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Ne passe-t-on pas à côté de l'essentiel ?

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

On ne dit pas crypter

Souvent quand sur Twitter quelqu'un utilise le mot crypter, s'en suit alors des échanges du type débat sur l'usage de ce mot. Faut il laisser dire crypter, chiffrer...

Chacun y allant de son avis, je présenterai donc le mien sur ce débat. En bon français on doit dire chiffrer... En effet, "chiffrer" signifie encoder avec une clef. Et la fonction inverse, "déchiffrer", c'est décoder avec une clef. Si on n'a pas la clef, on parle alors de décrypter (décoder sans la clef) et on va donc casser le chiffrement. Et par conséquent, "crypter" voudrait alors dire "encoder sans la clef", ce qui n'existe pas. En anglais, "to crypt" n'existe pas et on utilise plutôt des mots comme cipher, encipher, sachant que encrypt, decrypt sont majoritairement utilisés.

Crypter, c'est réaliser le cryptage de quelque chose, d'après le Larousse. Et le cryptage, c'est la Transformation d'un message en clair en un message codé compréhensible seulement par qui dispose du code. Il y a aussi le terme de cryptique qui ce dit ce ce qui n'est pas immédiatement compréhensible. Dans le langage commun, on parle donc de crypter/décrypter, mais on n'associe pas forcément ces termes aux bonnes fonctions : quid de l'usage d'une clef de chiffrement ? Le concept qu'il y a derrière reste bien mystérieux...

Avec ces débats de chapelle, ne passe-t-on pas à côté de l'essentiel, qu'est la nécessité de partager ces notions de chiffrement (et plus largement de diffuser les connaissances associées à la réappropriation de la vie privée ?).

Etre pointilleux d'accord, mais vulgarisons

Je pense que c'est bien d'être pointilleux, mais il faut aussi savoir vulgariser. Juger voir rejeter quelqu'un parce qu'il parle de "crypter", de "cryptage" au lieu de "chiffrer" et de "chiffrement", c'est le rejeter. Surtout si nous utilisons un ton dur et même si c'est de l'humour. La personne se sentira dévalorisée, et nous partirons de suite sur une mauvaise base, une sorte de "Moi je sais et je t'impose le comment il faut dire".

Je ne m'attarderai pas trop sur le sujet, car ce peut-être long. Pour aller plus loin dans la notion de responsabilité que l'on a quand on diffuse des connaissances, je vous invite à lire la traduction française d'un billet d'Okhin A propos de l'apprentissage et de l'enseignement.... En quelques mots, le message que je veux faire passer et le fait que, soit on reste dans notre monde de geek, libriste, cryptoanarchiste ou autre, et on s'acharne à vouloir répondre des "on dit chiffrer bordel" dès que l'on voit un "crypter". Il faut essayer d'être pédagogue, humble, ouvert d'esprit et d'accepter de faire des compromis. On doit accepter de vulgariser, d'expliquer à des non-informaticiens le chiffrement via des interfaces graphiques, (même si notre modèle de menace fait que l'on utilisera la ligne de commande) ; on ne doit pas imposer aux personnes des outils, mais comprendre ce dont elles ont besoin, les sensibiliser. Elles ont le droit de ne pas vouloir tout apprendre et comprendre, il faut s'adapter.

Nous devons accepter d'entendre des termes que nous jugeons inappropriés, en utilisant nous-mêmes les bons termes, en les expliquant calmement et sereinement. Et quand les gens viendront aux "Café vie privée", ils viendront pour savoir comment "crypter" et repartirons en ayant appris à chiffrer.