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Gordon

source: Gordon

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Parti Pirate : le navire prend l’eau

vendredi 4 novembre 2011 à 00:00

Disclaimer : ce billet ne saurait en aucun cas être objectif. Il reflète mon opinion très personnelle.

Je ne fais aucun secret de mon implication au sein du Parti Pirate Français. D’abord responsable technique, depuis le début de l’année, puis « assistant du CAP », pour ensuite être élu au sein de ce conseil en octobre dernier. Pour donner une idée du calendrier, cela fait trois semaines que l’Assemblée Générale a eu lieu, et les personnes ayant candidaté et étant élus aux deux conseils (CAP et CN) avaient jusqu’à la fin de la semaine dernière pour faire savoir leur choix et démissionner d’un des deux conseils. Également le bureau devait être renouvelé avant cette même échéance, et la réunion de mercredi 27 a été l’occasion de s’occuper de ça.

Pirate ?

Avant de continuer plus avant, je vais présenter sommairement le Parti Pirate et ses valeurs. Souvent associé à la défense du « droit de télécharger de la musique en paix », il se bat effectivement farouchement contre les lois liberticides vouées à défendre de riches industries hostiles à l’évolution. Mais au-delà de ça, c’est un parti politique composé de « simples citoyens », qui ont fait le choix d’entrer dans le monde politique par la grande porte car ils estiment ne pas être représentés. C’est quelque chose de très important, on constate mondialement que, dans ces périodes de crises, de corruption et d’abus de la part de la caste politique, la jeunesse se désintéresse de la politique, car la politique ne semble rien lui apporter. Alors les jeunes (de moins en moins jeunes d’ailleurs aujourd’hui, lorsqu’on observe les mouvements de contestation mondiaux) font savoir leur désaccord. Certains prennent les armes pour libérer leur pays du joug d’un tyran au pouvoir depuis bien trop longtemps, d’autres manifestent pour s’élever contre le système capitaliste et les banques concentrant l’immense majorité de ce qui représente aujourd’hui le pouvoir. D’autres tentent d’autres pistes, et par exemple fondent des partis politiques pour répondre à cette attente du peuple (les 99%). C’est peut-être une interprétation personnelle de ce qui a poussé à la création des Partis Pirates, mais j’ai le sentiment que, consciemment ou pas, c’est cette grogne mondiale qui se retrouve ici.

La situation particulière du PPFR

Le Parti Pirate Français, bien qu’étant né la même année que son homologue suédois (premier Parti Pirate historique), a suivi un développement très différent. Ses premières années ont été ponctuées par des luttes « internes », car plusieurs partis pirates existaient et refusaient de travailler ensemble, pour cause de désaccords jugés profonds sur les idées. En gros, c’était surtout des personnes aux opinions très fortes et surtout tranchées qui refusaient de s’unir autour d’une cause pourtant commune. Cette situation a perduré pendant plusieurs années, ponctuée par la naissance d’autres « PP » épisodiques, dont la raison allait du besoin de reconnaissance médiatique de quelques personnes à la réelle arnaque ayant pour but de recueillir des dons pour une prétendue campagne. Si bien que, lorsque les partis pirates ont finalement décidé de s’allier, ils sont partis avec des querelles internes pas tout à fait mortes. Et (mais il s’agit là d’une hypothèse personnelle), intéressés par la notoriété des autres PP, des activistes ont souhaité s’y impliquer, pensant pouvoir se reposer sur un socle solide, avant de se rendre compte de la situation pour finalement se démotiver.

Pour ma part, n’ayant adhéré que (relativement) récemment (février 2011 si mes souvenirs sont bons), j’ai appris d’un certain nombre de personnes (et donc de versions différentes de l’histoire) ce qu’il s’est passé en 2010 : au terme d’une AG, l’équipe dirigeante n’a pas su rester stable, et au bout de deux mois, la majorité de ses membres a démissionné, à priori pour cause de choix contesté de présidence. Une assemblée générale extraordinaire a donc été convoquée, comme le prévoient les statuts. Au terme de celle-ci, organisée en octobre (la précédente datait de juin), la nouvelle équipe était constituée de nouvelles têtes, notamment Paul Da Silva qui a pris la présidence. Il faut savoir que celui-ci n’a pas franchement attiré la sympathie de l’ancienne équipe, qui s’est alors complètement désintéressée du PP. À l’inverse, les nouveaux élus restaient très hostiles à leurs prédécesseurs. Quand on vous dit que le PP a été bâti sur des conflits…

Lorsque je suis arrivé, en février dernier donc, la situation allait très bien : la nouvelle équipe était soudée, travaillait sérieusement… jusqu’à ce que Paul démissionne, épuisé par le trop grand nombre de tâches qu’il s’était confié (il était à la fois président et porte-parole du PP, mais également membre du board du PPI, et tout ça sans compter ses implications personnelles, sa vie privée et son emploi). À partir de là, la situation s’est très rapidement détériorée. Tout d’abord, certains au CAP ont commencé à se plaindre que Paul, toujours en période de préavis, commençait à être écarté de certains mails destinés aux autres membres du conseil, mails critiquant ouvertement le démissionnaire. Certains ont commencé à pointer du doigt les manœuvres politiciennes, notamment de la part de Maxime Rouquet, qui avait toujours, en tant que membre du CAP, défendu le fonctionnement horizontal du parti, et la limitation de la hiérarchie, qui a très rapidement montré un étonnant intérêt pour le poste de président (sous couvert de « non, j’en ai pas spécialement envie, mais je me présente pour rendre service », tout en faisant activement campagne derrière). Au fur et à mesure des mois, les personnes ayant justement critiqué ce soudain revirement se sont retrouvées de plus en plus régulièrement en conflit avec Maxime/Marou et Baptiste/Harpalos (secrétaire, qui suivait Marou dans l’ombre depuis un moment). Il leur était essentiellement reproché de critiquer et de pinailler sur tout ce que faisaient les autres (discussions pendant des heures sur le nom d’une simple liste que quelqu’un souhaitait créer, refus d’accepter de confier du travail à quelqu’un de motivé sans réelle raison…). Il est dès lors extrêmement difficile d’analyser cette situation objectivement, mais j’ai constaté que les membres du CAP se démotivaient un à un, suite à des querelles avec les deux précédemment cités. Au point que Christophe/QQDQQ, sur le point de démissionner, a choisi de nommer un assistant qui représenterait sa voix en réunion (moi), et que Karine/Tornade en a fait de même en choisissant Guillaume/Skhaen. Le trésorier, Thibault/Ombre, a même pris un gros recul, qui a bloqué pas mal de choses, notamment la prise en compte des adhésions, quasiment stoppée depuis juillet. La situation s’est d’ailleurs peu à peu empirée, pour arriver à un point où les gens, découragés par Marou et Harpalos, ne venaient quasiment plus aux réunions (les assistants y prenaient tout de même place), et au final, les décisions se discutaient et se prenaient quasiment à deux.

La guerreL’Assemblée Générale d’octobre 2011

Un an après l’investiture de cette équipe a donc eu lieu une nouvelle assemblée, à la fois ordinaire et extraordinaire (particularité des statuts, car des amendements étaient proposés, et ne pouvaient être votés qu’en AGE). Une nouvelle équipe devait donc y être élue, et le vote des amendements en question, ainsi que des points de programme devaient y être effectués.

Pour ce qui concerne les statuts, une équipe s’est formée pour y travailler, et corriger les imperfections des statuts courants. Cette équipe était composée de Marou et Harpalos qui avaient annoncé qu’il n’y aurait aucun changement de fond sur les statuts, et ce au mépris de toute autre proposition qui aurait pu être proposée. Car il y en a eu : tout d’abord un bloc d’amendements issu du Conseil National (mais concrètement rédigé uniquement par Berserk, étant le seul élu encore actif du CN pour cette année), que l’équipe statuts a tout d’abord tout simplement refusé (c’est moi-même qui ai contesté ça dans un document de travail de cette équipe), et ensuite, sous prétexte qu’il pouvait entrer en conflit avec d’autres amendements, décidé de le soumettre en bloc en concurrence de tous les autres, car l’équipe dédiée refusait d’y toucher (il me semblait que c’était pourtant son boulot). Pour simplifier, ça a été « on est l’équipe statuts, mais comme on n’aime pas ce mec — ce qui était véridique —, on laisse son bloc en plan, et si les adhérents souhaitent le voter, tous les autres seront rejetés sans plus de concertation ». Laissez-moi vous dire que la vision d’un débat démocratique et juste que semblait avoir le PP par le biais de son président et secrétaire m’a déjà refroidi à ce moment-là.

Mais Berserk n’a pas été le seul à proposer des amendements : Skhaen et moi-même en avons rédigé quelques-uns, articulés essentiellement autour de la proposition de retirer le « pouvoir politique » au CAP (qui perdrait par la même occasion une lettre), et de le transférer au CN (qui serait alors renommé Conseil Politique), qui jusque là avait un rôle tout à fait anecdotique. Après avoir proposé nos statuts, nous avons eu plusieurs remarques sur la forme, dont nous avons tenu compte avant de proposer une version finale mettant en avant les différents conflits avec les amendements proposés, notamment. À aucun moment il n’a été proposé à Berserk de revoir la forme de ses amendements, notez. En ce qui me concerne, ça a tout simplement été une façon de les refuser de façon détournée.

Bref, le jour de l’AG, présidée par, devinez, Marou et Harpalos (on ne peut cependant pas le leur reprocher, vu que personne d’autre ne s’était proposé pour aider à l’organisation), ça s’est passé comme on pouvait l’imaginer, à une nuance près : tous les statuts ont été présentés par les organisateurs, assortis de leur propre opinion (qui était souvent loin de faire consensus au sein même du CAP) présentée comme consigne de vote (je retranscrirais de tête, « alors cet amendement il est pas terrible, il pose problème[…] ». Il est amusant de noter que pour la majorité des amendements, ceux rédigés par l’équipe, ont reçu un avis positif, et négatif pour tous les autres (exception faite peut-être de la proposition de Skhaen et moi-même de baisser le nombre total de membres du CN de 257 à 255, pour rigoler). Pire encore, il a été décidé, pour gagner du temps, de ne pas soumettre tous les choix lors du vote à main levée. Après le résumé d’un amendement, il était demandé s’il y avait des objections à ce qu’il soit adopté, et s’il y en avait, on comptait les voix « contre », les voix « à revoir », les voix « ne se prononce pas », et tous les autres (donc suffrages non exprimés compris) étaient d’office considérés comme des « pour ». Ça n’aurait pas été si grave si, pour les amendements que n’aimaient pas les organisateurs, la tendance ne s’inversait pas brutalement, et le choix par défaut se trouvait abruptement être le « contre ». Très amusant. Et parfaitement inacceptable pour un parti se voulant sérieux. D’ailleurs, en voulant à l’instant retrouver des détails là-dessus, je me suis rappelé que déjà, le lendemain de l’AG, je m’étais sérieusement questionné sur mon avenir au PP. Ha, et détail pas très intéressant, j’ai été élu au CAP.

Il était possible de candidater aux deux conseils, et, en cas d’élection d’une personne au sein de chacun d’entre eux, elle avait 15 jours pour démissionner de l’un des deux (oui je sais, mais ce sont les statuts). En l’occurrence, 4 personnes avaient le choix entre les deux conseils. Les deux premières, Tornade et Skhaen, ont hésité, puis ont choisi le CAP, et l’ont annoncé en quelques jours. Lorsque s’est déroulée l’élection du bureau, un ou deux jours seulement avant l’échéance, 2 personnes n’avaient pas fait leur choix, et ne l’ont fait qu’après le début de la réunion. Est-il vraiment nécessaire que je précise leur identité ?

Vous avez dit « démocratie » ?

Nous voici donc à la réunion du 26 octobre. Étaient présents l’intégralité du CAP sauf Tornade, qui m’avait transmis une procuration, et Romain/CaptainKiller (CK pour les intimes, et parce que son pseudo est vraiment trop ridicule ;) ). Les procurations ayant été annoncées, le quorum était réuni à 100%. Étaient candidats annoncés Skhaen et Tornade : au cours de la réunion précédente, Marou avait d’ailleurs tenté de les décourager (à grands coups de « t’as pas autre chose à foutre ? », me dit-on) de se présenter, bel exemple de démocratie. Au cours de la réunion, comme je l’ai dit, Marou et Harpalos se sont décidés à rester au CAP, et le premier a décidé de se présenter comme président, et ce alors qu’il avait auparavant tenté de faire pression sur Tornade pour la forcer à passer au CN. Précisons également que, suite à un mail malencontreusement fuité, nous avions appris que celui-ci avait également fait du chantage pour assurer sa réélection (étonnant pour quelqu’un d’aussi altruiste, n’est-ce pas ?), menaçant de beaucoup moins s’impliquer dans le PP s’il n’était pas réélu président. Le mail en question ayant eu le temps de tourner en interne, je vous le livre ici. Pour le contexte, c’est un mail de Marou destiné à Skhaen, mais qui s’est retrouvé par erreur sur la liste de diffusion. Je considère qu’il ne s’agit alors pas d’une correspondance privée, mais d’échange dans le cadre d’un mandat politique, et qu’il est donc judicieux, vu son contenu, de le publier (voici le lien vers la source du mail, avec la signature GPG prouvant sa provenance).

On 10/25/2011 09:58 PM, Skhaen wrote:

Je vais au CAP et je me présente à la présidence !

Je suis content que tu viennes au CAP, quelle qu’en soit le résultat.

J’ai écrit un long roman à CK hier et je vais te faire le résumé.

Personne n’est volontaire pour être trésorier à part CK => ça c’est réglé.

En ce qui concerne la présidence, je pense qu’on peut écarter celle de Tornade. Reste donc toi et moi.

Je vais être franc : si je ne suis pas reconduit, je ne pèterai pas un câble, mais j’arrêterai de donner autant au PP. Donc que ça soit compris dans le package « on ne veut plus de toi président » ou pas, je me prendrai des vacances et j’arrêterai de répondre aux interviews et surtout de me déplacer à mes frais (et je reprendrai un vrai boulot). Accessoirement, Harpalos n’est pas motivé pour se coltiner un an de plus secrétaire si je me fais jeter, donc il te faudra aussi chercher un(e) secrétaire pour faire son boulot.

Ceci étant précisé, je maintiens ma candidature. Harpalos est de mon côté et Rackham, bien qu’il ne souhaite froisser personne en insistant dessus, m’est plutôt favorable (je crois qu’il ne te connait pas ?)

Comme je l’ai expliqué à Romain, c’est lui et toi qui avez la clé. Si tu maintiens ta candidature et que CK te soutient, Gordon sera ravi de me voir partir et je doute que Tornade me soutienne. Mais si vous nous soutenez avec Harpalos, Gordon a annoncé qu’il respecterait le choix du CAP (et avec toi et CK ça devrait mieux se passer) et on devrait arriver à se débrouiller avec Tornade.

Des brefs échanges que j’ai eu avec CK, lui souhaiterait plutôt une solution de compromis. Je lui ai expliqué plusieurs trucs suit à ton annonce (je vais pas entrer dans les détails, mais en gros si je te préfère et de loin à Tornade ou Sims, je pense qu’il vaut mieux que moi et Harpalos restions au Bureau, et qu’en conséquence je ne retirais pas ma candidature à ton profit).

Je l’ai ensuite invité à prendre contact avec les différents membres du CAP et notamment toi pour réfléchir aux tenants et aux aboutissants, et prendre une décision en toute connaissance de cause.

Et maintenant, comme trouver une solution qui plait à tout le monde n’est pas possible, essayons au moins de mettre en place au CAP une équipe capable de fonctionner. C’est toi et CK qui avez les cartes en mains.

Amicalement,

marou

Ce mail, même s’il a été rédigé dans l’idée d’être privé, en dit très long sur le président du Parti Pirate. Il se permet de faire du chantage pour assurer sa réélection. De plus, son fidèle compère Harpalos conditionne sa candidature à l’élection de Marou. Mais dans quelle société a-t-on déjà vu ça ? Il me semblerait logique que dans un parti comme celui-ci, le respect des valeurs soit important. On dirait cependant qu’ici, il ne soit même pas accessoire. Ce comportement est tout simplement révoltant, et vous allez vite voir que c’est loin d’être terminé. Car, après donc que chacun ait annoncé sa candidature, un débat s’est lancé, où chacun a eu l’occasion de dire, soit ce qu’il pensait, soit ce que les autres souhaitaient entendre pour lui donner leurs voix. Skhaen, jusque là favori, (confirmé par un « vote à blanc » dont je ne comprend toujours pas l’intérêt, si ce n’est pour pouvoir magouiller) a émis l’idée d’une coprésidence avec Marou. Personnellement, je pense que c’était une mauvaise idée (et je l’ai expliqué), car je commence à connaître ce dernier, notamment son besoin d’être au sommet pour être (re)connu, et qu’il chercherait nécessairement à se faire passer pour « le vrai président légitime » du PP. Mais ce n’est pas de mon avis qu’il est question. Lorsque la question a été évoquée, l’idée a plu à quasi-tout le monde (hormis Tornade et moi qui ne voulions pas du tout de Marou dans quelque coprésidence que ce soit). Là s’est enchaîné une série de votes surréalistes, dont le premier était, si je me souviens bien « coprésidence Skhaen/Marou ou pas ? », le premier choix excluant de fait Tornade qui n’avait pas exprimé la volonté d’être coprésidente. Wait, WHAT? Tornade était absente, j’avais sa procuration et rien de plus. Et elle a été purement évincée du scrutin parce qu’au cours de la réunion, les termes de l’élection ont été complètement changés, et elle n’a pas eu la possibilité d’y réagir. Je ne parle même pas du fait qu’elle n’ait pas pu participer au débat (et je passe religieusement sous silence les propos de Marou à son sujet dans le mail leaké ci-dessus). Étant donné qu’une majorité de membres trouvait cette façon de faire parfaitement démocratique, le scrutin a continué, et, une fois fini, j’ai refusé de le signer, ce que les autres ont assez mal pris, au point de bloquer la discussion jusqu’à ce que j’accepte de valider l’élection, ce que j’ai fini par faire à contrecœur à 2h passées (du matin, hein).

Dès le lendemain, des voix se sont levées sur le forum pour s’interroger sur cette élection (et ce n’est même pas moi qui ai commencé ;) ). Pour clore en beauté le déni de démocratie de la veille, le nom de Tornade n’apparaissait même pas sur le compte-rendu de réunion, alors même qu’elle était candidate. D’ailleurs, aucun détail sur les votes n’a été publié : bonjour la transparence, bonjour la démocratie. Tornade, effarée par ce fonctionnement, a décidé de démissionner (ce qui est loin d’être banal pour quelqu’un s’étant énormément impliquée dans le PP depuis plusieurs années). On me rétorquera que rien dans les statuts ou le RI n’oblige à publier le détail du vote, ni même à user d’une méthode saine et égalitaire pour élire le bureau. Ceci dit, les statuts ne sont pas à une incohérence près, comme en témoigne la possibilité de tenir une AGE le jour même de l’envoi des convocations. En l’occurrence, le RI précise que le CAP élit le bureau comme il le set, ce qui est extrêmement vague : il me semble logique de chercher à donner l’exemple, et ce n’est clairement pas ce qui a été fait. Quoi qu’il en soit, après une semaine chaotique au cours de laquelle des adhérents se sont inquiétés de ces détails, pour lesquels les réponses ont généralement été « on a fait selon le règlement, faites pas chier », le CAP a fini par accepter de remettre en question l’élection, et le bureau élu la semaine dernière a démissionné (n’ayant pas été comptabilisé en préfecture, il en avait le droit), pour tenir une nouvelle élection quelques jours plus tard. J’ai demandé des garanties pour la tenue de ce scrutin (qui étaient que tous les membres du CAP soient présents pour que chacun puisse prendre part au débat, que l’élection soit supervisée et présidée par un ou plusieurs assesseurs externes, et qu’elle soit ouverte au public (en tant qu’observateurs)). Le premier point, difficile à atteindre, il faut le reconnaître, a été refusé, mais les deux autres ont permis la tenue d’une élection correcte, et valide à mes yeux. Cependant, et bien que cette nouvelle élection ait été une bonne chose au vu de la récente actualité au Parti Pirate, elle n’a pas été suffisante pour me permettre de reprendre confiance en ce mouvement, et j’ai pris la décision à laquelle je réfléchissais depuis l’AG : j’ai donné ma démission.

Le passage où je raconte ma vie

Comme je l’ai dit plus haut, dès le lendemain de l’AG, je me suis demandé si ce parti était vraiment ce que je souhaitais défendre. Il faut savoir, et je m’en suis défendu, que je me bat exclusivement pour mes valeurs, et je considère comme adversaires ceux qui les bafouent. C’est une ligne extrêmement simple, et ça explique pourquoi j’ai été celui qui, durant ces quelques semaines, a beaucoup foutu la merde en interne : j’ai refusé de faire l’impasse sur certains agissements, et je me suis battu contre eux avec la même force que je l’aurais fait pour un « réel » opposant politique. Par ailleurs, je ne peux nier que la démission de personnes en lesquelles je croyais beaucoup (Tornade, Paul — dont la présence a joué beaucoup dans mon adhésion —, QQDQQ, Ombre…) a également entamé ma confiance. J’assume parfaitement avoir été la source de tensions internes, qui se sont rapidement propagées sur le forum, car je considère qu’on ne peut pas prétendre faire de la politique, défendre la démocratie participative ou bien la transparence politique lorsqu’on est incapable d’appliquer ces principes à soi-même. Et pour le coup, j’ai été énormément déçu par le PP, et surtout son « équipe dirigeante ». J’ai cependant tenu à ne pas prendre de décision à chaud, et j’ai attendu 2 semaines pour me décider. J’ai parfaitement conscience de la trahison que représente cette démission, vis-à-vis des membres qui ont cru en moi, et je m’en excuse platement. Mais, si ça peut rassurer, je suis toujours et je resterai un hacktiviste, avec mes convictions. Je reste impliqué aux côtés de la Quadrature du Net, de NDN et du Nicelab auxquels je vais pouvoir consacrer plus de temps. En clair, rien ne change, si ce n’est que je ne serai plus au Parti Pirate, et que j’en suis aujourd’hui à espérer qu’il disparaisse, au profit peut-être d’un cluster de sections pirates autonomes. C’est une idée à développer, et ça fera probablement l’objet d’un futur billet.

En bref, au revoir le Parti Pirate, bonjour le Parti Pleurer.