Quelle surprise de voir que la HADOPI veut encore formater l'esprit de nos enfants à l'école. Cette lettre rapportée par Framablog de la Rue de Texel est à destination de la vie lycéenne et souhaite entamer des ateliers de sensibilisation en direction des professeurs et des élèves.

Si, en 2009, c'était quelque peu osé, aujourd'hui, c'est devenu totalement légal. En effet, l’article L. 312-9 du code de l'éducation, modifié et adopté en ce 5 juin 2013 par l’Assemblée nationale, prévoit (PDF : modification 189 p. 58 et 59) que la formation à l’utilisation des outils et des ressources numériques "comporte une sensibilisation aux droits et aux devoirs liés à l’usage de l’internet et des réseaux, dont la protection de la vie privée et le respect de la propriété intellectuelle". Bien sûr, c'est une aubaine pour la HADOPI se voulant, paraît-il, "pédagogique", qui tente donc déjà, sans perdre de temps, de s'engouffrer dans cette brèche.

Une évolution remarquable, puisqu'à l'époque des premières cassettes audio et vidéo, et même pendant la période sacro-sainte des CD et DVD vierges, il n'y avait personne pour venir dans nos écoles afin de nous "sensibiliser" face aux droits et aux devoirs liés à l’usage du réseau des copains et au respect de la propriété intellectuelle. Alors pourquoi venir formater les enfants, aujourd'hui face au réseau des réseaux copains ?

Faut-il vous dire ce que j'en pense ? la Hadopi est une loi qui a été formatée pour répondre aux envies répressives d'entreprises privées du Copyright qui sont toujours incapables de s'adapter correctement à l'évolution du marché de l'abondance que propose le réseau des réseaux. Alors, au travers de ces ateliers de sensibilisation en direction des professeurs et des élèves, il existe donc forcément une demande pour obtenir des retombées économiques notoires. Par conséquent, dans cette proposition éducative, il est difficile de ne pas y voir des conflits d'intérêts allant à l'encontre d'une éducation qui se veut logiquement neutre.

À l'école, l'une des choses que l'on essaye d'enseigner aux élèves, avec souvent bien du mal, c'est pouvoir établir un point de vue critique sur un sujet : le fameux thèse, antithèse, synthèse. Mais, avec de jeunes esprits ayant des difficultés, souvent par manque de reculs et d'expériences, à acquérir cette notion, on reconnaît bien là tout l'intérêt qu'à cette propagande éducative à en profiter.

Comment ces ateliers seront-ils menés du côté de l'antithèse ? Expliqueront-ils pourquoi il existe une taxe pour la copie-privée, alors qu'il est interdit de copier, ou que du moins tout est fait pour que ce le soit avec une pléthore de DRM ? Expliqueront-ils pourquoi une œuvre achetée légalement n'est pas interopérable et est souvent illisible sur des ordinateurs équipés de logiciels libres ? Expliqueront-ils pourquoi une œuvre dématérialisée dont le coût de fabrication est infime, et dont la qualité est presque toujours inférieure par rapport aux supports physiques, est plus chère ? Expliqueront-ils pourquoi certaines œuvres sont bridées géographiquement à l'heure d'Internet ? Expliqueront-ils pourquoi, au travers de son label PUR, l'offre légale est aussi mauvaise, et surtout pourquoi une majorité de ses œuvres sont absentes du catalogue français ? Enfin, expliqueront-ils les vertus des licences Libres Creative Commons ?

Avant de culpabiliser les élèves sur les dangers du piratage, il faudrait peut-être avoir quelque chose à proposer et faire le bilan - désastreux - de son offre.

La HADOPI veut des ateliers pour sensibiliser à l'école est une publication originale sur le blog NeoSting.net
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