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Le bloc-notes de Gee

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Des trucs et des machins (2)

jeudi 2 août 2012 à 11:23

Quelques trouvailles du web :Bungee@Sziget (CC-By psalmi76)

Crédit photo : Bungee@Sziget (CC-By psalmi76)

Man of Steelarant

vendredi 27 juillet 2012 à 16:45

Justice Legg of America (CC-By JD Hancock)Ils sont marrants chez Hollywood, tellement ils ne sont pas subtils.

Mercredi dernier, je me suis rué au ciné vers The Dark Knight Rises en grand fan de Batman que je suis (les lecteurs du Geektionnerd en savent quelque chose). Sur ce film, rien à redire, aussi excellent que les 2 premiers (promis, je ne spoile rien dans cet article). Mais j’y ai vu la bande-annonce du prochain Superman.

Et j’ai bien ri. Parce que comme je l’ai dit, chez Hollywood, ils ne sont pas subtils. Quelle a été l’un des derniers énôôôrmes succès chez les super-héros ? The Dark Knight (premier du nom, deuxième de la série de Nolan) avec le regretté Heath Ledger. En quoi ce film détonait-il ? Il était plutôt original, comparé aux films de super-héros habituels, souvent très manichéens avec le happy end de rigueur. Il était au contraire extrêmement sombre, ambigu, violent, avec une ambiance oppressante et pleine de tension.

Tiens, bizarre, c’est exactement l’effet que fait la bande-annonce de Man of Steel. Sauf que, pardon, mais ça ne colle pas. Batman est intrinsèquement un super-héros sombre, par son histoire, sa personnalité… Même son costume est sombre. Superman, merde, on parle quand même d’un type qui s’habille avec une cape rouge pétante assortie d’un joli slip rouge pétant sur un costume bleu pétant. Pour l’ambiance sombre, c’est le tiercé gagnant. Certes, Batman aussi a un slip sur le pantalon, mais un slip noir sur tunique grise (dans le dessin animé des années 90 en tout cas, dans le film c’est même tout noir). Mais voilà, le niveau de réflexion à Hollywood c’est : The Dark Knight -> film sombre -> gros carton, donc le prochain Superman -> film sombre -> gros carton. Mais qu’ils sont cons.

D’ailleurs même eux doivent se douter que ça coince quelque part, vu qu’on ne voit le costume que 2 secondes et vu de trèèèès loin dans la bande-annonce (à la rigueur ils n’avaient qu’à le changer, Batman a eu pas mal de looks différents dans toutes ses existences fictives).

Et qu’est-ce qu’on voit dans la bande-annonce ? Un Clark Kent barbu, mal fringué, seul sur les routes façon « parcours initiatique ». En gros, la première de moitié de Batman Begins en remplaçant Bruce Wayne par Clark Kent.

Même le titre suit la logique. Je suis prêt à parier que Nolan a dû batailler pour appeler son film The Dark Knight tout court. Bah oui alors, ça va pas non ? Une suite sans le nom original ? On va pas s’y retrouver ! Batman, Batman Returns, Batman Forever, Batman & Robin (haha – pardon c’est le souvenir du navé qui m’amuse), Batman Begins… Et The Dark Knight ? Juste The Dark Knight ? Même pas un petit Batman avant pour faire genre ? Ou Batman Begins 2 – The Dark Knight ? Vous êtes zinzin ?!

Mais comme ça a marché, paf ! C’est la mode ! Alors si Batman, c’était le chevalier noir, Superman c’est… Mais bien sûr ! Man of Steel ! Hop hop, un titre dans la mode du moment, vendu ! Manquerait plus qu’ils appellent le prochain Spiderman The Sticky Guy, tiens…

Voilà, du coup en voyant la bande-annonce, on se dit juste qu’ils ont voulu faire un The Dark Knight version Superman. Bah ça ressemble à rien.

Mais qu’ils sont cons… Bon bref. C’est Nolan qui produit ce prochain film (et son frangin participe au scénario – très inspiré visiblement). Je n’irai sans doute pas le voir pour autant. S’il l’avait réalisé, pourquoi pas… Et encore. De toute façon Superman c’est de la daube, sombre ou pas. Vive Batman, vive le chevalier – vraiment – noir. Et encore un gros lol à Hollywood qui adore user les concepts jusqu’à l’os quand ils ont trouvé un filon (heureusement qu’il y a des mecs talentueux comme Nolan pour les trouver, ces filons). Il leur faudra juste un certain nombre de bides pour passer à autre chose. La routine, en somme.

Oui, je disserte sur Batman et Superman au lieu de bosser sur ce pauvre Superflu qui n’avance pas… Un problème ?

Crédit photo : Justice Legg of America (CC-By JD Hancock)

Man of Steelarant

vendredi 27 juillet 2012 à 16:45

Justice Legg of America (CC-By JD Hancock)Ils sont marrants chez Hollywood, tellement ils ne sont pas subtils.

Mercredi dernier, je me suis rué au ciné vers The Dark Knight Rises en grand fan de Batman que je suis (les lecteurs du Geektionnerd en savent quelque chose). Sur ce film, rien à redire, aussi excellent que les 2 premiers (promis, je ne spoile rien dans cet article). Mais j’y ai vu la bande-annonce du prochain Superman.

Et j’ai bien ri. Parce que comme je l’ai dit, chez Hollywood, ils ne sont pas subtils. Quelle a été l’un des derniers énôôôrmes succès chez les super-héros ? The Dark Knight (premier du nom, deuxième de la série de Nolan) avec le regretté Heath Ledger. En quoi ce film détonait-il ? Il était plutôt original, comparé aux films de super-héros habituels, souvent très manichéens avec le happy end de rigueur. Il était au contraire extrêmement sombre, ambigu, violent, avec une ambiance oppressante et pleine de tension.

Tiens, bizarre, c’est exactement l’effet que fait la bande-annonce de Man of Steel. Sauf que, pardon, mais ça ne colle pas. Batman est intrinsèquement un super-héros sombre, par son histoire, sa personnalité… Même son costume est sombre. Superman, merde, on parle quand même d’un type qui s’habille avec une cape rouge pétante assortie d’un joli slip rouge pétant sur un costume bleu pétant. Pour l’ambiance sombre, c’est le tiercé gagnant. Certes, Batman aussi a un slip sur le pantalon, mais un slip noir sur tunique grise (dans le dessin animé des années 90 en tout cas, dans le film c’est même tout noir). Mais voilà, le niveau de réflexion à Hollywood c’est : The Dark Knight -> film sombre -> gros carton, donc le prochain Superman -> film sombre -> gros carton. Mais qu’ils sont cons.

D’ailleurs même eux doivent se douter que ça coince quelque part, vu qu’on ne voit le costume que 2 secondes et vu de trèèèès loin dans la bande-annonce (à la rigueur ils n’avaient qu’à le changer, Batman a eu pas mal de looks différents dans toutes ses existences fictives).

Et qu’est-ce qu’on voit dans la bande-annonce ? Un Clark Kent barbu, mal fringué, seul sur les routes façon « parcours initiatique ». En gros, la première de moitié de Batman Begins en remplaçant Bruce Wayne par Clark Kent.

Même le titre suit la logique. Je suis prêt à parier que Nolan a dû batailler pour appeler son film The Dark Knight tout court. Bah oui alors, ça va pas non ? Une suite sans le nom original ? On va pas s’y retrouver ! Batman, Batman Returns, Batman Forever, Batman & Robin (haha – pardon c’est le souvenir du navé qui m’amuse), Batman Begins… Et The Dark Knight ? Juste The Dark Knight ? Même pas un petit Batman avant pour faire genre ? Ou Batman Begins 2 – The Dark Knight ? Vous êtes zinzin ?!

Mais comme ça a marché, paf ! C’est la mode ! Alors si Batman, c’était le chevalier noir, Superman c’est… Mais bien sûr ! Man of Steel ! Hop hop, un titre dans la mode du moment, vendu ! Manquerait plus qu’ils appellent le prochain Spiderman The Sticky Guy, tiens…

Voilà, du coup en voyant la bande-annonce, on se dit juste qu’ils ont voulu faire un The Dark Knight version Superman. Bah ça ressemble à rien.

Mais qu’ils sont cons… Bon bref. C’est Nolan qui produit ce prochain film (et son frangin participe au scénario – très inspiré visiblement). Je n’irai sans doute pas le voir pour autant. S’il l’avait réalisé, pourquoi pas… Et encore. De toute façon Superman c’est de la daube, sombre ou pas. Vive Batman, vive le chevalier – vraiment – noir. Et encore un gros lol à Hollywood qui adore user les concepts jusqu’à l’os quand ils ont trouvé un filon (heureusement qu’il y a des mecs talentueux comme Nolan pour les trouver, ces filons). Il leur faudra juste un certain nombre de bides pour passer à autre chose. La routine, en somme.

Oui, je disserte sur Batman et Superman au lieu de bosser sur ce pauvre Superflu qui n’avance pas… Un problème ?

Crédit photo : Justice Legg of America (CC-By JD Hancock)

Non à la libre diffusion !

lundi 16 juillet 2012 à 14:17

Creative Commons (CC-By Jayel Aheram)Certains ont peut-être bondi en lisant ce titre, surtout venant de moi qui suis plutôt pro-libre, de manière générale. Pas de panique, je vous explique.

Il y a une phrase très à la mode, en ce moment, sur Internet, c’est « je / il publie sous licence Creative Commons ». Et moi, depuis quelques temps, j’ai pris une habitude lorsque je la lis : je vais vérifier de quelle Creative Commons on parle. Et qu’est-ce que je constate ? Que si l’auteur ne précise pas, c’est qu’il y a de bonnes chances pour que la licence choisie ne soit pas libre (c’est à dire qu’elle contienne les clauses NC ou ND – le ou étant non-exclusif).

Note : si ces termes sont obscurs pour vous, vous pouvez lire la page Creative Commons à ce sujet. C’est très simple à comprendre. On parle de NC pour Non-Commercial (pas d’utilisation commerciale) et ND pour Non-Derivative (pas de modification).

D’ailleurs, c’est assez révélateur : les gens qui utilisent les licences Creative Commons libres (BY et BY-SA) diront plutôt simplement qu’ils sont « sous licence libre ». C’est le gros problème avec Creative Commons : l’ambiguïté. Et ne nous leurrons pas, aujourd’hui, beaucoup de gens s’en servent pour améliorer leur image (Creative Commons, c’est connu et ça commence à sonner classe, ouvert d’esprit, etc.) sans dire adieu au contrôle de leurs œuvres. En gros, je dis que je suis en Creative Commons, les gens comprennent « libre » mais je refuse qu’on utilise mes œuvres sans mon autorisation quand même.

Attention, je ne crache pas sur Creative Commons. C’est une initiative géniale qui a beaucoup participé au développement de la culture libre (et de son cadre légal, ce qui est très important). Mais n’oubliez pas qu’une grande partie des licences Creative Commons ne sont pas libres, elles sont ce qu’on appelle des licences de libre diffusion.

Roh, mais tu chipotes, libre diffusion, c’est déjà vachement bien non ?

La libre diffusion, oui c’est bien. C’est mieux que le système actuel. Mais concrètement, ça veut dire quoi ? Qu’on ne voit pas plus loin que le bout de son Torrent ou de son Rapidshare. On a le droit de partager les œuvres, mais fondamentalement, on reste un consommateur passif. La seule différence avec le modèle Universal / EMI et cie, c’est qu’on ne viendra plus vous emmerder si vous filez des MP3 à vos potes. Vous allez me dire que c’est déjà un grand pas en avant. Je vous répondrai que ce n’est pas suffisant.

Le problème du modèle actuel (basé sur l’achat d’œuvres à l’unité et le contrôle absolu de l’auteur – et surtout des fameux « ayant-droits » – sur cette œuvre), ce n’est pas qu’il est intrinsèquement mauvais (bon, un peu quand même, mais passons). Il a même plutôt bien marché pendant des décennies. Non, son problème, c’est qu’il ne correspond plus du tout à la réalité depuis des années.

Aujourd’hui, la culture est libre. Ce n’est pas une question de licence ou de conviction. Elle est libre, parce que nous considérons naturellement toute œuvre comme libre, même si elle ne l’est pas dans la loi. Le système actuel de droit d’auteur est archaïque, parce que tout le monde peut devenir auteur d’œuvre (sans aucune considération sur la qualité), que plus personne ne demande l’autorisation avant d’utiliser telle ou telle chanson pour sa vidéo de vacances postée sur YouTube (que j’emmerde, au passage) et que tout le monde s’échange de la musique et des films aussi naturellement qu’on s’enregistrait des compilations sur cassette il y a 20 ans (ce qui était déjà illégal).

Oui mais tout ça, ce n’est pas juste de la libre diffusion ? En quoi une clause ND est-elle gênante ?

On en revient à ce que je disais sur la vie d’une œuvre : la clause ND te replace en position de simple consommateur. Tu as le droit de regarder, de lire ou d’écouter, mais pas touche ! Sauf que dans les faits, il est naturel de s’approprier une œuvre. On pourrait parler de la culture du sampling et du remix. Mais rien que le fait d’enregistrer sa propre version d’une chanson (ce qui est fait un millier de fois par jour sur YouTube - que j’emmerde toujours), c’est une modification.

Et non, je ne veux pas avoir à demander l’autorisation avant de grattouiller 4 accords devant ma webcam. Tout le monde ne s’appelle pas Madonna et ne peut pas demander gentiment à Abba si on peut les sampler intensivement (pour faire une chanson médiocre au passage, mais peu importe). Ils répondront d’ailleurs à peu près toujours non.

D’accord, la ND t’oblige à être spectateur passif alors qu’aujourd’hui, on aime bien jouer avec les œuvres. Mais je peux comprendre qu’un auteur ne veuille pas qu’on se fasse de pognon sur son dos et utilise une licence NC.

Ah, « se faire du pognon sur son dos », encore une phrase qui revient souvent… Mais de quoi on parle exactement ? Le problème de la clause NC, c’est qu’elle est extrêmement ambiguë. Qu’est-ce qu’une utilisation commerciale ?

Si un artiste sort un album avec une clause NC, on va spontanément penser que le contrat est clair : vous pouvez partager l’album comme vous le voulez, mais interdiction de vendre un CD gravé, par exemple. D’accord. Mais si je diffuse l’album gratuitement sur mon site Internet qui me rapporte de l’argent par la pub ? Utilisation commerciale ou pas ? L’album ne m’a pas directement rapporté d’argent, mais peut-être que sa présence sur mon site a boosté mon nombre de visiteurs. Et si je joue des chansons en NC dans un bar et qu’on me paie pour ça ? Utilisation commerciale ? Et si on ne me paie pas mais qu’on me file des bières gratos ? Utilisation commerciale ? Et si on ne me paie pas du tout et que je ne bois pas à l’œil ? Le gérant du bar va quand même peut-être profiter de la chanson et gagner plus d’argent. Utilisation commerciale ?

La notion d’utilisation commerciale est tellement vague et sujette à interprétations que la licence en devient dangereuse, vous ne pouvez plus savoir ce qui est protégé et ce qui ne l’est pas, et vous pouvez tourner la licence dans tous les sens. Paranoïa ? Regardez ce qu’en a fait la Sacem lorsqu’elle a décidé qu’elle était compatible avec sa vision du business culturel. Bienvenue dans la libre diffusion façon corporate.

Donc, si je résume, la libre diffusion c’est un moindre mal, mais la culture libre tout court c’est mieux.

C’est à peu près ça. Le problème, c’est que beaucoup de gens entretiennent l’ambiguïté entre les deux (volontairement ou pas, je ne juge pas des intentions). Regardez Jamendo, qui se proclame « plateforme n°1 de musique libre ». Ça sonne bien non ? Maintenant, regardez de près les disques les plus écoutés / téléchargés : on est proches du 100% ND/NC/ND-NC. C’est ça qui est malheureusement réducteur, car la liberté sur une œuvre n’est pas que la liberté de partager. La culture libre, c’est l’idée qu’il n’y pas de hiérarchie entre auteur et public, que l’un n’a pas plus de droits que l’autre, qu’il n’a aucun pouvoir sur lui. Lorsque vous diffusez une œuvre, elle devient la propriété de celui qui la reçoit, que cela vous plaise ou non. Si cela ne vous plaît pas, ne diffusez pas. Faites vos œuvres dans votre coin, et gardez les pour vous. Mais surtout, ne venez pas nous dire ensuite quoi faire avec ce que notre cerveau aura retenu de vos œuvres.

Bien sûr, si l’intégralité des productions artistiques d’aujourd’hui étaient sous une licence type NC-ND, ce serait déjà un énorme pas en avant. Mais la libre diffusion reste, selon moi, un moindre mal. Moindre, certes. Un mal quand même.

Crédit photo : Creative Commons (CC-By Jayel Aheram)

PS : je n’ai pas évoqué la clause SA qui provoque parfois des débats car ce n’est pas le sujet. De mon point de vue, c’est la seule arme dont nous disposons pour ne pas nous faire bouffer par l’immense majorité de productions non-libres.


Non à la libre diffusion !

lundi 16 juillet 2012 à 14:17

Creative Commons (CC-By Jayel Aheram)Certains ont peut-être bondi en lisant ce titre, surtout venant de moi qui suis plutôt pro-libre, de manière générale. Pas de panique, je vous explique.

Il y a une phrase très à la mode, en ce moment, sur Internet, c’est « je / il publie sous licence Creative Commons ». Et moi, depuis quelques temps, j’ai pris une habitude lorsque je la lis : je vais vérifier de quelle Creative Commons on parle. Et qu’est-ce que je constate ? Que si l’auteur ne précise pas, c’est qu’il y a de bonnes chances pour que la licence choisie ne soit pas libre (c’est à dire qu’elle contienne les clauses NC ou ND – le ou étant non-exclusif).

Note : si ces termes sont obscurs pour vous, vous pouvez lire la page Creative Commons à ce sujet. C’est très simple à comprendre. On parle de NC pour Non-Commercial (pas d’utilisation commerciale) et ND pour Non-Derivative (pas de modification).

D’ailleurs, c’est assez révélateur : les gens qui utilisent les licences Creative Commons libres (BY et BY-SA) diront plutôt simplement qu’ils sont « sous licence libre ». C’est le gros problème avec Creative Commons : l’ambiguïté. Et ne nous leurrons pas, aujourd’hui, beaucoup de gens s’en servent pour améliorer leur image (Creative Commons, c’est connu et ça commence à sonner classe, ouvert d’esprit, etc.) sans dire adieu au contrôle de leurs œuvres. En gros, je dis que je suis en Creative Commons, les gens comprennent « libre » mais je refuse qu’on utilise mes œuvres sans mon autorisation quand même.

Attention, je ne crache pas sur Creative Commons. C’est une initiative géniale qui a beaucoup participé au développement de la culture libre (et de son cadre légal, ce qui est très important). Mais n’oubliez pas qu’une grande partie des licences Creative Commons ne sont pas libres, elles sont ce qu’on appelle des licences de libre diffusion.

Roh, mais tu chipotes, libre diffusion, c’est déjà vachement bien non ?

La libre diffusion, oui c’est bien. C’est mieux que le système actuel. Mais concrètement, ça veut dire quoi ? Qu’on ne voit pas plus loin que le bout de son Torrent ou de son Rapidshare. On a le droit de partager les œuvres, mais fondamentalement, on reste un consommateur passif. La seule différence avec le modèle Universal / EMI et cie, c’est qu’on ne viendra plus vous emmerder si vous filez des MP3 à vos potes. Vous allez me dire que c’est déjà un grand pas en avant. Je vous répondrai que ce n’est pas suffisant.

Le problème du modèle actuel (basé sur l’achat d’œuvres à l’unité et le contrôle absolu de l’auteur – et surtout des fameux « ayant-droits » – sur cette œuvre), ce n’est pas qu’il est intrinsèquement mauvais (bon, un peu quand même, mais passons). Il a même plutôt bien marché pendant des décennies. Non, son problème, c’est qu’il ne correspond plus du tout à la réalité depuis des années.

Aujourd’hui, la culture est libre. Ce n’est pas une question de licence ou de conviction. Elle est libre, parce que nous considérons naturellement toute œuvre comme libre, même si elle ne l’est pas dans la loi. Le système actuel de droit d’auteur est archaïque, parce que tout le monde peut devenir auteur d’œuvre (sans aucune considération sur la qualité), que plus personne ne demande l’autorisation avant d’utiliser telle ou telle chanson pour sa vidéo de vacances postée sur YouTube (que j’emmerde, au passage) et que tout le monde s’échange de la musique et des films aussi naturellement qu’on s’enregistrait des compilations sur cassette il y a 20 ans (ce qui était déjà illégal).

Oui mais tout ça, ce n’est pas juste de la libre diffusion ? En quoi une clause ND est-elle gênante ?

On en revient à ce que je disais sur la vie d’une œuvre : la clause ND te replace en position de simple consommateur. Tu as le droit de regarder, de lire ou d’écouter, mais pas touche ! Sauf que dans les faits, il est naturel de s’approprier une œuvre. On pourrait parler de la culture du sampling et du remix. Mais rien que le fait d’enregistrer sa propre version d’une chanson (ce qui est fait un millier de fois par jour sur YouTube - que j’emmerde toujours), c’est une modification.

Et non, je ne veux pas avoir à demander l’autorisation avant de grattouiller 4 accords devant ma webcam. Tout le monde ne s’appelle pas Madonna et ne peut pas demander gentiment à Abba si on peut les sampler intensivement (pour faire une chanson médiocre au passage, mais peu importe). Ils répondront d’ailleurs à peu près toujours non.

D’accord, la ND t’oblige à être spectateur passif alors qu’aujourd’hui, on aime bien jouer avec les œuvres. Mais je peux comprendre qu’un auteur ne veuille pas qu’on se fasse de pognon sur son dos et utilise une licence NC.

Ah, « se faire du pognon sur son dos », encore une phrase qui revient souvent… Mais de quoi on parle exactement ? Le problème de la clause NC, c’est qu’elle est extrêmement ambiguë. Qu’est-ce qu’une utilisation commerciale ?

Si un artiste sort un album avec une clause NC, on va spontanément penser que le contrat est clair : vous pouvez partager l’album comme vous le voulez, mais interdiction de vendre un CD gravé, par exemple. D’accord. Mais si je diffuse l’album gratuitement sur mon site Internet qui me rapporte de l’argent par la pub ? Utilisation commerciale ou pas ? L’album ne m’a pas directement rapporté d’argent, mais peut-être que sa présence sur mon site a boosté mon nombre de visiteurs. Et si je joue des chansons en NC dans un bar et qu’on me paie pour ça ? Utilisation commerciale ? Et si on ne me paie pas mais qu’on me file des bières gratos ? Utilisation commerciale ? Et si on ne me paie pas du tout et que je ne bois pas à l’œil ? Le gérant du bar va quand même peut-être profiter de la chanson et gagner plus d’argent. Utilisation commerciale ?

La notion d’utilisation commerciale est tellement vague et sujette à interprétations que la licence en devient dangereuse, vous ne pouvez plus savoir ce qui est protégé et ce qui ne l’est pas, et vous pouvez tourner la licence dans tous les sens. Paranoïa ? Regardez ce qu’en a fait la Sacem lorsqu’elle a décidé qu’elle était compatible avec sa vision du business culturel. Bienvenue dans la libre diffusion façon corporate.

Donc, si je résume, la libre diffusion c’est un moindre mal, mais la culture libre tout court c’est mieux.

C’est à peu près ça. Le problème, c’est que beaucoup de gens entretiennent l’ambiguïté entre les deux (volontairement ou pas, je ne juge pas des intentions). Regardez Jamendo, qui se proclame « plateforme n°1 de musique libre ». Ça sonne bien non ? Maintenant, regardez de près les disques les plus écoutés / téléchargés : on est proches du 100% ND/NC/ND-NC. C’est ça qui est malheureusement réducteur, car la liberté sur une œuvre n’est pas que la liberté de partager. La culture libre, c’est l’idée qu’il n’y pas de hiérarchie entre auteur et public, que l’un n’a pas plus de droits que l’autre, qu’il n’a aucun pouvoir sur lui. Lorsque vous diffusez une œuvre, elle devient la propriété de celui qui la reçoit, que cela vous plaise ou non. Si cela ne vous plaît pas, ne diffusez pas. Faites vos œuvres dans votre coin, et gardez les pour vous. Mais surtout, ne venez pas nous dire ensuite quoi faire avec ce que notre cerveau aura retenu de vos œuvres.

Bien sûr, si l’intégralité des productions artistiques d’aujourd’hui étaient sous une licence type NC-ND, ce serait déjà un énorme pas en avant. Mais la libre diffusion reste, selon moi, un moindre mal. Moindre, certes. Un mal quand même.

Crédit photo : Creative Commons (CC-By Jayel Aheram)

PS : je n’ai pas évoqué la clause SA qui provoque parfois des débats car ce n’est pas le sujet. De mon point de vue, c’est la seule arme dont nous disposons pour ne pas nous faire bouffer par l’immense majorité de productions non-libres.