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Préparation d’un voyage initiatique (Hennebont-Melgven)

samedi 30 juillet 2011 à 00:00

Voilà je compte partir en pèlerinage au long cours, à la fin de ma thèse, et je suis en train de me préparer. L'idée c'est de partir de ma Bretagne natale, de traverser la France jusqu'à la franche-comté, puis passer en Suisse au Cern (Genève) en passant par les alpes, puis à Venise, puis voir la Croatie, aller à Budapest, puis à Talenka ! (Talne, Ukraine), puis je veux voir la Lettonie, le pays le plus geek de l’Europe, puis je veux voir les pays scandinaves, je veux en voir aussi un peu plus de l'Allemagne, je veux voir Amsterdam, l’Angleterre et l’Irlande. Bref plus de 10000 Km. Je ne pourrai pas tout faire à pied bien sûr !

>> Mon itinéraire probable sur Google Maps

Pourquoi je veux faire ça ?

D'abord j'aime voyager, le virus m'a été transmis par mes parents également routards de la première heure. Ce goût de voyage s'était un peu endormi pendant mes études, parce qu'on a créé une association, parce que je suis tombé amoureux. Mais maintenant que cet amour est parti, et que j'ai recommencé à voyager (notamment pendant mon doctorat), hé bien je sens que le moment est venu. J'y pensais déjà après le Bac, j'y ai repensé après la licence, à chaque fois j'ai remis ce projet à plus tard. Et là encore, on me dit qu'après ma thèse il est mal vu de prendre une année sabbatique. Je ne sais pas si ça durera une année, mais je prend le risque.

Par ailleurs, c'est aussi la conséquence logique de la dizaine d'année que j'ai passé influencé par les idées d'anarchie (pas le chaos), de décroissance, de beauté omniprésente. La fin de l'ère de l'énergie abondante et bon marché est à mon avis le moment pour tirer certaines conclusions sur notre mode de vie. La première, la plus fondamentale : nous vivons dans une relation d'interdépendance avec notre environnement (fini !) et avec les autres êtres vivants (qui nous nourrissent, nous soignent, nous habillent, nous tiennent compagnie). La seconde, corolaire de la première : la vie est courte, et il est hors de question de rester malheureux dans un mode de vie qui ne nous plaît pas quand d'autres modes de vie, préférables, soutenables, sont à notre portée.

La fin de l'énergie abondante va être le déclencheur de transformations radicales des sociétés. Les technologies, dont celles que j'essaie de développer, en sont gourmandes. Et les scientifiques n'ont pas réussi à trouver un remplaçant valable au pétrole et à la fission nucléaire (la fusion nucléaire arrivera-t-elle assez tôt ? et à quel prix ?). Sans transport de masse, sans chauffage de masse, sans textiles/joujou/... de masse, sans télécommunication de masse, sans hôpitaux super-équipés. Que restera-t-il du paradis occidental ? Se rajoute à cette crise énergétique une prise de conscience globale que l'individualisme, l'obsolescence programmé, le travail, qui sont les valeurs véhiculées par nos sociétés, sont impuissants à pourvoir aux besoins de plus grand nombre, et à nous rendre heureux et libres. En fait, nous assistons à l'exact contraire.

En me coupant du confort, de la sécurité, et des préjugés habituels, j'espère être à même de comprendre ce nouveau monde qui se profile. Et voici comme je vais m'y préparer.

Préparation physique

Préparation matérielle

Bon d'abord je vais vider mon sac en vous montrant comment je compte m'équiper.

Le sac à dos lui-même (2,49 Kg)

Hygiène (680g)

Sécurité / Santé (230g)

Navigation (220g)

Divers (580g)

Alimentation (725g)

Vêtements (3,470 Kg)

Couchage (2490g)

Contenu du sac : 53 objets / 9,18 Kg

Les chaussures (1,3 Kg)

Quand on fait de la marche à pied son activité principale, le soin des pieds devient évidemment prédominant. Il faut bien choisir ses chaussures (et ses chaussettes). Par dessus tout, les pieds doivent rester aussi secs que possible pour éviter les moisissures, les champignons, mais également le gel par grands froids (et aussi pour le confort tout simplement). À mon sens, la combinaison idéale est donc d'avoir des chaussettes résistantes mais surtout respirantes, et des chaussures qui évacue au mieux l'humidité, sans laisser l'eau rentrer. Les textiles/plastiques qui permettent cela sont sensibles à la poussière. Pour cela et pour plein d'autres raisons, nettoyer fréquemment vos chaussures !

Un conseil : prenez des chaussures au moins une demie-pointure au-dessus de votre taille habituelle, car ce qui est chaud gonfle. Personnellement, j'ai choisit des Salomon Quest GoreTeX, qui sont juste idéales à mes yeux (quoiqu'un peu chaude en été). Avant d'acheter le matériel : n'hésitez pas à passer beaucoup de temps sur les sites généralistes (decathlon.fr, auvieuxcampeur.fr) pour voir les retours d'utilisation des produits. Pour savoir quoi emmener en voyage cela dépend bien sûr de la durée et de la difficulté du trajet.

Je dirais qu'il y a 4 type de randonnée/raid :

Mise en jambe : Hennebont-Melgven, 50 km à pied

Dimanche après-midi, après 3 jours intenses (comprenez bien arrosés d'eaux de pluie et de vie) au concours hippique d'Hennebont, je me suis dit que tenter le retour à pied serait un bon premier entrainement pour mon pèlerinage d'un an autour de l’Europe, et qu'il me permettrait de tester mon matériel et ma motivation : mission accomplie

Je suis parti le dimanche après-midi peu après que la pluie ait cessée, en pensant que je ferai la route sous la flotte, mais les cieux furent clément. J'ai d'abord traversé Hennebont en en profitant pour visiter la cité médiévale et une expo de peintre amateurs. C'est peu après que les ennuis ont commencés ;-)

En quittant Hennebont, je me suis retrouvé devant des croisements qui n'étais pas sur ma carte et ma boussole, assez peu précise, ne m'a pas été très utile... Je me suis donc pommé au plein milieu des champs ! Finalement au bout d'une heure je suis tombé un peu par hasard sur un petit bled appelé caudan, qui par chance était sur la carte et d'où j'ai pu repartir... Il y a d'ailleurs un truc assez étrange là-bas : un monument qui commémore la reddition des armées allemandes... avec dessus plein de pin's de vieilles bagnoles !

Bon an mal an je suis arrivé à Pont-Scorff et sa rivière où j'ai pu me désaltérer (j'avais déjà presque entièrement bu le litre que j'avais emporté !), me laver et me rafraichir. Puis en continuant ma route, j'ai croisé la superbe église de Pont-Scorff où il y avait un concert de harpe celtique assez sympa mais trop mou à mon goût. À ce moment une quinzaine de tracteurs me sont passer devant, et le dernier a perdu une cale, ce qui bloquait la longue file de tuture qui suivait, heureusement super-boudah était là ! ^^

Je commençait déjà à fatiguer, alors je me suis mis en quête d'un endroit où planté la tente, mais je n'ai finalement trouvé un lieu suffisamment peu habité que 2 km après la sortie de Pont-Scorff, il était 20h. Je me suis arrêté devant un champ d'herbes hautes où il y avait une seule vache en train de lécher la tête de son veau, trop meugnon ! Comme il y avait la baraque du paysan en vue, j'ai planté ma tente dans le coin du champ le moins exposé (et accessoirement le plus loin de la route). Je l'ai ensuite un peu camouflé avec les herbes qu'il y avait autour (les bords de ma tente sont oranges fluo, c'est pas génial pour rester discret). Finalement, après m'être allongé un peu, j'ai fait quelques étirements et je suis resté regarder le coucher de soleil (et de la vache et son veau à quelques mètres de moi).

J'ai halluciné le nombre d'insecte et d'animaux qui se mettent à bouger quand on reste immobile et silencieux plus de 10 minutes : un hérisson à tenter de sodomiser ma tente (j'ai dû le faire fuir, je voulais pas qu'il la perce), il y avait plein de lucioles allumées alors qu'il faisait encore jour, et à à peine quelques centimètres de ma tête (seule partie en dehors de la tente), a commencé à bouger la chenille la plus étrange que j'ai vu : un espèce d'oursin noir et allongé, avec des interstices d'un jaune pétant. flippant. Je me suis finalement endormi vers 22h en écoutant du Neil Young et en mettant mon réveil à 6h du matin pour partir avant que le paysan ne se réveille...

2ème jour

Je me réveille en crevant de chaud dans mon sarcophage... il était déjà 8h ! j'avais pas dû entendre le réveil sonner. Je plis bagage, je mange un pitch et je finis ma bouteille d'eau. Je laisse finalement ma vache et son veau à 8h30. Pendant les 3 premières heures, pas réveillé, j'avais à peine conscience d'où j'allais, j'étais en pilote automatique. à un moment je croise une boulangerie ou j’espérais trouver à manger et à boire, mais elle étais fermée pour les vacances... c'est seulement en arrivant vers midi à quimperlé que j'ai pu me restaurer. Entre temps, j'avais passé la frontière du Finistère !

Quimperlé c'est bof bof... la ville a plein de monuments jolis, et j'ai vu plein de scout qui faisaient le pèlerinage de St-Jacques de Compostelle. Mais à part ça, rien. Les gens se regardent encore moins les uns les autres que dans les autres villes que je connais. Et puis c'est surtout des vieux, ça doit pas être une ville super agréable à vivre.

Je me suis donc arrêter dans une supérette où j'ai pris 1,5 L d'ice tea et une salade piémontaise... c'est drôle hein quand on a faim, tout ce qu'on mange est bien meilleur ! bien sûr ç'a pas loupé, j'ai sonné au portique en sortant, trop gêné ! En fait c'était l'antivol de mon sac à dos et de mon sac de couchage décathlon ! Pensez bien à les retirer pour éviter une fouille de votre linge sale devant les autres clients médusés. Ce sont des rectangles de tissus blancs marqués d'un ciseau, qui sont souvent derrière l'étiquette... Je les avais pas vu...

J'ai attendu d'être sorti de Quimperlé pour manger, je me suis arrêter derrière une petite chapelle près de la voie express. Devant moi, un jardin à la pelouse et les arbustes taillés au millimètre. Au milieu du jardin, un puits. Sur le puits, trois chèvres (vivantes), immobiles, qui sont rester me fixer pendant tout mon repas, tandis que je leur faisait un regard du genre “nan je vous en laisserai pas !”

À chaque fois que je me suis arrêté, même cinq minutes, j'ai pris le temps d'enlever chaussures et chaussettes, ça fait trop du bien. C'est seulement sur les derniers kilomètres que j'étais pressés de finir que j'ai pas pris le temps, et paf une cloque !

Le début d'aprem a été un peu ennuyeux, juste une série de route qui se ressemblaient, en plus je transpirait comme un bœuf sous la cagnard et alors que j'étais en pleine digestion. J'ai fini mon 1,5L d'ice tea à 15h, et il me restait encore au moins 2 heures à tenir. La je suis arrivé à un bled ma foi fort pittoresque, à à peine 15 bornes de chez moi, plein de petit jardin, de petit muret de pierre, et avec une fontaine ! ouf sauvé...

La fin du périple fut de même, sauf que je me suis encore perdu, et qu'au final je me suis retrouvé à Kernével où j'en ai profité pour faire une overdose de mûres sur le bord de la route, et pour aller voir ma grand-mère qui habitait sur le chemin. À partir de là, j'ai dû faire des pauses tout les 500 m parce que mon entrejambes commençait à chauffer XD

Finalement, après 12h de marche, j'aperçois ma maison !

Au bilan, si j'avais une leçon à retenir de tout ça c'est : prendre beaucoup plus d'eau ! Et puis aussi, les voitures sont vraiment la nuisance sonore la plus importante dans notre société, et à en juger par l'incroyable quantité de déchets sur les routes, certains automobilistes sont vraiment des porcs !

Bon en tout cas, je suis arrivé en pleine forme alors que j'étais parti fatigué, même si j'ai eu des courbatures le lendemain. Et je sais aussi qu'il est largement possible de faire 40km en un jour...