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Soul, by Pixar

lundi 4 janvier 2021 à 01:38

Je ne m'y attendais pas vraiment. Même si je l'espérais profondément. Soul m'a fait vibrer de partout.

Tout y est, y'a des trucs ultra drôles, d'autres émouvants, du génie graphique, autour d'une belle image de la spiritualité et des valeurs de la vie :)

Je suis même en train de me dire qu'il allait entrer dans mon top 5. Ça en ferait 3 de Pete Docter avec Inside Out et Monsters' Inc. (Je dévoilerai le nom du 4ème à ceux qui souscrivent à ma newsletter sur Tiktok).

Sauvez les gros feignant

mardi 10 novembre 2020 à 11:14

Virginex et Markix ont rendez-vous pour leur 9ème echographie.

Le docteur les accueille avec un sourire compassionnel, qu'ils ne savent pas tout de suite interpréter clairement. Routinier et sans gravité en apparence, mais le rictus chargé et le sourcil gauche enfoncé les font douter.

- Je ne vais pas y aller par quatre chemins
- Docteur ... que se passe-t-il?
- Le développement du cerveau arrive presque à son terme, et nous avons pu avoir les résultats des premières analyses de la cohérence cellulaire.
- Et?
- Nous avons détecté la réminiscence d'un gène au niveau de la portion dorsale du diencéphale. Nous avions réussi à éliminer ce gène dans les années 2100, et même si les variations restent très rares, elles peuvent arriver.
- Mais quel est l'impact?
- C'est au niveau du circuit neuronal habénulaire...
- Mais... je...
- Écoutez, d'après nos analyses, votre enfant a 97.3% de chances d'être ce qu'on appelait aux siècles passés «un gros feignant»
- Mais... c'est horrible!
- Écoutez, ne vous inquiétez pas, vous êtes dans 37ème semaine, nous avons encore du temps devant nous pour intervenir... malheureusement pour la prochaine fois il nous faudra probablement procéder à une sélection des embryons in-vitro pour éviter que cela ne se reproduise étant donné le terrain génétique.

Loss of habenular Prkar2a reduces hedonic eating and increases exercise motivation

On attend la maman

dimanche 25 octobre 2020 à 02:27

Vendredi j'ai pris un coup.

La copine de classe venait dormir à la maison. Les deux parents à la sortie, avec le sac de change et le pyjama. J'étais à l'heure au portail, même pas en sueur. En jogging baskets par contre.

On se rapproche avec les parents, on se salue en mode bal masqué. Ils m'interpellent:

- Ah, mais elle vient après [la maman]?
- Elle finit dans une demie-heure, mais pas de soucis soyez tranquilles, tout est géré!
- Hmm. On peut attendre...
- Ah mais pas besoin vraiment
- Si si, y'a un banc là tiens! On va attendre...

Bon.

Ils ont attendu. La maman est venue, et ils ont pu laisser leur fille.

C'est quoi? Que je ne suis pas capable de gérer 3 enfants au lieu 2? Que les pères sont inutiles? Que je vais lui toucher le zizi?

Ils ont probablement des milliers de raisons de se sentir rassurés si c'est la maman qui emmène la copine, mais putain ça fait bien chier quand tu te le prends en pleine face. En Espagne je trouve que les rôles sont très marqués à la maison. Madame ne sait pas quelle compagnie fournit l'électricité, et monsieur ne met pas les pieds sur le groupe WhatsApp des parents de l'école. D'ailleurs ça me gave quand les mamans commencent leur message par un «Hola chicas!»...

Et en fait, j'en suis conscient, ça n'est rien, mais vraiment vraiment rien, à côté des moultes discriminations systémiques que subissent ceux qui ne sont pas des mâles blancs cisgenres hétérosexuels trentenaires comme moi.

L'injustice

vendredi 16 octobre 2020 à 18:02

- Papa, c'est injuste que Julia aie plus d'écran que moi, et qu'elle aille dormir plus tard
- ...hmm, mais pas vraiment, elle a trois ans de plus que toi. Tu sais il faut pas confondre «égal» et «juste»
- Oui mais là c'est ni juste ni égal! Et puis toi de toutes façons tu peux pas comprendre t'étais le grand!

L'égalité et l'équité c'est vraiment délicat à gérer.

La grande a besoin de se sentir valorisée, et en allant au lit plus tard, ça lui permet de passer du temps avec les grands.

Mais pour le petit, tous les moments d'attention qu'il a en plus de sa sœur, c'est juste normal. Il voit pas bien comment le fait que je lui coupe sa viande équivaut à du temps de tablette en moins. Moi non plus d'ailleurs en fait.

Je me suis dit que j'allais tester d'ajouter une dimension: chaque privilège allait être accompagné d'une responsabilité. C'est un peu ce qui se passe à l’extrême avec les adultes: On a beaucoup de liberté comparé aux enfants, mais on a aussi gavé de responsabilités.

Ça sera sûrement plus facile d'expliquer qu'il y a des avantages à être petit. Moins de temps de temps d'écran d'accord, mais aussi moins de linge à étendre.

Car la vraie injustice à combattre elle est là: quand on est petit on aimerait bien être grand. Et quand on devient grand, on aimerait bien redevenir petit, mais c'est pas possible.

Google Président!

mardi 6 octobre 2020 à 00:20

Souvent j'entends «qu'est-ce qui se passerait si des gouvernements mal intentionnés mettaient la main sur les technologies des GAFAM?».

J'ai bien l'impression que c'est l'inverse qui va se passer, et assez rapidement.

Les gouvernements n'arrivent même pas à en faire des contribuables, pourtant un des principes d'autorité basiques pour un État!

Une entreprise comme Google a accumulé tellement de données sur le monde et les gens, d'ailleurs apparemment volontaires pour installer des enceintes-micro chez eux, et tellement de puissance de calcul, qu'au final elle pourrait très bien être l'entité la mieux équipée pour prendre des décisions qui contenteraient un maximum de gens.

Ça ne serait pas si dingue à mettre en place. Il suffirait qu'un exécutif de l'entreprise présente un parti, où c'est lui qui signe, mais toutes ses décisions sont prises par du machine learning, publiées avec des data reports officiels. Les algorithmes et les vecteurs appris pourraient être publiés en open source, et régulièrement les variables à maximiser pourraient être soumises au vote, par région, ou par tranche d'âge!

On pourrait même envisager des gens qui choisiraient de mettre leurs données accessibles publiquement pour qu'il puisse y avoir des contrôles d'intégrité des résultats vis à vis des données d'entrées.

Bon la transparence serait partielle, car aucune entité n'aurait autant de puissance pour analyser l'intégrité de leurs données absorbées et compilées. Et la perte de souveraineté ne serait pas facilement acceptée. Donc à un moment donnée pour assurer la survie de la structure face à la pression, on peut se demander si on ne devrait pas ouvrir les élections du comité de direction de Google aux citoyens?

On obtient une entité dotée d'une technologie capable de maximiser des variables, qui alimente et perfectionne ses modèles en permanence. Et dont le comité de direction est élu par le peuple. Et est-ce qu'en deux temps trois mouvements on aurait pas substitué le vieux machin inefficace tout pourri par un autre tout moderne et super efficace? À l'échelle de la planète, avec Google on était pas loin de l'universel, dommage qu'il soit si faible en Asie (ndlr; pas cons les Chinois).

Mais quels seraient les principes de son autorité? Désolé j'y connais rien en théorie de l'état donc je suis pas sûr du vocabulaire. C'est quoi c'est Nietzsche c'est ça? John Rawls? haha celui-là je l'ai Googlé. Bref, je veux dire qu'est-ce qui nous contraindrait à être des «citoyens de Google» et disons à lui obéir?

C'est là que ça devient fun. Hier soir j'ai maté The Social Dilemma, et j'adore les réflexions de Yuva Noah Harari sur le libre arbitre, et une fois de plus la petite voix a eu envie d'écrire un article de blog.

Et bien en fait, on aurait pas vraiment besoin d'y être contraints. On serait pour, tout simplement.

Ce qui est dingue c'est qu'on a déjà tout sous le nez. Aujourd'hui c'est déjà le plus banal du monde d'en faire partie, leurs produits sont bien faits et super pratiques.

On transmet nos données biométriques à Google Fit, parce qu'on veut pouvoir afficher des petits graphiques à propos de notre corps.

On s'informe de ce qui se passe dans le monde sur Google News, qui analyse le temps qu'on passe sur les articles, et chaque petit battement de cœur et chaque clic expriment nos désirs.

Quand on se pose une question, on recherche l'information avec Google Search. La bonne réponse à la question est toujours sur la première page, on le sait. On peut même savoir où et quand telle photo a été prise avec Google Lens.

On se guide avec Google Maps, c'est toujours le plus efficace, pourquoi chercher des chemins alternatifs quand on veut juste se rende à la destination au plus vite.

On installe une micro-enceinte Google Home chez nous qui est capable de réagir à des mots clés. Ça craint, mais avoue c'est plus pratique pour baisser les rideaux et savoir qui on doit voir demain après le boulot.

On communique professionnellement et on accumule des confirmations de création de compte et de commande d'achat en ligne avec Google Mail. On écrit les spécifications et les résumés des projets de nos entreprises dans Google Docs.

On renseigne plein de métadonnées sur nos déplacements et activités en gérant notre temps sur Google Agenda. Nos habitudes de consommation sont tracées avec Google Pay.

Il n'y a pas de meilleure technologie de recherche de souvenirs que Google Photos quand on y stocke tous nos clichés. Et la reconnaissance faciale permet de se remémorer les bons moments du passé avec un ami en particulier.

On leur confie l'équipement informatique de nos écoles avec Google Classroom, où les élèves s'expriment et publient leurs productions. Le lien avec les enseignants est virtualisé et les comportements/émotions des élèves sont analysés.

On regarde des contenus vidéos avec Google Youtube. On est invité à consommer ce qui nous plaît le plus via des publicités, ce qui nous intéresse le plus via des documentaires, ce qui nous amuse le plus via des contenus de divertissement.

Chaque élément pris séparement est insignifiant.

Mais le libre arbitre c'est un peu cette petite voix qui nous parle. À la manière de l'intuition, le libre arbitre résulte de tous les stimuli et émotions accumulés. Quand on énumère les conquêtes de Google dans nos vies en prenant cet angle de vue, on peut légitimement se poser la question de si on n'a pas déjà commencé à lui déléguer notre libre arbitre.

Et cela ne veut pas spécialement dire que ce soit bien ou mal, mais pour servir mon propos, ça veut surtout dire qu'il n'y aura probablement pas besoin de contrainte.

Google a déjà un grand nombre de pièces en place pour mettre en place une structure gouvernante qui maximise le bonheur individuel. Nous ne pouvons que préférer un monde où la dopamine est maximisée, puisque c'est justement cette substance qui fait comprendre à notre cerveau que c'est bon, qu'on a compris, et qu'on est orienté vers la bonne direction.

La magie opère déjà, la grande majorité des utilisateurs de Google n'a absolument aucune envie de se priver des services rendus, tout en ayant conscience du problème et des enjeux! Déjà les alternatives n'existent pas toujours, mais en plus il y a un côté presque réconfortant à se dire qu'ils sont surpuissants, notamment parce qu'ils ont les meilleurs ingénieurs informatique. Est-ce que c'est notre instinct de survie qui nous fait préférer la sécurité à la liberté? Peu importe si certains y voient du mal, au final si ça m'apporte ce que je veux et que j'en suis satisfait pourquoi vouloir s'en débarrasser?

C'est là, c'est déjà en train de se mettre en place, ne serait-ce que via des suggestions de contenu, Google a déjà le pouvoir d'influencer le monde, voire même de changer la société, sans pointer de canon. Ça ne fait que 10 ans que les smartphones sont populaires...

Je le dis souvent et je me répète, mais quand on écrira l'histoire du monde du futur, ce qu'on vit maintenant sera dans les premiers chapitres.

Regardez ce qu'on trouve sur Indiegogo:

apbee ("Happy") is the first wearable that lets you feel calm, alert, focused or sleepy on command., Oct 2020
apbee ("Happy") is the first wearable that lets you feel calm, alert, focused or sleepy on command.

Les casques qui contrôlent le sommeil et les émotions existent déjà. Alors qu'on connaît que dalle au cerveau! Va pas en falloir des masses pour stimuler des émotions qui font secréter dopamine, endorphine, sérotonine et ocytocine sur demande. Et là plus besoin de se prendre la tête pour trouver le bonheur, on l'a sur nous.

Bien sûr il faudrait qu'on soit rémunéré pour pouvoir vivre et payer l'électricité, mais le salaire universel pourrait s'avérer suffisant pour se loger dans une capsule et s'alimenter de repas sous forme de milkshake. Mastiquer en portant un casque qui balance des stimuli spéciaux transformerait la texture en jouissance gustative.

Les jeunes générations, en majorité sur la planète, ayant voté plusieurs années consécutives en faveur des variables écologiques, auraient poussé les algorithmes à faire perdre graduellement l'envie aux gens de sortir de chez eux. La sélection des contenus de divertissement et le réalisme des simulations multisensorielles ont été très efficaces. Les pandémies, les incendies et les explosions des sites nucléaires ont rendu les sorties très délicates et désagréables de toutes façons. Les données de mesure sur les ressources en Coltan ont poussé les algorithmes à diminuer les naissances sur la 3ème tranche d'âge, notamment pour garantir l'accès à Google Brain pour tous. Cette fois cela n'aura pris que 8 ans pour les baisser de 30%.

Google est officiellement président de l'humanité depuis plus de 21 ans, et connecte désormais 14 milliards de cerveaux soit près de 73% des individus de la planète. Plus personne n'imagine un gouvernement sans intelligence artificielle. On a pu enfin voir les écosystèmes se régénérer, la biodiversité a retrouvé des niveaux semblables à ce qu'on avait dans les années 2040. Il semblerait que l'humanité soit enfin sauvée.