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Eugène-Eugène : un nouveau resto à Puteaux... pour 5 millions d'euros d'argent public

mardi 11 août 2015 à 12:48

11825552_1437870063210074_327840362059720106_n9 ans (sic) après le lancement du projet et 5 millions d'euros dépensés par la ville de Puteaux, le restaurant "Eugène-Eugène", rue Eichenberger, a - enfin - ouvert ses portes. Un superbe décor pour un restaurant de luxe aux prix inabordables pour la majorité des Putéoliens. Ces derniers ont pourtant financé cet équipement !

Retour sur une histoire peu banale : 

En janvier 2006, la municipalité lance une consultation pour la réalisation d'un parking souterrain rue Eichenberger sur lequel doit être aménagé un square et une serre.

En 2008, Joëlle Ceccaldi-Raynaud reprend l'idée dans son programme municipal. La candidate UMP promet la réalisation d'une "serre botanique" :

Projetump2008

Le maire déclare vouloir y créer une exposition permanente d'orchidées. Mais lorsque le chantier du parking souterrain est lancé en 2011, le projet de serre est transformé en "espace de restauration".

Le parking ouvre en 2012. Les travaux de la serre et du jardin commencent dans la foulée. Le restaurant "La Serre" doit ouvrir en septembre 2013, annonce alors une banderole :

Palissade+de+chantier+-restaurant+-+palissade+décorative+-+puteaux+-+bâche

Durant 2 ans, et sans aucune explication de la municipalité, cet équipement reste inoccupé. Le jardin "public" demeure fermé. Jusque là, la ville avait déjà dépensé 4 millions d'euros dans cet aménagement.

Mais la facture s'est encore allongée depuis :

- La ville a acheté pour 392.300 euros de climatisation. Ouvrir un restaurant dans ce qui a été conçu au départ comme une serre nécessite en effet un sacré système de chauffage l'hiver et de refroidissement l'été. Un non-sens environnemental ! C'est la commune qui finance la clim qui sera utilisée par le restaurateur... Ce sera un gouffre en électricité. Qui payera la facture EDF ?

- Au cours du conseil municipal du 29 avril 2014, le maire annonce encore 552.000 euros de dépenses (460.000 euros Hors Taxes), affirmant qu'il s'agit du "solde" de l'opération pour l'ouverture de la "grande serre" et de son restaurant (il a changé de nom) "Chez Eugène" :

Budget2014

 

- Ce n'est pourtant pas terminé : 216.000 euros sont encore budgétés en 2015 pour la réalisation d'une fontaine. Un chantier qui a été confié à la société Eiffage.

Au total, cette serre et ce jardin ont donc coûté à la commune plus de 5 millions d'euros.

C'est sans compter les coûts annuels d'entretien du bâtiment, de la fontaine et du jardin, le propriétaire du restaurant ne payant que le loyer du local de restauration et du jardin qui restent la propriété de la commune.

UN JARDIN PUBLIC ... PRIVATISÉ

Voilà un nouvel exemple de la mauvaise gestion municipale : on lance un projet sur un simple coup de tête, on le modifie en cours de route sans se soucier des coûts et des retards, et on en confie l'exploitation à une entreprise sans se préoccuper du retour sur investissement et de l'utilité publique. Tout cela avec notre argent... Pour vous faire une idée, 5 millions d'euros, c'est le prix de construction de 2 crèches ou d'un grand immeuble HLM. 

Pour 5 millions d'euros, des collectivités ont créé des services qui profitent à tous et de vrais emplois qualifiants. Qu'en est-il ici ? Est-il logique qu'une collectivité finance l'ouverture d'un restaurant de luxe qui ne sera fréquenté que par une infime minorité de la population ? Certes, des emplois locaux sont créés, mais à quel coût et selon quelles conditions ? Et de toute façon, des restaurants ouvrent à Puteaux sans avoir besoin de subventions. Ils créent tout autant d'emplois locaux. Il n'y avait donc pas de nécessité de solliciter l'argent des contribuables putéoliens pour un tel équipement. Le seul gagnant ici, c'est le restaurateur qui dispose d'un investissement de 5 millions d'euros pour le prix d'un loyer.

Je ne suis pas opposé au principe d'un financement public d'un équipement commercial, mais il est indispensable qu'en contrepartie le projet serve l'intérêt général : des prix abordables pour le cas d'un restaurant, en faire un vrai lieu de convivialité et de rencontre ouvert à tous et pas un club de riches, créer des emplois d'insertion et qualifiants, monter un projet innovant et respectueux de l'environnement... Nous en sommes ici très loin. C'est même l'inverse qui a été produit. Enfin, et j'insiste, la règle devrait être qu'un espace vert financé par de l'argent public reste public.
Christophe Grébert

(photo : Flickr)