le veulent et qui le peuvent puissent vérifier qu’il n’y a pas anguille sous roche. Ce n’est pas un gage d’infaillibilité, mais c’est un gage de confiance puisque c’est le seul moyen d’être sûr qu’aucune action malveillante ne sera entreprise volontairement par le logiciel et ses développeurs.

En revanche, elles ne sont pas anonymisantes. Un observateur sera capable de voir avec qui vous discutez, mais il lui sera tout de même impossible de savoir de quoi vous discutez.

Pour sécuriser ses appels : RedPhone

RedPhone, la sécurité simplifiée.

RedPhone, la sécurité simplifiée.

RedPhone est une solution libre de VoIP chiffrée. Concrètement, ça veut dire que vous allez passer des appels qui passeront par la 3G (et seront comptés dans votre consommation « data ») ou WiFi au lieu d’être décomptés de votre forfait voix et que le flux audio sera chiffré pour que seul votre correspondant puisse entendre ce que vous dites.

Son utilisation est enfantine : Une fois que vous avez téléchargé et installé RedPhone, le logiciel va vous demander votre numéro de téléphone et va vous envoyer un SMS de confirmation qu’il récupèrera automatiquement. Voila, vous êtes prêt.

À partir de maintenant, quand vous voudrez passer un appel sécurisé, lancez RedPhone, choisissez un contact. Si il utilise RedPhone, l’appel sera chiffré, si il n’utilise pas RedPhone vous pourrez lui envoyer un message lui demandant de l’installer.

Un appel RedPhone L'appel est en cours Vous pouvez inviter un contact

Note technique : Vous avez peut-être froncé les sourcils, à raison, au moment de lui indiquer votre numéro de téléphone. C’est nécessaire pour établir l’annuaire des numéros disponibles sur RedPhone et savoir facilement si votre correspondant peut recevoir les appels et c’est également la solution la plus fiable pour répondre à une contrainte technique appelée « NAT Traversal. »

En effet, quand vous utilisez votre smartphone, vous êtes probablement en WiFi derrière une box, ou dans le réseau privé de votre opérateur mobile, bref vous n’avez pas un accès direct à internet. Et dans ce cas, il est très compliqué d’établir une connexion avec un tiers situé lui aussi derrière une box ou dans un réseau privé sans passer par un intermédiaire. Toutefois, dans le cas de RedPhone, cet intermédiaire ne sert que de relais et ne peut pas écouter la conversation.

Sécuriser ses messages

Nous avons vu à quel point il était aisé de passer des appels sécurisés, maintenant voyons comment échanger des messages et des documents. Vous verrez, c’est tout aussi simple.

La sécurité sans concession : TextSecure

TextSecure, la sécurité simplifiée

TextSecure, la sécurité simplifiée

TextSecure est une solution libre d’envoi de SMS chiffrés. Concrètement, cela veut dire que vous allez envoyer des SMS chiffrés qui seront traités comme n’importe quel SMS par votre opérateur et qui seront déchiffrés sur le téléphone de votre correspondant⋅e. Depuis la version 2 il est également possible de passer par les serveurs de TextSecure (qui ont le même rôle que ceux de RedPhone) afin que votre opérateur soit dans l’incapacité de savoir avec qui vous communiquez.

Si vous avez une impression de déjà vu, c’est normal, elle est développée par la même communauté que RedPhone.

À l’utilisation, c’est tout aussi enfantin. L’application se présente comme une application de SMS classique. Elle est d’ailleurs en passe de devenir l’application SMS par défaut de la célèbre ROM pour Android : « Cyanogen »

Après avoir téléchargé et installé TextSecure l’application vous demandera si vous souhaitez créer un mot de passe pour protéger vos messages au cas où votre téléphone tomberai entre de mauvaises mains, puis elle vous demandera si il faut importer les SMS déjà existants dans le téléphone vers sa propre base. L’intérêt de cette opération étant que vos SMS se retrouvent chiffrés sur votre téléphone et que pour les lire il faudra entrer le mot de passe créé précédemment.

Vous pourrez tout de même réaliser un export chiffré ou en clair de la base de messages en guise de sauvegarde.

À partir de maintenant, si vos contacts utilisent eux aussi TextSecure, l’application vous proposera de chiffrer vos échanges. Cela se matérialise par un premier échange de clé (celui dont l’explication technique donne mal à la tête) automatique puis les SMS seront chiffrés automatiquement sans autre action nécessaire de votre part et sans aucun intermédiaire impliqué.

Pour entrer dans l'application, il faut un mot de passe. La liste des conversations. Voulez-vous chiffrer vos échanges ? Exemple d'échange de clé. Vérification des clés pour s'assurer qu'on parle bien à la bonne personne.

Notez tout de même que si vous créer un mot de passe au démarrage de l’application et que vous même l’oubliez, il vous sera impossible de lire les messages présents dans la base, ils seront alors perdus à jamais. Vous devrez supprimer l’application et la réinstaller pour pouvoir régénérer un nouveau mot de passe et recommencer avec une base vide.

La sécurité pratique : Telegram

Telegram

Dans la première édition de cet article, je présentais Telegram comme une alternative moins sécurisée mais plus pratique à TextSecure, toutefois depuis la sortie de TextSecure V2 il n’y a plus davantage à utiliser Telegram puisque l’écart de fonctionnalité est inexistant et la sécurité est bien meilleure.

Simple comme bonjour

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Après de longues années où le besoin de confidentialité croissait et où les solutions pour en profiter à un niveau suffisant étaient particulièrement rebutantes, nous voyons à présent arriver de nouvelles applications qui s’installent en un clic et sont aussi simple d’utilisation et pratique que n’importe quelle autre application non sécurisée.

Il ne vous reste plus qu’à sauter le pas.

Diffie-Hellman

Et comme je ne peux décemment pas vous laisser comme ça en évoquant Diffie-Hellman tout le long de l’article ainsi que les maux de tête qu’il engendre chez les personnes qui ont des boutons dès qu’ils entendent « Arithmétique » voila une petite vidéo en anglais qui vulgarise ce fameux échange de clés en utilisant des couleurs, de la peinture, une corde et une horloge.