source: Ploum
Avec la popularisation des sites web et le monopole de Google, un marché juteux s'est installé: celui du référencement, appelé également SEO.
En échange de factures mirobolantes, quelques experts en cravate vont vous expliquer comment faire en sorte que votre site web apparaisse dans les résultats des moteurs de recherche, le tout en utilisant plein de mots que vous ne comprenez pas.
Mais, après tout, qui ne voudrait pas apparaître en tête des résultats Google et avoir plein de visites ?
Avant de répondre oui et de signer un chèque, je vous arrête tout de suite. Cravates ? Experts ? Jargon incompréhensible ? On est très certainement face à une business-arnaque[1].
Il est donc important de se poser quelques questions. Prenons comme exemple, « Saucissons Léon », un producteur local de saucissons artisanaux, qui propose notamment un panier saucisson hebdomadaire dans la localité.
[1] Oui, tout à fait comme de la consultance.
Un site web peut avoir plusieurs utilités. Dans la toute grande majorité des cas, votre site web est une vitrine. Il permet aux personnes qui ont entendu parler de vous de se renseigner sur vos activités, sur la manière de vous contacter ou de devenir client.
Dans le cas d'un site « vitrine », le visiteur aura déjà entendu parler de vous. Le moteur de recherche ne servira qu'à vous retrouver. Ainsi, la majorité des visiteurs taperont « Saucissons Léon » et sauront ce qu'ils cherchent. Un référencement optimal n'est donc pas nécessaire, surtout s'il n'existe qu'un seul Saucissons Léon.
Admettons que le site soit également un site de vente. Il est possible d'acheter les saucissons par correspondance.
Pensez-vous que des milliers d'internautes tapent tous les jours « acheter des saucissons par internet » et achètent aveuglément sur le premier résultat ?
Non, encore une fois, la communication passe avant tout par le bouche à oreille où les médias. Jamais au grand jamais par un simple moteur de recherche.
Mais il y a pire. Quels sont les résultats concrets qu'une entreprise de SEO peut vous apporter ? Absolument aucun.
L'algorithme de Google évolue constamment et est secret. Une optimisation aujourd'hui peut être pénalisante demain. De même, chaque utilisateur de Google reçoit des résultats qui sont personnalisés, phénomène appelé « bulles ».
N'oublions pas que certains internautes utilisent également d'autres moteurs de recherche: Bing, Yahoo, DuckDuckGo, …
Bref, vous paierez pour un service où vous n'avez aucun moyen de contrôler le résultat et dont vous n'êtes pas certain de l'utilité.
Et quand bien même le résultat serait ultra efficace, qu'y gagnerez-vous ? Quel serait le résultat direct d'un excellentissime référencement ?
Plus de visiteurs sur votre site ? Donc plus de bande passante, plus de spam. Mais plus de client ? Pensez-vous qu'un japonais cherchant la traduction du mot « saucisson » soit un client potentiel pour votre panier hebdomadaire ? Pourquoi est-ce que les milliers de personnes arrivant en cherchant « Fourre ma grosse saucisse » n'achètent-elles rien ? Peut-être parce que ce n'est pas un panier hebdomadaire qu'elles désirent.
Dans certains cas, un trop bon référencement peut donc vous coûter plus cher que ce qu'il ne rapporte. Un site qui fait dix visites par jour peut faire dix clients. Mais un site qui fait 10.000 visites par jours peut également ne faire aucun client du tout. Gardez cela à l'esprit.
En fait, il n'y a pas de secret. Google et les moteurs de recherche essaient d'apporter aux internautes ce dont ils ont besoin.
Vous devez donc construire un site respectueux des standards, accessible, clair, précis qui répond aux besoins de n'importe quel visiteur potentiel[1]. Ensuite, contentez-vous de faire ce que vous faites de mieux, à savoir du saucisson. Les utilisateurs en parleront sur le net, sur les réseaux sociaux, se partageront le bon plan. Votre référencement s'optimisera tout naturellement.
Par contre, si vos saucissons ne sont pas très bons, si votre site n'est pas clair, augmenter votre référencement n'aura qu'un seul effet: vider votre budget. Pas de vendre des saucissons…
Photo par Demetri Mouratis]
UPDATE: Suite au débat suscité par ce billet, mes idées ont évolué.
[1] et pas à vos besoins personnels !
Lorsque j'ai découvert le Parti Pirate, j'ai été particulièrement enthousiasmé d'entendre un discours politique qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années. Pendant de longs mois, j'ai donc attendu, espérant que les Pirates s'installent dans ma région afin de leur donner ma voix.
Il y a peu de temps, la lumière se fit : j'étais un pirate. Certains de mes amis étaient pirates. Les Pirates étaient déjà là. Ensemble, nous avons donc lancé le Parti Pirate Brabant-Wallon et nous avons été vite rejoints par des personnes d'horizons politiques extrêmement variés.
Personnellement, je n'avais aucune envie de me présenter. Je ne me sentais pas l'âme d'un homme politique. Élu co-capitaine de l'équipage du Brabant-Wallon, j'ai accepté de répondre à des interviews, je suis passé à la radio, dans les journaux. Comme tout bon blogueur narcissique, j'en ai été enchanté.
Mais voici que se profilent les élections. En octobre 2012, les Belges éliront leurs représentants provinciaux et communaux. Devant l'enthousiasme de notre équipe, le Parti Pirate BW a décidé de présenter des listes dans chacun des deux districts de la province et une liste communale à Ottignies-Louvain-la-Neuve, ma commune[1].
Histoire de compléter les listes, un appel aux candidats potentiels a été lancé[2]. Un appel auquel je dois trouver une réponse moi-même.
Je ne l'avais pas prévu, je ne pensais même pas que le Parti Pirate participerait aux élections de 2012. Mais voilà, la petite visibilité que j'ai eue fait que certains me désignent déjà sur les réseaux sociaux comme « tête de liste du Parti Pirate à Ottignies-Louvain-la-Neuve ». Et, après tout, ne serait-ce pas fuir ses responsabilités que d'accepter de faire le guignol en public tout en refusant d'accomplir le véritable travail politique de terrain ?
Le challenge serait de taille : si je n'ai pas peur de m'exprimer vis-à-vis du monde entier grâce à Internet, si certains de mes articles ont été repris des centaines de fois et vus par des dizaines de milliers de personnes, trouver une audience locale est un problème autrement plus difficile. Historiquement, les politiciens locaux cherchaient à gagner une audience de plus en plus globale. Les Pirates sont confrontés au défi inverse : d'une audience globale, gagner le cœur des citoyens au niveau local.
L’arène politique est sans pitié, sans merci. Une campagne serait un travail énorme pour, dans le meilleur des cas, récolter quelques maigres pour cent. Mais bon sang, un vrai pirate ne doit avoir peur que d'un chose : que le ciel lui tombe sur la tête[3] !
Aussi, c'est à vous, amis lecteurs, que je m'en remets. Dois-je y aller ou pas ? Confrères blogueurs, twitteurs ou simples passants virtuels : seriez-vous prêts à me soutenir ? À faire tourner le message en espérant trouver au bout de la chaîne des citoyens du Brabant-Wallon et d'Ottignies-Louvain-la-Neuve qui, autrement, n'auraient pas l'occasion d'entendre le message Pirate ?
M'aideriez-vous à apporter nos idées de transparence et de démocratie au niveau le plus local, le plus humain ?
Images par Fred Benenson et Bondareva
[1] Ottignies-Louvain-la-Neuve occupe une place particulière dans la Belgique francophone. Mélangeant milieu urbain et semi-rural, accueillant la toute récente ville de Louvain-la-Neuve, peuplée en majorité d'étudiants, OLLN est un véritable laboratoire. C'est d'ailleurs la première ville de Belgique à s'être dotée d'un bourgmestre issu d'un parti écologiste. Il serait donc particulièrement intéressant de voir comment y sera accueilli le Parti Pirate.
[2] Surtout aux candidates, car nous devons malheureusement constater une sur-représentation de la gente masculine. Si vous êtes potentiellement intéressé ou si vous connaissez une personne qui pourrait l'être, n'hésitez pas à contacter ppbw@ppbw.be.
[3] Par Toutatis, je mélange mes classiques, ce n'était pas un pirate !
Ceci est la reprise d'un billet à propos des élections législatives françaises, texte que j'avais torché en trente secondes et publié sur les réseaux sociaux sans même prendre la peine de le relire. Ce texte expliquait comment se faire élire, grâce au vote électronique, sans faire campagne et pour une somme de 12€.
Devant le succès de ma méthode, je vais tenter de la détailler pour la rendre compréhensible à tous.
Tout d'abord, vous devez comprendre que, lorsque vous vous visitez un site internet, vous ne faites que vous connecter à un simple ordinateur, appelé « serveur », mais un ordinateur pas très différent du vôtre. Chaque ordinateur sur internet, le vôtre comme les serveurs, s'identifie grâce à une adresse unique, appelée « adresse IP », qui contient quatre chiffre entre 0 et 255. Par exemple: 46.192.163.214.
Pour voter, vous allez entrer dans votre navigateur l'adresse scrutin.diplomatie.gouv.fr. Votre fournisseur d'accès va alors, grâce à un mécanisme appelé DNS, informer votre navigateur que le site est hébergé sur l'ordinateur ayant l'adresse IP suivante: 160.92.182.210. C'est un ordinateur appartenant à la société Atos.
L'ordinateur de la société Atos va donc vous envoyer une page de vote, qui va s'afficher sur votre ordinateur. Vous allez introduire un mot de passe que l'ordinateur distant va vérifier. Si il est bon, il va vous offrir une page où vous pouvez voter. Votre vote sera donc enregistré par l'ordinateur de la société Atos.
Mais comment contourner cela ? C'est très simple :
Il est vrai que si vous n'avez pas de serveur (4€ par mois chez Gandi.net) et que si vous voulez également un certificat SSL pour faire croire que votre site est sécurisé (12€ par an)[1], il vous en coûtera au final 28€ et non 12. J'avoue, j'ai menti et j'ai fait un titre purement accrocheur.
Vous remarquerez qu'il existe une méthode encore plus facile pour modifier tous les votes: être au conseil d'administration de Atos vu que leur ordinateur récupère tous les résultats. Mais c'est une autre histoire…
[1] Le certificat SSL d'un nom de domaine est ce qui permet à votre navigateur d'afficher un petit cadenas à côté de l'adresse
Lorsque je parle du Parti Pirate, j'entends souvent des mots comme « immaturité » ou « inexpérience ».
Il est vrai que la maturité et de l'expérience sont les compléments indispensables de l'intelligence et de la curiosité face à la complexité du monde actuel.
Prenez la technologie, qui a pris une place prépondérante dans notre société. Notre argent, nos données privées, nos communications sont complètement dépendants de la technologie. Un des derniers bastions atechnologiques, la politique, est en train de tomber.
Qui maîtrise la technologie contrôle la société. Il est donc primordial que nos « dirigeants » et nos « représentants » aient une compréhension minimale des outils de base de notre société.
Je vous alertais justement sur le fait que cet énorme pouvoir politique était en train de passer dans les mains d'entreprises privées sans que personne ne s'en émeuve (sur Diaspora, Facebook, Google+ et même en anglais).
Pour les législatives françaises de 2012, comme dans toute élection démocratique, les candidats ont la possibilité d'envoyer des délégués contrôler les modalités du scrutin. Sur les 5 délégués qui ont souhaité contrôler le vote électronique de 700.000 Français, 4 étaient du Parti Pirate. Pour les autres, nul doute que l'informatique est trop compliquée ou inintéressante.
Mais il y a mieux. Les candidats reçoivent en effet l'adresse e-mail personnelle de chaque électeur potentiel. Cela signifie que, pour l'achat d'un nom de domaine (12€ par an), vous êtes en mesure de tromper les électeurs et de récupérer une grande partie des votes, voire d'invalider complètement l'élection (la procédure détaillée sur Facebook, Google+ ou Diaspora).
Pablo Martin Gomez, candidat du Parti Pirate pour les Français du Benelux, seul candidat de la circonscription à avoir envoyé un délégué, s'est donc retrouvé avec 53.000 adresses e-mail valides en sa possession[1].
Quelle aubaine ! Les candidats se sont évidemment empressés d'envoyer des messages électoraux. Certains n'ont pas hésité à transmettre cette mine d'adresses à des sociétés privées, lesquelles ont, en retour, envoyé des messages publicitaires appelant à voter pour un candidat donné. Plusieurs électeurs m'ont signalé être véritablement spammés par certains candidats.
Conscient de l'abus, Pablo s'est donc fendu d'un seul et unique mail, non pas de campagne, mais de mise en garde des électeurs. Un mail empli de sobriété et de maturité. Un mail qui remplace les paroles creuses par des actes.
Pablo a 20 ans. Immaturité ? Inexpérience ? Oui, car face au nouveau monde et aux personnes comme Pablo, la caste politique traditionnelle s'est déjà révélée totalement immature et inexpérimentée.
Photo par Glenn Loos-Austin
[1] Sur le tas, ils se trouvent quelques personnes décédées mais qui ont donc gardé leur droit de vote. Étonnant non?
Since yesterday, 700,000 French living abroad are voting to elect their representatives at the national parliament. This year, they have the choice to cast their vote through Internet instead of going to their embassy or consulate.
The system led to harsh criticism including:
All of those points are mere details. Let me be clear about those : we don't care! We don't give one single f*** about them!
Of course, those details are the proof of the complete amateurism and technological illiteracy of the current political elite but it doesn't matter. Even if everything was perfect, the only thing to remember is that a single provider company will decide alone the value of 700,000 votes.
Let me repeat that : one private company will decide the value of 700,000 votes.
It's not a possibility, it's a fact ! A true indisputable fact !
Of course, the company might decide that the value of the votes given to the French administration should be the one sent by the voters. It might be. Or it might be not. There's no way to know or to verify it. 700,000 votes will be decided by one person. That's as simple as that.
Lot of people will think that I'm talking about a post-apocalyptic scenario, a future we should try to avoid. It is not. It is a fact which is happening right now in one of the most influential democracies. The result of this vote will have absolutely no democratical value !
I repeat : the result will have no value at all. By chance, it might be related to the opinion of the population but there's no way to verify it.
Would it be better if the company was replaced by the French administration, if all the code was opensource[1], if the website was compatible with all systems ? No, it would not change the fundamental problem.
Is going to the embassy an option ? Not even that. Because the private provider will give to the French administration a list of people who didn't vote by Internet. They have the power to cast your vote and to remove you from this list, preventing you to access your embassy.
Let's summarize that in one sentence : the result that will be published for 700,000 French voters will have not value at all. Not a single little value. Everything else is only a detail.
PS : it should also be noted that 700,000 private political opinions will be given to a private company. Cross your fingers…
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Picture by g.rohs
[1] How can you prove that the code you received is the one running on the server?