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LaGrotteDuBarbu

source: LaGrotteDuBarbu

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une année 2014 asymétrique, difficile, mais passionnante…

jeudi 20 février 2014 à 11:23

Comme une fois de temps en temps, je profites du blog pour faire un point (mon côté développeur indécrottable), analyser un peu ce qui se passe et me faire une séance d’auto-thérapie punitive gratuite…
2013 est finie depuis quelques semaines (ok l’article a mis plus de temps que prévu pour être écrit, relu et publié), que nous réserve donc cette année 2014?

Le RuralLab, installation, mise en place…
Le chose la plus notable sans aucun doute de l’année 2013 est la concrétisation du projet RuralLab. Pour ceux qui ne connaitraient pas le projet, je résume en quelques mots: installer un FabLab à Néons sur Creuse dans l’Indre, en plein milieu rural, sans fond propre, sans subvention (pour l’instant?), avec beaucoup d’énergie et proposer, une infrastructure, du matériel et des compétences à tous pour mieux maîtriser les technologies numériques.
La mairie de Néons sur Creuse nous a donc permit d’investir les locaux de l’ancien bar municipal, que nous avons équipé et réaménagé… le rez de chaussé en tout cas, puisque le sous-sol est encore en cours d’aménagement. Plusieurs zones: une grande table dans la pièce principale pour l’accueil du public, un espace avec des ordinateurs à disposition, une zone “lounge” avec canapé et vieilles consoles de jeux, une zone de récupération/recyclage et la cuisine transformée temporairement en salle de musique. Au sous-sol trois ateliers: atelier de sérigraphie, atelier électronique et atelier de fabrication (bois, métal, etc.). L’organisation et l’aménagement du sous-sol n’est pas encore fini mais on s’y emploi d’arrache pied (dès qu’on arrive à trouver quelques heures de libre et si on a le matériel sous la main).
Après un peu plus de deux mois dans les locaux, on compte un peu plus de 80 adhérents, pas loin de 300 visites sur place, 4 ateliers par mois minimum (Jeudi sera le 10ème) et pleins de choses à faire.
Tout ça avec un budget ridicule (quelques centaines d’euros par mois), du recyclage, de la récupération et beaucoup d’énergie.

Un projet génial, qui dépasse le cadre du FabLab
Alors oui installer, un FabLab en milieu rural (même si on a pas encore de machines à commandes numérique on s’appelle quand même FabLab, là c’est juste qu’on a pas de pognon, mais dès qu’on en a… ) c’est rigolo et ça paraît un peu fou, mais la première évidence est que cela répond à un besoin criant. On est dans une zone désertique pour tout ce qui touche au numérique: des connexions web lamentables (pour info ma ligne à la maison est toujours en 512kb… j’ai résilié ma ligne depuis quelques mois, aucun sens de payer 50 euros pour un service aussi merdique), une couverture téléphonique tout juste passable (la 3G à des endroits bien précis de la maison ou dans le fond du jardin, des zones blanches dans la maison même pour le téléphone en GSM)… et surtout quelques années de retard dans tout ce qui touche au numérique.
La grande différence par rapport, par exemple aux amis du LabFab de Rennes, c’est que la cible et la population qui y vient n’est pas la même, on a pas d’étudiants en école de design avide de découpeuse laser… on a une population qui a des ordinateurs, des téléphones, des tablettes et qui ne savent pas les utiliser. Avant même de se lancer, on savait que le contexte n’était pas le même, qu’il fallait devoir aider les gens, les former, leur trouver les bons outils et c’est ça qui nous a motivés… outre jouer avec une imprimante 3D pour moi un FabLab doit être un bac à sable, un terrain de jeu pour que tous sachent mieux maîtriser leur environnement: que ce soit s’imprimer son clips de meuble Ikea cassé, ou savoir utiliser skype ou son email correctement.
Le deuxième phénomène que nous avons observé et continuons de vivre est la profonde différence entre les attentes des gens et ce qui leur est proposé… je ne parles pas des ingénieurs, des barbus ou des développeurs qui ont l’habitude de travailler sur un ordinateur depuis des années, mais les gens normaux, vos parents ou grands parents, vos voisins, votre femme ou votre pote, qui ne sont pas des professionnels. Tous les jours nous voyons à quel point les outils sont peu adaptés, trop compliqués, trop complets et ne correspondent pas à l’attente du plus grand nombre.
Si nous devons avoir une mission c’est bien celle là, faire un pont entre deux mondes (celui des experts et des utilisateurs) qui se côtoient, s’auto-subissent mais au final se parlent très peu… faire en sorte que les outils soient adaptés et restent des outils (et non pas de boites magiques qu’on est obligé d’utiliser mais que l’on craint), proposer des ateliers adaptés pour les aider dans cette démarche, du matériel à un prix abordable ou récupéré, les emmener doucement mais sûrement vers une meilleure utilisation de leurs machines et les inciter à les ouvrir et à comprendre ce qui se passe dedans, les modifier, les adapter à leurs besoins.

Des soucis financiers…
Pour le RuralLab nous avons choisit d’employer le chemin inverse d’une association standard… les gens qui ont un peu de bon sens remplissent des dossiers de subventions, se font aider et ensuite se lancent. Nous avons décidé de faire l’inverse: monter le RuralLab et ensuite tenter de trouver un moyen de le financer (et nous aussi par la même occasion) pour une raison relativement simple. Autant le concept du FabLab urbain est plus ou moins simple à expliquer, celui du FabLab rural est en perpétuelle évolution, on répond aux besoins, on s’adapte et donc essayer de faire comprendre à ceux qui ont l’argent ce que c’est est une mission quai impossible. Aujourd’hui la structure existe, nous sommes ouverts (6 jours par semaine), accueillons le public, mettons à disposition matériel et compétences et c’est beaucoup plus facile à montrer ce que nous faisons, à expliquer notre rôle, notre place dans son environnement réel.
Avec Prototux on est sur le projet à temps plus ou moins plein depuis environ 6 mois… et depuis cette période, peu de rentrées d’argent, quelques bricoles à droite à gauche, pour mettre un peu d’essence ou acheter des trucs à manger, mais une situation très précaire… difficile, surtout quand comme moi je dois m’occuper seul d’une petite fille de 8 ans.
C’est difficile, c’est dur, certains jours sont stressants et les nuits sont courtes, mais c’est une décision que je ne regrette pas, d’abord parcequ’on voit tous les jours dans le monde réel ce à quoi servent nos efforts et ensuite parceque je reste persuadé que c’est une phase de transition.
Enfin j’espère que c’est une phase de transition, parceque on va pas pouvoir continuer à vivre comme ça en gratouillant des euros à droite à gauche pour se payer à manger.
Attention, je ne me plains pas, au contraire… ok c’est dur mais au moins je sais pourquoi je me lève tous les matins, pourquoi on se bat, on a du soutien de pleins de gens (et j’en profites pour leur envoyer à tous des bisous poilus) et on est confiant dans le concept et dans l’exécution.
Pour moi une motivation supplémentaire est de montrer à ma fille que fonder une structure qui rend un vrai service aux gens à un réel sens et lui donne à mon avis une autre vision de la société dans laquelle on vit, un peu plus utopique, plus difficile par certains aspects (elle attend son Furby violet pour son anniversaire qui arrive dans quelques mois et elle comprend dans les grandes largeurs la situation financière un peu précaire et ne semble pas s’en offusquer plus que ça…) mais c’est aussi pour elle que nous avons fondé le RuralLab, pour lui laisser un monde un peu moins cradoc, à notre niveau, avec nos capacités.

S’intégrer et se refaire une vie
Avec le RuralLab j’ai l’impression d’avoir enfin plus ou moins trouvé ma place dans le coin… après le foirrage intégral de mon entreprise, tout ça commence à prendre du vrai sens et à porter ses fruits. J’étais parti de la région parisienne pour deux raisons principales, d’abord un besoin de place criant, j’avais besoin d’espace, d’une plus grande grotte, de pouvoir faire du bruit, découper et souder du métal, pour la demoiselle avoir une vraie chambre, un bout de jardin, etc. La deuxième raison est plus personnelle, après la séparation avec la mère de la demoiselle, on avait besoin de mettre un peu de distance et surtout de retrouver un climat calme et plus sain, ce qui a aussi été chose faite.
L’étape suivante plus ou moins naturelle est pour moi d’essayer de trouver quelqu’un avec qui partager tout ça… je ne parles pas du ménage ou de la bouffe ou de donner la douche à la demoiselle (j’y arrive très bien tout seul comme un grand), mais j’avoue que de devoir tout faire tout seul est un peu pesant. Ma dernière expérience (qui date de presque 4 ans maintenant) a été des plus douloureuse et à laissé quelques traces, je ne fais donc rien pour essayer de me trouver la version féminine et représentation ultime de la barbitude (avec les poils aux bons endroits et de préférences pas sur le visage), mais j’avoues qu’un jour ou l’autre il faudra que je m’y mette. Trouver quelqu’un de sympa et curieux, pour partager un vrai projet de vie, pourquoi pas, c’est dans les cartons, reste à trouver maintenant les choses à mettre en place pour ça (à part me remettre au sport et perdre un peu de bide, je vois pas trop, arriver à dégager quelques heures dans mon planning aussi aiderait). Un projet en work in progress quoi…

Et LaGrotteDuBarbu bordel?
Alors oui la conséquence de tout ça c’est que malgré tous mes efforts mes journées ne font malheureusement que 24 heures et que je dois faire des choix parfois… on a des permanences longues au RuralLab (du mardi au vendredi de 10 à 18h, le vendredi soir jusqu’à 22h et le samedi et dimanche de 14 à 18h puisque notre but est d’être au maximum ouvert pour que les gens puissent venir à des horaires qui les arrangent) et il est difficile de trouver du temps ne serait ce que pour aménager le sous-sol, encore moins pour finir le déménagement de la grotte ou de tourner un épisode.
J’ai trois épisodes en cours de finalisation (le 118, 121 et 123) et énormément de projets d’épisodes vraiment mortels (pleins de croquis dans mes différents cahiers magiques, du matériel déjà acheté, stocké et prêt à servir) mais pour l’instant peu de temps.
Mon objectif principal est d’abord qu’on arrive à se payer un peu… et ensuite à finir le déménagement de la grotte, et libérer un peu de temps sur mon planning (au moins une demi journée par semaine) pour pouvoir grottifier correctement.
On c’est installé il y a deux mois, ça prend plus de temps que prévu mais les pièces du puzzle se mettent doucement en place et LaGrotteDuBarbu y a une place de choix.

FrostU avec MrSmith
On en parlais depuis un bout de temps avec l’ami Monsieur Smith (Freepodien psychopathe et animateur du podcast PodBox) puisqu’on partage l’amour des t-shirts zarbis et des goodies coolos, on s’est associé pour créer FrostU (un cri de barbare Norvégien – mal retranscrit en français) avec du matériel pour faire des chouettes tshirts sérigraphiés à la main.
Il s’occupe de la partie administrative et du business et moi je m’occupe de la sérigraphie.
Des nouvelles de tout ça dans pas longtemps, j’essayes de finaliser l’installation du matériel, câler les temps de pause, etc… mais ça va déglinguer sec, moi je vous le dis.

La campagne Ulule et les jolis goodies
Encore un merci poilus à tous les gentils barbus qui m’ont filé plein de pognon en 2013 pour la campagne de crowdfunding ur Ulule qui m’a permis d’acheter du matériel audio et vidéo pour le podcast et de stocker tous pleins de matériaux pour les futurs épisodes et ne vous inquiétez pas je ne vous ai pas oublié…
Le design de toutes les récompenses est finalisé et j’attends d’avoir finalisé l’installation de l’atelier de sérigraphie pour vous envoyer tout ça.
Je sais c’est TRES long et je m’en excuse, mais tout le monde recevra ce qui lui a été promis.

Un ebook sur le CrowdFunding
Un des projets sur lequel je travailles pendant un moment calme du matin (entre le dépôt de la demoiselle au car le matin à 7h52 et le départ au RuralLab aux alentours de 9h) est un ebook sur le crowdfunding, sur les plateformes de financement participatives, comment elles marchent, qui participe, pourquoi, comment les utiliser au mieux, comment créer votre campagne pour vous faire financer vos trucs… et où je parle de mon expérience mitigée avec cHTeMeLe (un succès d’estime mais un désastre financier).
Je suis en train de finir de l’écrire et il sera disponible en deux versions:
- une version libre en téléchargement pour tous, la version édulcorée, sans image et avec quelques chapitres en moins
- la version complète payante, sans DRM, avec des chouettes illustrations, des liens, des chapitres en plus et tout et tout.
Il sera dispo d’ici quelques semaines, dès que l’écriture, les corrections et la publication auront été faites… aucune idée du prix de vente de la version complète pour l’instant mais ce sera pas ruineux (autour de 3 euros à priori).

Tous les barbus sont les bienvenus
Pour compléter un peu ces propos, sachez que tous les barbus sont les bienvenus aussi bien au RuralLab, qu’à la maison… il y a de la place et ça fait toujours plaisir de rencontrer du monde et d’échanger avec des gens qui ont des valeurs communes (le partage, la curiosité, etc.) permet d’ouvrir un peu ses horizons, etc.
La maison est grande (bienque un peu froide en ce moment) et tous les barbu(e)s sont toujours les bienvenus, donc si vous passez dans le coin, avez un projet que vous n’arrivez pas à tacler ou juste voulez vous faire une petite bouffe ou boire un truc ensemble, pas de problème… n’hésitez pas, envoyer un email (malgré mes dizaines d’emails supra en retard à répondre) et on vous accueillera avec plaisir (je penses que Xavier, Roman et tous les autres barbus le confirmerons).

La barbitude vaincra
Voilà une année qui risque d’être sportive, animée, mais intéressante, voir même passinnante.
Toujours la même patate, voir même encore plus motivé que d’habitude, besoin de recâler un peu des trucs à droite à gauche, mais au final, je le sais, la barbitude vaincra.

Que la barbitude soit avec vous…

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