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L’emploi des réducteurs d’URL

mardi 11 juin 2013 à 19:56

Parmi les nombreux services internet qui ont décollé ces dernières années, il y en a un qui est devenu bien pratique : les réducteurs d’URL.

Leur principe est simple : considérant le fait que certaines URL prennent beaucoup de temps à être recopiées, que cela soit à cause de leur longueur ou à cause de leur complexité (comme par exemple un hash dans l’URL), certains sites aux noms de domaines courts proposent de créer une redirection vers vos pages à partir d’une de leurs pages, bien plus simple à recopier.

Les gros industriels de l’Internet, Google, Twitter, Facebook en tête ont eux-mêmes adopté le système avec respectivement leurs goo.gl, leurs t.co ou encore leurs fb.me.
Par exemple, chaque lien entré dans Twitter, même si le lien est bien affiché comme vous l’avez tapé, si vous cliquez dessus, vous fait d’abord passer par t.co avant de vous amener au contenu.

Les services de réduction d’URL y montrent les avantages suivants :

URL plus courte pour les gens qui ont à la recopier, bien entendu.
Sécurisation des sites : Si vous avez été dirigé par erreur vers un site dangereux, le service de redirection d’URL vous avertit avant de vous y mener, voire ne vous y mènent pas du tout.
Système de mesure de comptage de liens, pour faire vos stats et voir le nombre de fois que les gens cliquent sur le lien.

Personnellement, j’y vois surtout de gros voire dangereux inconvénients :

Une redirection (de plus !), c’est des données en plus. Évidemment que c’est insignifiant face à la distribution Linux que vous téléchargez en même temps, mais souvenez vous que certains comptent les octets à la fin du mois (abonnement internet 3G, pays en voie de développement).
Lorsque Twitter met un lien en clair dans le texte et que son service m’emmène auparavant vers un endroit vers lequel je n’ai pas souhaité aller, je trouve que cela n’est pas en accord avec les règles fondamentales du web. On se croirait revenu au temps des popups intempestives sur les sites codés avec FrontPage. Évidemment, en allant sur Twitter (inscrit ou non) j’ai accepté leurs conditions d’utilisation qui annoncent ce service, mais quand même, tout le monde devrait pouvoir le désactiver.
Ça ne vous dérange pas de savoir que ces services savent puissent savoir exactement combien d’internautes ont cliqué sur ce lien, faire leurs petites stats de fréquentation des sites web derrière votre dos ? Ils auraient le droit de revendre ces données sans même avoir besoin de votre accord que ça ne m’étonnerait même pas. En fait chez bit.ly, vous avez carrément accès aux stats des autres.
Il est totalement vrai que savoir le nombre de visiteurs venant sur votre site par un lien est intéressant, mais dans ce cas, utilisez plutôt un paramètre du type &source=rss ou &source=twitter dans votre URL qui sera récupéré ensuite d’une manière ou d’une autre. Sinon, référez-vous à la fin de ce billet.
Le filtrage des sites décrétés par ces services comme étant dangereux. Qui sont-ils pour décider à ma place les sites qui sont dangereux pour moi et ceux qui ne le sont pas ? Imaginez que l’Internet ait existé au moment de l’occupation allemande de la France lors de la guerre de 39-45. Ces services auraient-ils censuré l’accès à des sites sur les résistants en France, bien qu’ils auraient été légaux aux États-Unis ? Laissez nous seuls juges, que diable !
Enfin, et c’est surtout le point qui me chagrine le plus, ces services VONT mourir, que cela soit dans deux mois comme dans 20 ans, c’est à peu près certain que vos données, toutes vos redirections seront alors perdues. Alors lorsque je vois dans des magazines papier l’utilisation de ces services, j’enrage ! Comment peuvent-ils avoir une telle confiance dans ces services ? De plus, qui peut me dire le gain fait en utilisant http://tinyurl.com/abonnements-pourlascience plutôt que http://pourlascience.fr/abonnements, les deux redirigeant vers http://www.abovision.com/abov/abovision2.php?P1=PLS ?

Néanmoins, je pense que ce service peut-être pratique dans certains cas particuliers. Mais alors prenez plutôt un système open-source comme Yourls. C’est vraiment pas compliqué ni à l’installation ni à l’utilisation, c’est pratique, vous pouvez voir les stats et tout et tout. Sinon, vous pouvez carrément utiliser un shaarli. Bien sur, si shaarli pouvait avoir une option d’URL du genre &redirect=direct, ça ne serait pas mal, n’est-ce pas ?

Enfin bon, tout cela pour dire : prenez garde à ce que les réducteurs d’URL ne réduisent pas le web en général.

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