Travaillant en SSII, je ne suis qu'un pion sur un échiquier, que la hiérarchie au-dessus de moi place où bon lui semble, au grès des besoins, des urgences. Et je viens de faire les frais de ce style de management.

Il y a trois semaines mon chef a eu un souci de santé et a dû être mis en arrêt maladie. C'est (étrangement) à ce moment que le responsable N+1 bis (au même niveau que mon N+1 mais gérant un autre lot de personnes) vient m'annoncer que dès la semaine prochaine je dois aller éteindre le feu sur une autre mission. Sur celle-là, ma société avait pris un prestataire extérieur pour remplir la mission, car personne ne connaissait le C# (on est spécialisé java en ile de France) et surtout personne ne voulait aller au fin fond de l'Essonne, à une heure et demi de Paris en transport en commun. Moi qui vient du Java, j'ai appris le C# et j'en fais depuis deux ans, et le lieu perdu, c'est à 45 minutes porte à porte de chez moi (et seulement quatre stations de RER) ; j'ai une heure quarante cinq aller pour me rendre sur mon lieu de travail en open-Space. Deux arguments qui ne tiennent pas. Alors quand ce N+1 bis s'est fâché avec le prestataire extérieur quand à son grand manque d'implication sur la mission et sur la qualité de son travail (il l'a viré sans plan B), son plan B a été : "Genma se plaint depuis trois ans de ses conditions de travail en open-Space et de son temps de trajet pour y venir. Il a le profil. La mission est à coté de chez lui. J'ai besoin de quelqu'un en urgence..."

En accord avec mon N+1 direct, N+1 bis m'a informé de ma nouvelle affectation. Problèmes. Mon chef est en congés maladie pour trois semaines et nous ne sommes que deux sur le projet et on doit assurer un service continue. Je viens d'accueillir un stagiaire qui va donc se retrouver sans maître de stage (mon chef est sur plusieurs projets et n'aura pas le temps de s'occuper de lui à plein temps). Le projet est en pleine évolution et les six prochains mois sont bouclés en terme de développement.

Heureusement, N+1 et N+1 bis qui ne connaissent apparemment rien de la complexité du projet m'ont demandés de former mon remplaçant en trois jours. remplaçant qui sort de l'école et débute tout jute dans la vu active. Quand celui-ci a demandé à ce que je reste plus longtemps, N+1 bis lui a répondu de s'estimer heureux car normalement j'aurais du partir plus tôt (je suis resté car mon chef était en congés maladie) et il n'y aurait pas dû y avoir de passation de connaissances. Moi, j'avais cinq ans d'expérience et j'ai eu quatre mois de passation de connaissance avec mon prédécesseur....

En maitrisant bien mon domaine et le projet qui est très diversifié (le développement représente un tiers de la journée, le reste étant de la recette, de la spécification, de la relation client, du suivi de projet, de l'assistance production), je fais des semaines de quarante cinq heures (auxquelles s'ajoutent les trois heures trente de transports quotidiens). Je gère quatre versions en parallèle, deux en productions, une en recette et une correspondant à une refonte complète de l'architecture. Et on met un débutant. Je lui souhaite bien du courage.

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