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Blog d'un condamné

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J-22

mardi 11 juin 2013 à 11:37

Cette nuit, j’ai fait un drôle de rêve. Sans transition, je me suis retrouvé les yeux grands ouverts dans le noir de ma chambre. Autour de moi, au delà de la respiration calme de mon épouse, je subodorais une présence.

Je me suis levé, j’ai allumé toutes les lumières. La sensation se faisait insistante. J’ai visité chaque pièce de l’étage et je l’ai vu. Un être accroupi sous mon bureau me regardait. Un humain, vêtu de haillons. Il ne bougeait pas, se contentant de cligner des paupières. J’ai frotté mes yeux. Mon intelligence percevait l’hallucination, luttait contre mes sens. Je me suis avancé et j’ai tenté de toucher l’apparition. Ma main n’a rencontré que le vide. Mais l’image était imprimée, foncièrement réelle.

Au réveil, l’anecdote s’effilochait dans les insaisissables lambeaux de rêves. Le souvenir s’effaçait mais une oppression me restaient sur le cœur. Me suis-je levé ou pas cette nuit ? Ai-je tout inventé ? Je ne peux le dire.

Toute la semaine passée me semblait appartenir au même cauchemar. J’étais enfin réveillé. Quel rêve affreux ! Être condamné ! Heureusement, tout cela n’était qu’un songe !

J’ai fini mon petit-déjeuner et j’ai machinalement commencé à préparer mon attaché-caisse afin de me rendre au travail. Mon épouse m’a interrompu :

— Que fais-tu ?
— Et bien, je pars au travail. À ce soir, fis-je en lui déposant un baiser sur le front.
— Mais enfin L… ! Qu’est-ce qui te prend ?

J’ai laissé tombé la mallette. Mon cœur s’est arrêté. Ce n’était donc pas un rêve. Je me suis enfuit dans mon bureau pour y relire ce blog, espérant ne point le trouver.

Tout est vrai. Non content de devoir subir un deuil atroce, voilà qu’il me faut, tel un Sysiphe 2.0, le revivre encore et encore.

Mes mains tremblent. Mon visage me démange. De plus en plus fort. Ma tête semble sur le point d’éclater. Pour la première fois, j’éprouve de la peine à taper sur ce clavier. Je dois résister.

À demain…