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BCE: le couac de François Hollande qui annonce les décisions à 500 milliards qui vont être prises jeudi !

lundi 19 janvier 2015 à 22:37
BCE: le couac de François Hollande qui annonce les décisions à 500 milliards qui vont être prises jeudi !

BCE - En politique, cela s'appelle un couac. En Bourse, cela s'appelle un délit d'initié. Ou du moins une divulgation d'information confidentielle. Une petite phrase, lâchée par François Hollande lors de ses voeux aux entreprises, a en effet fait bondir les journalistes présents et les instances européennes.

Le président français a assuré lundi que la Banque centrale européenne allait "jeudi prendre la décision de racheter des dettes souveraines", lors de ses voeux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi.

"La Banque centrale européenne va prendre jeudi la décision de racheter des dettes souveraines, ce qui va donner des liquidités importantes à l'économie européenne et (...) peut créer un mouvement favorable à la croissance", a déclaré le chef de l'Etat.


François Hollande : la BCE va racheter des... par LeHuffPost

 

 

Secret de polichinelle, mais...

Certes, pour les spécialistes, l'annonce ce jeudi d'un rachat massif de dette publique par la Banque centrale européenne (BCE) est une affaire entendue. Elle a fait l'objet de spéculations depuis des mois et semble être le dernier rempart contre la déflation et le dernier recours pour faire repartir les prix et l'économie.

Le 15 janvier, l'annonce surprise de la Banque nationale suisse (BNS) de ne plus maintenir le franc suisse par rapport à l'euro avait fait dégringoler la Bourse. Cette décision ne serait pas sans rapport avec la prochaine annonce de la BCE. Pour Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com, une des raisons pour lesquelles la BNS a pris ces décisions est que "la BNS a des liens étroits avec la BCE et cela pourrait être un signe que la BNS pense – ou sait – que la BCE va se lancer dans des rachats d'actifs la semaine prochaine et pour un montant bien supérieur à ce qui est attendu par le marché".

Dans une interview accordée à Libération le 15 janvier, Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, sous-entendait déjà fortement que la banque centrale actionnerait ce nouveau levier: "Le Conseil des gouverneurs se réunira pour en décider le 22 janvier. Nous prendrons en compte les expériences américaine et britannique afin de déterminer le montant d’obligations à acheter". Mais sans tout à fait le dire...

... Hollande n'avait pas à l'annoncer

Déjà, plusieurs voix s'élèvent contre cette annonce de François Hollande qui va à l'encontre de l'indépendance de la BCE. 

 

Interrogée par Reuters, une conseillère du chef de l'Etat a tenté de désamorcer toute polémique, expliquant peu après son intervention que François Hollande respectait "l'indépendance de la BCE et qu'il s'était contenté d'évoquer une hypothèse"

Une bourde sans conséquence sur les marchés

Pour autant, la gaffe du président ne semble pas avoir de conséquence directe sur les marchés. La décision de la part de la BCE étant depuis plusieurs jours attendue et quasiment entérinée, elle est déjà inscrite dans les cours. Après la déclaration de Hollande, la parité euro-dollar n'a pas bondi tout comme le CAC 40 qui n'a guère réagi après la petite phrase du président.

Cela aurait été totalement différent s'il avait annoncé les montants que compte investir la BCE. On avance un chiffre de 500 milliards d'euros, mais cela reste au conditionnel.

Silence gêné à la BCE où l'on a pris connaissance des déclarations de François Hollande. Invitée à réagir par Le HuffPost, la BCE ne souhaite pas commenter les propos du président français et se borne à annoncer une conférence de presse pour jeudi. Aucune prise de parole officielle ne devrait intervenir d'ici là.

Kezako le quantitative easing?

Ce fameux quantitative easing (QE, ou assouplissement quantitatif) est un plan de rachat de dette publique. En d'autres termes, la BCE rachèterait pour la première fois des obligations émises par les pays de la zone euro. Pour rappel, une obligation est un titre émis en l’occurrence par un pays qui s'engage auprès de ses emprunteurs à les rembourser au terme d'une certaine échéance (1, 5, 10, 20 voire 30 ans...). Dans l'intervalle, des intérêts sont versés chaque année à l'emprunteur. Bien évidemment, l'Allemagne étant plus solide que la Grèce, elle fait prendre moins de risques à l'investisseur quant au remboursement de sa dette à l'échéance. Et pourra donc se permettre de proposer un taux d'intérêt beaucoup plus faible.

A quoi ce programme de rachat de la part de la BCE va-t-il servir? Pour faire simple, cela revient à créer de l'argent sans faire physiquement fonctionner la planche à billet, puisqu'il ne s'agit que d'écritures comptables. Plus d'argent pour les pays afin d'investir plus, prêter plus aux banques qui elles-mêmes prêteront plus aux entreprises et aux particuliers et faire ainsi redémarrer la machine à croissance.

Si ce levier dit "non-conventionnel" n'a pas été utilisé auparavant, c'est qu'il fait prendre un risque d'inflation: c'est bien connu, plus il y a de monnaie en circulation, plus le risque d'inflation est grand. Mais comme, aujourd'hui, l'inflation est quasi-nulle, voire négative, la BCE peut se permettre cette entorse à sa philosophie sans pour autant risquer de dévier de sa mission initiale qui est, rappelons-le, de maintenir l'inflation en-dessous de 2%.

Autre conséquence recherchée: l'augmentation de la monnaie en circulation fait mécaniquement baisser le cours de l'euro, qui redevient alors compétitif pour les exportations, ce qui permet d'améliorer le commerce extérieur et donc le PIB. La baisse de ces dernières semaines de l'euro face au dollar traduisait les premières rumeurs concernant le programme de quantitative easing à venir.

Une technique déjà éprouvée ailleurs...

La BCE suit, avec quelques années de retard, la politique entreprise par la banque fédérale américaine (Fed). Après avoir baissé peu à peu ses taux directeurs pour relancer l'économie et être parvenu à un niveau proche de 0, la Fed a lancé des programmes de QE dès la fin de 2008 pour booster la croissance. Entre fin 2010 et mi 2011, 600 milliards de dollars ont été ainsi créés par la Fed.

La banque du Japon a utilisé cette arme dès mars 2001 sans grands résultats. Quant à la Banque d'Angleterre, elle a emboîté le pas de la Fed en mars 2009, rachetant en 6 mois 165 milliards de livres sterling d'actifs aux institutions financières, puis 200 milliards fin 2010.

Le problème, en Europe, est un peu différent. Car contrairement à l'Angleterre, aux Etats-Unis ou au Japon, qui rachètent des actifs de leur propre pays, la BCE aura le choix parmi tous les pays de la zone euro. La Grèce bénéficiera-t-elle également de ce programme, à quelques jours d'une nouvelle élection à haut risque? La BCE, qui entérinera le principe d'un QE dès jeudi patientera certainement pour le mettre en oeuvre. Histoire de faire miroiter une aide, via le QE, au nouveau gouvernement grec s'il accepte de ne pas remettre en cause son plan de désendettement et sa présence dans l'euro.

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