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source: ThomasInTheSky

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Les DRM ne protègent pas la culture ; ils la tuent.

samedi 27 juillet 2013 à 06:00

Vous savez, je vous parlais il y a quelques semaines de la musique marketing qui a envahi le marché ces dernières années. Mais il y a autre chose qui est arrivé : les DRM. Mais c’est quoi le DRM, me direz-vous ? Impossible que vous n’en ayez jamais entendu parler. Ils sont partout : films, musique, jeux… impossible de passer à côté si jamais vous ne piratez pas tout. Si on s’en rapporte à la définition qu’en donne Wikipedia :

Ces dispositifs techniques ou logiciels peuvent viser à :

  • restreindre la lecture du support à une zone géographique prévue (par exemple les zones des DVD) ;
  • restreindre la lecture du support à du matériel spécifique (par exemple les versions smartphone ou tablette) ;
  • restreindre la lecture du support à un constructeur ou vendeur (afin de bloquer la concurrence) ;
  • restreindre ou empêcher la copie privée du support (transfert vers un appareil externe) ;
  • restreindre ou verrouiller certaines fonctions de lecture du support (désactivation de l’avance rapide sur certains passages d’un DVD) ;
  • identifier et tatouer numériquement toute œuvre et tout équipement de lecture ou enregistrement (pour faciliter le pistage des copies non autorisées, mais surtout empêcher la personnalisation et donc le contrôle d’une technologie, par exemple empêcher l’installation d’un autre système d’exploitation sur un ordinateur).

En résumé, c’est là pour empêcher la copie illégale et la distribution de ces fichiers. Le problème, c’est que le plus souvent c’est totalement inutile et plus chiant qu’autre chose. Et pour que vous compreniez, je vais vous exposer quelques exemples.

1. Origin, de Electronic Arts

C’est indéniable, ces dernières années, le piratage des jeux vidéo a été rendu de plus en plus difficile. Avant, il suffisait de copier le CD et c’était bon (quand j’avais cinq ans). Maintenant on nous balance des clés d’activation à usage unique, des connexions à Internet obligatoires et mille autres idées farfelues, donc celle de EA : Origin. Alors Origin, c’est quoi ? Mon cauchemar. En fait, pour éviter le piratage, EA a développé ce logiciel. En effet, impossible de lancer un jeu EA récent sans y passer : quand on lance le jeu, Origin s’ouvre et on nous demande gentiment de nous connecter, et on nous dit que c’est pour pouvoir jouer en multijoueurs. Oui, entre autres. C’est surtout pour vérifier que vous l’avez acheté. Car si le jeu ne figure pas sur votre compte Origin, le lancement est arrêté et vous ne jouez pas? Du coup, les possibilités de piratage sont très réduites. Autre chose, à l’installation, même si vous avez un DVD, vous devez obligatoirement télécharger le jeu vidéo. Oui, il est sur votre DVD, mais Origin ne sait pas si c’est un original, alors dans le doute on vous obligé à télécharger six gigas.
On emmerde les joueurs au point maximum, mais on gagne plus d’argent. N’est ce pas cool ? A vrai dire, non. Parce que le piratage n’est pas vraiment évité, il ne l’est que partiellement.

Prenons quelques jeux connus d’EA : Battlefied, Dead Space, Crysis et les Sims. Un coup de Google et vous trouvez un crack. Qui fonctionne la plupart du temps, pour peu de trouver le bon. Et Origin est court circuité. Résultat ? Les joueurs qui ont payé le jeu sont emmerdés, ceux qui l’ont piraté ont la vie facile. Vous rendez-vous compte qu’à ce stade, il est plus facile et plus confortable de pirater que de payer ? Dans les deux cas, on doit télécharger le jeu.  Le seul avantage de payer est le multijoueurs (qui est quand même un aspect important du jeu vidéo), mais le piraté présente celui de pouvoir ne pas utiliser Origin. Parce que Origin = Publicité aussi (mais ça je vous l’ai pas dit). Vous avez de la pub à chaque fois que vous ouvrez votre jeu. Et certains ne peuvent pas être joués sans Internet, alors qu’avec un crack on peut.

2. iTunes, de Apple

Si Apple aimait ses utilisateurs, ça se saurait. Cette histoire, elle ne vient pas de moi (contrairement à la précédente), mais de Trevör. Je ne connais plus exactement la teneur du problème, mais je sais qu’il avait téléchargé des épisodes de Doctor Who de manière tout à fait légale. Et qu’il est impossible d’enlever les DRM. Bon, vous allez me demander quel est l’intérêt, si on veut les regarder sur un iPad ou un iPhone ou même sur un ordinateur ça ne pose aucun problème. Par contre, dans le cas où vous voulez les regarder ailleurs (genre sur une tablette Android), vous êtes bien embêtés ! Impossible de lire les vidéos d’Apple (pas d’utilisation de ces DRM car ils ne sont pas compatibles) et impossible de les supprimer. Le seul moyen reste encore une fois de télécharger ces épisodes depuis un site illégal. Et vous avez tout à fait le droit ! Vous avez acheté l’épisode légalement, vous pouvez en faire une copie privée. Si c’est impossible, téléchargez.

Ah, le problème de Trevör ? Il ne peut même pas faire une capture d’écran de ses séries, ou en récupérer des bouts pour faire des bande-annonces.

3. Les DRM du Kindle d’Amazon

Là, c’est encore une autre histoire. Je n’ai pas de Kindle, et pas d’eBook en général, parce que je ne l’utiliserais pas, je le sais. Récemment, j’ai appris qu’une société avait mis en place un DRM intéressant et pourtant totalement débile : il consiste à modifier légèrement chaque livre en ajoutant un espace par ci par là, une tabulation… Bon jusque là, c’est une idée pas trop mauvaise, sauf que le but est sûrement de vous attaquer en justice si votre copie se retrouve sur le net, ou au moins de vous empêcher d’accéder à vos livres achetés.

Or, il peut y avoir trente-six mille façon pour un fichier de se retrouver sur Internet ou dans les mains d’une autre personne par erreur : clé USB perdue, appareil revendu non réinitialisé, smartphone prêté, données piratées… Mais c’est vous qui prendrez. En gros, vous encourez un risque légal dès lors que vous achetez votre livre. Ah ouais, sérieux c’est chouette ? Attendez, il paraît qu’il y a une solution. Le piratage. Que font les clients potentiels ? Ils préfèrent avoir un truc gratuit et peu risqué vis à vis de la justice ou acheter une bombe à retardement ? A leur place, je ferais vite mon choix.

C’est là que les majors du disque et les grandes entreprises (surtout les éditeurs) ont fait une énorme erreur. Au lieu d’essayer de comprendre la technologie actuelle et sans doute le futur, il essaient de la freiner, tout en sachant (ou peut être pas) que c’est ce frein qu’ils mettent qui fait qu’ils perdront de l’argent rapidement. Les DRM tuent les DRM et la culture. A force de vouloir tout vérifier, on finira par être obligé d’être connecté à Internet pour écouter une chanson. Vous trouvez ça normal ? On sera traînés en justice parce qu’on aura envoyé un clip à un ami. Vous trouvez ça normal ? On ne pourra plus revendre les jeux vidéos et les consoles. Vous trouvez ça normal ? Moi non. Le piratage pourrait bien être le seul moyen de faire comprendre aux éditeurs que les DRM tuent la culture et ne la protègent pas. Alors faites vous plaisir.