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Varoufakis, Ministre grec de l'économie, propose une solution éthique à la dette grecque

mardi 3 février 2015 à 14:47
Varoufakis, Ministre grec de l'économie, propose une solution éthique à la dette grecque

Ce matin dans un interview au Financial Times (1), le nouveau Ministre des Finances , Varoufakis , a fait une nouvelle proposition concernant la dette Greque  : 

Plutôt que de demander une nouvelle restructuration  ou annulation de la dette, paraissant impossible du point de vue politique, le ministre grec des finances propose aux autres pays européens créanciers un vaste programme d’échanges obligataires, qui permettrait d’alléger la charge financière d’Athènes.

Les modalités de ce programme d'échange reposeraient sur deux produits : 

DES OBLIGATIONS INDEXEES SUR LA CROISSANCE NOMINALE de  la GRECE 

et un programme d'obligations perpétuelles 

La notion d'obligations indexées sur la croissance nominale de la Grèce est quelque chose de très important qui pourrait modifier tout le modèle économique Européen   . 

Un prêt devenant de ce fait une relation de partenariat  et non plus une relation dominant (le prêteur) /dominé  (l'emprunteur). 

Les deux parties ont intérêt à la réussite du modèle !!!

De plus , cela inciterait les établissements prêteurs à injecter les liquidités dans la réussite du modèle et dans la production de richesses réelles  au lieu de les laisser cantonnées dans une spéculation financière outrancière , destructrice de valeur par les bulles qu'elle ne cesse de créer. 

Lorsque les instances Européennes ont imposé le modèle d'austérité à la Grèce  pour lui permettre de bénéficier d'une restructuration de sa dette , elles sont devenues juges et parties puisque les Etats étaient impliqués dans ces accords .  En fait , les programmes d'austérité ont empiré la situation  au lieu de permettre à la Grèce de se relever .  Le programmes de privatisations qui n'était rien d'autre qu'un véritable dépeçage des actifs publics Grecs , vendus à prix bradés, et de ses ressources, en particulier énergétiques (hydrocarbures du bassin Méditerranéen) , était l'une des conditions à l'obtention de ces nouvelles tranches d'aide financière . 

Ce sont ces programmes de privatisation  que Tsipras vient de bloquer . Et que propose-t-il en échange :  de remplacer les financements actuels par une nouvelle catégorie d'obligations qui permettraient à l'état Grec de profiter pleinement des richesses de son sol  et de son peuple, sans le dépecer , et en en faisant profiter également les prêteurs par le biais de cette indexation . 

Ce que vient de proposer le Gouvernement Grec est un débat de fond essentiel sur le modèle de la dette en lui même . C'est un débat philosphique avant même d'être économique  qui pourrait transformer toutes les habitudes de nos dirigeants Européens . Avec un tel modèle, la crise des Subprimes n'aurait jamais pu avoir lieu , car au lieu de se débarasser de leurs créances douteuses par le biais de la titrisation , les banques américaines auraient déjà fait en sorte qu'il y en ait moins  et n'auraient pas étranglé les ménages emprunteurs  ; elles auraient  au contraire aidé ces ménages à  recouvrer une certaine solvabilité , au lieu de les enfoncer encore plus par les saisies sauvages auxquelles elles se sont livrées (procédures qui ont d'ailleurs été condamnées par la justice américaine) . 

La crise Espagnole n'aurait pas pu avoir lieu non  plus pour des raisons identiques . Les banques auraient pu choisir de rallonger les délais des prêts des ménages espagnols , en abaissant les taux d'intérêt pour permettre à ces ménages de surmonter les difficultés conjoncturelles auxquelles ils faisaient face  du fait de la crise .  Elles y auraient moins perdu que ce qu'elles ont perdu dans la crise qui a touché l'Espagne . 

 

A partir du moment ou prêteurs et emprunteurs se partagent les risques et éventuellement les bénéfices d'un montage financier, les deux parties ont intérêt à ce que le contrat soit un succès  .. Le prêt n'est plus un étouffoir  ou le moyen d'obtenir des richesses à prix bradés , mais il devient un levier économique  .. 

Si les instances Européennes refusent ces propositions , elles se dévoileront  et mettront en lumière les vrais objectifs qui étaient les leurs , une mise sous tutelle et un dépeçage permettant aux multinationales  si efficaces dans leur lobbying à Bruxelles, de s'approprier les richesses du peuple Grec à prix bradés . 

Philosophiquement ces notions sont très importantes .  Car c'est tout le principe de l'usure et de l'enrichissement sans cause qui sont concernés . Un prêt comportant un aléa , et une participation au risque  n'est plus un enrichissement sans cause . C'est d'ailleurs la méthode utilisée par la finance islamique pour contourner l'interdiction de l'usure en Islam . 

C'est Aristote qui expliquait que l'argent ne devait pas "servir à l'argent" ..  (Merci Marie Anne Kraft et à son livre  : "la révolution humaniste") . Alexis Tsipras se montre à tous points de vue le digne élève d'Aristote  et le fond de ce débat essentiel est bien philosophique .

 Il semble  que le nouveau Gouvernement Grec montre la voie à tous les Européens pour limiter les effets destructeurs d'une finance prédatrice  hors de tout contrôle et de toute éthique .   L'ennemi pouvant devenir partenaire !

 

Caro pour WikiStrike