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Face à la surveillance, les Allemands organisent la résistance - Rue89 - L'Obs

mercredi 26 août 2015 à 12:07
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« Ces dernières semaines, l’Allemagne a vibré au rythme de plusieurs affaires concernant les données personnelles, et le pays est en passe de devenir le dernier bastion de résistance de la vie privée.

Courant août, un jeune Allemand se faisait arrêter à l’aéroport de Francfort, pour avoir désactivé la puce électronique RFID incrustée dans sa carte d’identité en la passant au micro-ondes.

[...]

Une vraie « affaire d’Etat » avait déjà secoué le pays quelques semaines plus tôt, après la mise en examen pour haute trahison des deux blogueurs de Netzpolitik, un site d’information dédié à l’actualité et aux libertés numériques. Face à la campagne de soutien (plusieurs milliers de manifestants à Berlin et 150 000 euros de donations), le ministre de la Justice Heiko Maas avait démis de ses fonctions le procureur fédéral – à quelques mois de sa retraite – et nié toute implication en bloc de son ministère.

En toile de fond, le projet de loi sur la conservation temporaire des données (« Vorratsdatenspeicherung ») met les politiques allemands dans une situation impossible. Cette loi, qui prévoit la conservation pendant plusieurs semaines des données de connexion télécoms (métadonnées), rencontre une résistance tenace dans la population. Contraint d’appliquer une directive européenne que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe avait pourtant rejetée en 2010, le gouvernement a refilé le dossier à… l’un de ses anciens fervents opposants : Heiko Maas. [...]

Cette question des données personnelles, la classe politique la redoute depuis longtemps. En 1983, le recensement de la population d’Allemagne de l’Ouest avait été sanctionné par un veto du Conseil constitutionnel. En 1987, le pays avait été le théâtre de manifestations massives dans tout le pays, avec des cas d’agressions physiques contre les enquêteurs. Le souvenir du décompte du demi-million d’Allemands juifs avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir avait mis le gouvernement en porte-à-faux.

[...]

Cette sensibilité est toujours perceptible dans le rapport quotidien des Allemands à la vie privée, notamment sur Internet. S’ils sont dans l’ensemble plutôt actifs sur les réseaux sociaux comme Facebook (34% de la population allemande contre 42% en France), ou Twitter (1,5% d’utilisateurs réguliers contre 3,5%), la méfiance est souvent de mise : le recours à des pseudonymes sur Facebook est largement répandu, de nombreuses habitations sont floutées sur Google Street View (244 000 requêtes en octobre 2010) et les bouts de scotch masquant les webcams intégrées aux ordinateurs portables sont monnaie courante.

Des actions plus radicales ont également vu le jour, comme l’opération « Camover », en réponse à la prolifération des caméras de surveillance à Berlin, notamment dans son métro.

[...]

Cette méfiance envers l’intrusion de l’Etat dans la vie privée des citoyens est évidemment liée aux traces laissées par deux régimes totalitaires en 50 ans. Pour l’historien Hubertus Knabe, président du mémorial de la Stasi (« Staatssicherheit », la Sécurité d’Etat) de Hohenschönhausen, les Allemands en sont encore largement marqués :

   « Le sujet est très délicat en Allemagne car le souvenir du régime de la République démocratique allemande (RDA) est encore présent : le doute permanent, la paranoïa des dénonciations, l’utilisation des “données sensibles” [dossier médical, orientations politiques, sexuelles, ndlr] à des fins de chantage. »

[...]

A côté, le voisin français paraît plus passif, notamment au regard de la mobilisation lors de la loi sur le renseignement, pourtant autrement plus intrusive que le projet de loi allemand.

Ce manque de vigilance ne serait pas l’apanage de la France. Selon Jacob Appelbaum, qui a notamment révélé l’espionnage de la chancelière Merkel dans l’hebdomadaire Der Spiegel :

   « Aux Etats-Unis, les gens considèrent que l’utilisation de données personnelles n’était que le fait des régimes totalitaires allemands, en occultant toute responsabilité collective et affirment que “ça n’arrivera jamais chez nous”. Ils se trompent : aujourd’hui, les données collectées par la Tailored Access Operations [service de la NSA, ndlr] sont directement utilisées pour des entreprises d’assassinats [par drone en Afghanistan, ndlr]. […]

   Le niveau de conscience dans le débat allemand fait une différence énorme dans l’issue politique. » »

À lire. Pour moi, ça met en évidence la friction forte entre le bon peuple et les dirigeants... Leurs élus font les mêmes conneries que les nôtres (surveillance des réseaux de communication par le service de renseignement (BND), pression sur des journalistes, documents d'identité avec des puces, vidéosurveillance des lieux publics,...) mais les citoyens réagissent apparemment plus.

Via https://twitter.com/AdrienneCharmet/status/636205698758639616
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Choses vues, sur le web et ailleurs
1/ La situation sur le front de la vie privée n'est guère plus reluisante en Allemagne que chez nous (mouchards dans les documents d'identité, conservation "temporaire" des données...)
2/ Mais les allemands résistent, eux. A tel point que l'Allemagne est en passe de devenir un refuge pour les white hats et hacktivistes ; Laura Poitras au premier chef.


Articles liés :
=> un allemand arrêté pour avoir passé sa carte d'identité (avec RFID) au micro-onde : http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/un-allemand-arrete-apres-avoir-passe-sa-carte-d-identite-au-micro-ondes-pour-proteger-sa-vie-privee_1041899.html
=> deux blogueurs d'un site consacré aux libertés numériques mis en exame,n pour haute trahison (!) : http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/05/deux-journalistes-accuses-trahison-tolle-allemagne-260608
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