Les IA sont là. Il faut modifier le code de déontologie des psychologues
vendredi 15 août 2025 à 21:01L’intelligence artificielle (IA) n’est plus une promesse futuriste : elle est désormais intégrée aux pratiques professionnelles, y compris dans le champ de la psychologie. Outils de rédaction, d’aide à l’analyse, de conceptualisation ou d’organisation de données cliniques, les systèmes IA — notamment les grands modèles de langage — deviennent des assistants polyvalents du quotidien. Or, cette transformation soulève des questions inédites en matière d’éthique, de responsabilité, de confidentialité et de formation. Face à ces enjeux, le Code de déontologie des psychologues doit évoluer.
Voici les modifications proposées
1. Préambule — Clarification du contexte technologique
Ajout suggéré :
« Le développement de technologies numériques, et en particulier de l’intelligence artificielle (IA), transforme les modalités d’exercice de la psychologie. Le présent code intègre les principes éthiques liés à l’usage de ces outils, afin de garantir la protection des personnes et la responsabilité professionnelle dans un environnement numérique. »
2. Titre I – Principes généraux
Article 1 – Respect des droits de la personne
Ajout :
« Le psychologue veille à ce que l’usage d’outils numériques, notamment basés sur l’IA, respecte pleinement la confidentialité, la sécurité et le consentement éclairé des personnes. Aucun contenu identifiable ne doit être introduit dans des systèmes IA publics. »
Article 2 – Compétence
Ajout :
« L’utilisation de l’intelligence artificielle suppose des compétences spécifiques en littératie numérique, en interprétation des sorties algorithmiques, et en évaluation critique des limites de ces outils. Le psychologue s’abstient d’utiliser une IA qu’il ne maîtrise pas. »
Article 3 – Responsabilité
Ajout :
« L’usage d’une IA ne saurait déléguer ou diluer la responsabilité du psychologue. Il demeure seul responsable des conclusions, décisions ou recommandations issues de l’usage de ces outils. »
Article 5 – Qualité scientifique
Ajout :
« Le psychologue s’assure que les outils d’IA utilisés dans sa pratique sont validés scientifiquement et adaptés à un usage psychologique. Il évalue leur robustesse, leur transparence, et les éventuels biais algorithmiques. »
3. Titre II – Exercice professionnel
Article 9 – Consentement
Ajout :
« Le psychologue informe les personnes de l’usage éventuel de systèmes numériques ou d’IA dans leur prise en charge, en explicitant les objectifs, les risques et les limites. »
Article 12 – Production de documents
Ajout :
« En cas d’usage d’IA générative dans la rédaction de comptes rendus, synthèses ou protocoles, le psychologue demeure responsable du contenu produit, et procède à une vérification complète et critique. »
Nouvel article proposé : Protection des données en contexte d’IA
« Le psychologue garantit que les données utilisées pour entraîner, enrichir ou interagir avec des systèmes d’IA respectent les normes de sécurité, de confidentialité et d’anonymisation. Il évite toute transmission de données à des plateformes non conformes aux normes européennes (ex. : RGPD). »
4. Titre III – Formation
Article 27 – Formation initiale
Ajout :
« La formation des futurs psychologues inclut une sensibilisation aux enjeux de l’IA, à ses usages potentiels, à ses limites cliniques et aux risques éthiques qu’elle comporte. »
Article 30 – Formation continue
Ajout :
« Le psychologue s’engage à suivre une formation continue portant sur les outils numériques et les technologies d’IA, afin d’en faire un usage éclairé, critique et éthique. »
La modification du code actuel ne vise pas à encadrer l’IA comme une pratique distincte, mais à clarifier son usage dans les pratiques psychologiques existantes. Cela nécessite de :
- renforcer les principes de transparence et de consentement,
- rappeler que l’IA est un outil, non un sujet clinique ou un décideur,
- garantir la formation et la responsabilité humaine.